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11/05/2011

Au Louvre ce printemps 2011 : 1ère partie

Rembrandt a-t-il peint Jésus "d'après nature" ? Comment s'est-il confronté aux représentations traditionnelles de la face du christ ou de certaines scènes de sa vie, en particulier celles parmi les plus symptomatiques de sa divinité ? La problématique est passionnante et les diverses solutions proposées par le maître (dans l'ombre / dans la lumière ; de dos / de face ; visage stylisé / naturaliste) sont fascinantes d'autant que l'exposition commence et finit (enfin presque) par deux représentations totalement opposées des Pelerins d'Emmaüs.

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 Parmi de nombreuses œuvres superbes, c'est un plaisir de pouvoir admirer côté à côte et comparer trois Christ en croix contemporains par Rembrandt, Lievens et Backer, à la fois terriblement proches et très différents ; de pouvoir voir à proximité des visages de jeunes juifs et de nombreuses têtes du Christ ; de pouvoir profiter dans une même salle d'œuvres des plus grands maîtres (Dürer, Van der Weyden, Lucas de Leyde...) sur la représentation du christ.

 

L'exposition souffre malheureusement d'une fréquentation trop importante pour les salles du Hall Napoléon et pour la petite taille de nombreuses œuvres, les gravures en particulier, ce qui rend quasi-impossible le retour vers les salles précédentes. De plus son thème très "cérébral" semble inspirer et inciter certains visiteurs à disserter à voix haute et à faire profiter aux autres visiteurs, qui n'en demandaient pas tant, des "draperies baroques de Dürer" ou de la propension de tel artiste "à dramatiser". Reste que l'expo est superbe et que vous en apprendrez plus par là.

 

Rembrandt et la figure du Christ, musée du Louvre, jusqu'au 18 juillet 2011.

07/05/2011

St Denis du Saint Sacrement

Bien que situé pas loin de la place des Vosges, l'église St-Denis-du-Saint-Sacrement ne fait pas vraiment partie des grandes curiosités touristiques de la capitale. Pourtant sa facade néoclassique et son intérieur un peu froid cachent une des plus belles peintures des églises parisiennes. Moins connue que les oeuvres de St-Sulpice ou que le Christ au jardin des Oliviers de l'église Saint-Paul-Saint-Louis, la Déposition de croix (1844) montre tout le genie d'Eugène Delacroix pour sublimer une composition classique.

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Mais l'église nous permet aussi d'apprécier des oeuvres de certains de ses contemporrains très renommés à l'époque mais aujourd'hui moins appréciés pour être restés dans un juste milieu un peu neutre entre classicisme et romantisme. Ainsi Notre-Dame du Bon Secours de Joseph-Désiré Court (1797-1865) souffre d'un sujet pas franchement folichon et d'un mauvais état de conversation mais présente quelques très beaux détails (oui, pas évident sur cette photo...). Reste qu'on préfèrera de lui des tableaux de format plus modestes bien plus charmants tels qu'on peut en voir au musée de Rouen.

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Peintre d'histoire par excellence avec des hautes ambitions (décorations au Louvre, à Versailles et dans de nombreuses églises parisiennes), Francois-Edouard Picot (1786-1868) fait preuve trop souvent d'un côté un peu sec et d'une trop grande révérence aux anciens, comme dans ces Disciples d'Emmaüs évoquant beaucoup la renaissance italienne.

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Auteur de très nombreux tableaux et décors religieux répartis à travers les églises de France, Alexandre Abel de Pujol (1787-1861) mériterait d'être sérieusement remis en valeur. Il sait utiliser sa sûreté dans le dessin (il était élève de David) pour s'adapter au sujet et au lieu. Le Père éternel fait donc preuve de tout le hiératisme nécessaire tandis que la superbe grisaille Saint Denis prêchant dans les Gaules fait preuve d'une remarquable lisibilité.

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Enfin un Baptême du Christ peint une vingtaine d'année plus tôt et provenant semble-t-il de l'église Saint-Francois-d'Assise a eu plus de mal à trouver son auteur, a priori Gabriel-Christophe Guerin (1790-1846) dont le père et le grand-père étaient graveurs. Elève de Regnault à Paris sur lequel on trouve peu de renseignements, il fut actif à Strasbourg comme le prouvent les oeuvres présentes au musée de B-A et les peintres signalés dans son atelier (Henner, Brion, Pradelles). Ce très bon tableau aux figures imposantes comme l'Autoportait en captif présenté à la Galerie Mendes donnent en tout cas envie d'en (sa)voir plus.

