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26/12/2021

L'orientalisme à Nemours

Comme l'avait montré la médiocre exposition L'Orient des peintres au musée Marmottan il y a deux ans, faire une exposition généraliste sur un thème aussi vaste aussi bien dans ses sujets, dans le style des artistes que dans sa période temporelle que l'Orientalisme est une gageure. Pari pourtant parfaitement réussi par le château-musée de Nemours.

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Ne pas chercher l'exhaustivité mais ouvrir des pistes ; ne pas vouloir montrer de chef d’œuvres mais des œuvres marquantes et rares ; montrer des œuvres peu vues de grands maîtres et d'autres de maîtres peu souvent vus ; ne pas sombrer dans le cliché de l'orientalisme du cliché (très petite section sur harem et odalisque) pour privilégier les artistes ayant eu une vraie affection pour leur découverte de l'Orient ; l'exposition ne fait aucune faute de goût. Et si aucune des sections (campagne d’Égypte, découverte de l'Algérie, scènes de vie quotidienne, animaux...) ne peut bien entendu être très développée, la présence de deux d'entre elles sur Orientalisme et peinture d'histoire / religieuse (avec l'extraordinaire Ismaël de Virginie Demont-Breton) ainsi que le portrait orientaliste (magnifique Mendiant aveugle de Paul Leroy) donne envie que des musées consacrent de vraies expositions à ces deux thèmes.

 

Si Ingres, Gérôme et Delacroix ne sont représentés que par une gravure et Decamps par un dessin, on découvre deux peintures de Girodet et des œuvres peu vues d'orientalistes aussi importants que Fromentin, Tournemine, Ziem, Dinet, Bergère, Marilhat, Landelle, Léon Belly ou Bouchor. Parmi les belles surprises, deux charmants et colorés Alexis Auguste Delahogue jamais vus jusqu'ici au musée de Melun, un très moderne dans sa facture Gardien de la mosquée de Charles Dagnac-Rivière (jusqu'ici pour moi inconnu) qui contraste avec la très académique Suleika femme du Caire de Louis Édouard Fournier, les belles du harem d'Alfred Chataud très éloigné du voyeurisme habituel de ce genre de scène, une superbe aquarelle du port d'Alger de l'anglais William Wyld ainsi qu'un très bel ensemble du peintre nemourien (il fut conservateur du musée et un artiste à succès) Ernest Marché qui fait preuve d'une grande sensibilité dans ses paysages.

 

Bref, je ne peux que conseiller aux parisiens l'heure de train pour se rendre à Nemours...

 

Rêve d'Orient, château-musée de Nemours, jusqu'au au dimanche 27 mars 2022.

23/12/2021

Napoléon à Fontainebleau

Parmi les très nombreuses expositions consacrées à Napoléon pour le 200ème anniversaire de sa mort, il y a eu de tout : de l’indispensable (Invalides et Gobelins), du tape-à-l’œil insupportable (La Villette), du très spécialisé franchement austère (la Monnaie)... Celle que lui consacre le château de Fontainebleau est fort intéressante mais laisse un peu sur sa faim : il faudra sans doute lire le catalogue pour en savoir vraiment plus sur la présence de l'empereur et les aménagements qu'il a pu y faire faire.

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Après une version du portrait en costume de sacre par Robert Lefevre, on découvre donc différents projets (réalisés ou non ) des architectes Fontaine, Percier et Hurtault afin de transformer le château pour les besoins et les gouts de l'empereur, des meubles et des peintures qui y ont été installé... Si les dessins d'architectures sont splendides, il y a peu d’œuvres vraiment marquantes dans l'exposition. On notera la série d'aquarelles de ou d'après Giuseppe Pietro Bagetti représentant la campagne d'Italie, les quatre allégories d'Antoine François Callet, le Triomphe de Galatée de François Van Loo ou les 12 esquisses pour le décor de la voûte de la galerie de Diane par Jean Baptiste Debret.

 

Et puis il ne faut surtout pas oublier au tout début de la visite du château d'aller voir la petite salle consacrée aux chiens de Louis XV par Jean Baptiste Oudry (qui complète bien la visite de l'exposition sur les animaux du roi à Versailles) qui présente au milieu du superbe Cadet et Hermine acquis récemment par le château les cinq autres tableaux de la série que possède Fontainebleau. Un régal !

 

Un palais pour l'Empereur. Napoléon 1er au château de Fontainebleau, château de Fontainebleau, jusqu'au 3 janvier 2022

21/08/2021

Deux belles petites surprises

Deux villes de la région parisienne, deux musées très actifs, deux expositions parisiennes qui ne méritent sans doute pas qu'on se déplace de loin mais qui feront le bonheur des parisiens curieux...

