22/06/2011
Même à la guerre, il faut être bien habillé...
Si l'exposition présentée actuellement au musée des Invalides ne semblent pas à première vue avoir de rapport avec ce blog, elle y a néanmoins sa place, et pas seulement pour la présence d'un Portrait équestre de François premier en armure sur parchemin attribué à Jean Clouet ou un Portrait du duc d'Anjou à la pierre noire et sanguine de Francois Clouet. C'est surtout l'occasion de découvrir un certain nombre de dessins maniéristes ayant par la suite servis pour la décoration d'armures.
A côté d'artistes très connus comme Luca Penni ou Jean Cousin (père et fils), on trouve entre autres des œuvres de Baptiste Pellerin (1542-1575) qu'on est progressivement en train de redécouvrir ou du graveur Etienne Delaume (ca1519-ca1583), montrant comment les motifs chers à l'école de Fontainebleau sont réutilisées pour orner différentes parties de l'armure, écus ou épées : scène mythologiques, de guerre ou de chasse, grotesques... puis de comparer avec le "résultat final" sur les superbes armures royales d'apparat. Une très belle expo, qui donne envie d'en (sa)voir plus...
'Compartiment supérieur et inférieur d'une rondache : les armes de France entre deux putti et deux sphinx; deux femmes avec une sphère armillaire assises devant des trophées d'armes' et un zodiaque de Baptiste Pellerin.
'Timbre d'armet décoré d'une scène d'une bataille de cavaliers et de fantassins antiques' attribué à Jean Delaume, le fils d'Etienne.
Sous l'égide de Mars : Armures des princes d'Europe, les Invalides jusqu'au 26 juin 2011.
17:42 Publié dans exposition à Paris | Lien permanent | Commentaires (0)
15/06/2011
Sainte Elisabeth (2ème partie)
Le déambulatoire de Sainte Elisabeth est orné de quatre grandes peintures (commandées en 1844) en demi-cercle (sans doute un hommage direct aux loges de Raphaël) qui figurent parmi les meilleurs témoignages, avec les chapelles de ND de Lorette, de ceux qu'on appelle parfois (abusivement ?), autour de Orsel, Périn, Amaury-Duval, Janmot et Signol, les nazaréens ou les préraphaelites français. Elles ont été visiblement restaurées récemment en espérant que ce ne soit pas à la manière du grand Thomas Couture du musée d'Orsay...
On peut bien parler de nazaréen devant 'les Béatitudes' de Guerman von Bohn (1812-1899) allemand venu finir sa formation à Paris auprès de Ary Scheffer et Henry Lehmann, qui voyagea en Italie, fit carrière en France puis dans son pays d'origine (peintre de la cour royale de Würtemberg) et qui est surtout connu a priori pour ses scènes de genre romantiques avec des jeunes filles rêveuses, tant elle doit beaucoup à Overbeck dans sa recherche d'une certaine spiritualité. Reste que s'il y a de forts beaux morceaux de peintures (dans le groupe de gauche en particulier), l'ensemble est assez sec et austère, en particulier à cause d'un thème pas franchement folichon.
S'il hérite lui aussi d'un sujet pas forcément facile à illustrer ('Les sept oeuvres de Miséricorde')(le sujet n'est pas rare mais les tableaux sur ce thème souvent barbant...), Jean-Louis Bézard (1799-1861) se montre nettement plus inspiré : les différents groupes sont bien mis en évidence dans une architecture bien délimitée, le tout dans un coloris fort délicat. L'élève de Guérin et de Picot, prix de Rome en 1829 avec 'Jacob refusant de livrer Benjamin', est loin d'être toujours aussi inspiré dans les nombreuses oeuvres de lui qu'on peut trouver dans les différentes églises parisiennes mais il offre ici une oeuvre inspirée à la fois par les loges de Raphaël et les Vénitiens (Carpaccio, Bellini) de tout premier plan (l'esquisse fut présentée à l'exposition Les Années Romantiques).
Alors qu'il hérite d'un sujet autrement plus passionnant, Paul Jourdy (1805-1856) fait preuve d'une extrême platitude dans la représentation de ses 'Sacrements'. Si chacun des trois groupes principaux est de belle qualité, l'élève de Lethière puis d'Ingres, prix de Rome en 1834 avec 'Homère chantant ses vers' et auteur d'une honorable carrière de peintre d'histoire, peine à les lier entre eux et à rendre sa scène un peu vivante. Tellement classique qu'on a parfois l'impression de voir ses références (Pérugin ?).
Elève de Gros ayant connu une bonne carrière officielle de peintre de batailles et de scènes religieuses pour les églises parisiennes, Adolphe Roger (1800-1880) offre une version étonnamment calme et personnelle du 'Jugement dernier'. Loin de l'agitation habituelle de ce genre de scène comme de ses propres oeuvres très inspirées des primitifs italiens de la chapelle des fonts baptismaux de l'église ND de Lorette à Paris, Roger semble ici s'approprier la leçon de Michel-Ange.
