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12/07/2012

St Jean de Montmartre

Si les grands décors religieux des années 1840-1870 restent mal connus (et malheureusement parfois dans des états très inquiétants), que dire de ceux qui sont postérieurs, la plupart du temps même pas signalé dans les églises. L'église Saint-Jean de Montmartre présentent deux beaux ensembles datant des années 1910 et montrant la persistance d'un style académique tardif.

 

Elève de Humbert et de Laurens, Alfred Plauzeau ( 1875 – 1918 ) exposa au Salon des Artistes Français à partir de 1904 sans apparemment connaitre un très grand succès et semble avoir été surtout connu pour ses paysages et ses scènes de marché. La cène et Les Noces de Cana installées dans le chœur, font preuve d'une très belle lumière et font partie de ces œuvres religieuses s'inspirant d'une certaine vision de l'Orient. Le musée Sainte-Croix de Poitiers lui a consacré une exposition en 1985.

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Les quatre étapes du Chemin de croix de Eugène Edmond Thiery ( 1875 - ? ) cherchent plutôt à retranscrire une certaine idée de la Rome antique. Plus statiques et avec un coloris plus froid, elles font penser avec leur fond doré aux décors néo-byzantins de certains édifices.

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Elève de Gérome, Blanc, Ferrier et Darvant, Thiery connut une bonne carrière officielle au Salon des Artistes Français (médailles en 1908 et 1934, Légion d'Honneur) comme portraitiste, peintre de genre et d'architecture. Si Joseph patron des travailleurs et Marie consolatrice des affligés sont plus ancrés dans leur temps (ils ont été peints pendant la guerre), ils se révèlent en revanche très peu décoratifs avec une composition bien lourde.

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08/07/2012

St Francois de Sales

Hors des circuits touristiques (mais à deux pas du musée Henner), l'église St François de Sales dans le XVII° arrondissement de Paris propose dans deux chapelles des décors de la fin du XIX°.

 

On trouve fort peu de renseignements sur Gustave Adolphe Chassevent-Bacques ( 1818 - 1901 ) qui fut élève de Coignet, débuta au Salon de 1845 et fut l'auteur de portraits, de scènes orientalistes et de grandes compositions religieuses. Les quatre compositions de la chapelle (La visitation, L'annonciation et deux anges) font preuve d'une grande sûreté de dessin et d'un coloris agréable mais sont d'une composition des plus classiques.

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Plus connu, Henry Daras (1850 - 1928 ) fut élève de Cabanet puis Delaunay avant de subir l'influence de son ami Puvis de Chavannes et de créer sa propre vision du symbolisme. On pourra admirer de nombreuses oeuvres, en particulier ses paysages de la campagne française sur le site qui lui est consacré. Peintes au début de sa carrière, les peintures de l'église St François de Sales (Le coup de lançe, L'incrédulité de St Thomas, Ste Véronique et Ste Hélène) sont encore fortement marqué par l'académisme et rappellent un peu certaines compositions du Panthéon.

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Enfin, une grande Adoration des mages anonyme et flamande orne le bas-côté droit.

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14/06/2012

ND : une intro

Cela faisait des années (des décennies?) que je n'étais pas allé à Notre-Dame de Paris, inquiété par la foule et l'organisation très Eurodisney de l'entrée. Mais en amateur de peintures françaises du XVII°, il fallait bien que je retourne un jour voir les Mays de ND. La visite a laissé un petit goût amer dans la bouche...

 

- Les Mays sont pour le moins difficile à voir dans de bonnes conditions : placés dans des chapelles latérales exigües et fermées (on les voit donc avec un angle important) et éclairées par un éclairage naturel pas adapté et de rares spots (du coup, une partie brille, l'autre est assez sombre). Conclusion ? Il est difficile de les admirer réellement, la palme revenant au Crucifiement de St Pierre de Sébastien Bourdon en partie caché par une cabane de verre (ne semblant au demeurant pas utilisé en ce moment).

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- Trois tableaux (Francken, Baugin, Le Nain) ont été décrochés pour être restaurés en vue de l'exposition du musée Carnavalet sur les peintures des églises de Paris. Super ! Ils attendent pour l'instant dans une des chapelles du chœur tellement sombre qu'on voit à peine leurs formes. Un cartel nous explique la situation et nous montre une photo de ce que l'on manque... Un petit éclairage aurait été mieux, non ?D'autant que la même chapelle abrite la superbe Visitation de Jouvenet elle-aussi invisible...

