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28/10/2022

Meudon a de la réserve

Les expositions consacrées aux réserves des musées sont toujours intéressantes et celle que propose le musée de Meudon sur le thème du paysage ne déroge pas à la règle même si son titre peut paraître un peu trompeur.

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Ainsi parmi les peintures présentées, une partie est exposée dans le musée, peut-être pas tout le temps, mais au moins régulièrement. Ainsi ai-je déjà vu dans mes nombreuses visites de ce musée très actif (bravo à lui) par ses expositions, La Seine au Bas-Meudon d'Albert Lebourg, Le bateau-lavoir au Bas-Meudon de Claude Émile Shuffenecker ainsi que le Eugène Bataille ou le Edmond Poteau.

 

De plus on peut espérer que les trois très judicieuses acquisitions récentes que sont le Bas-Meudon de Léon Germain Pelouse, le Paysage de Paul Désiré Trouillebert, assez éloigné de ses fréquemment exposés pastiches de Corot, et l’Église Saint Pardoux de Mareuil-sur-Belle d'Antoine Guillemet, trouveront leur place dans les collections permanentes, elles le méritent amplement (mais risquent d'envoyer d'autres œuvres en réserve...) et montrent toute la variété de l'art du paysage dans la deuxième moitié du XIX°.

 

Parmi les œuvres jamais vues, on notera un charmant Bateau-lavoir au Bas-Meudon du méconnu Louis Tauzin (dont le musée présente en général dans les salles d'autres toiles) et dix petites œuvres de Constant Pape qui s'ajoutent aux neuf petites pochades déjà exposées de façon permanente.

 

Autres œuvres vraiment sorties des réserves, et pour cause, les œuvres sur papier, et on a là une sélection brillante où l'on retrouve des noms comme Luce, Guillaumin, Huet, Daubigny, Maufra...dans des dessins et aquarelles variés et de grande qualité. Petit coup de cœur pour le Champ dans le midi d'Henri Lebasque, le Paysage de Provence d'Henri Manguin et le brillant Paysage de Charles François Daubigny avec sa clôture et son escalier au milieu d'un talus boisé.

 

On notera aussi au milieu des peintures deux belles gouaches aux tonalités très automnales de Jean Jacques Champin pour une exposition qui, si elle reste petite, n'en est pas moins un plaisir pour les yeux.

 

Évasion, la peinture de paysage sort des réserves, musée d'art et d'histoire de Meudon, jusqu'au 8 janvier 2023.

23/10/2022

Ma première à Osny...

J'avais découvert l'existence du musée Thornley à Osny il y a quelques années déjà mais entre ses horaires d'ouverture assez limités et les circonstances (bonjour le Covid...) j'ai seulement eu enfin l'occasion de m'y rendre pour découvrir les œuvres de William Thornley ( 1857 - 1935 ) ...

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La première des deux salles du château de Grouchy qui abrite la mairie et le musée d'Osny est consacrée aux collections permanentes. Outre les œuvres de la "gloire" locale, on peut y admirer un bel ensemble de toiles d'Alexandre René Véron ( 1826 - 1897 représentant un Osny très champêtre ainsi qu'un très beau Retour des champs de Jules Jacques Veyrassat (1829 - 1893) proche d'artistes de l'école de Barbizon comme Charles Jacque ou Constant Troyon. Les toiles de William Thornley né 30 ans plus tard font preuve d'une touche beaucoup plus libre et colorée, nourrie aux influences impressionnistes et post-impressionnistes, mais restent dans le même esprit dans leur représentation d'une campagne restée encore loin de la modernité.

