18/02/2012
Vite, ça ferme demain !
Deux mois que je dois parler de l'exposition Henri Edmond Cross et le néo-impressionnisme. De Seurat à Matisse au Musée Marmottan - Claude Monet et que je repousse le billet par manque de temps et d'inspiration. Du coup, elle ferme demain et on va juste en dire quelques mots...
Comme le nom l'indique, il ne s'agit pas vraiment d'une exposition monographique mais plutôt de replacer l'art de Cross au milieu de celui de ses contemporains (Henri Matisse, Maximilien Luce et Théo van Rysselberghe sont particulièrement bien représentés) depuis les débuts de l'apparition du divisionnisme (où les artistes restent assez proches) jusqu'à l'ouverture sur les avant-gardes (fauvisme mais pas que). Il est alors fascinant de voir comment les recherches de chacun l'emmène à des utilisations différentes de la technique en fonction de ses envies et de ses besoins. Si pour ma part, parmi la trentaine de peintures de Cross, j'aurais une préférence pour ses représentations de la campagne avec une lumière très frontale (Femmes liant la vigne et Les vendanges en particulier), chacun trouvera son plaisir dans cette très belle expo qui aurait sans doute mérité de présenter le double d'oeuvres pour mieux étayer son propos. Et une grande rétrospective Cross ne semblerait pas imméritée...
Henri Edmond Cross et le néo-impressionnisme. De Seurat à Matisse au Musée Marmottan - Claude Monet, jusqu'au 19 février 2012
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01/01/2012
Cet hiver au Louvre
Les "grandes" expositions actuelles du Louvre (Au Royaume d'Alexandre le Grand et La Cité Interdite au Louvre) ne correspondent peut-être pas au contenu de ce blog mais cela ne signifie pas qu'il n'y ait rien à se mettre sous la dent...
- Dessins français de la collection Mariette (du 10 Novembre 2011 au 6 Février 2012) présente à la fois un intérêt didactique avec une salle présentant la marque et les montages du célèbre collectionneur et un régal pour les yeux avec des oeuvres sur papier superbes des plus grands maîtres du XVII° (Vouet, Poussin, Bourdon...) et du XVIII° (Van Loo, Natoire, Watteau...) mais aussi d'artistes moins célèbres et de sculpteurs. L'ensemble de dessins de son ami Edme Bouchardon est en particulier tout à fait remarquable.
- Giorgio Vasari - Dessins du Louvre (du 10 Novembre 2011 au 8 Février 2012) présente un ensemble somptueux de feuilles du peintre maniériste plus connu de nos jours pour avoir écrit Les Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes que pour ses oeuvres. Aussi bien les études foisonnantes de plafonds que les grandes planches très finies font preuve d'une vigueur et d'une inventivité rares qui contrastent avec la seule oeuvre peinte présente, un peu sèche et froide. Un seul regret pour cette remarquable exposition (comme d'habitude) du cabinet de dessins : que les oeuvres définitives n'aient pas donné lieu à des reproductions plus grandes qu'un timbre poste sur les cartels (et à pas de reproduction du tout dans le catalogue...).
- enfin les deux derniers tableaux du mois sont le Suzanne au bain de Jean-Baptiste Santerre et La vierge d'humilité de Niccolo di Buonaccorso qui vient d'entrer au Louvre après une drôle d'histoire.
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21/12/2011
La collection kremer
Encore une fois, on peut s'interroger sur le bien-fondé d'une exposition de la Pinacothèque de Paris et sur son accrochage, mais il est clair qu'un certain nombre d'oeuvres méritent amplement le déplacement.
L'exposition Ilone et George Kremer héritiers de l'Âge d'Or hollandais possède donc un titre pour le moins ronflant (voire prétentieux) et s'il y a de quoi largement réjouir les yeux dans la collection de peintures néerlandaises (mais que fait là Abraham Janssens ?) de nos deux "héritiers", un certain nombre de questions se posent :
1. pourquoi une expo temporaire quand certains tableaux étaient déjà exposés dans les "collections permanentes" de la Pinacothèque ?
2. certaines toiles "suiveur de" "autrefois attribué à" "élève anonyme de" "cercle de"... méritaient-elles vraiment d'être là ?