 

- Les deux seuls décors du XIX° sont dans de grandes chapelles du chœur fermées au public afin d'offrir un espace de prière (avec le bruit du flot ininterrompu et bruyant, il faut du courage... d'ailleurs il n'y avait personne !). Pour une fois que ce genre d’œuvres n'est pas dans un état de délabrement avancé (comme dans 80% (pour être gentil) des églises parisiennes), on ne peut les voir que de loin et avec un angle très important...

 

Alors OK, ND est d'abord un lieu de culte. OK, comme tout lieu patrimonial majeur, difficile d'éviter l'organisation façon parc d'attractions et le côté marchand du temple (distributeurs de médailles, bornes d'écoute...). Mais ces œuvres au mieux à peine regardées par l'immense majorité des passants ne mériteraient-elles pas du coup un autre écrin...

07/06/2012

Église Saint-Antoine-des-Quinze-Vingts

En rentrant dans une église, on a parfois des surprises. Saint-Antoine-des-Quinze-Vingts a une architecture extérieure comme intérieure pour le moins sans intérêt. J'étais passé devant plusieurs fois sans y entrer et un rapide coup d'oeil ne m'avait guère donner envie d'en découvrir plus. Pourtant en allant jusqu'au choeur, je tombe dans le transept sur deux grandes compositions peintes.

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St Antoine distribuant ses biens aux pauvres

 

La signature, difficile à déchiffrer (à cette distance...) et une recherche sur internet me permettent de découvrir qu'il s'agit d'oeuvres de Georges Claude (1854-1921/22) (a priori, il devait y avoir quatre compositions, les deux autres sont-elles cachées ?). Elève de son père Jean Maxime Claude (1824-1904), peintre animalier dont on peut trouver quelques scènes de chasse dans des ventes d'art (et un très beau dessin de chiens au musée Magnin de Dijon) et de son oncle Pierre-Victor Galland (1822-1892), qui a bénéficié d'une exposition au musée de Roubaix (voir le compte-rendu de la Tribune de l'Art) et chez qui il a sûrement développé son goût pour les grands décors, il a fait (d'après le Bénézit) une honorable carrière officielle (exposant au Salon à partir de 1874, médaille de 3° classe en 1883, médaille de bronze à l'exposition universelle en 1889-1890). Il aurait fait des grands décors et des cartons de tapisserie pour le théâtre. On ne trouve quasiment rien sur le net (il faut dire qu'avec un homonyme physicien bien plus célèbre...) et ces deux grandes oeuvres montrent une maîtrise fort honorable du dessin, de la composition et de la couleur mais souffrent d'un grand manque d'émotions.

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St Antoine en prière chasse les tentations

16/11/2011

St Louis en l'ile : 1ère partie

Assez bien cachée au milieu de l'île St Louis (il faut savoir qu'elle est là pour aller la visiter), l'église Saint Louis en l'île possède de très nombreuses oeuvres d'art de tous styles et de toutes époques, souvent en bon état ou restaurées récemment, peut-être parce qu'encadrées dans des boiseries à la fin du XIX° (mais souvent très mal éclairées par la lumière naturelle et rendue peu visibles par la fermeture des chapelles...). Parmi les peintures, si la période 1840-1880 se taille la part du lion, on note néanmoins de nombreuses oeuvres plus anciennes, de la médiocre copie au grand tableau d'autel...

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Parmi les anonymes, une série de huit petits formats de l'école rhénane (signalée comme du début du XVI°) assez truculente sort du lot.

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Du XVI° siècle, les Pèlerins d'Emmaus de l'école vénitienne est un bon tableau mais l'attribution au Titien signalée sur le cartel (qui date du siècle dernier voire même de celui d'avant...) parait pour le moins exagérée... D'ailleurs à un autre endroit dans l'église il est signalé comme "école du" qui ne veut pas dire grand chose mais parait plus judicieux. D'un autre côté vu de loin, avec un angle important et un éclairage incertain difficile de juger quoi que ce soit...

