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31/05/2011

Notre-Dame de Bercy

Pour illustrer l'édito d'il y a trois jours, commençons par la petite église ND de Bercy construite en 1825 et totalement insignifiante d'un point de vue architectural mais qui contient cinq (six si on tient compte d'une Nativité flamande anonyme du XVII°) excellentes peintures, représentant merveilleusement l'art religieux français des XVII et XVIII° siècle. Si ces oeuvres semblent être toutes dans un état de conservation convenable, elles sont assez peu appropriées à l'exiguité du lieu et pour le moins peu mises en valeur par un éclairage naturel fort brutal. Mais comme de toute façon le lieu est loin de tout circuit touristique parisien, ces toiles dignes du Louvre croupissent tranquillement dans leur coin...

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Jacques Stella (1596-1657), fils d'un peintre d'origine flamande et peut-être élève de Horace Le Blanc, est surtout marqué par sa rencontre avec Poussin et fait partie des principaux représentants de l'atticisme parisien. Avec sa composition monumentale, peu chargée en personnages et utilisant parfaitement l'architecture, 'Le Christ et la Samaritaine' est un superbe exemple de son art. Il y a au Louvre un dessin préparatoire.

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Si Louis Boullogne le père (1609-1674) fut nommé académicien dans la première assemblée que fit l'Académie en 1648, il est aujourd'hui nettement moins connu que ses enfants Geneviève, Madeleine, Bon et surtout Louis (qui fut premier peintre du roi). Ce 'Christ en croix' aux expressions un peu figées est assez typique d'une production classique.

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Daniel Hallé (1614-1675) ne fut jamais académicien contrairement à son fils Claude-Guy et à son petit-fils Noël, bien qu'ayant travaillé auprès de Le Brun et reçu des commandes prestigueuses (un May de Notre-Dame). Peut-être à cause de son style un peu archaïsant, cette 'Annonciation' ayant encore par exemple un petit côté maniériste, plus sensible encore sur une oeuvre comme 'La Navité' du musée de Rouen.

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Elève de Le Brun, Charles de la Fosse (1636-1716) a progressivement abandonné le classicisme de son maître pour une peinture plus flamboyante à la palette chaude influencée à la fois par les vénitiens et par Rubens, ce qui n'est pas forcément évident sur cette 'Résurrection de la fille de Jaïre' rendue malheureusement fort peu lisible par différents reflets, plutôt virtuose mais assez sage et froide, ce qui explique peut-être qu'elle fut aussi attribuée à Pierre-Jacques Cazes.

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Jean-Baptiste Marie Pierre (1713-1789) fut élève de Natoire et premier prix de peinture en 1734, il fit une brillante carrière officielle jusqu'à la place de premier peintre du roi. Le sujet un peu original du 'Martyre de St Thomas Beckett' lui permet d'oser une mise en scène théatrale et des costumes chatoyants.

07/05/2011

St Denis du Saint Sacrement

Bien que situé pas loin de la place des Vosges, l'église St-Denis-du-Saint-Sacrement ne fait pas vraiment partie des grandes curiosités touristiques de la capitale. Pourtant sa facade néoclassique et son intérieur un peu froid cachent une des plus belles peintures des églises parisiennes. Moins connue que les oeuvres de St-Sulpice ou que le Christ au jardin des Oliviers de l'église Saint-Paul-Saint-Louis, la Déposition de croix (1844) montre tout le genie d'Eugène Delacroix pour sublimer une composition classique.

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Mais l'église nous permet aussi d'apprécier des oeuvres de certains de ses contemporrains très renommés à l'époque mais aujourd'hui moins appréciés pour être restés dans un juste milieu un peu neutre entre classicisme et romantisme. Ainsi Notre-Dame du Bon Secours de Joseph-Désiré Court (1797-1865) souffre d'un sujet pas franchement folichon et d'un mauvais état de conversation mais présente quelques très beaux détails (oui, pas évident sur cette photo...). Reste qu'on préfèrera de lui des tableaux de format plus modestes bien plus charmants tels qu'on peut en voir au musée de Rouen.

