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22/12/2022

Bonnat chez lui...

Peut-on parler de redécouverte au sujet de Léon Bonnat comme l'évoque l'exposition que lui consacre sa ville de Bayonne au musée basque ? Car contrairement à nombre de ses contemporains dits "pompiers", il ne fut jamais oublié, mais, peut-être est-ce pire, collé dans une case pas franchement positive et très réductrice. Si Bouguereau fut considéré comme le peintre des bondieuseries culcul-la-praline et Gérôme celui d'un orient de pacotille, Bonnat fut le portraitiste officiel des gloires, en particulier politiques, de la 3ème république. Il fut bien évidemment bien plus que ça.

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Il suffit d'avoir vu son poignant 'Job' du musée d'Orsay (accompagné à l'exposition d'un superbe dessin) pour se convaincre qu'il avait tout d'un grand peintre d'histoire, sans aucun doute celui ayant le mieux intégré la peinture espagnole (logique vu que sa formation a eu lieu en grande partie de l'autre côté des Pyrénées), ce que ne pourra que confirmer un visiteur du Panthéon où son 'Martyre de Saint Denis' (dont l'expo présente deux esquisses préparatoires) fait un sacré effet. Si son 'Adam et Eve trouvant le corps d'Abel' est un peu plus maladroit (mais il s'agit encore là d'un jeune artiste qui se cherche), l'esquisse de son 'Assomption' de l'église Saint André (il pourrait paraitre souhaitable que l'on signale au visiteur connaissant peu la ville que l'église est à moins de 10 mn à pied du musée dans un coin peu touristique, elle mérite amplement le détour) montre une capacité à mêler décoration baroque et naturalisme des figures assez bluffante.
 
Comme la plupart des expositions actuelles, cette rétrospective est chrono-thématique : formation / voyage en Italie / peintures d'histoires / paysages / portraits / grands décors / portraits officiels / élèves. Et comme c'est loin d'être toujours le cas, aucune section ne déçoit. Bonnat aurait pu comme tant d'autres faire carrière sur ses souvenirs pittoresques d'Italie. Il se montre d'une grande sensibilité dans le paysage, capable de points de vue originaux ('Le lac de Gérardmer') et ses esquisses montrent un décorateur de talent (reste maintenant à réussir à voir ces décors autrement qu'en photo) largement au niveau de Baudry, Lenepveu, Maignan... Et il est incontestablement un grand maître du portrait, capable aussi bien de charmantes effigies intimes que de ces images qui ont marqué nos livres d'histoire (Hugo, Thiers...). Le seul (petit) reproche que l'on pourra faire à cette superbe exposition qui confirme brillamment ce que l'amateur d'art savait déjà, à savoir que Bonnat est un artiste majeur de la fin du XIX° et qui bénéficie d'un excellent catalogue est finalement la faible présence de ses nombreux portraits "ordinaires" dont regorgent nos musées.
 
Léon Bonnat, peintre il y a cent ans, Bayonne, musée basque, jusqu'au 31 décembre 2022.

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