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12/03/2011

Les Duval Le Camus

Auparavant publié sur jécoutedelamusiquedemerde (le 6 juillet 2010).

 

Il peut sembler étrange de parler d'une expo qui s'est terminée avant-hier. Pourtant impossible de ne pas trouver de similitudes avec l'univers de la musique : de grosses sorties la plupart du temps sans intérêt (Renoir, Turner, Munch...) dont tout le monde parle et d'autres dont on n'apprend l'existence que quand il est trop tard...

 

Commençons donc d'abord par féliciter le musée des Avelines à St Cloud d'avoir voulu remettre en lumière ces deux gloires locales (Pierre fut maire de la ville et son fils Jules-Alexandre a peint les murs de l'église St Clodoald) largement oubliées des histoires de l'art officielles et d'avoir réussi à réunir un ensemble d'oeuvres important et de qualité : grâce à ce genre d'exposition, la compréhension que l'on peut avoir d'une période s'améliore et l'on découvre que certains agréables petits maîtres ont bien des choses à dire.

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Passé dans l'atelier du grand David, Pierre Duval le Camus (1790-1854) n'en a guère retenu plus qu'une certaine aisance technique, préférant à la grande peinture d'histoire les scènes de genre et les petits portraits en pied. Héritier direct dans les premières oeuvres présentées de la fin du XVIIIème siècle français (Drolling, Boilly, Marguerite Gérard), il va progressivement se créer un style à la fois anecdotique, précis et piquant qui n'est pas sans évoquer certains de ses contemporrains anglais (Landseer) ou autrichiens (Waldmüller) mais avec un côté nettement plus populaire qui n'est pas sans faire penser par moment aux futurs naturalistes. La quarantaine d'oeuvres présentes met en lumière un artiste tout à fait charmant.

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Son fils Jules-Alexandre Duval le Camus (1814-1878) fait lui partie de ces artistes qui profitèrent du besoin de redécorer les églises parisiennes  pour obtenir des commandes de l'état et dont on rédécouvre progressivement les mérites depuis l'ouvrage de référence de Bruno Foucart sur la peinture religieuse. Pas forcément remarquable par son dessin ou sa composition, il se montre fort original dans son colori, contrasté et assez agressif ; renforcant l'émotion dans ses oeuvres. Et l'on ne peut que regretter, même si on la comprend très bien, l'absence d'autres grands tableaux religieux que le Saint Come et saint Damien guérissant les malades de l'église de Luzarches qui auraient pu nous permettre de mieux appréhender la sensibilité de l'artiste.

 

Heureusement, le catalogue, à la fois bien fait, truffé de belles plumes de référence et pas cher, permet de prolonger longuement l'exposition et pourra éventuellement faire passer aux absents le regret de ne pas avoir été au courant plus tôt. On pourra trouver un excellent article avec de très belles photos sur La Tribune de l'Art.

Les Orientales

Auparavant publié sur jécoutedelamusiquedemerde (le 17 avril 2010).

 

Pour marquer le redémarrage progressif de ce blog, une petite expo parisienne avec Les Orientales au musée Victor Hugo.

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Il est amusant de constater que, si la peinture orientaliste est très présente en librairie, elle est finalement peu représentée dans les musées (on serait curieux de voir les réserves du musée d'Orsay (entre autre) sur ce thème) et bénéficie rarement d'expositions. Une bonne raison de se rendre place des Vosges...

 

Organisée autour de grands thèmes tels les précurseurs (section d'ailleurs malheureusement pauvre en oeuvres), en Grèce ou les femmes, l'expo nous présente sculptures, dessins, gravures et peintures, souvent de petites dimensions, aussi bien d'artistes majeurs (Delacroix, Géricault, Chassériau) que quasi-inconnus mais pour une bonne partie rarement ou jamais vues (pas mal proviennent de collections privées ou des musées d'Athènes). Le tout organisé autour de textes du grand Totor (oui, il faut bien justifier la présence de l'expo en ce lieu).

 

Si l'ensemble n'est pas d'une grande cohérence, ni thématique ni qualitative, on prend plaisir à flâner dans les salles pour découvrir de charmants petits trésors en lisant les extraits proposés. Et parmi les différentes représentations, souvent assez comiques avec notre regard contemporrain, il faut bien le dire, de Mazeppa, celle de Géricault nous éblouit et laisse un souvenir impérissable. On n'en dira pas autant d'une exposition sympathique mais d'une portée trop limitée.

