15/08/2011
Lefai accompli
N'ayant pas pu voir l'église de Dausse, dernière étape Henry Lefai avec le décor de l'église paroissiale St Sylvestre à St-Sylvestre-sur-Lot. Si le sujet (Saint Sylvestre Ier trônant devant Rome) n'est pas franchement folichon, l'artiste fait preuve d'un fort hiératisme dans son personnage central et d'un intéressant sens du paysage. Utilisant là encore différentes teintes ocres, il montre à la fois des références à l'Art Nouveau (plus très nouveau en 1949) et au Pré-Raphaélisme tout en faisant preuve d'un sens aigü de la composition monumentale. Il y a sans doute beaucoup de choses à redécouvrir dans ces grands décors encore classiques de la première moitié du XX°...
Vue générale de l'abside
St Sylvestre
Détail du paysage
21:02 Publié dans église de province | Lien permanent | Commentaires (0)
13/08/2011
Un artiste à découvrir ?
Après quelques recherches sur le net, j'en sais un peu plus sur Henry Lefai, auteur d'une partie du décor de Ste Catherine de Villeneuve-sur-Lot. Il est amusant (et un peu inquiétant pour la connaissance des décorateurs du milieu du XX°) que ce soit par l'intermédiaire de la société J-K Huysmans dont il fut un membre éminent que je sois tombé sur ces renseignements. Peintre, décorateur, sculpteur et restaurateur, il était aussi collectionneur de livres anciens, fut secrétaire de la Société Saint-Jean, groupement des artistes catholiques, publia au moins un essai sur Huysmans et décéda le 23 octobre 1980.
Comment ce lettré parisien se retrouva à travailler dans le sud-ouest, et plus précisément dans le Lot-et-Garonne pendant presque 20 ans (depuis la restauration en 1938 des fresques de l'église de Castelmoron peintes par Adolphe Brucker jusqu'au décor de l'église de Dausse en 1957) ? Auprès de qui apprit-il la peinture ? Il faudrait sans doute aller éplucher des archives pour le savoir... En tout cas son décor pour le sanctuaire Notre-Dame de Peyragude à Penne d'Agennais est fort intéressant : le trait est précis, le choix d'une quasi-monochromie ocre sur fond clair très judicieux, et malgré des thèmes pas forcément passionnant (historique du sanctuaire, litanies de Marie..) l'ensemble est très décoratif.
Vue générale
L'abside
Un détail de l'abside
Pendentif de la coupole
Henry Lefai est également l'auteur du très surprenant chemin de croix, partiellement gravé dans la pierre et peint, où il a choisi de ne représenter qu'un petit détail de chacune des étapes. La représentation est originale et se révèle particulièrement touchante.
20:17 Publié dans église de province | Lien permanent | Commentaires (0)
06/08/2011
Une expo de vacances
Pour ceux qui passent dans les Pyrénées ces jours-ci, un petit passage par Bagnères-de-Bigorre leur permettra de voir au musée Salies une exposition consacrée à Blanche Odin (1865-1957) et Ulpiano Checa (1860-1916).
Si les deux artistes ont été proches (Odin est même signalée comme élève de Checa sur Wiki) et ont Bagnères comme point commun (l'une s'y est installée et y a fini sa vie, l'autre y venait en vacances), l'intérêt de confronter leurs œuvres ne saute pas forcément aux yeux. Là où la française semble redéfinir à chacune de ses aquarelles de fleurs le sens des adjectifs joli et aimable en les rapprochant dangereusement de mièvre (heureusement quelques portraits sont un peu plus intéressants), l'espagnol fait preuve d'une économie et d'une verve rares dans le trait, ce qui lui permet d'exceller dans les dessins, les gravures et les affiches sur des sujets très divers.
Et si avec ses locaux exigües, ses explications pour le moins fragmentaire et son accrochage bricolé (les Checa s'entassent sur les murs), l'exposition fait vieillotte, elle reste néanmoins fort sympathique et impose deux conclusions : Blanche Odin est une artiste plaisante pour cartes postales alors qu'Ulpiano Checa mérite une vraie grande rétrospective où l'on pourra découvrir plus que ses œuvres sur papier (on trouve de superbes reproductions de toiles sur le web).
