23/07/2016
Marathon Normandie Impressioniste : la préquelle
Le musée de Giverny présentant deux expositions par an, j'ai profité de la (très belle) exposition Caillebotte pour faire dès le mois de juin une des expositions du 3° festival Normandie Impressionniste.
Et le musée de Vernon est un des rares à respecter à la lettre le thème de cette troisième édition puisqu'il est bien consacré aux portraits et présente des œuvres d'artistes impressionnistes. On peut ainsi admirer une quarantaine de portraits de femme et d'autoportraits peints par des femmes, dont une petite moitié a pour auteur les quatre artistes qui étaient là au début du mouvement (Morisot, Cassatt, Gonzalès, Bracquemond) ou des impressionnistes des générations suivantes (Mary Fairchild, Blanche Hoschedé-Monet...) et des post-impressionistes (Anna Boch), même si ce sont loin d'être les meilleures œuvres présentées.
Les différents panneaux rappellent à quel point il était difficile d'être une femme artiste à la fin du XIX°, et c'est un plaisir de revoir des œuvres de Consuelo Fould et Juana Romani, découvertes au musée de Courbevoie, de se dire une fois encore que Louise Abbema (présente avec quatre tableaux) mériterait une rétrospective, de constater que les femmes peintres étrangères (Louise Breslau, Marie Bashkirsteff, Olga Boznanska...) étaient alors autant attirées par Paris que leurs homologues masculins.
Enfin c'est un plaisir de découvrir le superbe Sita et Sarita de l'américaine Cécilia Beaux qui est utilisé pour l'affiche de l'exposition et mériterait un accrochage permanent dans les salles du musée d'rsay ou je n'ai pas souvenir de l'avoir jamais vu. Si l'exposition du musée de Vernon n'est sans doute pas celle qui fera le plus parler, elle vaut vraiment le détour et contribue, comme d'autres manifestations ces dernières années, à remettre en valeur de nombreuses artistes.
Portraits de femmes, musée de Vernon, jusqu'au 26 septembre 2016.
07:50 Publié dans exposition en province | Lien permanent | Commentaires (2)
14/07/2016
Un printemps 2016... en banlieue parisienne !
Il n'y a pas qu'à Paris que se sont multipliées les expositions ce printemps, il y en avait également plein en banlieue, et la plupart sont encore ouvertes une bonne partie de l'été, alors on y va...
Si le titre pouvait faire craindre une exposition racoleuse (encore les impressionnistes!), le musée de Sceaux présente en fait une petite histoire (bien entendue très incomplète) de la peintre du paysage au XIX°. On y trouve ainsi les précurseurs de la peinture en plein air (Georges Michel, Lazare Bruandet, Paul Huet), influencés par les paysagistes hollandais (un beau Ruysdael est là pour constater cette influence) puis les différentes générations suivantes comme l'école de Barbizon (Rousseau, Corot, Daubigny ) ou les impressionnistes sont, en fait peu présents (un beau Renoir, deux Sisley, un Lebourg). Le choix des œuvres est plutôt bon et on découvre en autres de très belles toiles d'Eugene Lavieille (Barbizon sous la neige) ou Pierre-Emmanuel Damoye (La Seine à Nanterre). Et si près de la moitié des œuvres proviennent du musée, un certain nombre sortent des réserves (Antoine Drulin, Jean-Jacques Champin...).
Paysages. Du romantisme à l'impressionnisme. Les environs de Paris, musée du domaine départemental de Sceaux, jusqu'au 10 juillet 2016.
Encore des paysages avec l'exposition à Meudon sur la belle boucle de la seine qui présente en une quarantaine d’œuvres (gravures, aquarelles, toiles) des motifs très différents pris pourtant dans des lieux proches et qui laissent songeur sur les transformations de la région. On y trouve des œuvres encore classiques (Dunouy, Ricois) ou plus modernes (Ziem), des artistes connus (Huet, Troyon) comme des petits maîtres plus méconnus (Langlacé, Isidore-Laurent Deroy, André Jolivard) ou inconnus comme A. Regnier. Si l'exposition est un peu courte, on regrettera surtout que de nombreuses œuvres viennent de Meudon et de Sceaux, ce qui limite les découvertes.
