30/04/2023
Amours imaginaires
Si le propos des expo-dossiers sur les collections d'un musée n'est pas toujours très probant, l'intérêt est en général ailleurs : découvrir des œuvres qu'on n'a pas en général l'occasion de voir dans les collections permanentes. Ainsi l'exposition Amours Imaginaires au musée des Avelines de Saint-Cloud semble-t-elle rassembler peintures, gravures, dessins, objets... de façon un peu aléatoire sur un thème bien large et un peu flou mais montre de très belles choses.
Au milieu d’œuvres déjà vues lors des (très réussies) expositions Latouche et Dantan, on note en particulier un bel ensemble de dessins de Pierre Georges Jeanniot préparatoires au Voyage de Paris à Saint-Cloud par terre et par mer de Louis Balthazar Neel que l'on peut comparer aux gravures qui en ont été tirées, quatre dessins d’Édouard Dantan pour illustrer Une page d'amour de Zola ainsi que deux études de putti du sculpteur Joseph Cirasse.
Mais le regard sur les collections ne s'arrête pas là puisque deux autres des salles consacrées aux expositions temporaires bénéficient d'un nouvel accrochage. L'une présente des pastels du musée et l'autre des vues de Saint-Cloud. Outre deux portrait anonymes du XVIII°, on appréciera un très beau paysage vallonné d'Achille Bénouville, deux vues de mer de Dantan, un violoniste de Latouche, un portrait de sa femme par le sculpteur Jean Tournoux lui même représenté par sa fille Suzanne, des vues du parc de Saint-Cloud par Amédée Buffet, deux charmants bords de Seine de Léon Printemps...
Au final un accrochage temporaire qui mérite largement que l'on vienne y jeter un coup d’œil...
Regard sur les collections : Amours Imaginaires, Saint-Cloud, musée des Avelines, jusqu'au 17 septembre
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26/04/2023
Double dose d'expo à Saint Germain en Laye
Mais peut-on réellement parler d'exposition quand il s'agit en fait d'un nouvel accrochage des collections permanentes sur un thème bien général... Et si l'on peut comprendre qu'en attendant la réouverture, peut-être un jour, d'un grand musée de la ville de Saint-Germain, les collections soient présentées par roulement à l'Espace Vera (c'est toujours mieux que quand elles restaient toutes en réserve...), difficile d'accepter qu'après rénovation, le musée du Prieuré ne présente qu'une partie des siennes.
C'est un thème bien à la mode dans les expos en ce moment que le musée Maurice Denis a choisi pour son nouvel accrochage : les femmes. Sont ainsi rassemblées dans des catégories pas toujours bien nettes (portraits, scènes intimes, décors...), des œuvres du maître et de ses amis (Rysselberghe, Anquetin, Gauguin, Sérusier...) dont on est loin de toujours comprendre le rapprochement voire même la présence dans l'exposition. Et ce ne sont pas les cartels où l'on fait parler une femme (ou autre chose) présent sur le tableau qui nous renseigneront... Une vraie catastrophe ! Heureusement restent des œuvres majeures comme le splendide 'Jardin des Hespérides' de Ker Xavier Roussel, pas exposé la dernière fois que j'étais venu...
La salle la plus intéressante est sans doute celle consacrée aux artistes femmes proches de Maurice Denis et passées par l'académie Ranson ou l'Atelier d'Art Sacré. Quasi oubliées de nos jours, Pauline Peugniez, Marie Josephe Renié, Thérèse Debains et sa propre fille Madeleine Dinès montrent toutes l'influence du maître mais aussi d'autres mouvements comme le cubisme. Mais les (peu nombreuses) œuvres présentées sont malheureusement pas franchement convaincantes. En revanche les trois toiles de Raymonde Heudebert en particulier le 'Grand nu au voile' donnent vraiment envie d'en voir plus...
Au final difficile de conseiller cette "exposition" dénuée de réel propos et aux cartels ridicules. Certes il y a de très belles choses dans cet accrochage, mais on ne peut que penser aux œuvres remisées en réserve depuis le précédent et à celles qui le seront pour la prochaine... Et regretter qu'un musée comme le Prieuré ne présente pas tout le temps au public l'intégralité des œuvres importantes de ses collections...
