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20/07/2024

Grands décors restaurés de ND

L'exposition ferme demain et je ne peux que conseiller de s'y rendre absolument (en plus il y a vraiment peu de monde, j'y suis retourné ce matin, conditions de visite au top) vu que c'était sans doute un des indispensables de ce printemps.

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Si l'exposition commence par une petite "salle" de présentation avec les deux très beaux Lubin Baugin et deux vues anciennes de l'intérieur de la cathédrale permettant de s'imaginer comment le décor se présentait autrefois, c'est bien entendu la grande galerie du rez-de-chaussée qui présente les 13 mays restaurés qui focalise l'attention car on n'a jamais vu (et on ne reverra sans doute jamais) ces chefs-d’œuvre de la peinture religieuse française du XVII° et début du XVIII° dans de telles conditions (excellent éclairage, du recul...). On peut se perdre des heures à regarder les innombrables détails, à comparer les compositions, les coloris, à noter les évolutions du genre (d'autant que quelques dessins et esquisses préparatoires sont aussi présentés).

 

Personnellement, petites préférences pour La conversion de St Paul de Laurent de La Hyre, La prédication de St Pierre à Jérusalem par Charles Poerson et Les fils de Scéva battus par le possédé du méconnu Matthieu Elias mais c'est un plaisir de déambuler dans la salle pour voir et revoir toutes ces merveilles. D'autant qu'au milieu est accroché la sublime Naissance de la vierge des frères Le Nain, certes d'un format nettement plus petit mais d'une merveille de sensibilité.

 

A l'étage, outre sept des quatorze pièces de la tenture de la vie de la Vierge tissée pour orner le chœur au XVIIe siècle désormais à Strasbourg et deux bons tableaux de Jeaurat et Vien plus tardifs dans le XVIII°, on pourra admirer quelques peintures italiennes avec un intéressant historique : l'adoration des bergers de Jérôme Francken, le Saint Bernardin de Sienne délivrant la ville de Carpi de Ludovic Carrache et surtout le magnifique Triomphe de Job de Guido Reni à la composition parfaite où chaque objet, chaque personnage semble avoir un rôle. Occasion aussi de découvrir à côté d'un dessin préparatoire les deux fragments de La gloire de tous les Saints du Guerchin (tableau disparu au cours du XIX°) récupérés récemment par le Louvre.

 

Bref si vous ne savez pas quoi faire ce week-end...

 

Grands décors restaurés de Notre-Dame , Paris, les Gobelins, jusqu'au 21 juillet 2024

05/06/2024

Duels !

Ces dernières années, les expositions du musée des Invalides ont été très réussies : à la fois très bien faites historiquement (en tout cas pour un non-spécialiste comme moi) et riches en œuvres d'art (peintures, dessins, gravures...) de qualité et souvent peu vues, elles étaient souvent passionnantes. J'ai ainsi d'excellents souvenirs de Napoléon n'est plus, de La haine des clans, guerres de religions ou même de Victoire: La fabrique des héros dont le thème inspiré par les JO était assez casse-gueule. La nouvelle exposition Duels. L'art du combat, elle aussi en rapport avec ces JO qui vont paralyser Paris dans quelques jours, est sans doute bien moins réussie mais reste néanmoins intéressante.

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Le sujet aurait pu paraître limité, mais en lui donnant immédiatement une dimension universelle, l'exposition se perd un peu. Duel militaire, duel d'honneur, duel initiatique... cela part dans tous les sens sans finalement nous proposer un propos cohérent et argumenté. On finit sur une projection jouable de Streetfighter sans être réellement sûr de ce que l'on a voulu nous dire. Aux niveaux œuvres, il y a essentiellement des armes et armures, parfois dans des reconstitutions peu convaincantes. Quelques rares œuvres "beaux-arts" sortent du lot comme plusieurs magnifiques portraits au pastel de Dumonstier ou Quesnel, le Achille vainqueur d'Hector de Rubens venu de Pau, le Armand Carrel sur son lit de mort de Ary Scheffer ou le somptueux dessin préparatoire pour la Fureur des duels arrestée de Le Brun pour la galerie des glaces de Versailles.

 

S'il fallait retenir trois œuvres, je m’arrêterai sur le curieux Duel d'Adolphe Pingret du musée de Reims, le totalement étonnant et incroyablement moderne Ein Boxfkampf in London du danois Andreas Moller dans la première moitié du XVIII° et l'amusant Combat entre le chevalier de Saint-George et le chevalier d'Eon d'Alexandre Robineau venu des collections royales britanniques. Si l'exposition n'est pas totalement convaincante, elle mérite néanmoins d'être vue.

 

Duels. L'art du combat, Paris, musée des Invalides, jusqu'au 18 août 2024.