La Belle Boucle de la Seine (1800- 1860), musée d'art et d'histoire de Meudon, jusqu'au 24 juillet 2016.
Le musée de St Maur organise une présentation de ses collections sur le thème de la femme en différentes sections (portraits intimes, officiels, travail...) parmi lesquelles on remarque un beau Grande marée dans la Manche d'August Hagborg, quelques bons portraits de Edmond Quinton, Edouard Bisson, Madeleine Carpentier et surtout un superbe ensemble de portraits et de scènes de genre de Victor Lecomte dont le musée a récupéré le fond d'atelier et qui était un spécialiste des scènes en éclairage artificiel. Un musée qui mérite qu'on le découvre.
150 ans de regards sur les femmes, Musée Villa Médicis de Saint-Maur, jusqu'au 6 novembre 2016.
Autre exposition sur la femme, celle-ci à Chatou avec une trentaine d’œuvres venues de différents musées français souvent méconnus. Dans des thèmes assez imilares à la précédentes, on trouve peu d'artistes célèbres (seuls Debat Ponsan, Corolus Durand et Béraud sont encore reconnus aujourd'hui, certains sont vraiment très méconnus) mais les petits maîtres oubliés du XIX° présentés sont capables de charmer ou d'attendrir et au final on en prendrait bien un peu plus que la trentaine d'œuvres présentes... A noter que le catalogue est téléchargeable gratuitement sur le site du musée.
Femmes, les silences de la peinture, musée Fournaise, Chatou, jusqu'au 30 octobre 2016.
Petite mais passionnante exposition à Courbevoie autour du Jeu de la main chaude de Ferdinand Roybet. Outre des études pour ce grand et magnifique tableau, accompagnées de quelques autres œuvres du maître sur le thème du jeu, on trouve de nombreux documents (ivoires, illustrations...) sur 7 siècles d'histoire d'un jeu disparu brutalement après la deuxième guerre mondiale dont quelques très bonnes peintures de Antoinette Cécile Hortense Haudebourg-Lescot, Louis Léopold Boilly ou Hieronymus Janssens. Comme en plus le catalogue est pas cher et très intéressant...
Jeu de mains, jeu de vilains, musée Roybet Fould, Courbevoie, jusqu'au 11 juillet 2016.
Si l'exposition sur Louis XV à Fontainebleau présente finalement peu de tableaux (et la plupart sont bien connus) pour faire la part belle à des plans, maquettes, éléments de décoration, meubles... elle est aussi l'occasion de découvrir les appartements des chasses habituellement fermés (en tout cas pour les visites libres) avec ses natures mortes (Oudry, Desportes, Bachelier... notons qu'il est très désagréable à Fontainebleau de n'avoir que très peu d'informations dans les salles) et surtout les cartons pour les chasses de Louis XV par Oudry. Rien que ça vaut le détour.
Louis XV à Fontainebleau, château de Fontainebleau, jusqu'au 11 juillet 2016.
Si le musée de Port-Royal n'a pas les moyens (surtout en place...) d'organiser une grande rétrospective comme celle qui a eu lieu en 96/97 à Bordeaux et Barbizon, son choix de ne pas présenter seulement Rosa Bonheur mais aussi son influence principale Jacques Raymond Brascassat (dont il est incompréhensible que les œuvres ne soient en général pas présentées au Louvre), ses frères et les proches de la famille (Eugène Carrière). Rosa est ainsi présentes essentiellement par des petits tableaux et des esquisses souvent en mains privées, mais aussi des sculptures et on découvre le talent des autres membres de la famille, eux aussi dans le paysage et la représentation animalière. Une exposition qui vaut le détour...
Rosa Bonheur et sa famille, trois générations d'artistes, musée national de Port-Royal des Champs, jusqu'au 25 juillet 2016.