18:05 Publié dans eglise de Paris | Lien permanent | Commentaires (0)
08/06/2011
Au Louvre ce printemps 2011 : 3ème partie
Juste quelques mots pour évoquer les deux expositions, comme toujours passionnantes, du Cabinet des dessins de ce printemps qui viennent juste de fermer (le 6 juin).
D'une part, l'exposition Pietro da Cortona et Ciro Ferri se révélait assez aride, le grand maître baroque, son élève et son atelier étant représentés aussi bien par de superbes planches très finies que par des études de composition ou des projets architecturaux ou décoratifs.
D'autre part, l'exposition Louis de Boullogne montrait que si le premier peintre du roi et directeur de l'académie est parfois un peintre un peu sec, comme beaucoup de ses contemporains de la période entre le classicisme de Le Brun et le rococo de Boucher, il est un prodigieux dessinateur, aussi bien pour les études de figures que de grandes compositions, pleines de vie, de mouvement et de profondeur. Un seul regret, que le catalogue ne propose pas toutes les oeuvres présentées ni de reproduction des peintures correspondant (sans doute pour permettre un prix raisonnable). Un bel exemple de son art avec 'Deux jeunes femmes endormies' faisant partie de nombreux dessins préparant des tableaux sur l'histoire de Diane.
© Musée du Louvre
12:47 Publié dans exposition à Paris | Lien permanent | Commentaires (0)
05/06/2011
Sainte Elisabeth (1ère partie)
Si la plupart de ses oeuvres sont dans un bon état (on peut même se demander si la restauration des quatre grandes oeuvres du déambulatoire n'a pas été un peu agressive...), l'église Sainte Elisabeth est quand même un bon exemple du peu de considération qu'ont reçu (et continue trop souvent de recevoir) les grandes peintures religieuses du XIX°.
En très mauvais état se trouvent donc quelques peintures du bas-côté droit qui est actuellement en travaux (mais uniquement pour les verrières semble-t-il) comme ce 'Christ mort sur les genoux de la vierge' qui est sans doute l'oeuvre citée dans le Renouveau de la peinture religieuse en France (1800-1860) de Bruno Foucart comme de Jean-Louis Bézard (on en reparle dans la deuxième partie) et qui doit énormément à la renaissance italienne.
Dans un état moins alarmant mais avec quand même quelques belles fissures, une grande 'Glorification de Sainte Elisabeth de Hongrie' de Jean Alaux dit le Romain (1786-1864) orne le choeur. Prix de Rome en 1815 avec un saisissant 'Briseis pleurant Patrocle', il fut l'élève de Pierre Lacour l'aîné à Bordeaux puis de Vincent à Paris. Il se lia d'amitié avec Ingres à Rome, où il devint plus tard directeur de l'académie, et fut le peintre préféré de Louis Philippe. Surtout connu pour ses grandes reconstitutions historiques comme 'Le Baptème de Clovis' ou les nombreuses oeuvres pour Versailles (comme celle-ci), cet hémicycle serait sa seule peinture religieuse connue et est avec son fond or à rapprocher des nazaréens français (Orsel, Perin, Roger). On trouvera plus de détails sur Alaux par ici.
Pas de problème d'état mais des reflets et des objets rendent peu lisible le Sainte Elisabeth de Hongrie deposant sa couronne aux pieds de l'image du christ de Merry-Joseph Blondel (1781-1853). Elève de Regnault, prix de Rome en 1803 avec 'Enée portant son père Anchise', couvert d'honneur et de commandes (Louvre, Fontainebleau, églises parisiennes...) de son vivant puis oublié et déconsidéré, il est un excellent dessinateur tout en faisant preuve d'un sens aigu de la composition. Si certains de ses décors font preuve d'un clacissisme un peu sec et froid, cette grande composition religieuse peinte encore assez tôt dans sa carrière (1819) et dont l'esquisse du Petit Palais fut exposé pour Les années romantiques, se classe parmi ses meilleures oeuvres : composition très lisible, lumière mettant heureusement en valeur le groupe principal de personnages, différents morceaux de bravoure dans le décor ou les personnages...
Dans la même chapelle, deux toiles de Henri-Auguste-Callixte-César Serrur (1794-1865), 'Sainte Elisabeth soignant un malade' et 'Sainte Elisabeth en prière' sont d'une qualité bien moindre (et mériteraient un bon nettoyage). Cet autre élève de Regnault, plusieurs fois médaillé aux Salons, s'était plutôt spécialisé dans les scènes d'histoire antique ou médiévale et les batailles, ce qui explique sans doute le peu de commandes religieuses qu'il a reçu. Il semble ici fortement s'inspirer de l'art italien de la renaissance.
