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06/04/2011

Pinacothèque de Paris : 1ère partie - les collections permanentes

Si on ne peut que se réjouir de l'ouverture d'un nouveau "musée" à Paris (même si ce n'est pas ça qui manque...), on peut se poser des questions sur l'ouverture des nouvelles salles de la Pinacothèque de Paris avec ses collections "permanentes" en dépôts plus ou moins long (le Rembrandt est déjà reparti !) par des collectionneurs privés, ses grands noms et sa muséographie "novatrice".

 

Les œuvres ne sont ainsi pas accrochées par écoles ou par siècles mais par des thématiques parfois assez claires (les natures mortes ou assimilés) mais le plus souvent assez obscures. Si la confrontation d'œuvres aussi diverses et hétérogènes pourrait être intéressante, encore faudrait-il que le choix des rapprochements soit un minimum satisfaisant et que la qualité des objets soit au rendez-vous. Or la plupart des grands noms sont représentés par des tableaux de qualité au mieux médiocre (Monet, Pissaro, Renoir, Van Dyck, Delacroix, Tintoret...). Tout juste peut on ressortir un des trois Courbet, La Source ainsi qu'une nature morte de Heda et deux portraits de Nattier et Reynolds dans l'honnête moyenne de ces artistes.

 

Heureusement quelques artistes moins connus sont mieux représentés : un superbe Renard attaquant des volailles de Carstian Luyckx, un original Homme fumant dans une cour de Matthijs Naiveu, un crépusculaire Bergers devant un feu de Leonaert Bramer, un Paysage montagneux avec des canards d'Adrien S Coorte (en photo ici) ou une Beauté romaine de Bouguereau qui nous fait regretter que l'artiste soit présent à Orsay par de grandes compositions et pas par ses peintures plus légères et frivoles. Mais ce sont surtout deux tableaux de caravagesques nordiques qu'on aura admiré : une Femme comptant ses pièces devant une bougie de Mathias Stom et un Groupe de musiciens de Theodor Rombouts, venu (comme beaucoup d'autres) de la Collection Kremer.

 

S'il est fort agréable de pouvoir découvrir des toiles normalement en mains privées, la collection permanente de la Pinacothèque se révèle pour l'instant pour le moins décevante aussi bien par son accrochage que par les œuvres présentées. Une visite ne semble pour l'instant guère indispensable en elle-même, mais comme elle est gratuite si on fait une des deux expositions temporaires, on pourra y jeter un œil dans ce cas-là...

04/04/2011

Cranach et son temps

Version allégée de l'expo du Bozar de Bruxelles, Cranach et son temps a choisi de nous présenter les œuvres par thèmes et le plus souvent possible en les comparant avec certains de ses contemporains qui l'ont influencé ou qu'il a pu influencer (Dürer, Metsys, Lucas de Leyde...). Le point de vue est intéressant : on y voit les liens artistiques entre Flandres, Italie et pays germaniques et comment se fait l'intégration progressive des codes de la Renaissance. Pouvoir par exemple admirer côte à côté des Lucrèce, deux de Cranach, une de Francia et une du Maître du Saint Sang ou des vierges de Cranach, Metsys ou Dürer est fort appréciable. Et les salles sur la réforme ou les « dangers » des femmes sont tout à fait passionnantes. Mais ce choix a un inconvénient : il rend plus difficile la perception des changements stylistiques dans l'art du maître et ne permet pas vraiment de prendre conscience de l'importance de l'atelier (certaines œuvres étant vraiment de qualité moindre).

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S'il fallait trouver un défaut, ce serait sans doute qu'au milieu de nombreuses oeuvres remarquables (La crucifixion, Le martyre de Ste Catherine, La bouche de vérité, Hercule chez Omphale, La mélancolie'...) , la salle des nues, a priori moment majeur de l'exposition, est un peu décevante : trop d'Adam et Eve un peu redondants et pas tous convaincants et peu de représentation des autres thèmes (pour les Trois Grâces, il faudra aller au Louvre...). Mais cela reste un reproche mineur (avec le fait qu'on aurait aimé en avoir un peu plus...) pour une exposition à la scénographie et à l'éclairage impeccables, et où il a été choisi de faire entrer le public au compte-goutte, ce qui permet de ne pas avoir d'attroupements (mais risque de donner des files d'attente considérables les jours d'affluence) et donc de pouvoir aussi bien profiter des œuvres avec un peu de recul ou de tout prêt, pour admirer la finesse des feuillages, des broderies, des boucles blondes comme les paysages aux architectures raffinées ou les détails amusants. Un vrai plaisir !