3. le choix d'une présentation par thèmes (portraits, paysages, scènes de genre...) était-il vraiment pertinent ? Réunir les oeuvres autrement (maniérisme tardif, autour de Rembrandt, les caravagesques hollandais...) auraient peut-être eu plus de sens.
Bon allez, une petite liste des oeuvres que j'ai préféré dans une expo qui mérite quand même le détour si vous aimez le siècle d'or hollandais :
Abraham Bloemaert - Chaumière et paysan trayant leurs chèvres
Gerrit Dou - Autoportrait
Meindert Hobbema - Paysage boisé dans une ferme
Abraham Janssens - La vierge Marie à l'enfant et le jeune St Jean-Baptiste
Paulus Morelsee - Bergère
Matthijs Naiveu - Homme fumant dans une cour ombragée
Egbert van der Poel - Incendie de village la nuit (placée juste à côté d'un tableau d'Adam Colonia sur le même sujet)
Jacob van Loo - Danaé
Ilone et George Kremer héritiers de l'Âge d'Or hollandais, Pinacothèque de Paris, jusqu'au 25 mars 2012.
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16/11/2011
St Louis en l'ile : 1ère partie
Assez bien cachée au milieu de l'île St Louis (il faut savoir qu'elle est là pour aller la visiter), l'église Saint Louis en l'île possède de très nombreuses oeuvres d'art de tous styles et de toutes époques, souvent en bon état ou restaurées récemment, peut-être parce qu'encadrées dans des boiseries à la fin du XIX° (mais souvent très mal éclairées par la lumière naturelle et rendue peu visibles par la fermeture des chapelles...). Parmi les peintures, si la période 1840-1880 se taille la part du lion, on note néanmoins de nombreuses oeuvres plus anciennes, de la médiocre copie au grand tableau d'autel...
Parmi les anonymes, une série de huit petits formats de l'école rhénane (signalée comme du début du XVI°) assez truculente sort du lot.
Du XVI° siècle, les Pèlerins d'Emmaus de l'école vénitienne est un bon tableau mais l'attribution au Titien signalée sur le cartel (qui date du siècle dernier voire même de celui d'avant...) parait pour le moins exagérée... D'ailleurs à un autre endroit dans l'église il est signalé comme "école du" qui ne veut pas dire grand chose mais parait plus judicieux. D'un autre côté vu de loin, avec un angle important et un éclairage incertain difficile de juger quoi que ce soit...
Du XVII°, on note le Baptême de Jésus-Christ par St Jean-Baptiste de Antoine Bouzonnet-Stella (1637-1682), neveu et élève (avec ses trois soeurs, surtout connues pour leurs gravures d'après Poussin) de Jacques Stella et reçu à l'académie en 1666. Ce très bel exemple de classicisme, ainsi que les rares toiles dont on trouve des reproductions sur le net, Le frappement du rocher de Grenoble (d'après Poussin) et son morceau de réception à l'académie, les Jeux Pythiens, conservé à l'ENSBA donnent vraiment envie d'en savoir plus sur cet artiste Jacques Stella (1596-1657).
Enfin du XVII° (ou du XVIII°) ce tableau non signalé sur les différents cartels de l'église et qui pourrait être le Louis XIII recevant la communion des mains de saint François de Sales donné à l'école de Simon Vouet ou plus vraisemblablement le Saint Ambroise et l'empereur Théodose Ier anonyme que l'on trouve tous les deux sur les bases de données gouvernementales. Difficile à voir avec l'éclairage, le tableau semble de bonne qualité a été identifié comme l'apparition de St Nicolas à l'empereur Constantin de Jean-Baptiste Corneille (1649-1695). On conseillera l'article que lui a consacré Anne Le Pas de Sénéchal par ici.
Merci à Sylvain Kerspern pour ces précisions et on peut regretter que personne n'ait cru bon depuis des années de signaler tout cela à l'intérieur de l'église...
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06/11/2011
Paris Tableau 2011
Après une longue période sans envie (même pas eu le courage d'aller à l'Institut Néerlandais voir Rembrandt et son cercle), je trouve enfin la force de sortir dans le froid (tout relatif) pour me rendre au Palais de la Bourse pour Paris Tableau, le salon international de la peinture ancienne.