Blanche Odin et Ulpiano Checa : rencontre de deux artistes, musée Salies, Bagnères-de-Bigorre, jusqu'au 30 octobre 2011.
22:02 Publié dans exposition en province | Lien permanent | Commentaires (0)
27/07/2011
Si vous avez le temps...
Intéressant complément de la grande exposition sur l'Orientalisme à Marseille et aux collections du musée de Narbonne, le Musée de Gajac à Villeneuve-sur-Lot présente un bel ensemble de gravures sorties de ses réserves et réalisées sur les ordres de Napoléon en souvenir de l'expédition en Egypte.
Si la plupart des pièces ont essentiellement (outre le magnifique travail des graveurs) un intérêt archéologique, ethnographique ou naturaliste, un certain nombre de gravures de paysages, en particulier réalisées d'après les dessins d'André Dutertre (1753-1842) se suffisent amplement à elles-mêmes. Si l'exposition est présentée d'une façon susceptible de plaire aux petits comme aux grands, on regrettera fortement l'absence de tout cartel explicatif et de toute précision sur les différents artistes.
Description de l'Egypte, Musée de Gajac, Villeneuve-sur-Lot, du 6 juillet au 31 décembre 2011.
09:26 Publié dans exposition en province | Lien permanent | Commentaires (0)
24/07/2011
Rapido...
D'autant plus rapidement que l'exposition fermait aujourd'hui et ne présente aucune peinture mais c'est l'occasion de signaler que la Galerie des Gobelins présente (en général deux fois par an) quelques pièces superbes sorties du mobilier national sur un thème donné, pour cette fois, l'éclat de la Renaissance Italienne.
Une trentaine de tapisseries d'après, entre autres, des artistes célèbres comme Raphaël, Jules Romain ou Giovanni da Udine mais aussi d'artistes moins célèbres (Cinganelli) ou encore à découvrir. Il est d'ailleurs intéressant de voir que certaines oeuvres voient leur origine passer de l'Italie aux Flandres, montrant ainsi comment les motifs et les styles se diffusaient à travers l'Europe.
La manège du Saracino dans la grande rue, d'après Michelangello Cinganelli.
La Messe de Bolsène, d'après Raphaël.
17:03 Publié dans exposition à Paris | Lien permanent | Commentaires (1)
16/07/2011
Pour occuper un weekend pluvieux...
Pourquoi ne pas aller voir deux expositions des musées de la ville de Paris qui ferment ce dimanche ?
Le musée de la Vie Romantique présente un ensemble d'œuvres d'art témoignant de l'évolution des parcs et jardins de 1770 à 1840. Si le propos de l'exposition ne passionnera pas forcément, le curieux trouvera de quoi charmer son regard parmi les peintures, gouaches et aquarelles présentes. Personnellement, j'ai eu une nette préférence pour les portraits sur fond de paysage, dont trois très beaux Boilly, un 'Portrait de l'impératrice Joséphine' de Gros et 'La Reine Hortense à Aix-les-Bains' d'Antoine Duclaux qui sert d'affiche à l'expo, alors que les paysages eux-mêmes, sans doute trop topographiques, sont souvent curieux mais pas toujours très intéressants. On notera que peu de noms connus sont présentés. Enfin il y a quelques représentations de plantes avec des aquarelles de Redouté et le célèbre 'Yucca gloriosa dans le parc de Neuilly' d'Antoine Chazal présenté habituellement au Louvre. Une exposition sympa mais dispensable.
photo Petit Palais
Le Petit Palais a décidé de présenter régulièrement ses collections d'art graphique par l'intermédiaire d'expositions temporaires et ce sont des scènes de genre hollandaises qui sont présentées jusqu'à dimanche. Parmi la vingtaine d'œuvres exposées, on notera des gravures de Rembrandt et Adrien von Ostade mais aussi deux beaux dessins sur vélin de Frans van Mieris, une superbe vieille fileuse de Cornelis Visscher et une série des quatre saisons de Herman Saftleven, à mi-chemin du paysage et de la scène de genre. Une exposition courte mais de toute beauté dont on aurait aimé qu'elle bénéficie d'un petit catalogue...