 

Parmi la vingtaine de paysages sortis des réserves et présentées au dernier étage du musée de Melun, c'est bien entendu Armand Cassagne, auteur d'une importante donation et déjà bien présent sur les murs du musée, qui se taille la part du lion avec peintures, œuvres sur papier et même ses méthodes d'apprentissage du dessin. Si ses vues de Fontainebleau ont tendance à être un peu répétitive dans un style "école de Barbizon" tardif, on découvre une charmante vue de Nice et surtout un extraordinaire dessinateur, que ce soit au crayon, à la sanguine ou à l'aquarelle. Si toutes les feuilles présentées sont de toute beauté, on aura eu un grand coup de cœur pour le Village sur le ravin de la Bourne et on regrette que le musée ne puisse pas présenter encore plus d’œuvres sorties de son abondant fond... On pourra aussi admirer deux charmantes vues de Melun par le mystérieux Georges Stein, deux vues urbaines de Jean Pierre Ferrand, un très beau Soir sur la Seine de  Jacques Henry Delpy et le superbe la nuit à Moret de Eugène Lavieille parfois présenté dans le parcours permanent.

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Si l'exposition-dossier de Melun est basée sur ses propres collections, celle Mantes-la-Jolie fait venir 16 dessins et aquarelles d'Henri-Edmond Cross du musée Malraux du Havre pour les mettre en parallèles avec les nombreuses œuvres du musée de Maximilien Luce, les deux artistes ayant été très proches. C'est un véritable plaisir de revoir trois ans après l'exposition Cross du musée de Giverny un bel ensemble d’œuvres sur papier (en plus il y a très peu de doublon) aussi bien des fusains (qui évoque Seurat) que des aquarelles. Que de beauté dans l'apparent simplicité des ces petites pochades présentant le sud de la France... Le seul regret est finalement que le cabinet d'art graphique du musée étant de petite taille, il n'y a qu'un seul dessin de Luce présenté en comparaison...

 

Voyages à travers les collections de paysages du musée, jusqu'au 18 septembre 2021, Musée d’art et d’histoire de Melun.

Henri-Edmond Cross chez Luce, jusqu'au 23 août 2021, musée de l'Hôtel-Dieu, Mantes-la-Jolie

12/07/2021

L'année terrible à Issy

Le fort d'Issy y ayant joué un rôle important, il est logique que le musée d'Issy-les-Moulineaux ait choisi, pour les 150 ans de ces évènements, de présenter une exposition sur cette année entre 1870 et 1871 où la France a connu deux évènements majeurs : la guerre contre la Prusse et la Commune de Paris. Et c'est une excellente idée d'avoir choisi de les montrer uniquement par l’intermédiaire d’œuvres d'art, dessins, gravures et peintures, souvent peu vues et par des artistes peu connus, réalisées pendant comme bien après.

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Comment et quoi représenter de la guerre ? Des grands combats plein de mouvement et de furie, des escarmouches, les campements, les soldats, les destructions, les effets sur la population... les thèmes possibles sont nombreux, montrant la situation dans son horreur comme sa banalité ou son héroïsme. Il est fascinant de découvrir tant de diversité dans les choix artistiques (il est vrai que les peintures guerrières du XIX° sont finalement peu montrées dans les musées).

 

Parmi les œuvres marquantes, on notera le Combat à Epinay de Raoul Arus, la saisissante Ambulance à Pierrefitte au milieu d'une terre désolée de Gustave Vient, L'incendie des Tuileries de Georges Clairin, La barricade de Devambez (choisi pour l'affiche) ou les deux versions de L'éxécution de Varlin de Luce, déjà vues mais toujours aussi poignantes. Mais chacune des œuvres présentées est intéressante par les partis-pris de l'artiste qui ne pouvait rester neutre face à ces événements. Une exposition vraiment réussie.

 

L'année terrible, 1870-1871, regards croisés, Issy-les-Moulineaux, musée français de la carte à jouer, jusqu'au 14 août 2021.