 

entre Belgique et Pays-Bas

Auparavant publié sur jécoutedelamusiquedemerde (le 7 mars 2010)

 

le greco.jpgLe Greco à Bruxelles

 

Si pour ceux qui ont visité Tolède, cette exposition est sans doute inutile, elle permettra aux autres de voir un splendide rassemblement d'oeuvres (même si on peut regretter que certains grands musées n'aient pas laisser partir certaines toiles...) montrant comment Dominikos Theotokopoulos a réussi à fusionner l'art de l'icône de sa formation initiale, le maniérisme des formes et le coloris vénitien. Et comme le Bozar a magnifiquement réussi à mettre l'expo en valeur, on ne peut que conseiller le déplacement (300 bornes de Paris, ce n'est rien...)

 

 

wouwerman.jpgWouwerman à La Haye

 

Je m'attendais à un minimum de monde vu que l'exposition fermait deux jours plus tard, mais non, grand calme sur La Haye (d'un autre côté, ce n'est déjà pas la ville la plus vivante alors avec ce froid...). L'occasion était belle de remettre en valeur un des peintres du siècle d'or hollandais les plus côtés du XVII° et du XVIII° et l'essai est transformé : peu d'oeuvres, compte tenu de l'importance du corpus connu de Philips Wouwerman, mais que des pièces d'une qualité incontestable, venues des plus grands musée et de collections privées, permettant d'oublier les innombrables copies, imitateurs (dont son frère Pieter) et oeuvres mineures vues un peu partout et de remettre Wouwerman à sa place, parmi les artistes hollandais majeurs du XVII°. Ses chevaux (qui ont fait sa réputation) sont magnifiques, et le reste aussi.

 

leyster.jpg Leyster à Haarlem

Toute petite expo (11 oeuvres), mais vu le faible nombre d'années entre son accession à la maîtrise et son mariage qui signifia la fin de sa "carrière", il était inutile d'espérer beaucoup plus. Mais l'intérêt n'était pas là, la qualité permettant de toute façon d'oublier la quantité. La comparaison avec les nombreuses oeuvres de Frans Hals présents au musée permet ainsi de s'interroger, avec les responsables de l'exposition, sur son passage supposé (mais non avéré par les textes) dans l'atelier du maître (avec lequel est fut d'ailleurs en procès au sujet d'un apprenti), car si les deux peintres ont une touche très libre, ils l'utilisent avec des objectifs très différents. Et puis la présence de ses deux seules natures mortes certaines (et d'une aquarelle de tulipe) datant d'après son mariage avec le peintre Jan Miense Molenaer, vaut à elle seule le détour et interroge sur ce qui nous reste encore à découvrir sur la première femme maître-peintre de l'école hollandaise.

Turner and the masters

Auparavant publié sur jécoutedelamusiquedemerde (le 16 janvier 2010).

 

Histoire de faire original, la Tate propose une exposition sur...Turner ! Oui, comme s'il n'y en n'avait pas assez dans les collections permanentes... Mais le thème est pour le moins alléchant, Turner & The Masters, et regroupe plusieurs problématiques : les maîtres comme source d'inspiration dans la jeunesse; les maîtres, essentiellement classiques (Poussin -quel plaisir de pouvoir voir 'Le Déluge' des deux aritstes côte à côte-, Le Lorrain, Dughet) ou nordiques (Teniers, Rembrandt, Ruisdael), comme source d'émulation; la représentation de la vie des classiques;  la compétition avec ses contemporains et enfin les oeuvres de fin de carrière destinées à établir sa place dans l'histoire auprès des plus grands.

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Le problème de l'expo est qu'elle montre un Turner obnubilé par sa place aussi bien parmi ses contemporrains que dans l'histoire de la peinture, alors que toute son oeuvre montre justement un artiste singulier. Quand il veut faire un paysage classique, il ne respecte pas ses points de fuite, rompt sa perspective de façon pour le moins incongrue (par une longue allée par exemple). Lorsqu'il doit faire une marine pour servir de pendant à un Willem van de Velde, eau et ciel se mélangent en un immense maelstrom. Et lorsqu'on lui a commandé 'La Bataille de Trafalgar' pour aller avec 'Le Glorieux 1er Juin' de Loutherbourg pour célébrer la victoire, ce sont plus les corps que les flôts qui bouillonnent. Des choix artistiques audacieux et risqués (ils ne seront pas toujours couronnés de succès) qui contrastent avec le côté un peu carriériste et manipulateur présenté sur les cartels.