 

L'exposition temporaire dans la deuxième salle baptisée "Maître(s) et élève(s)" montre avec assez peu de moyens les rapports artistiques qui peuvent se créer entre un artiste et son disciple. On voit ainsi les liens entre William et son premier maître, son père Julien, aquarelliste anglais dont on sait peu de choses, en comparant des œuvres similaires. Les gravures du début de sa carrière montre ainsi l'influence de son deuxième maître le graveur Achille Sirouy mais aussi la double influence des maîtres anciens et modernes (Thornley gravera Monet et Pissaro). Enfin la comparaison avec les œuvres de Eugène Cicéri et Edmond Charles Yon dont il fut aussi l'élève montre ses liens avec l'école de Barbizon.

 

La deuxième partie de la salle montre la transmission, en montrant des œuvres du maître et de deux de ses élèves, petits maîtres totalement oubliés, Félix Robin ( 1888 - 1969 ) et René Giroust ( 1863 - ap1933 ), sur des thèmes similaires  (vue de Venise, paysage de montagne). On peut ainsi voir comment sur plus de 50 ans se transmet une culture et une technique artistique en laissant la place à la capacité créatrice de chacun. Une jolie petite exposition qui si elle n'est pas indispensable, intéressera les fans de peintures du paysage entre XIX et XX° siècle...

 

Maître(s) et élève(s), musée d'Osny, jusqu'au 15 décembre 2022.

19/02/2022

Oscar Rex et Napoléon

Trois heures de transport en commun pour aller voir 6 tableaux, cela peut paraître beaucoup... Mais d'une part il n'y aura peut-être pas d'occasion de les revoir avant longtemps, d'autre part le château de Malmaison est un plaisir à revoir, d'autant qu'il y a toujours des petits changements dans l'accrochage permettant de découvrir des œuvres jamais vues, comme La Belle Poule en rade de Jamestown de Duran-Brager ou une nouvelle acquisition comme Le siège de Toulon de François Grenier. Au demeurant l'exposition Malmaison, escale aux terres australes relatant le voyage du capitaine Nicolas Baudin est intéressante historiquement à défaut de l'être pour les pièces présentées.

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Mais je suis là pour découvrir l'autrichien Oscar Rex (1857 - 1929 ) dont sont présentées six des œuvres (quatre proviennent des collections du château et mériteraient sans doute d'y être toujours présentées, et deux de collections privées) d'une grand série qu'il a consacrée à Napoléon et montrée à travers l'Europe. Les différents reproductions de tableaux qu'on peut trouver de lui sur le net montre un de ces artistes nombreux à cette période dont la peinture d'histoire tend vers l'anecdote voire la scène de genre et qui accorde une grande importance aux matières, tissues, orfèvrerie...

 

Et effectivement de Dans le parc de Malmaison à C'est fini, en passant par Napoléon et son fils, inutile de chercher la "grande histoire" ni sans doute même des évènements réels. Mais une tentative de montrer un empereur humain, jouant avec son fils, pestant contre les anglais (Et vous là-bas !), pleurant ses soldats morts abandonnés en terre russe (Le dernier adieu)... Une peinture plus sentimentale qu'historique et peinte avec un pinceau brillant et des couleurs chatoyantes. Au final une jolie découverte et un artiste dont on aimerait voir beaucoup plus...

 

Oscar Rex, peintre de la légende Napoléonienne, château de Malmaison, jusqu'au 7 mars 2022.

26/12/2021

L'orientalisme à Nemours

Comme l'avait montré la médiocre exposition L'Orient des peintres au musée Marmottan il y a deux ans, faire une exposition généraliste sur un thème aussi vaste aussi bien dans ses sujets, dans le style des artistes que dans sa période temporelle que l'Orientalisme est une gageure. Pari pourtant parfaitement réussi par le château-musée de Nemours.