 

Cranach et son temps. Musée du Luxembourg, juqu'au 23 mai 2011

02/04/2011

Un bilan Automne / Hiver 2010

Avant de commencer à faire le tour des expositions - poids lourds de ce printemps, petit retour sur celles de ces derniers mois dont je n'avais pas parlé sur jécoute, le lieu me paraissant de moins en moins approprié à cela.

 

Claude Monet au Grand Palais

Que dire d'une exposition dont le but n'était pas de nous apprendre quoi que ce soit sur un des peintres bénéficiant le plus régulièrement de grandes expositions mais qui présentait un nombre considérable d' œuvres de toute beauté ? Que c'était un plaisir pour les yeux ? Ca l'aurait vraiment été sans la foule (pourtant en y allant le 26 décembre, il n'y avait presque pas de queue) rendant la visite à la limite du désagréable. On remarquera aussi qu'avec autant de monde, les audioguides provoquent des attroupements rendant le tout encore plus pénible. Restaient les œuvres, heureusement...

 

France 1500 au Grand Palais

Un vrai propos, nombre de chef d'œuvres (voir ensemble toutes ces peintures du Maître de Moulins par exemple...), une exposition superbe souffrant malheureusement à son niveau des mêmes problèmes de gestion des visiteurs que l'expo Monet, en particulier devant les enluminures. Ou comment concilier nombre et confort des visiteurs ? Un peu dense et touffue aussi, par moment, pour les non-spécialistes comme pour les enfants.

 

Trésors des Médicis au Musée Maillol

Sans réel but (il y aurait tant à dire sur chacun des Médicis, alors parler de tous en même temps) et avec un choix d'œuvres de tous genres, de tous styles et de toutes qualités, on est en face de l'exposition cherchant à rameuter un large public sur son seul nom. Pour apprendre quelque chose, passez votre chemin. Pour le plaisir de l'œil,  il faut butiner à gauche et à droite pour trouver de superbes objets au milieu d'autres dont on se demande ce qu'ils font là, à part faire le nombre...

 

Jean-Léon Gérôme, l'Histoire en spectacle au Musée d'Orsay

Après Cabanel à Montpellier, il ne manque plus que Bouguereau pour que la trilogie des pompiers maudits soit (un peu) réhabilitée. Coloriste parfois froid, dessinateur excellant dans le luxe du détail mais pas toujours très sûr dans ses visages, Gérôme est avant tout un maître dans la représentation de l'histoire dans ce qu'elle a de plus anecdotique, dans une approche très frontale flirtant parfois avec une certaine vulgarité. S'il y a rarement à penser dans une de ses toiles, il y a toujours à voir et quelle imagination dans la mise en scène pour nous montrer les choses comme on ne l'avait jamais fait avant. Une exposition d'une richesse inouïe, tellement dense qu'il était nécessaire de la voir plusieurs fois.

 

Rubens, Poussin et les peintres du XVIIe siècle au Musée Jacquemart-André

Une exposition au propos confus (le classicisme français né du baroque anversois ???) avec des tableaux de qualités ou d'attributions douteuses... il fallait bien un nom ronflant pour rendre le tout attirant et cela devient malheureusement une habitude à Jacquemart-André que de nous décevoir. Il y avait sans doute meilleure façon (et meilleures œuvres...) de nous présenter les rapports artistiques entre la France et les Flandre, car à part pour une poignée de toiles (deux paysages de Patel, une confrontation entre un La Hyre et un Snyders de thème similaire) et deux superbes dernières salles consacrées au classicisme à Liège, on ne pouvait que ressortir qu'avec l'impression de s'être un peu fait avoir...

 

Tivoli - Variations sur un paysage au XVIII° siècle au Musée Cognacq-Jay

Poids léger comparé aux précédentes, l'exposition sur la représentation du temple de Tivoli confirme le haut niveau actuel des expositions du musée Cognacq-Jay, pas nécessairement très grandes mais toujours passionantes. Consacrée bien entendu essentiellement aux artistes de la période auquel se consacre le musée, elle présente des visions aussi bien réalistes que totalement réinventés du sujet par des artistes comme Boucher, Joseph Vernet, Hubert Robert, Lacroix de Marseille, Piranèse, Simon Denis... Quelques œuvres d'époques précédentes et surtout postérieures (superbe petite Ruine de Léon Cogniet par exemple) complètent la présentation et montrent comment les artistes utilisent à leur convenance un motif devenu très populaire.