Le thème de l'exposition à l'Espace Vera est lui parfaitement respectée : toutes les œuvres présentées sont bien des paysages. On peut en revanche s'interroger sur les différentes sections présentées, pas toujours très claires dans leur thème, qui séparent parfois des œuvres d'un même artiste qu'on aurait préféré voir côte à côte. Mais quel plaisir de découvrir ses toiles qu'on n'avait jusqu'ici jamais pu voir.
Au milieu de quelques œuvres anciennes (Herri Met de Bles, Paul Bril, Josse de Momper), on découvre essentiellement des paysages du XIX° et de la première moitié du XX°, présentant de nombreux courants (néo-classicisme, école de Barbizon, romantisme, post-impressionnisme...) et de nombreux motifs différents. Quelques artistes importants (Jongkind, Turpin de Crissé, Léon-Victor Dupré, Georges Michel, Maurice Denis...) mais aussi beaucoup de petits maîtres oubliés, essentiellement locaux.
Parmi les œuvres les plus remarquables, quatre magnifiques paysages néo-classiques sur les moments du jour, de forme semi-circulaire et conçus pour un décor de Jean Victor Bertin, deux splendides vues de plage de Francis Tattegrain, trois charmantes clairières de Marie Ferdinand Jacomin, une 'Vue de la Seine à Bougival' et un 'Fin de journée printanière' à l'étonnante technique divisionniste de Henri A. Joubert, un très beau paysage de neige de Luc Georges Maxime Simon, un verdoyant 'Paysage près de Mantes' de Marie Hector Yvert, un 'Bord de Seine au Pecq' d'Alexandre Nozal... Bref, beaucoup de plaisir ! En espérant voir un jour toutes ces œuvres et celles vues dans des accrochages précédents dans un vrai musée...
Femme(s), Saint-Germain-en-Laye, musée Maurice Denis, jusqu'au 2 juillet 2023.
Paysages d'ici et d'ailleurs, Saint-Germain-en-Laye, Espace Vera, jusqu'au 28 mai 2023.
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28/10/2022
Meudon a de la réserve
Les expositions consacrées aux réserves des musées sont toujours intéressantes et celle que propose le musée de Meudon sur le thème du paysage ne déroge pas à la règle même si son titre peut paraître un peu trompeur.
Ainsi parmi les peintures présentées, une partie est exposée dans le musée, peut-être pas tout le temps, mais au moins régulièrement. Ainsi ai-je déjà vu dans mes nombreuses visites de ce musée très actif (bravo à lui) par ses expositions, La Seine au Bas-Meudon d'Albert Lebourg, Le bateau-lavoir au Bas-Meudon de Claude Émile Shuffenecker ainsi que le Eugène Bataille ou le Edmond Poteau.
De plus on peut espérer que les trois très judicieuses acquisitions récentes que sont le Bas-Meudon de Léon Germain Pelouse, le Paysage de Paul Désiré Trouillebert, assez éloigné de ses fréquemment exposés pastiches de Corot, et l’Église Saint Pardoux de Mareuil-sur-Belle d'Antoine Guillemet, trouveront leur place dans les collections permanentes, elles le méritent amplement (mais risquent d'envoyer d'autres œuvres en réserve...) et montrent toute la variété de l'art du paysage dans la deuxième moitié du XIX°.
Parmi les œuvres jamais vues, on notera un charmant Bateau-lavoir au Bas-Meudon du méconnu Louis Tauzin (dont le musée présente en général dans les salles d'autres toiles) et dix petites œuvres de Constant Pape qui s'ajoutent aux neuf petites pochades déjà exposées de façon permanente.
Autres œuvres vraiment sorties des réserves, et pour cause, les œuvres sur papier, et on a là une sélection brillante où l'on retrouve des noms comme Luce, Guillaumin, Huet, Daubigny, Maufra...dans des dessins et aquarelles variés et de grande qualité. Petit coup de cœur pour le Champ dans le midi d'Henri Lebasque, le Paysage de Provence d'Henri Manguin et le brillant Paysage de Charles François Daubigny avec sa clôture et son escalier au milieu d'un talus boisé.
On notera aussi au milieu des peintures deux belles gouaches aux tonalités très automnales de Jean Jacques Champin pour une exposition qui, si elle reste petite, n'en est pas moins un plaisir pour les yeux.
Évasion, la peinture de paysage sort des réserves, musée d'art et d'histoire de Meudon, jusqu'au 8 janvier 2023.
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23/10/2022
Ma première à Osny...