22:43 Publié dans exposition en région parisienne | Lien permanent | Commentaires (0)
11/07/2016
Un printemps 2016 à Paris : Inclassables
Deux artistes contemporains s'étant impliqué chacun à sa façon dans la vie de son époque et très différents dans leurs peintures... ce sera le dernier voler de ce printemps 2016 à Paris...
Formé à Budapest où sa famille de communards s'était exilée, Louis Tinayre (1858- 1942) revient en France comme illustrateur de presse ce qui l'emmène à parcourir le monde. Remarqué pour ses panoramas de Madagascar à l'exposition universelle de 1900, il accompagne le prince Albert Ier de Monaco dans ses expéditions dont il ramènera toutes sortes de documents. L'exposition du musée de la chasse présente entre autres une vingtaine de toiles représentant les chasses mais aussi les paysages et les personnes (Buffalo Bill !) rencontrées et Tinayre y fait preuve d'une technique à la fois assez classique et originale, se montrant particulièrement remarquable pour représenter l'eau et la neige. Une petite expo qui vaut le détour, surtout qu'on n'est sans doute pas prêt de revoir ces œuvres sorties pour la plupart des collections de SAS...
Un prince à la chasse, Albert Ier de Monaco (1848 - 1922), Louis Tinayre, musée de la chasse et de la nature jusqu'au 24 juillet.
Je n'attendais pas forcément grand chose de l'exposition consacrée à George Desvallières (1861-1950) au vu de l'affiche et de mes souvenirs d'œuvres croisées à Orsay ou au Petit Palais. Ce fut donc une excellente surprise... S'il fait partie de ces peintres à l'orée du nouveau siècle dont la formation classique (Robert-Fleury, Delaunay) laissera place à l'influence des avant-gardes, il fait preuve d'une grande singularité et fait passer beaucoup d'émotions. A la fois influencé par Gustave Moreau, Maurice Denis et Rouault, il produit des œuvres fortes et originales aussi bien dans le genre du portrait (essentiellement de femmes) que dans la peinture religieuse, genre auquel il se consacrera beaucoup et avec un rare sentiment après la Grande Guerre, à laquelle il a participé et qui lui a pris un de ses fils. Une très belle rétrospective à voir avant qu'elle ne ferme dans quelques jours.
George Desvallières (1861-1950), la peinture corps et âme, Petit Palais, jusqu'au 17 juillet.
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09/07/2016
Un printemps 2016 à Paris : Orsay
Deux grandes rétrospectives en même temps à Orsay (oui, je sais, ce n'est plus le printemps mais vraiment pas depuis longtemps...), alors autant y aller avant que la première ne ferme... Encore que...
Je n'avais jamais été convaincu par le douanier Rousseau et ce n'est pas cette exposition qui va me convaincre. Malgré la présence de nombreux chef d’œuvres ainsi que de toiles montrant ses influences et ceux qu'il a influencé, je n'ai pas été sensible à la poésie de son œuvre, comme les nombreux groupes d'écoliers braillards présents pendant ma visite...
Heureusement Charles Gleyre m'a beaucoup plus convaincu. Des débuts difficiles (mais parfois truculents), un grand et dangereux voyage (qui ne fera pas de lui un orientaliste mais influera sur sa vision de la peinture), une consécration relativement tardive au Salon, un atelier réputé et qu'ont fréquenté aussi bien des futurs grands peintres officiels que les futurs impressionnistes, un désir de ne pas rentrer dans des formules au succès facile... l'artiste suisse a eu une carrière originale comparée aux grands peintres « pompiers » contemporains. Ses œuvres se révèlent d'ailleurs bien plus personnelles dans les thèmes (quel curieux paysage antédiluvien par exemple), les compositions et les coloris que sa réputation (et le fait de ne pouvoir voir que Les Illusions Perdues dit aussi Le Soir au Louvre) ne le laisse supposer. Une vraie redécouverte !
Le Douanier Rousseau. L'innocence archaïque, jusqu'au 17 juillet.
Charles Gleyre (1806-1874). Le romantique repenti, jusqu'au 11 septembre
08:39 Publié dans exposition à Paris | Lien permanent | Commentaires (0)