30/07/2025
Deux ratages parisiens
L'une ferme, l'autre a ouvert il y a peu, mais on ne vous conseille pas vraiment ces deux "expositions évènements" qui, comme presque toujours, sont des ratages (mais pleines de monde, donc j’imagine que tout le monde est content...).
Cléopâtre à l'IMA est une parfaite illustration du vieil adage "qui trop embrasse mal étreint". Un premier étage consacré à la vie de la reine (et un peu à la dynastie ptolémaïque) où tout est survolé et où les pièces archéologiques présentées ne sont pas fantastiques ; un deuxième étage consacré à sa postérité dans les lettres, les arts, le cinéma et la socio-politique (section plus que dispensable et discutable)... on imagine bien qu'il y a peu de choses consacrées à chaque thème... Ainsi la partie beaux-arts qui nous intéresse ici prend moins de place que le Astérix de Chabat (je ne plaisante pas) en présentant à peine 20 peintures, gravures et sculptures. Alors certes, quelques dizaines de morts de Cléopâtre aurait peut-être été de trop (pas pour moi) mais les œuvres présentées montrent à quel point les artistes peuvent en avoir une vision différente (moment de la morsure, agonie, corps sans vie). Il est en outre dommage que trop d’œuvres soient déjà bien connues des amateurs de nos musées de Province. On est en revanche ravi de voir le Cléopâtre dissolvant la perle de Carlo Maratta du Museo nazionale del Palazzo di Venezia à Rome, même si fort mal éclairé comme les autres... Bref pas franchement indispensable...
Les "grandes" expositions à Jacquemart-André sont souvent discutables (hello Botticelli...), mais on a peut-être touché le fond avec celle consacrée à Artemisia Gentileschi, artiste tellement "à la mode" qu'il y a des rétrospectives constamment à travers le monde (donc logiquement les chefs-d’œuvre ne peuvent pas être prêtés partout), qui réussit à être pire que celle du musée Maillol il y a quelques années, déjà assez moyenne. Énormément de monde, salles trop petites pour le format de nombreuses toiles, éclairage et couleur des murs... ne mettant pas en valeurs les œuvres va-t-on dire poliment... l'expérience du visiteur n'est déjà pas terrible. S'ajoute à cela la qualité très variable des toiles présentées. Certes il y a quelques indiscutables tableaux majeurs venus de grandes institutions mais aussi beaucoup d’œuvres bien moins convaincantes souvent en main privée (faut dire qu'il en passe du Artemisia sur le marché de l'art depuis quelques années). Et comme dans d'autres expositions, on aimerait bien un prudent "attribué à" voir même un honnête "ici attribué à" quand il y a discussion (le Couronnement d'épines du Caravage reste discuté par exemple même si l'attribution semble gagner du terrain). Du coup impossible de se faire une véritable idée de l'artiste (on est très loin de la splendide rétrospective Ribera du Petit Palais mettant définitivement lo Spagnoletto tout en haut des peintres caravagesques)(où n'est pas Artemisia, loin de là). Et on rit (jaune) en lisant des "critiques" affirmant que l'exposition montre à quel point Artemisia est supérieur à son père Orazio, représenté, lui, par 5 toiles merveilleuses...
Le mystère Cléopâtre, Paris, IMA, jusqu'au 11 janvier 2026
Artemisia, héroïne de l'art, Paris, musée Jacquemart-André, jusqu'au 3 août 2025
18:58 Publié dans exposition à Paris | Lien permanent | Commentaires (0)
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