J'avais découvert l'existence du musée Thornley à Osny il y a quelques années déjà mais entre ses horaires d'ouverture assez limités et les circonstances (bonjour le Covid...) j'ai seulement eu enfin l'occasion de m'y rendre pour découvrir les œuvres de William Thornley ( 1857 - 1935 ) ...
La première des deux salles du château de Grouchy qui abrite la mairie et le musée d'Osny est consacrée aux collections permanentes. Outre les œuvres de la "gloire" locale, on peut y admirer un bel ensemble de toiles d'Alexandre René Véron ( 1826 - 1897 représentant un Osny très champêtre ainsi qu'un très beau Retour des champs de Jules Jacques Veyrassat (1829 - 1893) proche d'artistes de l'école de Barbizon comme Charles Jacque ou Constant Troyon. Les toiles de William Thornley né 30 ans plus tard font preuve d'une touche beaucoup plus libre et colorée, nourrie aux influences impressionnistes et post-impressionnistes, mais restent dans le même esprit dans leur représentation d'une campagne restée encore loin de la modernité.
L'exposition temporaire dans la deuxième salle baptisée "Maître(s) et élève(s)" montre avec assez peu de moyens les rapports artistiques qui peuvent se créer entre un artiste et son disciple. On voit ainsi les liens entre William et son premier maître, son père Julien, aquarelliste anglais dont on sait peu de choses, en comparant des œuvres similaires. Les gravures du début de sa carrière montre ainsi l'influence de son deuxième maître le graveur Achille Sirouy mais aussi la double influence des maîtres anciens et modernes (Thornley gravera Monet et Pissaro). Enfin la comparaison avec les œuvres de Eugène Cicéri et Edmond Charles Yon dont il fut aussi l'élève montre ses liens avec l'école de Barbizon.
La deuxième partie de la salle montre la transmission, en montrant des œuvres du maître et de deux de ses élèves, petits maîtres totalement oubliés, Félix Robin ( 1888 - 1969 ) et René Giroust ( 1863 - ap1933 ), sur des thèmes similaires (vue de Venise, paysage de montagne). On peut ainsi voir comment sur plus de 50 ans se transmet une culture et une technique artistique en laissant la place à la capacité créatrice de chacun. Une jolie petite exposition qui si elle n'est pas indispensable, intéressera les fans de peintures du paysage entre XIX et XX° siècle...
Maître(s) et élève(s), musée d'Osny, jusqu'au 15 décembre 2022.
19:51 Publié dans exposition en région parisienne | Lien permanent | Commentaires (0)
19/02/2022
Oscar Rex et Napoléon
Trois heures de transport en commun pour aller voir 6 tableaux, cela peut paraître beaucoup... Mais d'une part il n'y aura peut-être pas d'occasion de les revoir avant longtemps, d'autre part le château de Malmaison est un plaisir à revoir, d'autant qu'il y a toujours des petits changements dans l'accrochage permettant de découvrir des œuvres jamais vues, comme La Belle Poule en rade de Jamestown de Duran-Brager ou une nouvelle acquisition comme Le siège de Toulon de François Grenier. Au demeurant l'exposition Malmaison, escale aux terres australes relatant le voyage du capitaine Nicolas Baudin est intéressante historiquement à défaut de l'être pour les pièces présentées.
Mais je suis là pour découvrir l'autrichien Oscar Rex (1857 - 1929 ) dont sont présentées six des œuvres (quatre proviennent des collections du château et mériteraient sans doute d'y être toujours présentées, et deux de collections privées) d'une grand série qu'il a consacrée à Napoléon et montrée à travers l'Europe. Les différents reproductions de tableaux qu'on peut trouver de lui sur le net montre un de ces artistes nombreux à cette période dont la peinture d'histoire tend vers l'anecdote voire la scène de genre et qui accorde une grande importance aux matières, tissues, orfèvrerie...
Et effectivement de Dans le parc de Malmaison à C'est fini, en passant par Napoléon et son fils, inutile de chercher la "grande histoire" ni sans doute même des évènements réels. Mais une tentative de montrer un empereur humain, jouant avec son fils, pestant contre les anglais (Et vous là-bas !), pleurant ses soldats morts abandonnés en terre russe (Le dernier adieu)... Une peinture plus sentimentale qu'historique et peinte avec un pinceau brillant et des couleurs chatoyantes. Au final une jolie découverte et un artiste dont on aimerait voir beaucoup plus...
Oscar Rex, peintre de la légende Napoléonienne, château de Malmaison, jusqu'au 7 mars 2022.