Impossible de parler de ce que montrent les 20 galeries présentes dans ce cadre superbe sans donner dans le catalogue de noms plus ou moins prestigieux, mais qu'il est bon de flâner pour admirer des oeuvres de qualité muséales entre les différents stands, certains "généralistes" comme Haboldt & Co (Poerson, Mieris, Steen, Turchi), Claude Vittet (van Goyen, Mieris, PH de Valenciennes, Mauperché), Leegenhoek (Le Brun, La Hyre), Stair Sainty (Desportes, Canaletto, Guardi), Derek Johns (Fragonard, Greuze, Anguissola), Charles Beddington (Bellotti, Vernet, Guardi), Adam Williams (Largilliere, Boucher, Fragonard) ou Noortman (Le Sueur, Gandolfi) d'autres plus spécialistes. On verra donc surtout de la peinture italienne chez Sarti (Andrea di Nerio, Benaglio), Lampronti (Canaletto, Marieschi, Guerchin) ou Canesso (Bassano, Magnasco, Bordone) ; française chez Didier Aaron (Le Brun, Tassel, Patel), Talabardon (Gerard, Oudry, Vincent), Heim (François de Nomé, Mignard, Corot, Millet) ou Eric Coatalem (Oudry, Desportes, La Fosse, Dupuis) ; nordique chez David Koetser (Bril, Dou, Jan Brueghel, Rubens, Teniers), P. de Boer (Bril, Cornelis de Heem, Brouwer) et De Jonckheere (Met de Bles, Pieter II Brueghel, Grimmer) ou espagnole chez Caylus (Luis de Morales, Murillo) ainsi que des portraits chez The Weiss Gallery (van Dyck, Lely, Mytens).
Comme je n'ai rien d'autre à faire, j'ai fait un petit TOP25 personnel (et donc en parfaite subjectivité) des oeuvres qui m'ont le plus marqué pendant la visite... Et comme je suis sympa, je vous mets un lien pour admirer le tableau quand j'en trouve un... (lecteurs du futur, il est probable que la plupart ne marche plus...)
25. Carsten Luyckx - Vase de fleurs (David Koetser Gallery)
24. Adrien van Utrecht - Nature morte (Noortman Master Paintings)
23. Jan van Dalem - Les quatre âges de l'homme (Haboldt & Co)
22. Abraham Janssens - Allégorie des quatre éléments (De Jonckheere ) et Lascivia (Adam Williams Fine Arts Ltd)
21. Paulus Bor - Tronie, joueur de cor (Galerie Jacques Leegenhoek)
20. Paulus Morelsee - Portrait d'un homme inconnu (The Weiss Gallery)
19. Baron François Gérard - esquisse pour l'entrée d'Henry IV à Paris (Stair Sainty Gallery)
18. Wolfgang Heimbach - Jacob et Rachel (Charles Beddington Ltd)
17. Louis Leopold Boilly - Portrait présumé de Mme Tallien et de sa fille (Galerie Eric Coatalem)
16. Domenico Piola - Moïse sauvé des eaux (Galerie G. Sarti)
15. Joseph Natoire - Personnification de la musique (Adam Williams Fine Arts Ltd)
14. Pedro Nunez del Valle - Joel et Sisera (Galeria Caylus)
13. Carlo Francesco Nuvolone - Joseph et la femme de Putiphar (Galerie Canesso)
12. Pasquale Chiesa - St Jérôme pénitent (Galerie Jacques Leegenhoek)
11. Nicolaes Berchem - Repas de Jupiter (Adam Williams Fine Arts Ltd)
10. Francois Alexandre Desgoffe - les chênes à Fontainebleau (Didier Aaron & Cie)
9. Nicolas de Largilliere - Portrait de Francoise d'Escravayat (Stair Sainty Gallery)
8. Nicolas Tournier - Christ portant la croix (The Weiss Gallery)
7. Nicolas Didier Boguet - Chasseur au repos dans un paysage romain (Jean-François Heim)
6. Jean-Baptiste-Marie Pierre - Une scène du massacre des Innocents (Didier Aaron & Cie)
5. Cecco Bravo - Ulysse et Nausicaa (Galerie Canesso)
4. Horace Vernet - Une halte en montagne (Talabardon & Gautier)
3. Leonardo Coccorante - Capriccio (Charles Beddington Ltd)
2. Bernardo Bellotto - Le portique d'octave et Place du marché à Pirna (Galleria Cesare Lampronti)
1. Nicolas Regnier - Jeune femme versant un pichet (Haboldt & Co)
Et Hors Concours, avec quatre oeuvres superbes présentées par quatre galleristes différents : Nicolas Colombel avec :
Moïse déposé sur les eaux (Galerie Jacques Leegenhoek)
Bacchanale (Derek Johns Ltd)
Armide abandonnée par Renaud (Galerie Canesso)
Mars et Vénus (Didier Aaron & Cie)
On attend maintenant la rétrospective annoncée avec impatience...