 

La Russie romantique - Chefs-d'eouvre de la galerie nationale Tretiakov Moscou au Musée de la vie romantique

Si l'on tique souvent devant l'utilisation du qualificatif romantique pour les œuvres présentées, quel plaisir de découvrir ces artistes russes que l'on ne connaissait que par des reproductions : les portraits de Brioullov, Sokolov, Tropinine ou Kiprenski, les paysages de Chtchédrine (superbe Clair de lune à Naples), Gagarine, Ivanov ou Vorobiev (sublime Chêne foudroyé) ou les natures mortes sur papier de Fedor Petrovitch Tolstoï dont le Trompe-l'œil : paysage sous papier transparent est absolument magistral. 

 

Il fut question de Giuseppe de Nittis par ici.

26/03/2011

Ca pour une surprise !

En entrant par curiosité dans l'église Notre-Dame-de-l'Assomption de Bagnères-de-Luchon, je ne m'attendais certainement pas à ça :

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soit un superbe décor du milieu du XIX° siècle peint par Romain Cazes (1810-1881), excellent élève d'Ingres auteur de plusieurs autres grands décors et de nombreuses grandes toiles religieuses, malheureusement en train de se dégrader suite à des inflitrations (lire un appel à la restauration ici), et complété par le local Bertrand Bernard.

Deux détails de ce très bel ensemble que le thème choisi ne rend pas forcément très attirant avec ses cortèges de saints, anges et autres religieux :

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A ce décor déjà remarquable, il faut ajouter deux grandes toiles données par l'état, un Jésus et la Samaritaine, de Alexandre-Francois Caminade (1783-1862), artiste néo-classique particulièrement bien représenté dans les églises parisiennes et un Jésus et le paralytique de Cazes.

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Il est à espérer qu'un tel ensemble trouvera rapidement un financement pour retrouver tout son éclat.

22/03/2011

Normandie impressionniste : suite et fin ?

Belle initiative que celle de l'atelier Grognard à Rueil-Malmaison que de proposer une exposition sur l'école de Rouen, intéressant prolongement de la grande exposition de Rouen l'été dernier où certains de ces artistes étaient représentées mais à petite dose. Présentés par thèmes (la Seine, le port, la ville aux cents clochers, la campagne...), les œuvres proviennent en partie de collections privées, couvrent une large période (de 1880 à 1950) et sont donc de styles très variés.

 

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Les deux peintres les plus connus de cette "école de Rouen" ne sont pas placés à la même enseigne : là où Albert Lebourg (1849-1928) est représenté par une grosse dizaine de toiles de qualité assez inégale dont on ressortira en particulier Le petit bras de la Seine au Bas-Meudon ou Le pont de Suresnes, Charles Angrand (1854-1926) est réduit à la portion congrue : deux peintures dont le très beau Pont de pierre déjà présent à l'expo de Rouen et quelques pastels. Dommage !

 

Mais ceux qu'on était venu voir, ce sont d'abord ces artistes qu'Une ville pour l'impressionnisme nous avait donné envie de découvrir davantage. Léon Jules Lemaître (1850-1905), Joseph Delattre (1858-1912), Charles Fréchon (1859-1929) ou Robert Antoine Pinchon (1886-1943) sont ainsi à l'honneur avec de nombreuses toiles même si c'est malheureusement parfois par des œuvres vues quelques mois plus tôt. Si les deux premiers séduisent par leurs ambiances brumeuses voire humide dans de charmantes scènes ou paysages du quotidien, certes un peu anecdotique, et le dernier par la vivacité de son coloris, c'est Fréchon et sa version originale du divisionnisme qui va nous marquer tout particulièrement  sur des œuvres comme L'automne en forêt de Quévreville, Rouen le Pré aux loups ou Neige. Et on regrette vraiment d'avoir raté sa rétrospective d'il y a quelques années...

 

Mais la bonne surprise, ce sont ces peintres qu'on connaissait peu ou pas : Narcisse Hénocque (1879-1952) dont la Brume du matin sur la Seine est pleine de fraîcheur, Georges Bradberry (1879-1959) et ses pastels de femmes au travail, Pierre Hodé (1889-1942) qui semble vivre le port sur Voiliers, pont transbordeur et surtout Narcisse Guilbert (1878-1942) remarquable dans son effet d'hiver sur Rouen, le Pré aux loups, neige ou dans l'agitation du Marché, place de la Haute-Vieille-Tour.

