04/05/2011
Pinacothèque de Paris : 2ème partie - les Romanov
L'exemple même de l'exposition un peu (beaucoup) frustrante : d'un côté il est bien évident que l'Ermitage ne peut se départir de trop d'oeuvres majeures (même moyennant finances...), d'un autre côté les différences de qualité entre les peintures présentées ne rendent pas forcément justice aux "Tsars collectionneurs", d'autant que les rares panneaux aideront au final assez peu les visiteurs à se faire une idée réelle de comment la collection va se développer.
Prenons en exemple la première salle, consacrée à Pierre le Grand. A côté d'un immense chef d'oeuvre de Rembrandt (sublime David et Jonathan), on trouve un médiocre Garofalo autrefois attribué à Raphaël, un très banal Joos de Momper et quelques peintures hollandaises dont un Jan Steen peu inspiré et deux Jacob de Heusch assez décoratifs. Difficile alors de se faire une réelle idée des talents de collectionneur de notre tsar...
Fort heureusement, si l'exposition ne nous permettra guère de nous faire une réelle idée des goûts et manies des différents protagonistes (il faudra investir sur le catalogue pour cela...), elle offre parmi la grosse centaine d'oeuvres présentées, son lot de merveilles, même si certains grands noms sont présents avec des choses bien décevantes comme Rubens. On garde ainsi un souvenir ému d'un Portrait d'acteur de Feti, d'un Paysage d'Italie de Berchem, de deux superbes Metsu ou d'un Christ Tout-Puissant du Titien. Et puis la salle des gouaches de Clérisseau et celle des peintures espagnoles réunies par Alexandre Ier méritent à elles-seules le déplacement. Bref, pour le plaisir des yeux plus que celui du cerveau...
L'Ermitage, la naissance du musée impérial. Les Romanov, tsars collectionneurs, à la Pinacothèque de Paris, jusqu'au 29 mai 2011.
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27/04/2011
Pas vraiment un grand cru
On peut comprendre que la municipalité de St Emilion ait d'autres préoccupations touristiques que le mobilier de sa collégiale (son centre ville historique, ses boutiques de pinard, ses pâtisseries pleines de cannelés...) mais on aurait quand même aimé en savoir plus sur les oeuvres d'art de qualité très... diverse et dans un état de conservation assez précaire. La base de données patimoine-de-france n'ayant été d'aucun secours, il restait heureusement la bible Le renouveau de la peinture religieuse en France de Bruno Foucart pour découvrir l'auteur d'un grand tableau accroché bien haut dans le transept.
Elève de Picot, Antoine Rivoulon (1810-1864) fit une carrière honorable mais sans brio particulier. Si les tableaux d'histoire dont on a pu voir des illustrations (comme la Mort de Du Guesclin) font preuve d'un académisme un peu sec hérité de son maître, ses différentes compositions religieuses font preuve d'une bien plus intéressante singularité (voir le passionnant article sur la restauration du Christ). Ce St Sébastien commandé par l'état et livré en 1857 reprend assez traditionnellement l'iconographie de St Sébastien soigné par Ste Irène mais dans un cadre et avec des coloris rappelant un peu les scènes de genre italianisante de Schnetz ou Robert. On espère pouvoir lire bientôt la monographie que Th. Zimmer a consacré à ce peintre fort intéressant.
A partir de là, il fut possible de découvrir que l'auteur d'une copie de la Descente de croix de Régnault commandée en 1850 était un certain Chery qui "fut 8 ans professeur de dessin à l'institution Ste-Barbe à Paris". La date étant incompatible avec Philippe Chery (1759-1838), s'agit-il de Louis Chery (1791-après1851) élève de David (peu vraisemblable), d'un autre Louis Chery signalé à l'école des Beaux-Arts en 1844 ou d'une tout autre personne, cela a peu d'importance, d'autant que la qualité de cette copie est bien difficile à évaluer vue la hauteur où elle est accrochée. Mais une telle oeuvre rappelle à quel point Régnault fut un très grand artiste malheureusement un peu oublié de nos jours.
Enfin la nef abrite six oeuvres un peu naïves rappelant à la fois le maniérisme tardif, la peinture flamande et la peinture italienne, dans un état souvent aléatoire mais assez charmantes. Sur le thème de la vie de la vierge, on trouve ainsi la présentation de la vierge au temple, l'annonciation, la vierge et Ste Elisabeth, l'adoration des bergers, l'adoration des mages et la fuite en Egypte (série incomplète ?).