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Du XVII°, on note le Baptême de Jésus-Christ par St Jean-Baptiste de Antoine Bouzonnet-Stella (1637-1682), neveu et élève (avec ses trois soeurs, surtout connues pour leurs gravures d'après Poussin) de Jacques Stella et reçu à l'académie en 1666. Ce très bel exemple de classicisme, ainsi que les rares toiles dont on trouve des reproductions sur le net, Le frappement du rocher de Grenoble (d'après Poussin) et son morceau de réception à l'académie, les Jeux Pythiens, conservé à l'ENSBA donnent vraiment envie d'en savoir plus sur cet artiste Jacques Stella (1596-1657).

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Enfin du XVII° (ou du XVIII°) ce tableau non signalé sur les différents cartels de l'église et qui pourrait être le Louis XIII recevant la communion des mains de saint François de Sales donné à l'école de Simon Vouet ou plus vraisemblablement le Saint Ambroise et l'empereur Théodose Ier anonyme que l'on trouve tous les deux sur les bases de données gouvernementales. Difficile à voir avec l'éclairage, le tableau semble de bonne qualité a été identifié comme l'apparition de St Nicolas à l'empereur Constantin de Jean-Baptiste Corneille (1649-1695). On conseillera l'article que lui a consacré Anne Le Pas de Sénéchal par ici.

 

Merci à Sylvain Kerspern pour ces précisions et on peut regretter que personne n'ait cru bon depuis des années de signaler tout cela à l'intérieur de l'église...

15/06/2011

Sainte Elisabeth (2ème partie)

Le déambulatoire de Sainte Elisabeth est orné de quatre grandes peintures (commandées en 1844) en demi-cercle (sans doute un hommage direct aux loges de Raphaël) qui figurent parmi les meilleurs témoignages, avec les chapelles de ND de Lorette, de ceux qu'on appelle parfois (abusivement ?), autour de Orsel, Périn, Amaury-Duval, Janmot et Signol, les nazaréens ou les préraphaelites français. Elles ont été visiblement restaurées récemment en espérant que ce ne soit pas à la manière du grand Thomas Couture du musée d'Orsay...

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On peut bien parler de nazaréen devant 'les Béatitudes' de Guerman von Bohn (1812-1899) allemand venu finir sa formation à Paris auprès de Ary Scheffer et Henry Lehmann, qui voyagea en Italie, fit carrière en France puis dans son pays d'origine (peintre de la cour royale de Würtemberg) et qui est surtout connu a priori pour ses scènes de genre romantiques avec des jeunes filles rêveuses, tant elle doit beaucoup à Overbeck dans sa recherche d'une certaine spiritualité. Reste que s'il y a de forts beaux morceaux de peintures (dans le groupe de gauche en particulier), l'ensemble est assez sec et austère, en particulier à cause d'un thème pas franchement folichon.

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S'il hérite lui aussi d'un sujet pas forcément facile à illustrer ('Les sept oeuvres de Miséricorde')(le sujet n'est pas rare mais les tableaux sur ce thème souvent barbant...), Jean-Louis Bézard (1799-1861) se montre nettement plus inspiré : les différents groupes sont bien mis en évidence dans une architecture bien délimitée, le tout dans un coloris fort délicat. L'élève de Guérin et de Picot, prix de Rome en 1829 avec 'Jacob refusant de livrer Benjamin', est loin d'être toujours aussi inspiré dans les nombreuses oeuvres de lui qu'on peut trouver dans les différentes églises parisiennes mais il offre ici une oeuvre inspirée à la fois par les loges de Raphaël et les Vénitiens (Carpaccio, Bellini) de tout premier plan (l'esquisse fut présentée à l'exposition Les Années Romantiques).

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Alors qu'il hérite d'un sujet autrement plus passionnant, Paul Jourdy (1805-1856) fait preuve d'une extrême platitude dans la représentation de ses 'Sacrements'. Si chacun des trois groupes principaux est de belle qualité, l'élève de Lethière puis d'Ingres, prix de Rome en 1834 avec 'Homère chantant ses vers' et auteur d'une honorable carrière de peintre d'histoire, peine à les lier entre eux et à rendre sa scène un peu vivante. Tellement classique qu'on a parfois l'impression de voir ses références (Pérugin ?).