 

Voilà une belle exposition dans un lieu qui permet de bien mettre en valeur les œuvres et dont le propos (qu'on aurait aimé être plus développé en panneau comme dans le catalogue, vendu à un prix très raisonnable mais dont certaines illustrations sont malheureusement de très piètre qualité) n'est pas de nous faire prendre ces différents artistes pour des grands maîtres mais bien de nous montrer comment ils se sont appropriés chacun à leur manière et ce jusqu'assez tard au XXème siècle les apports de l'impressionnisme, pour produire des toiles, peut-être secondaires, mais souvent charmantes.

 

École de Rouen. Les peintres impressionnistes et postimpressionnistes

L'atelier Grognard, Rueil Malmaison du 21 janvier au 18 avril 2011.

16/03/2011

Né trop tard ?

Il est toujours agréable de voir les musée de province organiser une grande rétrospective sur un enfant du pays, ancienne gloire locale désormais oubliée et faisant partie de ces charmants petits maîtres chers à Verschuur. Disposant déjà d'une salle dans l'accrochage permanent du musée de Gajac à Villeneuve sur Lot, c'est pour quelques semaines tout le musée qui est consacré à André Crochepierre (1860-1937) avec une bonne centaine d'œuvres provenant essentiellement du fond du musée (qui n'en expose qu'une faible partie habituellement) et de collections privées. Né à Villeneuve où il reviendra après sa formation parisienne chez Bouguereau, ce qui ne l'empêchera pas de participer avec un certain succès aux Salons à Paris (médailles en...) ni même d'exposer à l'étranger, il semble viscéralement attaché à sa terre.

 

Si le musée de Gajac ne présente en général que quelques portraits et scènes de genre, l'exposition va mettre en lumière toutes les facettes de son art en tentant de les présenter par thème (intimité de l'artiste, scènes de genre, portraits, natures mortes) alors même que la configuration du musée rend cela difficile. Ainsi trouve-t-on à côté de sa seule (et franchement décevante) scène d'histoire non seulement des esquisses mais aussi nombres de petites œuvres (pas toujours en très bon état de conservation d'ailleurs) de tout genre (deux très jolies bord de mer cependant) et quelques œuvres très médiocres de proches. Quand à la grande salle, on y retrouve mélangés des natures mortes, des scènes de genre avec leurs études et quelques portraits alors que les couloirs servent à accrocher les paysages sans réelle cohésion apparente ainsi qu'un grand portrait de famille. Ajouter à cela la quasi-absence de tout panneau explicatif et il faudra bien se contenter du seul plaisir des yeux, qui sera fort heureusement grand.

 

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Autoportrait au foulard rouge - 1931 - Musée de Gajac

 

On découvre ici un portraitiste à la formation classique (Mme Dartigue et M. Vivier dont les fonds noirs auraient pu être peints par un élève d'Ingres) capable et ce dès ses débuts (le truculent Homme au fleuret) d'une grande liberté de touches et d'effets : ses autoportraits sont ainsi brossés avec vigueur alors que les vues de son épouse dans différentes situations sont pleines de tendresses et de charmes. Et il est étonnant de voir de la même main le très austère (et très milieu du XIX° Mme Labadie) et les beaucoup plus naturels et modernes Portrait du grand père Albre ou Mme Albre. Mais sa réputation (tableaux achetés par l'état et présentés au Louvre), Crochepierre la fit sur ses scènes de genre inspirées par sa passion pour les maîtres hollandais. Des travailleurs, souvent pauvres et âgés, fileuses, dévideuses, brodeuses, essoreuses ou autres..., représentés dans un clair-obscur rembranesque traversé d'éclats de lumière chaude. Tout en empâtement, les visages sont souvent marqués mais il y a toujours quelque chose de digne et de touchant, un profond respect.

 

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La visite du linge - 1897 - Musée de Gajac

 

Mais la vraie surprise fut de voir qu'il fut aussi un paysagiste délicat, de sa région mais pas que. Influencé par les pleinairistes, plus l'école de Barbizon que l'impressionnisme, il s'attache à représenter des scènes simples, accrochées par la lumière. Un étang, une forêt, une masure (somptueuse Grange) sont sources de poésie et de lumière. On découvre aussi un charmant peintre de nature-morte, dont les ustensiles de cuisine en cuivre ou en porcelaine rappellent aussi bien le Kalf de l'âge d'or hollandais que plus tard Chardin ou le méconnu Fouace. On gardera aussi un souvenir ému de deux superbes chats relégués dans une salle minuscule servant pour l'audio-visuel. Et il n'est pas difficile de penser que, s'il était né 30 ans plus tôt, Crochepierre aurait été autrement célébré, alors que là, il souffre face aux avant-gardes. Dommage simplement que l'exposition se contente d'accumuler les oeuvres et que le catalogue soit aussi sommaire.