 

Une très belle exposition, qui montre Turner sous un jour un peu différent et offre un choix d'oeuvres de très belle qualité et souvent peu vue. On se réjouira en particulier de voir 'Le Moulin' de Rembrandt à côté d'un dessin et d'une gravure d'après Turner (et on pourra aller voir l'oeuvre de Linnell sur le même thème dans les collections permanentes, remarquablement remises en valeur depuis mon dernier passage...)

 

PS : cette exposition sera à Paris, au Grand Palais, à partir de la fin février.

Conversation piece

Auparavant publié sur jécoutedelamusiquedemerde (le 3 janvier 2010)

 

Les enfants grandissant, je peux de nouveau me consacrer à un plaisir coupable, les expositions. Et autant profiter d'un petit séjour de trois jours à Londres pour profiter des merveilles artistiques de la capitale anglaise... La Queen's Gallery présente dans le cadre d'expositions thématiques quelques oeuvres de la collection royale et le sujet actuellement retenu est : 'The Conversation Piece: Scenes of Fashionable Life'.

 

Si l'exposition présente un choix d'oeuvre intéressant (nous y reviendrons), on sera beaucoup plus circonspect sur le parti pris thématique et le rapport de certaines oeuvres avec le sujet abordé. Le catalogue, vendu à un prix très modique et pourvu de fort belles photos est d'ailleurs d'un contenu critique pour le moins pauvre... Genre hybride entre la scène de genre et le portrait qui cherche à présenter les familles aisées dans un cadre naturel et vaquant à leurs occupations, la Conversation Piece est un genre typiquement anglais qui fleurit au XVIIIème et au XIXème siècles. Or non seulement certaines des oeuvres nordiques censées montrer comment on est arrivé à créer ce sous-genre n'entretiennent qu'un rapport lointain avec le sujet abordé (les trois très belles vues du château de Nijenrode de Melchior de Hondecoeter plus connu pour ses scènes de basse-cour et ses natures mortes, par exemple) mais encore y a-t-il des oeuvres plus récentes tenant indéniablement du portrait (Stubbs ou le portrait de la princesse Victoire par Landseer) ou de la scène de genre (les deux tableaux de Marcellus Laroon le jeune), tout cela laissant sérieusement penser que les oeuvres choisies ont été retenues de façon un peu légère...

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Heureusement, la qualité de la grosse trentaine de peinture est, elle, indéniable. Les quelques noms célèbres (Pieter de Hooch , William Hogarth, Thomas Gainsborough ou George Stubbs - photo ci-dessus) présents sont réprésentées par des oeuvres de qualité mais loin d'être exceptionelles, d'où se détachent un portrait de Charles Ier par Hendrick Pot et une scène de jeu de Godfried Schalken.

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On est heureux de découvrir des noms moins souvent vus, entre autres les deux scènes de genre de Marcellus Laroon le jeune, qui, bien qu'assez maladroites dans l'exécution, sont tout à fait truculentes, la vue de St James Park attribuée à Joseph Nickolls (photo ci-dessus) tout à fait pleine de vie et la scène de banquet royal de Bartholomeus van Bassen, sans doute la meilleurs oeuvre que j'aie pu voir de l'artiste.

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Et puis il y a le plaisir de voir des oeuvres majeures de deux peintres officiels souvent critiqués pour leur académisme excessif, Johann Zoffany (La Tribune aux Offices ci-dessus) et Sir Edwin Landseer (La reine Victoria et le prince Albert ci-dessous). Alors on pourra leur reprocher d'avoir gaspillé leur talent en flattant l'égo des puissants, mais ça reste fort agréable à l'oeil...

 

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Au final et s'il faut oublier le contenu critique de l'exposition, c'est un ravissement de découvrir ces tableaux qui ne sortiront sans doute plus des collections royales avant des années, d'autant que la Queen's Gallery offre en bonus deux grandes salles meublées et ornées de chefs d'oeuvre, parmi lesquelles des Rubens, Rembrandt, Canaletto...