Enfin, on finira cette première partie (la suite et la fin bientôt) par des oeuvres qu'on ne peut pas voir, la chapelle des Catéchismes étant fermé la plupart du temps, si ce n'est sur la pointe des pieds à travers une vitre (ce qui explique la médiocrité des photos). Ces oeuvres majeures d'artistes réputés à leur époque comme Nicolas-Auguste Hesse ('Le sermon sur la montagne') ou Adolphe Roger ('Laissez venir à lui les petits enfants') mériteraient de pouvoir être vues...
17:34 Publié dans eglise de Paris | Lien permanent | Commentaires (0)
03/06/2011
Vite, ça ferme ! (bis)
Il aura fallu que je me balade dans Paris pour me rendre compte que l'exposition du Grand Palais dont je promets de parler depuis des semaines ferme lundi prochain et qu'il est donc tout juste encore temps de faire envie à ceux qui ne s'y sont pas encore rendus (il doit y en avoir, vu qu'il n'y avait personne à chaque fois que je suis passé devant...) à l'exposition parisienne la plus intéressante de ce printemps 2011 (cela n'engage que moi).
Après une première salle consacrée à deux chef d'oeuvres d'Annibal Carrache dont le Paysage fluvial de la National Gallery of Art de Washington qui est absolument saisissant, on entre dans le vif du sujet avec l'effervescence romaine autour de 1600 où se mêlent artistes nordiques (Bril, Brueghel, Elsheimer...) et italiens (Carrache, Albane, Dominiquin...) et la création, peut-être pas du paysage comme genre autonome comme l'annonce l'exposition (difficile de ne pas considérer certaines oeuvres de Patinir, entre autres, comme des paysages), mais du moins du paysage classique.
Les salles suivantes nous présenteront l'évolution du paysage bolonais, l'évolution du paysage nordique, les dessins puis des toiles autour de Poussin et de Claude Gellée. Au milieu des innombrables merveilles présentes (aucune oeuvre ne mérite qu'on ne s'arrête pas longuement devant elle), on notera le plaisir de pouvoir comparer des peintures sur le même thème (comme Le repos pendant la fuite en Egypte ou Latone métamorphosant les bergers de Lycie en grenouilles), de découvrir quelques artistes moins connus comme Pietro Paolo Bonzi et surtout Goffredo Wals dont le petit tondo Route de campagne avec une maison est tout à fait étonnant et d'admirer les différents grands formats peints pour le palais du Buen Retiro.
Une exposition somptueuse par les oeuvres présentées et passionnante par son thème, dont le seul repproche serait finalement qu'elle donne envie d'en voir tellement plus...
Nature et idéal : le paysage à Rome, 1600 - 1650, Grand Palais, jusqu'au 6 juin 2011
17:14 Publié dans exposition à Paris | Lien permanent | Commentaires (0)
02/06/2011
Vite, ça ferme !
Deux expositions n'ayant pas eu énormément de publicité ferment ce week-end, alors petite séance de rattrapage.
Pas le lieu d'exposition le plus connu de Paris (pourtant il y a régulièrement de bonnes choses), la Mona Bismarck Foundation présente des oeuvres venues de l'Institut Gustave Courbet à Ornans, en raison de la fermeture du musée pour travaux. Alors certes on n'est pas en face d'oeuvres majeures du grand maître réaliste et on aurait aimé en savoir plus sur l'intervention des "collaborateurs" sur un certain nombre de toiles, mais c'est toujours un plaisir de profiter de sa technique très particulière et de son sens aigu de la nature sauvage. Parmi les peintures marquantes, on notera 'Le saut de la Brême', 'Le passage du gué', 'Le peintre et son modèle dans un paysage rocheux' ou 'Une papeterie à Ornans'. Le seul défaut de cette petite expo gratuite reste finalement son catalogue, certes peu onéreux mais dont certaines reproductions sont un peu décevantes et qui manque sérieusement de matière.
Gustave Courbet, l'amour de la nature, Mona Bismarck Foundation jusqu'au 4 juin 2011 (attention, c'est fermé le 2 et le 3 juin...).
Après Pelez et De Nittis, le Petit Palais remet en lumière un autre artiste ayant beaucoup illustré la capitale à la fin du XIX° et au XX°, Jean-Louis Forain, en présentant un nombre important de gravures, d'aquarelles, de dessins et plus inhabituel (Forain est surtout connu de nos jours comme caricaturiste), de peintures. Si l'on n'est pas forcément convaincu par toutes les oeuvres présentées plus ou moins chronologiquement et par thèmes, il est très agréable de se balader dans les salles en se laissant guider par sa curiosité. Un excellent article est disponible sur la Tribune des Arts.
Jean-Louis Forain (1852-1931), « La Comédie parisienne », Petit Palais jusqu'au 5 juin 2011.
14:15 Publié dans exposition à Paris | Lien permanent | Commentaires (0)