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31/12/2021

Les réserves de nos musées ont du talent

L'un dans l'Eure, l'autre dans l'Oise, deux de nos "petits" musées de province / banlieue présentent des expositions  avec des œuvres sorties de leurs réserves. Et ce sont de grandes réussites.

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Le musée de Vernon nous présente donc des paysages d'"ici" confrontés à des œuvres d'"ailleurs" (armes venues d'Afrique, gravure d'objets asiatiques). Si certaines œuvres ont déjà été vues car parfois accrochées aux cimaises des collections permanentes (l'étonnante Marine de Charles Lacoste, le très beau Paysage à marée basse de Karl Daubigny ou la magnifique Route dans la montagne de Rosa Bonheur) d'autres sont pour moi inédites. Une série de petites esquisses sur le mont St Michel de Louise-Denise Damasse, des aquarelles à la composition originale de Arthur Bourdillat et Roger Reboussin, une Montagne de Paul Jouve surtout connu comme peintre animalier, une Tête d'homme de l'orientaliste Eugene Girardet ou une charmante petite huile Sur la plage en Bretagne de Adolphe Ernest Gumery... Et l'exposition est surtout l'occasion de voir une grosse partie des fonds Georges Paul Leroux et Paul Jouanny que possède le musée (qui présente souvent une ou deux œuvres de chaque artiste). Célèbre comme décorateur de son vivant, le premier se montre un paysagiste sensible et ses vues de carrières sont étonnantes. Très méconnu mais présent régulièrement ces derrières années dans les expositions sur les vues de la Seine, le deuxième est un paysagiste qui mérite vraiment d'être redécouvert aussi bien pour ses vues d'Île-de-France que du sud de la France.

 

Le musée de Pontoise a lui sorti de ses réserves les carnets de Ludovic-Rodo Pissarro le quatrième fils de Camille Pissaro. Certains sont présentés dans des vitrines tandis que les murs sont ornés de différentes aquarelles. Vues de Bretagne, de Normandie, de Paris, de Pontoise, du sud de la France, d'Angleterre mais aussi croquis des élégantes et de la vie parisienne, caricatures familiales... les thèmes sont aussi variés que les techniques (crayon, encre, aquarelle...). Rodo fait preuve d'une grande sensibilité pour saisir le pittoresque de la ville ou le calme de la nature ainsi que d'un sens aigu pour croquer les travers de la société (et de ses proches). Une magnifique découverte qui donne envie d'en savoir plus sur un des moins connus des fils Pissaro. Si le catalogue est très bien illustré (on peut voir notamment d'autres dessins de certains carnets), il est malheureusement très pauvre en essais...

 

Ici et ailleurs, voyages à travers les collections du musée de Vernon, musée de Vernon, jusqu’au 9 janvier 2022

Les Carnets de dessin de Ludovic-Rodo Pissarro, musée Pissaro, Pontoise, jusqu'au 24 février 2022

26/12/2021

L'orientalisme à Nemours

Comme l'avait montré la médiocre exposition L'Orient des peintres au musée Marmottan il y a deux ans, faire une exposition généraliste sur un thème aussi vaste aussi bien dans ses sujets, dans le style des artistes que dans sa période temporelle que l'Orientalisme est une gageure. Pari pourtant parfaitement réussi par le château-musée de Nemours.

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Ne pas chercher l'exhaustivité mais ouvrir des pistes ; ne pas vouloir montrer de chef d’œuvres mais des œuvres marquantes et rares ; montrer des œuvres peu vues de grands maîtres et d'autres de maîtres peu souvent vus ; ne pas sombrer dans le cliché de l'orientalisme du cliché (très petite section sur harem et odalisque) pour privilégier les artistes ayant eu une vraie affection pour leur découverte de l'Orient ; l'exposition ne fait aucune faute de goût. Et si aucune des sections (campagne d’Égypte, découverte de l'Algérie, scènes de vie quotidienne, animaux...) ne peut bien entendu être très développée, la présence de deux d'entre elles sur Orientalisme et peinture d'histoire / religieuse (avec l'extraordinaire Ismaël de Virginie Demont-Breton) ainsi que le portrait orientaliste (magnifique Mendiant aveugle de Paul Leroy) donne envie que des musées consacrent de vraies expositions à ces deux thèmes.

