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24/08/2011

Petite mais sympa

De nombreuses villes de province, petites comme grandes, cherchent à remettre en valeur leurs anciennes gloires, ces tant dénigrés "pompiers" et leurs (très nombreux) élèves. Après Villeneuve-sur-Lot et André Crochepierre l'an dernier, c'est la presque voisine Marmande avec Abel Boyé (1864-1933) qui met un peu de lumière sur un artiste oublié.

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Elève à Paris de Benjamin Constant (après une première formation locale puis à Bordeaux), il aura une carrière officielle classique : second prix de Rome, exposant régulier au Salon où il sera médaillé... L'exposition présente essentiellement des peintures de la collection du musée Marzelles et donc un nombre réduit de peintures mais surtout de thèmes. Sont ainsi présents essentiellement des portraits, de qualité très inégale. Si certains font franchement alimentaires (en particulier les représentations de notables), d'autres font preuve d'une grande acuité dans l'expression.

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Mais comme beaucoup de ses contemporains, c'est dans la représentation de la femme que Boyé semble s'être fait plaisir, que ce soit dans des représentations classiques ('Petite fille au panier', 'Marcelle Nadeau') ou plus... allégorique ('Femme sortant du bain'). Malheureusement, ses grands formats ne sont presque pas présents à l'exposition (à part 'La nymphe de Diane' médaillée au Salon de 1885) et seuls 'Le long des flots' et 'Femme à la biche' (ainsi que quelques reproductions d'époque) permettent de se faire une idée de cette partie de son art, qui semble influencée par Gleyre, Henner et les préraphaélites. Bref cette charmante petite exposition met en appétit et donne envie d'en voir plus. Une grande rétrospective comme pour Crochepierre serait donc souhaitable...

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Abel Boyé, Musée Albert Marzelles, Marmande, jusqu'au 30 septembre 2012.

20/08/2011

Un grand cru ?

Après l'académie de France à Rome et avant la Galerie des Gobelins à Paris, c'est la Galerie des Beaux-Arts de Bordeaux qui accueille l'exposition Poussin et Moïse, du dessin à la Tapisserie, qui présente pour la première fois ensemble la série de 10 tapisseries consacrées à la vie de Moïse et réalisées à partir d'œuvres de Nicolas Poussin et Charles Le Brun (pour deux d'entre-elles).

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Réalisées 20 ans après la mort du maître d'après des tableaux d'époques différentes et n'ayant jamais été pensés comme une série, la tenture n'est forcément pas vraiment homogène mais permet d'admirer les différentes solutions mises au point pour mettre en scène des sujets très différents et de voir comment les auteurs des cartons ont modifié certaines choses pour tenter de renforcer le côté décoratif (où comment passer d'une toile de 2 ou 3 m² à une tapisserie de 20 m²...). Une sorte de sommet d'un certain classicisme décoratif. La présentation des tapisseries est complétée par la présence de trois des toiles ayant servi de modèle à la série, de dessins préparatoires et d'un des cartons (L'adoration du veau d'or par Pierre de Sève), ainsi que de nombreuses gravures.

 

S'il y avait quelques regrets à émettre sur cette superbe exposition, ils tiendraient essentiellement à l'absence de reproductions de tailles raisonnables des peintures originales de Poussin n'ayant pas pu être prêtées (ce que l'on conçoit très bien), défaut pas totalement corrigé par un catalogue, fort intéressant mais bizarrement coupé en deux, dont la plupart des reproductions sont bien petites... Mais aucune raison valable de manquer à Bordeaux ou à Paris, cette exposition évènement.

 

Poussin et Moïse, du dessin à la Tapisserie, à la Galerie des BA de Bordeaux, du 30 juin au 26 septembre 2011.