Paris Tableau ferme mardi 8 novembre, et c'est un passage obligé pour l'amateur de peinture ancienne...
21:04 Publié dans salon | Lien permanent | Commentaires (0)
24/08/2011
Petite mais sympa
De nombreuses villes de province, petites comme grandes, cherchent à remettre en valeur leurs anciennes gloires, ces tant dénigrés "pompiers" et leurs (très nombreux) élèves. Après Villeneuve-sur-Lot et André Crochepierre l'an dernier, c'est la presque voisine Marmande avec Abel Boyé (1864-1933) qui met un peu de lumière sur un artiste oublié.
Elève à Paris de Benjamin Constant (après une première formation locale puis à Bordeaux), il aura une carrière officielle classique : second prix de Rome, exposant régulier au Salon où il sera médaillé... L'exposition présente essentiellement des peintures de la collection du musée Marzelles et donc un nombre réduit de peintures mais surtout de thèmes. Sont ainsi présents essentiellement des portraits, de qualité très inégale. Si certains font franchement alimentaires (en particulier les représentations de notables), d'autres font preuve d'une grande acuité dans l'expression.
Mais comme beaucoup de ses contemporains, c'est dans la représentation de la femme que Boyé semble s'être fait plaisir, que ce soit dans des représentations classiques ('Petite fille au panier', 'Marcelle Nadeau') ou plus... allégorique ('Femme sortant du bain'). Malheureusement, ses grands formats ne sont presque pas présents à l'exposition (à part 'La nymphe de Diane' médaillée au Salon de 1885) et seuls 'Le long des flots' et 'Femme à la biche' (ainsi que quelques reproductions d'époque) permettent de se faire une idée de cette partie de son art, qui semble influencée par Gleyre, Henner et les préraphaélites. Bref cette charmante petite exposition met en appétit et donne envie d'en voir plus. Une grande rétrospective comme pour Crochepierre serait donc souhaitable...
Abel Boyé, Musée Albert Marzelles, Marmande, jusqu'au 30 septembre 2012.
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20/08/2011
Un grand cru ?
Après l'académie de France à Rome et avant la Galerie des Gobelins à Paris, c'est la Galerie des Beaux-Arts de Bordeaux qui accueille l'exposition Poussin et Moïse, du dessin à la Tapisserie, qui présente pour la première fois ensemble la série de 10 tapisseries consacrées à la vie de Moïse et réalisées à partir d'œuvres de Nicolas Poussin et Charles Le Brun (pour deux d'entre-elles).
Réalisées 20 ans après la mort du maître d'après des tableaux d'époques différentes et n'ayant jamais été pensés comme une série, la tenture n'est forcément pas vraiment homogène mais permet d'admirer les différentes solutions mises au point pour mettre en scène des sujets très différents et de voir comment les auteurs des cartons ont modifié certaines choses pour tenter de renforcer le côté décoratif (où comment passer d'une toile de 2 ou 3 m² à une tapisserie de 20 m²...). Une sorte de sommet d'un certain classicisme décoratif. La présentation des tapisseries est complétée par la présence de trois des toiles ayant servi de modèle à la série, de dessins préparatoires et d'un des cartons (L'adoration du veau d'or par Pierre de Sève), ainsi que de nombreuses gravures.
S'il y avait quelques regrets à émettre sur cette superbe exposition, ils tiendraient essentiellement à l'absence de reproductions de tailles raisonnables des peintures originales de Poussin n'ayant pas pu être prêtées (ce que l'on conçoit très bien), défaut pas totalement corrigé par un catalogue, fort intéressant mais bizarrement coupé en deux, dont la plupart des reproductions sont bien petites... Mais aucune raison valable de manquer à Bordeaux ou à Paris, cette exposition évènement.
Poussin et Moïse, du dessin à la Tapisserie, à la Galerie des BA de Bordeaux, du 30 juin au 26 septembre 2011.
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