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Ne pas chercher l'exhaustivité mais ouvrir des pistes ; ne pas vouloir montrer de chef d’œuvres mais des œuvres marquantes et rares ; montrer des œuvres peu vues de grands maîtres et d'autres de maîtres peu souvent vus ; ne pas sombrer dans le cliché de l'orientalisme du cliché (très petite section sur harem et odalisque) pour privilégier les artistes ayant eu une vraie affection pour leur découverte de l'Orient ; l'exposition ne fait aucune faute de goût. Et si aucune des sections (campagne d’Égypte, découverte de l'Algérie, scènes de vie quotidienne, animaux...) ne peut bien entendu être très développée, la présence de deux d'entre elles sur Orientalisme et peinture d'histoire / religieuse (avec l'extraordinaire Ismaël de Virginie Demont-Breton) ainsi que le portrait orientaliste (magnifique Mendiant aveugle de Paul Leroy) donne envie que des musées consacrent de vraies expositions à ces deux thèmes.

 

Si Ingres, Gérôme et Delacroix ne sont représentés que par une gravure et Decamps par un dessin, on découvre deux peintures de Girodet et des œuvres peu vues d'orientalistes aussi importants que Fromentin, Tournemine, Ziem, Dinet, Bergère, Marilhat, Landelle, Léon Belly ou Bouchor. Parmi les belles surprises, deux charmants et colorés Alexis Auguste Delahogue jamais vus jusqu'ici au musée de Melun, un très moderne dans sa facture Gardien de la mosquée de Charles Dagnac-Rivière (jusqu'ici pour moi inconnu) qui contraste avec la très académique Suleika femme du Caire de Louis Édouard Fournier, les belles du harem d'Alfred Chataud très éloigné du voyeurisme habituel de ce genre de scène, une superbe aquarelle du port d'Alger de l'anglais William Wyld ainsi qu'un très bel ensemble du peintre nemourien (il fut conservateur du musée et un artiste à succès) Ernest Marché qui fait preuve d'une grande sensibilité dans ses paysages.

 

Bref, je ne peux que conseiller aux parisiens l'heure de train pour se rendre à Nemours...

 

Rêve d'Orient, château-musée de Nemours, jusqu'au au dimanche 27 mars 2022.

23/12/2021

Napoléon à Fontainebleau

Parmi les très nombreuses expositions consacrées à Napoléon pour le 200ème anniversaire de sa mort, il y a eu de tout : de l’indispensable (Invalides et Gobelins), du tape-à-l’œil insupportable (La Villette), du très spécialisé franchement austère (la Monnaie)... Celle que lui consacre le château de Fontainebleau est fort intéressante mais laisse un peu sur sa faim : il faudra sans doute lire le catalogue pour en savoir vraiment plus sur la présence de l'empereur et les aménagements qu'il a pu y faire faire.

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Après une version du portrait en costume de sacre par Robert Lefevre, on découvre donc différents projets (réalisés ou non ) des architectes Fontaine, Percier et Hurtault afin de transformer le château pour les besoins et les gouts de l'empereur, des meubles et des peintures qui y ont été installé... Si les dessins d'architectures sont splendides, il y a peu d’œuvres vraiment marquantes dans l'exposition. On notera la série d'aquarelles de ou d'après Giuseppe Pietro Bagetti représentant la campagne d'Italie, les quatre allégories d'Antoine François Callet, le Triomphe de Galatée de François Van Loo ou les 12 esquisses pour le décor de la voûte de la galerie de Diane par Jean Baptiste Debret.

 

Et puis il ne faut surtout pas oublier au tout début de la visite du château d'aller voir la petite salle consacrée aux chiens de Louis XV par Jean Baptiste Oudry (qui complète bien la visite de l'exposition sur les animaux du roi à Versailles) qui présente au milieu du superbe Cadet et Hermine acquis récemment par le château les cinq autres tableaux de la série que possède Fontainebleau. Un régal !

 

Un palais pour l'Empereur. Napoléon 1er au château de Fontainebleau, château de Fontainebleau, jusqu'au 3 janvier 2022

21/08/2021

Deux belles petites surprises

Deux villes de la région parisienne, deux musées très actifs, deux expositions parisiennes qui ne méritent sans doute pas qu'on se déplace de loin mais qui feront le bonheur des parisiens curieux...