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19/04/2011
Ste Catherine de Villeneuve-sur-Lot
De style romano-byzantin, l'église Ste Catherine de Villeneuve-sur-Lot ne renferme malheureusement que quelques rares vitraux et sculptures de l'édifice précédent ou d'autres églises détruites de la région, les quelques peintures ayant été apparemment déposées au musée de Gajac (où certaines sont parfois visibles). Mais elle dispose de garnds décors de la toute fin du XIX° et du XX° par ces artistes de formation classique oubliés et souvent méprisés de nos jours.
Maurice Realier-Dumas (1860 - 1929) est avec André Crochepierre la gloire académique locale. Elève de Gérome, on peut voir de lui au musée de Gajac nombre d'oeuvres légères et charmantes et il s'est attaqué avec cette Théorie de saints à quelques chose de pas évident, ce genre de long cortège (on pense à celui de St Vincent de Paul à Paris par Hippolyte Flandrin) entre les travées du transept étant assez rébarbatif avec ses dizaines de personnages souvent peu marquants.
Une vue globale d'une des six séries de Saints :
Quelques Saints parmi les plus réussis :
Gabriel-Antoine Barlangue (1874-1956), originaire également de Villeneuve, fit lui aussi une carrière académique brillante, pleine d'honneurs et de récompenses. Elève de Jean-Paul Laurens et Benjamin Constant pour la peinture, de Jean Patricot, Henri-Emile Lefort et Antonin Delzers pour la gravure, on le trouvera sur le net essentiellement pour... les timbres qu'il a gravé à partir de 1928. Difficile d'être très enthousiasme pour ce cul-de-four représentant le Christ en majesté avec le Tétramorphe rappelant, sans doute pour aller avec le style de l'église, les icônes byzantines. Le Jeune Fille au Kimono que l'on peut voir ici donne cependant envie de découvrir le reste de son oeuvre.
On ne trouve rien par contre sur Henry Lefai que ce soit sur le net ou le Bénézit (du moins la version que j'ai consulté) sinon qu'il fut actif dans la région comme restaurateur et comme peintre (Penne d'Agennais, St Sylvestre, Dausse...). Les Six Ste Catherine de l'hémicycle et la Vierge à l'Enfant en majesté de la chapelle latérale sont assez décoratives avec leurs ornements végétaux et animaux.
17:11 Publié dans église de province | Lien permanent | Commentaires (0)
17/04/2011
Au passage...
... signalons dans l'église Saint-Etienne de Villeneuve-sur-Lot un tableau sur le même thème que dans le billet d'hier, un Saint François d'Assise remettant la règle du Tiers-Ordre à saint Louis et à sainte Elisabeth de Hongrie signé et daté 1710 par un certain J. Lacam dont on ne sait rien.
La composition y est beaucoup plus simple et le trait un peu sec (pour le coloris, difficile de juger dans la pénombre...). Si aucune n'est vraiment remarquable, il fut amusant de découvrir ces deux oeuvres sans doute locales avec leurs points de vue différents, preuves de l'importance de la confrérie du Tiers-Ordre à cette époque dans la région, à 24 heures d'intervalle.
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16/04/2011
Juste une paire de toiles
Bâtiment gothique peu gracieux (mais disposant d'un joli cloître), Notre-Dame de Marmande ne recèle que très peu de mobilier : on note ainsi seulement une mise au tombeau sculpté et peinte du XVII°, un retable en bois consacré à St Benoit et deux grandes peintures intéressantes pour des raisons bien différentes.
Grande toile anonyme du XVII°, l'Allégorie du Tiers-Ordre de St François présente un thème pas forcément très fréquent dans un faste baroque assez amusant dans lequel l'artiste a donné à St Louis les traits de Louis XIV. Elle est malheureusement accrochée en hauteur avec un éclairage naturel pas facile, ce qui explique en partie la médiocrité de la photo (on pourra en savoir plus et voir une meilleure illustration par ici).
De l'autre côté se trouve une de ces grandes toiles néo-classiques qui furent envoyées par l'état à travers toute la France. Elève de Regnault quasiment oublié de nos jours alors qu'il fut peintre officiel de grandes familles, Joseph Chabord (1786-1848) ne se montre guère à son avantage dans les rares tableaux de lui dont on peut trouver des illustrations sur le net : le Portait équestre de Napoléon à la bataille de Wagram et la Mort de Turenne tué par un boulet de canon, apparemment ses deux oeuvres les plus connues ou quelques portraits passés sur le marché de l'art. Mais ce Saint Benoît ressuscitant le fils du jardinier se montre bien moins sec dans la composition et plus heureux dans le coloris, assez sensible dans sa représentation du miracle et avec une belle trouée sur la droite. Avec la Mise au tombeau de l'église de Vienne, elle montre un peintre religieux tout à fait honorable.