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04/05/2011

Pinacothèque de Paris : 2ème partie - les Romanov

L'exemple même de l'exposition un peu (beaucoup) frustrante : d'un côté il est bien évident que l'Ermitage ne peut se départir de trop d'oeuvres majeures (même moyennant finances...), d'un autre côté les différences de qualité entre les peintures présentées ne rendent pas forcément justice aux "Tsars collectionneurs", d'autant que les rares panneaux aideront au final assez peu les visiteurs à se faire une idée réelle de comment la collection va se développer.

 

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Prenons en exemple la première salle, consacrée à Pierre le Grand. A côté d'un immense chef d'oeuvre de Rembrandt  (sublime David et Jonathan), on trouve un médiocre Garofalo autrefois attribué à Raphaël, un très banal Joos de Momper et quelques peintures hollandaises dont un Jan Steen peu inspiré et deux Jacob de Heusch assez décoratifs. Difficile alors de se faire une réelle idée des talents de collectionneur de notre tsar...

 

Fort heureusement, si l'exposition ne nous permettra guère de nous faire une réelle idée des goûts et manies des différents protagonistes (il faudra investir sur le catalogue pour cela...), elle offre parmi la grosse centaine d'oeuvres présentées, son lot de merveilles, même si certains grands noms sont présents avec des choses bien décevantes comme Rubens. On garde ainsi un souvenir ému d'un Portrait d'acteur de Feti, d'un Paysage d'Italie de Berchem, de deux superbes Metsu ou d'un Christ Tout-Puissant du Titien. Et puis la salle des gouaches de Clérisseau et celle des peintures espagnoles réunies par Alexandre Ier méritent à elles-seules le déplacement. Bref, pour le plaisir des yeux plus que celui du cerveau...

 

L'Ermitage, la naissance du musée impérial. Les Romanov, tsars collectionneurs, à la Pinacothèque de Paris, jusqu'au 29 mai 2011.

27/04/2011

Pas vraiment un grand cru

On peut comprendre que la municipalité de St Emilion ait d'autres préoccupations touristiques que le mobilier de sa collégiale (son centre ville historique, ses boutiques de pinard, ses pâtisseries pleines de cannelés...)  mais on aurait quand même aimé en savoir plus sur les oeuvres d'art de qualité très... diverse et dans un état de conservation assez précaire. La base de données patimoine-de-france n'ayant été d'aucun secours, il restait heureusement la bible Le renouveau de la peinture religieuse en France de Bruno Foucart pour découvrir l'auteur d'un grand tableau accroché bien haut dans le transept.

 

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Elève de Picot, Antoine Rivoulon (1810-1864) fit une carrière honorable mais sans brio particulier. Si les tableaux d'histoire dont on a pu voir des illustrations (comme la Mort de Du Guesclin) font preuve d'un académisme un peu sec hérité de son maître, ses différentes compositions religieuses font preuve d'une bien plus intéressante singularité (voir le passionnant article sur la restauration du Christ). Ce St Sébastien commandé par l'état et livré en 1857 reprend assez traditionnellement l'iconographie de St Sébastien soigné par Ste Irène mais dans un cadre et avec des coloris rappelant un peu les scènes de genre italianisante de Schnetz ou Robert. On espère pouvoir lire bientôt la monographie que Th. Zimmer a consacré à ce peintre fort intéressant.

 

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A partir de là, il fut possible de découvrir que l'auteur d'une copie de la Descente de croix de Régnault commandée en 1850 était un certain Chery qui "fut 8 ans professeur de dessin à l'institution Ste-Barbe à Paris". La date étant incompatible avec Philippe Chery (1759-1838), s'agit-il de Louis Chery (1791-après1851) élève de David (peu vraisemblable), d'un autre Louis Chery signalé à l'école des Beaux-Arts en 1844 ou d'une tout autre personne, cela a peu d'importance, d'autant que la qualité de cette copie est bien difficile à évaluer vue la hauteur où elle est accrochée. Mais une telle oeuvre rappelle à quel point Régnault fut un très grand artiste malheureusement un peu oublié de nos jours.

 

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Enfin la nef abrite six oeuvres un peu naïves rappelant à la fois le maniérisme tardif, la peinture flamande et la peinture italienne, dans un état souvent aléatoire mais assez charmantes. Sur le thème de la vie de la vierge, on trouve ainsi la présentation de la vierge au temple, l'annonciation, la vierge et Ste Elisabeth, l'adoration des bergers, l'adoration des mages et la fuite en Egypte (série incomplète ?).