07/01/2024

Plus que quelques heures...

...pour voir la superbe exposition consacrée à Louis Janmot au musée d'Orsay. Et pourtant impossible de vous conseiller d'y courir si vous ne l'avez pas encore vu. Le président du musée semble ravi d'une fréquentation record en 2023 mais pour les visiteurs, cela devient une horreur : immenses files d'attente, salles bondées et bruyantes avec des hordes de visiteurs passant à toute vitesse. Un enfer !

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Heureusement étant arrivé 40 mn avant l'ouverture, j'ai pu entrer dans les tous premiers et profiter de l'exposition dans le calme (enfin les 30 premières minutes, après ça c'est progressivement compliqué...). Et c'est une merveille ! Si ce n'est pas une rétrospective puisque consacrée à l’œuvre d'une vie, le Poème de l'âme, elle présente quand même quelques autres œuvres de l'artiste (quelques portraits, des études de paysage) et surtout dispose de sections remettant le cycle dans son contexte : l'épopée picturale (occasion de voir de superbes dessins d'Ingres et Chenavard, malheureusement rendus bien peu visibles en raison des vitres de protection, seul petit bémol à un accrochage sinon impeccable), l'ange gardien, l'idéal, le cauchemar.

 

Le Poème de l'âme racontant en deux cycles, un premier de 18 toiles qui s'arrête à la mort de l'âme sœur et un deuxième de 16 grands fusains, la vie d'une âme depuis sa création dans les cieux est un authentique chef-d’œuvre. Illustrant son propre poème, Janmot accorde une importance incroyable à chaque détail du paysage, de la végétation et de la composition. On peut se perdre des heures dans les œuvres à en découvrir toujours plus. Naviguant entre le classicisme de son maître Ingres et le romantisme de certaines thématiques, il annonce aussi par certains côtés le symbolisme. Et la possibilité de voir en même temps des dessins et cartons préparatoires est un vrai plus. Bref, une exposition qu'il fallait absolument faire... dans des conditions décentes (et encore était-elle nettement moins fréquentée que de nombreuses salles du musée quand je l'ai vu, je n'ose imaginer l'expo Van Gogh).

 

A noter que parmi les habituels changements d'accrochage du musée, une petite salle est en ce moment consacrée aux représentations d'enfants où l'on peut voir une nouvelle acquisition (Dans la nursery d'Oscar Björck), quelques peintures déjà accrochées auparavant mais aussi d'autres que je n'ai pas souvenir d'avoir jamais vues (Portrait de fillette d'Henry d'Estienne ou Profil d'enfant de Louis Anquetin) lors de mes innombrables visites. Il ne faut pas oublier d'y passer...

 

Louis Janmot, le Poème de l'âme, Paris, musée d'Orsay, jusqu'au 7 janvier 2024.

01/01/2024

Un bel anniversaire

En attendant de réussir enfin peut-être à rentrer au musée d'Orsay (pour Janmot bien plus que Van Gogh), mon exposition de fin d'année 2023 à Paris aura été la rétrospective Steinlen à Montmartre, alors qu'elle semble avoir beaucoup partagé les amateurs, par son parti pris de montrer essentiellement son activité de peintre alors que l'artiste suisse est bien plus réputé comme illustrateur et affichiste.

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Soyons clair, il y a suffisamment d’œuvres sur papier pour constater le génie de Steinlen à l'exposition, mais elles peuvent en effet apparaître comme sous-représentées (heureusement la galerie Mathieu Néouze en présentait au moment de l'ouverture de l'exposition un superbe ensemble que l'on peut encore découvrir sur le catalogue en ligne). Mais cet aspect de sa production a été tellement montré et re-montré (encore il y a peu au château d'Auvers-sur-Oise) que cela fait plaisir de découvrir ses œuvres peintes.

 

Alors certes, Steinlen le peintre n'est pas un génie comme Steinlen l’illustrateur, et l'on pourra argumenter qu'il y a à l'époque de meilleurs peintres de la vie ouvrière, de la vie de la rue, de nues... Mais il y a une puissance expressive dans ces toiles qu'on ne retrouve pour moi nulle part. Et de temps en temps, il produit des œuvres hors du commun, comme la fantastique Apothéose des chats, le virulent L'intrus ou l'étrange Cri des opprimés. Bref, l'exposition est une vraie découverte et mérite qu'on s'y rende !

 

Théophile-Alexandre Steinlen (1859-1923). L’exposition du centenaire, Paris, musée de Montmartre, jusqu'au 11 février 2024.

27/12/2023

Henner et Pasteur

Il y a les grandes expositions où l'on n'apprend rien et les petites expositions-dossiers passionnantes. C'est le cas de la nouvelle exposition au toujours actif musée Henner qui présente l'amitié du peintre avec Louis Pasteur.