 

Parmi la vingtaine de paysages sortis des réserves et présentées au dernier étage du musée de Melun, c'est bien entendu Armand Cassagne, auteur d'une importante donation et déjà bien présent sur les murs du musée, qui se taille la part du lion avec peintures, œuvres sur papier et même ses méthodes d'apprentissage du dessin. Si ses vues de Fontainebleau ont tendance à être un peu répétitive dans un style "école de Barbizon" tardif, on découvre une charmante vue de Nice et surtout un extraordinaire dessinateur, que ce soit au crayon, à la sanguine ou à l'aquarelle. Si toutes les feuilles présentées sont de toute beauté, on aura eu un grand coup de cœur pour le Village sur le ravin de la Bourne et on regrette que le musée ne puisse pas présenter encore plus d’œuvres sorties de son abondant fond... On pourra aussi admirer deux charmantes vues de Melun par le mystérieux Georges Stein, deux vues urbaines de Jean Pierre Ferrand, un très beau Soir sur la Seine de  Jacques Henry Delpy et le superbe la nuit à Moret de Eugène Lavieille parfois présenté dans le parcours permanent.

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Si l'exposition-dossier de Melun est basée sur ses propres collections, celle Mantes-la-Jolie fait venir 16 dessins et aquarelles d'Henri-Edmond Cross du musée Malraux du Havre pour les mettre en parallèles avec les nombreuses œuvres du musée de Maximilien Luce, les deux artistes ayant été très proches. C'est un véritable plaisir de revoir trois ans après l'exposition Cross du musée de Giverny un bel ensemble d’œuvres sur papier (en plus il y a très peu de doublon) aussi bien des fusains (qui évoque Seurat) que des aquarelles. Que de beauté dans l'apparent simplicité des ces petites pochades présentant le sud de la France... Le seul regret est finalement que le cabinet d'art graphique du musée étant de petite taille, il n'y a qu'un seul dessin de Luce présenté en comparaison...

 

Voyages à travers les collections de paysages du musée, jusqu'au 18 septembre 2021, Musée d’art et d’histoire de Melun.

Henri-Edmond Cross chez Luce, jusqu'au 23 août 2021, musée de l'Hôtel-Dieu, Mantes-la-Jolie

12/07/2021

L'année terrible à Issy

Le fort d'Issy y ayant joué un rôle important, il est logique que le musée d'Issy-les-Moulineaux ait choisi, pour les 150 ans de ces évènements, de présenter une exposition sur cette année entre 1870 et 1871 où la France a connu deux évènements majeurs : la guerre contre la Prusse et la Commune de Paris. Et c'est une excellente idée d'avoir choisi de les montrer uniquement par l’intermédiaire d’œuvres d'art, dessins, gravures et peintures, souvent peu vues et par des artistes peu connus, réalisées pendant comme bien après.

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Comment et quoi représenter de la guerre ? Des grands combats plein de mouvement et de furie, des escarmouches, les campements, les soldats, les destructions, les effets sur la population... les thèmes possibles sont nombreux, montrant la situation dans son horreur comme sa banalité ou son héroïsme. Il est fascinant de découvrir tant de diversité dans les choix artistiques (il est vrai que les peintures guerrières du XIX° sont finalement peu montrées dans les musées).

 

Parmi les œuvres marquantes, on notera le Combat à Epinay de Raoul Arus, la saisissante Ambulance à Pierrefitte au milieu d'une terre désolée de Gustave Vient, L'incendie des Tuileries de Georges Clairin, La barricade de Devambez (choisi pour l'affiche) ou les deux versions de L'éxécution de Varlin de Luce, déjà vues mais toujours aussi poignantes. Mais chacune des œuvres présentées est intéressante par les partis-pris de l'artiste qui ne pouvait rester neutre face à ces événements. Une exposition vraiment réussie.

 

L'année terrible, 1870-1871, regards croisés, Issy-les-Moulineaux, musée français de la carte à jouer, jusqu'au 14 août 2021.