19/04/2011

Ste Catherine de Villeneuve-sur-Lot

De style romano-byzantin, l'église Ste Catherine de Villeneuve-sur-Lot ne renferme malheureusement que quelques rares vitraux et sculptures de l'édifice précédent ou d'autres églises détruites  de la région, les quelques peintures ayant été apparemment déposées au musée de Gajac (où certaines sont parfois visibles). Mais elle dispose de garnds décors de la toute fin du XIX° et du XX° par ces artistes de formation classique oubliés et souvent méprisés de nos jours.

 

Maurice Realier-Dumas (1860 - 1929) est avec André Crochepierre la gloire académique locale. Elève de Gérome, on peut voir de lui au musée de Gajac nombre d'oeuvres légères et charmantes et il s'est attaqué avec cette Théorie de saints à quelques chose de pas évident, ce genre de long cortège (on pense à celui de St Vincent de Paul à Paris par Hippolyte Flandrin) entre les travées du transept étant assez rébarbatif avec ses dizaines de personnages souvent peu marquants.

 

Une vue globale d'une des six séries de Saints :

 

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Quelques Saints parmi les plus réussis :

 

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Gabriel-Antoine Barlangue (1874-1956), originaire également de Villeneuve, fit lui aussi une carrière académique brillante, pleine d'honneurs et de récompenses. Elève de Jean-Paul Laurens et Benjamin Constant pour la peinture, de Jean Patricot, Henri-Emile Lefort et Antonin Delzers pour la gravure, on le trouvera sur le net essentiellement pour... les timbres qu'il a gravé à partir de 1928. Difficile d'être très enthousiasme pour ce cul-de-four représentant le Christ en majesté avec le Tétramorphe rappelant, sans doute pour aller avec le style de l'église, les icônes byzantines. Le Jeune Fille au Kimono que l'on peut voir ici donne cependant envie de découvrir le reste de son oeuvre.

 

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On ne trouve rien par contre sur Henry Lefai que ce soit sur le net ou le Bénézit (du moins la version que j'ai consulté) sinon qu'il fut actif dans la région comme restaurateur et comme peintre (Penne d'Agennais, St Sylvestre, Dausse...). Les Six Ste Catherine de l'hémicycle et la Vierge à l'Enfant en majesté de la chapelle latérale sont assez décoratives avec leurs ornements végétaux et animaux.

 

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17/04/2011

Au passage...

... signalons dans l'église Saint-Etienne de Villeneuve-sur-Lot un tableau sur le même thème que dans le billet d'hier, un Saint François d'Assise remettant la règle du Tiers-Ordre à saint Louis et à sainte Elisabeth de Hongrie signé et daté 1710 par un certain J. Lacam dont on ne sait rien.

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La composition y est beaucoup plus simple et le trait un peu sec (pour le coloris, difficile de juger dans la pénombre...). Si aucune n'est vraiment remarquable, il fut amusant de découvrir ces deux oeuvres sans doute locales avec leurs points de vue différents, preuves de l'importance de la confrérie du Tiers-Ordre à cette époque dans la région, à 24 heures d'intervalle.

16/04/2011

Juste une paire de toiles

Bâtiment gothique peu gracieux (mais disposant d'un joli cloître), Notre-Dame de Marmande ne recèle que très peu de mobilier : on note ainsi seulement une mise au tombeau sculpté et peinte du XVII°, un retable en bois consacré à St Benoit et deux grandes peintures intéressantes pour des raisons bien différentes.

 

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Grande toile anonyme du XVII°, l'Allégorie du Tiers-Ordre de St François présente un thème pas forcément très fréquent dans un faste baroque assez amusant dans lequel l'artiste a donné à St Louis les traits de Louis XIV. Elle est malheureusement accrochée en hauteur avec un éclairage naturel pas facile, ce qui explique en partie la médiocrité de la photo (on pourra en savoir plus et voir une meilleure illustration par ici).

 

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De l'autre côté se trouve une de ces grandes toiles néo-classiques qui furent envoyées par l'état à travers toute la France. Elève de Regnault quasiment oublié de nos jours alors qu'il fut peintre officiel de grandes familles, Joseph Chabord (1786-1848) ne se montre guère à son avantage dans les rares tableaux de lui dont on peut trouver des illustrations sur le net : le Portait équestre de Napoléon à la bataille de Wagram et la Mort de Turenne tué par un boulet de canon, apparemment ses deux oeuvres les plus connues ou quelques portraits passés sur le marché de l'art. Mais ce Saint Benoît ressuscitant le fils du jardinier se montre bien moins sec dans la composition et plus heureux dans le coloris, assez sensible dans sa représentation du miracle et avec une belle trouée sur la droite. Avec la Mise au tombeau de l'église de Vienne, elle montre un peintre religieux tout à fait honorable.