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Le petit fascicule fournit dans l'exposition permet de bien appréhender les différentes lettres et textes d'agenda présentés etd e comprendre les liens entre les deux familles. Et puis il y a les trois portraits mis en dépôt par le musée Pasteur pendant ses travaux : le petit portrait de Louis de profil est d'une émouvante simplicité alors que les portraits de la fille Marie-Louise et de la belle-fille Jeanne du scientifique sont absolument somptueux.

 

Alors certes, l'exposition ne prend qu'une petite salle, mais elle est aussi l'occasion de voir et revoir les œuvres du musée et de se dire une fois encore qu'Henner est un artiste majeur de son siècle.

 

Une histoire d'amitié, Louis Pasteur et Jean Jacques Henner, Paris, musée Henner, jusqu'au 3 mars 2024

07/11/2023

Gravures du Petit Palais

Le Petit Palais réussit l'exploit de présenter une exposition à la fois indispensable (que de chefs-d'œuvre même si certains sont ultra connus) et frustrante (n'aurait-il pas été plus judicieux d'organiser 4 ou 5 expos indépendantes sur les immenses collections du musée ?) qui est organisée en deux parties :

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1. Le leg Dutuit et les quatre grands génies de la gravure : Dürer, Callot, Goya et Rembrandt avec des tas de pièces exceptionnelles. On garde un souvenir ému de l'exposition de la collection complète du musée du génie allemand il y a bien des années et si c'est un plaisir de revoir une vingtaine de planches, on regrettera le choix de présenter surtout les plus célèbres. Les Callot sont incroyables et font regretter la non-présentation des séries complètes. Enfin le choix des Goya et des Rembrandt laisse la part belle à des estampes souvent moins connues mais laissent là aussi penser qu'une présentation de l'intégrale de la collection du musée serait nécessaire.
 
2. La création par Henry Lapauze du musée de l'estampe moderne au sein du Petit Palais autour de trois axes essentiellement : les gravures de portraits d'artistes (pas la section la plus passionnante), les dons d'artistes "modernes" (Toulouse-Lautrec, Steinlen, Buhot, Chahine, Devambez...) avec beaucoup d’œuvres intéressantes et les estampes en couleur (paradoxal vu le titre de l'exposition) données par le marchand Georges Petit et d'une virtuosité incroyable (Chabanian, Thaulow, Grimelund...).
 
Enfin à la sortie de l'exposition sont présentées quelques acquisitions récentes dont on notera surtout La femme au vase de Besnard avec juste à côté Albert Besnard et son modèle ou Zorn représente son ami en train de travailler à cette gravure. Une exposition à voir !
 
Trésors en noir & blanc, Paris, musée du Petit Palais, jusqu'au 14 janvier 2014.

30/07/2023

La haine des clans

Dernier jour pour aller voir La Haine des clans aux Invalides. Les expositions historiques au musée de l'Armée sont la plupart du temps à la fois très complète mais très accessible sur le sujet qu'elle traite et pleine d'objets d'art qu'on ne voit pas souvent (en particulier des œuvres sur papier). C'est encore le cas pour la petite dernière consacrée aux guerres de religion.

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Au milieu de nombreuses armes, armures, gravures... on en découvre beaucoup sur les événements et les personnages qui ont marqué ce demi-siècle complexe de l'histoire de France mais aussi sur les évolutions politiques et administratives en France ou les relations diplomatiques en Europe.

 

Pour ce qui intéresse ce blog, les peintures sont évidemment assez rares. On y voit bien entendu essentiellement des portraits, souvent anonymes dont on ressortira le Cardinal Charles de Lorraine attribué au Greco, quatre portraits en sanguine (d'une série de 26 qu'on aimerait voir en entier...) par Henri Bellange ou le Pape Sixte Quint par Filippo Bellini.

 

Pour les scène historiques ou allégoriques, on notera deux somptueux dessins d'Antoine Caron complétant parfaitement l'exposition d'Ecouen qui a fermé il y a quelques semaines, le magnifique Massacre du Triumvirat de Vredeman de Vries et Mostaert, l'amusant Pavane à la cour d'Henri III attribué à l'anonyme Maître des bals à la cour des Valois ou le curieux Comte Montgomery blessant Henri II lors du tournoi du 29 juin 1559 par un Édouard Detaille plus habitué aux guerres contemporaines ou napoléoniennes.

 

En tous cas encore une très belle exposition pour le musée de l'Armée, alors si vous ne savez pas quoi faire aujourd'hui...

 

La Haine des clans. Guerres de Religion, 1559-1610, Paris, musée des Invalides, jusqu'au 30 juillet 2023