 

Si Ingres, Gérôme et Delacroix ne sont représentés que par une gravure et Decamps par un dessin, on découvre deux peintures de Girodet et des œuvres peu vues d'orientalistes aussi importants que Fromentin, Tournemine, Ziem, Dinet, Bergère, Marilhat, Landelle, Léon Belly ou Bouchor. Parmi les belles surprises, deux charmants et colorés Alexis Auguste Delahogue jamais vus jusqu'ici au musée de Melun, un très moderne dans sa facture Gardien de la mosquée de Charles Dagnac-Rivière (jusqu'ici pour moi inconnu) qui contraste avec la très académique Suleika femme du Caire de Louis Édouard Fournier, les belles du harem d'Alfred Chataud très éloigné du voyeurisme habituel de ce genre de scène, une superbe aquarelle du port d'Alger de l'anglais William Wyld ainsi qu'un très bel ensemble du peintre nemourien (il fut conservateur du musée et un artiste à succès) Ernest Marché qui fait preuve d'une grande sensibilité dans ses paysages.

 

Bref, je ne peux que conseiller aux parisiens l'heure de train pour se rendre à Nemours...

 

Rêve d'Orient, château-musée de Nemours, jusqu'au au dimanche 27 mars 2022.

23/12/2021

Napoléon à Fontainebleau

Parmi les très nombreuses expositions consacrées à Napoléon pour le 200ème anniversaire de sa mort, il y a eu de tout : de l’indispensable (Invalides et Gobelins), du tape-à-l’œil insupportable (La Villette), du très spécialisé franchement austère (la Monnaie)... Celle que lui consacre le château de Fontainebleau est fort intéressante mais laisse un peu sur sa faim : il faudra sans doute lire le catalogue pour en savoir vraiment plus sur la présence de l'empereur et les aménagements qu'il a pu y faire faire.

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Après une version du portrait en costume de sacre par Robert Lefevre, on découvre donc différents projets (réalisés ou non ) des architectes Fontaine, Percier et Hurtault afin de transformer le château pour les besoins et les gouts de l'empereur, des meubles et des peintures qui y ont été installé... Si les dessins d'architectures sont splendides, il y a peu d’œuvres vraiment marquantes dans l'exposition. On notera la série d'aquarelles de ou d'après Giuseppe Pietro Bagetti représentant la campagne d'Italie, les quatre allégories d'Antoine François Callet, le Triomphe de Galatée de François Van Loo ou les 12 esquisses pour le décor de la voûte de la galerie de Diane par Jean Baptiste Debret.

 

Et puis il ne faut surtout pas oublier au tout début de la visite du château d'aller voir la petite salle consacrée aux chiens de Louis XV par Jean Baptiste Oudry (qui complète bien la visite de l'exposition sur les animaux du roi à Versailles) qui présente au milieu du superbe Cadet et Hermine acquis récemment par le château les cinq autres tableaux de la série que possède Fontainebleau. Un régal !

 

Un palais pour l'Empereur. Napoléon 1er au château de Fontainebleau, château de Fontainebleau, jusqu'au 3 janvier 2022

05/12/2021

A l'ENSBA...

Les expositions du cabinet Jean Bonna à l'ENSBA de Paris bien que petites (une trentaine d’œuvres) sont toujours l'occasion de découvrir des feuilles exceptionnelles. Si Dessiner la lettre, écrire le dessin ne déroge pas à cette règle, il faut bien reconnaître que son propos (les écritures sur le dessin) n'est pas forcément très clair, le rapport entre un simple monogramme et une description complète n'apparaissant pas forcément évident (mais le catalogue m'éclairera peut-être)...

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Dans tous les cas il faut venir pour admirer quelques rares dessins anciens : une Tête d'homme barbu et un Couple de paysans dansant d'Urs Graf, un Hercule et Omphale de Baldung-Green, une étude pour le triptyque de Notre-Dame des sept douleurs de Pieter Pourbus ou deux Jan Verbeeck. Mais aussi des curiosités comme un écorché du sculpteur Triqueti, des études de costume de Véronèse, un projet de plafond de Charles de la Fosse ou les scènes ne sont que mentionnées à l'écrit ou la figure de Minos d'après Michel-Ange par Carpeaux.

 

Et parmi les feuilles plus classiques, difficiles de ne pas s'arrêter longuement devant la superbe Cascade des jardins de la villa Aldobrandini à Frascati de Natoire, la Vue du Tempietto de San Pietro in Montorio d'Hubert Robert, les deux études pour l'église Sainte Sabine à Rome de Federico Zucarri, le Portrait de femme de Puvis de Chavanne ou la Muse Terpsichore d'Eustache Le Sueur. Comme d'habitude, un régal à l'ENSBA...

 

Dessiner la lettre, écrire le dessin, Paris, ENSBA, jusqu'au 16 janvier 2022.