07/07/2021

Double programme à Meaux

L'exposition pour commémorer le centenaire de la destruction des moulins de Meaux aura donc été présentée avec un an de retard en raison de la pandémie mais c'est une très bonne chose qu'elle ait finalement pu avoir lieu. Car au milieu de toutes sortes de documents (photos, journaux, maquettes...) évoquant ces vieux moulins médiévaux sur pilotis et leur destruction, sont présentés dessins et peintures d'artistes, souvent locaux, pas forcément très connus, mais inspirés par ce lieu pittoresque. A côté de Jean Julien Massé qu'on avait déjà découvert au musée Bossuet, on admire des œuvres de Lucien Gilbert Darpy, Alfred Renaudin, Léon Le Royer (bel ensemble de vue depuis sous les pilotis), George Gassies, Charles Joseph Roussel (intéressante interprétation de l'incendie), et les post-impressionnistes Fernand Pinal et Albert Lepreux. Il est toujours très intéressant de comparer ce que des artistes aux sensibilités différentes ont retenu et réinterprété d'un même lieu. Une exposition très réussie.

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Le musée de la grande guerre présente lui une bonne partie du fond restauré de peintures, dessins et gravures, légué par la famille de Georges Bruyer (1883 - 1962 ). Graveur et illustrateur reconnu de son vivant, il fut élève aux BA de Paris de Gérôme et Ferrier. Mobilisé, il prend part au conflit et s'il est blessé en 1915 puis réformé, il reviendra sur le front comme peintre de guerre. Autour de la série des 24 estampes de la guerre présentée dans le cadre de sa mission aux armées et qui a fait sa réputation, sont présentées des dessins, gouaches, aquarelles et quelques peintures. Plutôt que de représenter la guerre en elle-même, Bruyer représente le quotidien des soldats, sans héroïsme ni misérabilisme et les paysages du front. Son trait d'illustrateur s'approche parfois de la BD et croque la vie avec beaucoup de sensibilité alors que ses coloris pour représenter le crépuscule ou la nuit, son presque fantastique. Une très belle découverte ! On regrettera juste que le catalogue, au demeurant peu onéreux, n'en dise pas plus que les panneaux de l'exposition et ne présente pas un peu plus l'artiste avant et après la guerre. Mais l'exposition mérite le détour !

 

Feu les moulins de Meaux, Meaux, musée Bossuet, jusqu'au 30 septembre 2021.

Graver la guerre - Georges Bruyer, Meaux, musée de la grande guerre, jusqu'au 03 janvier 2022.

 

25/06/2021

La Princesse Palatine

Épouse de Monsieur le frère du roi Louis XIV, Elisabeth-Charlotte de Bavière dite la Palatine est un personnage de l'histoire de France relativement méconnu et souvent caricaturé. Princesse protestante allemande, elle est obligée de se convertir pour épouser un Philippe d'Orléans plus porté sur les hommes et qui, si elle connait d'abord un certain succès à la cour, va vite se retrouver en porte-à-faux avec une société qui lui est assez étrangère et qui ne l'apprécie guère...

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A travers peintures, dessins, gravures, objets d'arts, lettres... , le musée de Saint Cloud, dont le château qui appartenait à Monsieur était son lieu de résidence favori,  s'applique à nous faire découvrir la Palatine, sa famille, son arrivée en France, son intérêt pour les arts, son abondante correspondance, les aléas de sa vie (Monsieur étant mort quand elle était encore assez jeune, il lui a fallu se battre pour ses droits et elle a du avaler quelques couleuvres)... de façon très didactique et très réussie. Et le catalogue, vraiment peu onéreux, est un excellent complément à l'exposition.

 

Bref, ça ferme à la fin de la semaine, et ça mérite vraiment d'y passer (comme toutes les expos du musée des Avelines) ce week-end...

 

La princesse Palatine (1652-1722), la plume et le Soleil, musée des Avelines, Saint Cloud, jusqu'au 27 juin 2021.

19/06/2021

L'Iliade à Melun

Petite exposition-dossier au titre un peu ronflant qui présente des œuvres sur tout support (même la BD) autour de la guerre de Troie, la présentation du musée de Melun vaut surtout par la présentation d’un certain nombre de dessins du sculpteur Henri Chapu, grande gloire officielle du XIX°.

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Outre deux dessins d’après des sculptures antiques et des dessins préparatoires pour des concours de l'école des BA, on remarque surtout une série de scènes de l’Iliade pour des projets de bas-relief (dont on ne nous dit pas s’ils ont été réalisé). Particulièrement virtuoses dans leur capacité à rendre l’impression de relief, ils font preuve de beaucoup de fougue dans la composition que ce soit dans des scènes de bataille ou dans des scènes plus calmes. Certes pas une grande exposition mais une bonne dizaine de dessins valent vraiment le détour.

 

Les maîtres de l’Olympe, Homère, l’Iliade, Ulysse et Troie, musée d’art et d’histoire de la ville de Melun, jusqu’au 27 juin 2021