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Elève de Gros ayant connu une bonne carrière officielle de peintre de batailles et de scènes religieuses pour les églises parisiennes, Adolphe Roger (1800-1880) offre une version étonnamment calme et personnelle du 'Jugement dernier'. Loin de l'agitation habituelle de ce genre de scène comme de ses propres oeuvres très inspirées des primitifs italiens de la chapelle des fonts baptismaux de l'église ND de Lorette à Paris, Roger semble ici s'approprier la leçon de Michel-Ange.

05/06/2011

Sainte Elisabeth (1ère partie)

Si la plupart de ses oeuvres sont dans un bon état (on peut même se demander si la restauration des quatre grandes oeuvres du déambulatoire n'a pas été un peu agressive...), l'église Sainte Elisabeth est quand même un bon exemple du peu de considération qu'ont reçu (et continue trop souvent de recevoir) les grandes peintures religieuses du XIX°.

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En très mauvais état se trouvent donc quelques peintures du bas-côté droit qui est actuellement en travaux (mais uniquement pour les verrières semble-t-il) comme ce 'Christ mort sur les genoux de la vierge' qui est sans doute l'oeuvre citée dans le Renouveau de la peinture religieuse en France (1800-1860) de Bruno Foucart comme de Jean-Louis Bézard (on en reparle dans la deuxième partie) et qui doit énormément à la renaissance italienne.

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Dans un état moins alarmant mais avec quand même quelques belles fissures, une grande 'Glorification de Sainte Elisabeth de Hongrie' de Jean Alaux dit le Romain (1786-1864) orne le choeur. Prix de Rome en 1815 avec un saisissant 'Briseis pleurant Patrocle', il fut l'élève de Pierre Lacour l'aîné à Bordeaux puis de Vincent à Paris. Il se lia d'amitié avec Ingres à Rome, où il devint plus tard directeur de l'académie, et fut le peintre préféré de Louis Philippe. Surtout connu pour ses grandes reconstitutions historiques comme 'Le Baptème de Clovis' ou les nombreuses oeuvres pour Versailles (comme celle-ci), cet hémicycle serait sa seule peinture religieuse connue et est avec son fond or à rapprocher des nazaréens français (Orsel, Perin, Roger). On trouvera plus de détails sur Alaux par ici.

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Pas de problème d'état mais des reflets et des objets rendent peu lisible le Sainte Elisabeth de Hongrie deposant sa couronne aux pieds de l'image du christ de Merry-Joseph Blondel (1781-1853). Elève de Regnault, prix de Rome en 1803 avec 'Enée portant son père Anchise', couvert d'honneur et de commandes (Louvre, Fontainebleau, églises parisiennes...) de son vivant puis oublié et déconsidéré, il est un excellent dessinateur tout en faisant preuve d'un sens aigu de la composition. Si certains de ses décors font preuve d'un clacissisme un peu sec et froid, cette grande composition religieuse peinte encore assez tôt dans sa carrière (1819) et dont l'esquisse du Petit Palais fut exposé pour Les années romantiques, se classe parmi ses meilleures oeuvres : composition très lisible, lumière mettant heureusement en valeur le groupe principal de personnages, différents morceaux de bravoure dans le décor ou les personnages...

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Dans la même chapelle, deux toiles de Henri-Auguste-Callixte-César Serrur (1794-1865), 'Sainte Elisabeth soignant un malade' et 'Sainte Elisabeth en prière' sont d'une qualité bien moindre (et mériteraient un bon nettoyage). Cet autre élève de Regnault, plusieurs fois médaillé aux Salons, s'était plutôt spécialisé dans les scènes d'histoire antique ou médiévale et les batailles, ce qui explique sans doute le peu de commandes religieuses qu'il a reçu. Il semble ici fortement s'inspirer de l'art italien de la renaissance.

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Enfin, on finira cette première partie (la suite et la fin bientôt) par des oeuvres qu'on ne peut pas voir, la chapelle des Catéchismes étant fermé la plupart du temps, si ce n'est sur la pointe des pieds à travers une vitre (ce qui explique la médiocrité des photos). Ces oeuvres majeures d'artistes réputés à leur époque comme Nicolas-Auguste Hesse ('Le sermon sur la montagne') ou Adolphe Roger ('Laissez venir à lui les petits enfants') mériteraient de pouvoir être vues...