15/08/2011

Lefai accompli

N'ayant pas pu voir l'église de Dausse, dernière étape Henry Lefai avec le décor de l'église paroissiale St Sylvestre à St-Sylvestre-sur-Lot. Si le sujet (Saint Sylvestre Ier trônant devant Rome) n'est pas franchement folichon, l'artiste fait preuve d'un fort hiératisme dans son personnage central et d'un intéressant sens du paysage. Utilisant là encore différentes teintes ocres, il montre à la fois des références à l'Art Nouveau (plus très nouveau en 1949) et au Pré-Raphaélisme tout en faisant preuve d'un sens aigü de la composition monumentale. Il y a sans doute beaucoup de choses à redécouvrir dans ces grands décors encore classiques de la première moitié du XX°...

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Vue générale de l'abside

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St Sylvestre

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Détail du paysage

13/08/2011

Un artiste à découvrir ?

Après quelques recherches sur le net, j'en sais un peu plus sur Henry Lefai, auteur d'une partie du décor de Ste Catherine de Villeneuve-sur-Lot. Il est amusant (et un peu inquiétant pour la connaissance des décorateurs du milieu du XX°) que ce soit par l'intermédiaire de la société J-K Huysmans dont il fut un membre éminent que je sois tombé sur ces renseignements. Peintre, décorateur, sculpteur et restaurateur, il était aussi collectionneur de livres anciens, fut secrétaire de la Société Saint-Jean, groupement des artistes catholiques, publia au moins un essai sur Huysmans et décéda le 23 octobre 1980.

 

Comment ce lettré parisien se retrouva à travailler dans le sud-ouest, et plus précisément dans le Lot-et-Garonne pendant presque 20 ans (depuis la restauration en 1938 des fresques de l'église de Castelmoron peintes par Adolphe Brucker jusqu'au décor de l'église de Dausse en 1957) ? Auprès de qui apprit-il la peinture ? Il faudrait sans doute aller éplucher des archives pour le savoir... En tout cas son décor pour le sanctuaire Notre-Dame de Peyragude à Penne d'Agennais est fort intéressant : le trait est précis, le choix d'une quasi-monochromie ocre sur fond clair très judicieux, et malgré des thèmes pas forcément passionnant (historique du sanctuaire, litanies de Marie..) l'ensemble est très décoratif.

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Vue générale

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L'abside

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Un détail de l'abside 

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Pendentif de la coupole

 

Henry Lefai est également l'auteur du très surprenant chemin de croix, partiellement gravé dans la pierre et peint, où il a choisi de ne représenter qu'un petit détail de chacune des étapes. La représentation est originale et se révèle particulièrement touchante.

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06/08/2011

Une expo de vacances

Pour ceux qui passent dans les Pyrénées ces jours-ci, un petit passage par Bagnères-de-Bigorre leur permettra de voir au musée Salies une exposition consacrée à Blanche Odin (1865-1957) et Ulpiano Checa (1860-1916).

 

Si les deux artistes ont été proches (Odin est même signalée comme élève de Checa sur Wiki) et ont Bagnères comme point commun (l'une s'y est installée et y a fini sa vie, l'autre y venait en vacances), l'intérêt de confronter leurs œuvres ne saute pas forcément aux yeux. Là où la française semble redéfinir à chacune de ses aquarelles de fleurs le sens des adjectifs joli et aimable en les rapprochant dangereusement de mièvre (heureusement quelques portraits sont un peu plus intéressants), l'espagnol fait preuve d'une économie et d'une verve rares dans le trait, ce qui lui permet d'exceller dans les dessins, les gravures et les affiches sur des sujets très divers.

 

Et si avec ses locaux exigües, ses explications pour le moins fragmentaire et son accrochage bricolé (les Checa s'entassent sur les murs), l'exposition fait vieillotte, elle reste néanmoins fort sympathique et impose deux conclusions : Blanche Odin est une artiste plaisante pour cartes postales alors qu'Ulpiano Checa mérite une vraie grande rétrospective où l'on pourra découvrir plus que ses œuvres sur papier (on trouve de superbes reproductions de toiles sur le web).

 

Blanche Odin et Ulpiano Checa : rencontre de deux artistes, musée Salies, Bagnères-de-Bigorre, jusqu'au 30 octobre 2011.