 

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L'étang du Rooy - 1913 - Musée de Gajac

 

Rendons cependant grâce au musée de Villeneuve sur Lot de présenter régulièrement des expositions de qualité ('Imaginaire de Ruines', 'Espagne les années sombres', 'Eaux volantes, eaux marchandes'...) et d'avoir encore une fois prouvé à quel point il y a du talent et de la diversité chez les petits maîtres académiques jusque dans les premières décennies du XXème siècle. En espérant pourquoi pas bientôt un travail de qualité équivalente sur l'autre gloire locale, Maurice Réalier-Dumas.

 

André Crochepierre 1860-1937 éloge de l'instantané. Musée de Gajac, Villeneuve sur Lot jusqu'au 20 mars 2011.

12/03/2011

Georges de Lastic

S'il fait beau ce dimanche (et même s'il pleut en fait), il ne faut pas hésiter à se rendre sur les lieux de l'exposition sur Georges de Lastic. Partagée entre les deux musées dont il fut le conservateur, le musée de la vénerie à Senlis et le musée de la chasse et de la nature à Paris, elle présente au public jusqu'au 13 mars un florilège parmi les collections d'un sacré amateur d'art.

 

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On ne peut qu'être ébloui par la qualité des portraits en entrant dans la première salle parisienne, éblouissement confirmé dans la salle suivante et à Senlis. Ce sont des œuvres majeures qui se présentent sous nos yeux et pas les plus grands spécialistes français du genre, formant un superbe panorama du genre : Pierre Mignard (le très classique mais tout à fait superbe Portrait présumé de Marie Mancini qui n'est pas attribué avec certitude ou le modello pour La famille du Grand Dauphin), Hyacinthe Rigaud (La Comtesse de Lignières avec ses étoffes chatoyantes mais aussi trois portraits d'artistes dont Antoine Coysevox et Gabriel Blanchard), Nicolas de Largillière (un ensemble exceptionnel dont une somptueuse Marie Madeleine de la Fayette où le chien allongé devant sa jeune maîtresse et le paysage rappelle que l'artiste était loin de n'être que portraitiste, mais aussi le portrait d'enfant Nicolas Jean-Baptiste Hallé en saint Jean-Baptiste, le Portrait de gentilhomme que l'on voit sur l'affiche de l'exposition ou ou le portrait de famille La marquise de Noailles et ses deux enfants dans lequel trouve sa place un portrait de l'époux défunt), Nattier (un inhabituel Mademoiselle de Charolais peinte en robe de bure).

 

Mais on découvre également un Autoportrait où Isaac Fuller semble se représenter éméché, une version du Portrait équestre de Louis XIV à cheval par René-Antoine Houasse et trois charmants portrait d'enfants du XIXème, deux par le prix de Rome Léon Bénouville manquant un peu de naturel et le troisième plus gracieux par Léopold Horovitz. Le portrait n'est pas le seul genre brillamment représenté puisque sont aussi présentes des natures mortes par Largillière, Meiffren Conte (somptueuse Nature morte d'orfèvrerie, coquillages et jeu de cartes), Jean-Baptiste Oudry et deux simples et raffinées études de fleurs de Anne Vallayer-Coster ; des modello (Philippe et Jean-Baptiste de Champaigne, Nicolas Loyr, Joseph Parrocel), un très beau paysage classique de Jean Lemaire, deux ravissantes scènes de genre de Jacques van Schuppen et quelques œuvres sur papier (Oudry, Louis Aubert). Enfin, comment ne pas finir par l'artiste que Georges de Lastic a cherché sans cesse à remettre en valeur (et dont la monographie vient de paraître), le peintre des chasses de Louis XIV Alexandre-François Desportes. En plus d'une délicate Étude de fleurs, le musée de Senlis présente dans la salle qui lui est consacré et où trônent deux grands formats, trois œuvres superbes : Beagles chassant un lièvre, Chasse au cerf et Gibier mort gardé par un chien.

 

Deux très belles expositions dont on regrettera pour des raisons de commodité qu'elles ne soient pas réunies (même si on comprend très bien pourquoi), accompagnées d'un catalogue aux illustrations superbes avec des articles et des notices passionnantes.

 

Georges de Lastic (1927-1988), le Cabinet d'un amateur.

Musée de la chasse et de la nature, Paris et musée de la vénerie, Senlis, jusqu'au 13 mars 2011.