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Peintre d'histoire par excellence avec des hautes ambitions (décorations au Louvre, à Versailles et dans de nombreuses églises parisiennes), Francois-Edouard Picot (1786-1868) fait preuve trop souvent d'un côté un peu sec et d'une trop grande révérence aux anciens, comme dans ces Disciples d'Emmaüs évoquant beaucoup la renaissance italienne.

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Auteur de très nombreux tableaux et décors religieux répartis à travers les églises de France, Alexandre Abel de Pujol (1787-1861) mériterait d'être sérieusement remis en valeur. Il sait utiliser sa sûreté dans le dessin (il était élève de David) pour s'adapter au sujet et au lieu. Le Père éternel fait donc preuve de tout le hiératisme nécessaire tandis que la superbe grisaille Saint Denis prêchant dans les Gaules fait preuve d'une remarquable lisibilité.

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Enfin un Baptême du Christ peint une vingtaine d'année plus tôt et provenant semble-t-il de l'église Saint-Francois-d'Assise a eu plus de mal à trouver son auteur, a priori Gabriel-Christophe Guerin (1790-1846) dont le père et le grand-père étaient graveurs. Elève de Regnault à Paris sur lequel on trouve peu de renseignements, il fut actif à Strasbourg comme le prouvent les oeuvres présentes au musée de B-A et les peintres signalés dans son atelier (Henner, Brion, Pradelles). Ce très bon tableau aux figures imposantes comme l'Autoportait en captif présenté à la Galerie Mendes donnent en tout cas envie d'en (sa)voir plus.

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09/04/2011

Notre-Dame de la Croix de Ménilmontant

Bien que n'apparaissant presque jamais dans les guides, les églises néo-romanes et néo-gothiques conservent souvent des œuvres d'art de qualité. Surtout connue pour ses orgues classés, l'église Notre-Dame de La Croix à Paris abrite un ainsi une intéressante série de peintures.

 

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Commençons par les œuvres contemporaines à la construction de l'édifice avec une série de quatre grands tableaux dans la chapelle axiale consacrée à Notre-Dame peints par Jules Louis Machard (1839-1900) et Xavier-Alphonse Monchablon (1835-1907), Visitation, CrucifixionAnnonciation et Assomption. Si l'ouvrage de Bruno Foucart sur Le renouveau de la peinture religieuse en France et l'exposition Les années romantiques ont remis en lumière les grands formats religieux de la période 1820-1860, ceux des peintres pompiers des générations postérieures restent souvent méconnus (et pas toujours dans un excellent état de conservation). Si le coloris est un peu froid et la composition convenue, reconnaissons à ces peintures un métier et un caractère décoratif des plus honorables, en particulier l'Annonciation qui semble porter le souvenir des peintres italiens du XVI°.

 

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Dans le transept, trois grands formats plus anciens, La descente du Christ aux limbes de Pierre Claude François Delorme (1783-1859) et Jésus guérissant les malades de Jean-Pierre Granger (1779-1840), tous deux peints pour N-D de Paris ainsi que La mort de saint Joseph de Jean-Jacques Lagrenée (1739-1821) peint pour Saint-Joseph des Carmes. Si les deux premiers sont fort bien représentés dans les églises parisiennes (à N-D de Lorette par exemple), on les a rarement vu aussi inspirés, Delorme étant ici flamboyant et très proche de son maître Girodet alors que Granger abandonne son néo-classicisme assez stricte et un peu guindé pour une scène vivante et colorée. On a par contre connu Lagrenée plus inspiré (la moitié supérieure est quasi vide) et moins sec même s'il y a de beaux morceaux de peinture dans le groupe de St Joseph.

 

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Enfin des toiles plus modestes d'artistes anonymes ou peu connus ornent les bas-côtés, parmi lesquels Le Martyre d'un pape, seule œuvre connue d'Alexandre Durant et un Le Christ et Marie-Madeleine anonyme.

 

On pourra en savoir plus et voir des illustrations de meilleure qualité par ici.