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26/12/2021
L'orientalisme à Nemours
Comme l'avait montré la médiocre exposition L'Orient des peintres au musée Marmottan il y a deux ans, faire une exposition généraliste sur un thème aussi vaste aussi bien dans ses sujets, dans le style des artistes que dans sa période temporelle que l'Orientalisme est une gageure. Pari pourtant parfaitement réussi par le château-musée de Nemours.
Ne pas chercher l'exhaustivité mais ouvrir des pistes ; ne pas vouloir montrer de chef d’œuvres mais des œuvres marquantes et rares ; montrer des œuvres peu vues de grands maîtres et d'autres de maîtres peu souvent vus ; ne pas sombrer dans le cliché de l'orientalisme du cliché (très petite section sur harem et odalisque) pour privilégier les artistes ayant eu une vraie affection pour leur découverte de l'Orient ; l'exposition ne fait aucune faute de goût. Et si aucune des sections (campagne d’Égypte, découverte de l'Algérie, scènes de vie quotidienne, animaux...) ne peut bien entendu être très développée, la présence de deux d'entre elles sur Orientalisme et peinture d'histoire / religieuse (avec l'extraordinaire Ismaël de Virginie Demont-Breton) ainsi que le portrait orientaliste (magnifique Mendiant aveugle de Paul Leroy) donne envie que des musées consacrent de vraies expositions à ces deux thèmes.
Si Ingres, Gérôme et Delacroix ne sont représentés que par une gravure et Decamps par un dessin, on découvre deux peintures de Girodet et des œuvres peu vues d'orientalistes aussi importants que Fromentin, Tournemine, Ziem, Dinet, Bergère, Marilhat, Landelle, Léon Belly ou Bouchor. Parmi les belles surprises, deux charmants et colorés Alexis Auguste Delahogue jamais vus jusqu'ici au musée de Melun, un très moderne dans sa facture Gardien de la mosquée de Charles Dagnac-Rivière (jusqu'ici pour moi inconnu) qui contraste avec la très académique Suleika femme du Caire de Louis Édouard Fournier, les belles du harem d'Alfred Chataud très éloigné du voyeurisme habituel de ce genre de scène, une superbe aquarelle du port d'Alger de l'anglais William Wyld ainsi qu'un très bel ensemble du peintre nemourien (il fut conservateur du musée et un artiste à succès) Ernest Marché qui fait preuve d'une grande sensibilité dans ses paysages.
Bref, je ne peux que conseiller aux parisiens l'heure de train pour se rendre à Nemours...
Rêve d'Orient, château-musée de Nemours, jusqu'au au dimanche 27 mars 2022.
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23/12/2021
Napoléon à Fontainebleau
Parmi les très nombreuses expositions consacrées à Napoléon pour le 200ème anniversaire de sa mort, il y a eu de tout : de l’indispensable (Invalides et Gobelins), du tape-à-l’œil insupportable (La Villette), du très spécialisé franchement austère (la Monnaie)... Celle que lui consacre le château de Fontainebleau est fort intéressante mais laisse un peu sur sa faim : il faudra sans doute lire le catalogue pour en savoir vraiment plus sur la présence de l'empereur et les aménagements qu'il a pu y faire faire.
Après une version du portrait en costume de sacre par Robert Lefevre, on découvre donc différents projets (réalisés ou non ) des architectes Fontaine, Percier et Hurtault afin de transformer le château pour les besoins et les gouts de l'empereur, des meubles et des peintures qui y ont été installé... Si les dessins d'architectures sont splendides, il y a peu d’œuvres vraiment marquantes dans l'exposition. On notera la série d'aquarelles de ou d'après Giuseppe Pietro Bagetti représentant la campagne d'Italie, les quatre allégories d'Antoine François Callet, le Triomphe de Galatée de François Van Loo ou les 12 esquisses pour le décor de la voûte de la galerie de Diane par Jean Baptiste Debret.
Et puis il ne faut surtout pas oublier au tout début de la visite du château d'aller voir la petite salle consacrée aux chiens de Louis XV par Jean Baptiste Oudry (qui complète bien la visite de l'exposition sur les animaux du roi à Versailles) qui présente au milieu du superbe Cadet et Hermine acquis récemment par le château les cinq autres tableaux de la série que possède Fontainebleau. Un régal !
Un palais pour l'Empereur. Napoléon 1er au château de Fontainebleau, château de Fontainebleau, jusqu'au 3 janvier 2022
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