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09/04/2011
Notre-Dame de la Croix de Ménilmontant
Bien que n'apparaissant presque jamais dans les guides, les églises néo-romanes et néo-gothiques conservent souvent des œuvres d'art de qualité. Surtout connue pour ses orgues classés, l'église Notre-Dame de La Croix à Paris abrite un ainsi une intéressante série de peintures.
Commençons par les œuvres contemporaines à la construction de l'édifice avec une série de quatre grands tableaux dans la chapelle axiale consacrée à Notre-Dame peints par Jules Louis Machard (1839-1900) et Xavier-Alphonse Monchablon (1835-1907), Visitation, Crucifixion, Annonciation et Assomption. Si l'ouvrage de Bruno Foucart sur Le renouveau de la peinture religieuse en France et l'exposition Les années romantiques ont remis en lumière les grands formats religieux de la période 1820-1860, ceux des peintres pompiers des générations postérieures restent souvent méconnus (et pas toujours dans un excellent état de conservation). Si le coloris est un peu froid et la composition convenue, reconnaissons à ces peintures un métier et un caractère décoratif des plus honorables, en particulier l'Annonciation qui semble porter le souvenir des peintres italiens du XVI°.
Dans le transept, trois grands formats plus anciens, La descente du Christ aux limbes de Pierre Claude François Delorme (1783-1859) et Jésus guérissant les malades de Jean-Pierre Granger (1779-1840), tous deux peints pour N-D de Paris ainsi que La mort de saint Joseph de Jean-Jacques Lagrenée (1739-1821) peint pour Saint-Joseph des Carmes. Si les deux premiers sont fort bien représentés dans les églises parisiennes (à N-D de Lorette par exemple), on les a rarement vu aussi inspirés, Delorme étant ici flamboyant et très proche de son maître Girodet alors que Granger abandonne son néo-classicisme assez stricte et un peu guindé pour une scène vivante et colorée. On a par contre connu Lagrenée plus inspiré (la moitié supérieure est quasi vide) et moins sec même s'il y a de beaux morceaux de peinture dans le groupe de St Joseph.
Enfin des toiles plus modestes d'artistes anonymes ou peu connus ornent les bas-côtés, parmi lesquels Le Martyre d'un pape, seule œuvre connue d'Alexandre Durant et un Le Christ et Marie-Madeleine anonyme.
On pourra en savoir plus et voir des illustrations de meilleure qualité par ici.
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06/04/2011
Pinacothèque de Paris : 1ère partie - les collections permanentes
Si on ne peut que se réjouir de l'ouverture d'un nouveau "musée" à Paris (même si ce n'est pas ça qui manque...), on peut se poser des questions sur l'ouverture des nouvelles salles de la Pinacothèque de Paris avec ses collections "permanentes" en dépôts plus ou moins long (le Rembrandt est déjà reparti !) par des collectionneurs privés, ses grands noms et sa muséographie "novatrice".
Les œuvres ne sont ainsi pas accrochées par écoles ou par siècles mais par des thématiques parfois assez claires (les natures mortes ou assimilés) mais le plus souvent assez obscures. Si la confrontation d'œuvres aussi diverses et hétérogènes pourrait être intéressante, encore faudrait-il que le choix des rapprochements soit un minimum satisfaisant et que la qualité des objets soit au rendez-vous. Or la plupart des grands noms sont représentés par des tableaux de qualité au mieux médiocre (Monet, Pissaro, Renoir, Van Dyck, Delacroix, Tintoret...). Tout juste peut on ressortir un des trois Courbet, La Source ainsi qu'une nature morte de Heda et deux portraits de Nattier et Reynolds dans l'honnête moyenne de ces artistes.
Heureusement quelques artistes moins connus sont mieux représentés : un superbe Renard attaquant des volailles de Carstian Luyckx, un original Homme fumant dans une cour de Matthijs Naiveu, un crépusculaire Bergers devant un feu de Leonaert Bramer, un Paysage montagneux avec des canards d'Adrien S Coorte (en photo ici) ou une Beauté romaine de Bouguereau qui nous fait regretter que l'artiste soit présent à Orsay par de grandes compositions et pas par ses peintures plus légères et frivoles. Mais ce sont surtout deux tableaux de caravagesques nordiques qu'on aura admiré : une Femme comptant ses pièces devant une bougie de Mathias Stom et un Groupe de musiciens de Theodor Rombouts, venu (comme beaucoup d'autres) de la Collection Kremer.
S'il est fort agréable de pouvoir découvrir des toiles normalement en mains privées, la collection permanente de la Pinacothèque se révèle pour l'instant pour le moins décevante aussi bien par son accrochage que par les œuvres présentées. Une visite ne semble pour l'instant guère indispensable en elle-même, mais comme elle est gratuite si on fait une des deux expositions temporaires, on pourra y jeter un œil dans ce cas-là...
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