Profitons de l'occasion pour pousser deux petits coups de gueule : comment se fait-il que dans un musée récemment refait à neuf de nombreuses toiles brillent terriblement quand d'autres sont dans la pénombre ? Pourquoi avoir choisi comme à Orsay d'interdire totalement les photographies même sans flash ? On n'ose imaginer que ce soit juste pour permette aux gardiens de ne strictement avoir rien à faire, vu qu'il est difficile de prétendre comme à Orsay que c'est pour éviter les attroupements devant certaines œuvres (il y a malheureusement très peu de monde pour profiter des superbes collections permanentes) et que la boutique a très peu de choses à vendre et c'est un euphémisme... On vous invite à lire les articles sur ce sujet de la Tribune de l'Art, ici ou là.
- Jardins romantiques français (1770-1840), du jardin des Lumières au parc romantique, musée de la Vie Romantique, 8 mars - 17 juillet 2011
- Les Scènes de genre du Siècle d’or hollandais, musée du Petit Palais jusqu'au 17 juillet.
14:30 Publié dans exposition à Paris | Lien permanent | Commentaires (1)
08/07/2011
C'est déjà fermé...
Il peut sembler inutile de parler d'une exposition qui vient de fermer. Mais d'une part je n'ai pas eu beaucoup de temps pour écrire ces derniers temps, et d'autre part j'ai fait l'expo le jour de sa fermeture... Car on ne peut pas dire que L'aigle blanc, Stanislas Auguste, dernier roi de Pologne (bonjour le titre) ait bénéficié d'une communication et d'une publicité importantes. Mais comme le catalogue est disponible partout, on va quand même en dire quelques mots.
Ouvrant sur un superbe portrait de Stanislas Auguste en habit de couronnement par le peintre italien Marcello Bacciarelli (1731-1818) à qui le roi confia la création de l'académie des Beaux-Arts, l'exposition est répartie, dans des espaces par forcément prévus pour ça, par thèmes : portraits de famille et de proches, collection de peintures, collection de dessins et de gravures, des bâtiments et des décors, des artistes européens au service du roi, l'académie de peinture et la destinée de la Pologne. Si le propos est intéressant et aurait mérité d'être davantage étendu dans le catalogue, certaines œuvres de certains thèmes souffrent de la proximité immédiate d'autres œuvres plus immédiates.
Ainsi les dessins et gravures (malgré un superbe Savery ou un très beau Rembrandt) souffrent de passer immédiatement après les peintures, riches de quelques chef d'œuvres d'artistes célèbres comme le 'Savant à son pupitre' de Rembrandt, la 'Vieille Femme' de Gérard Dou ou la 'Vue d'un port au matin' de Claude Joseph Vernet et de tableaux charmants d'artistes moins connus comme Duflos, Charpentier (mignon 'Garçon nourrissant des oisillons'), Le Paon, Norblin de la Gourdaine (français qui fit un long séjour en Pologne) ou Tadeusz Kuntze (amusante allégorie baroque sur 'l'Art'). De même les meubles présentés à côté de quatre des grands paysages de Pologne peints par Bernardo Bellotto, le neveu de Canaletto, ainsi que les dessins présentant les châteaux royaux, situés dans des petits cabinets juste en face de quatre somptueux éléments de décors de Jean-Baptiste Pillement, passent un peu inaperçus.
Une exposition intéressante et agréable mais inégale, reproche que l'on peut également faire à un catalogue dont on aurait aimé qu'il nous offre davantage de matière (et d'illustrations), en particulier sur les collections de peinture du roi et sur les artistes de l'académie. Les notices d'œuvres auraient elles aussi gagnées à être un peu plus complètes et à bénéficier de photos plus grandes (pour les Pillement en particulier) ou de meilleure qualité (pour les Bellotto). Saluons néanmoins le palais impérial de Compiègne pour cette manifestation (en regrettant, mais on y reviendra peut-être, qu'une grande partie de ses collections ne soit pas toujours visibles).
L'aigle blanc, Stanislas Auguste, dernier roi de Pologne, Palais impérial de Compiègne, jusqu'au 4 juillet. Catalogue RMN Grand-Palais.
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