21/08/2021
Deux belles petites surprises
Deux villes de la région parisienne, deux musées très actifs, deux expositions parisiennes qui ne méritent sans doute pas qu'on se déplace de loin mais qui feront le bonheur des parisiens curieux...
Parmi la vingtaine de paysages sortis des réserves et présentées au dernier étage du musée de Melun, c'est bien entendu Armand Cassagne, auteur d'une importante donation et déjà bien présent sur les murs du musée, qui se taille la part du lion avec peintures, œuvres sur papier et même ses méthodes d'apprentissage du dessin. Si ses vues de Fontainebleau ont tendance à être un peu répétitive dans un style "école de Barbizon" tardif, on découvre une charmante vue de Nice et surtout un extraordinaire dessinateur, que ce soit au crayon, à la sanguine ou à l'aquarelle. Si toutes les feuilles présentées sont de toute beauté, on aura eu un grand coup de cœur pour le Village sur le ravin de la Bourne et on regrette que le musée ne puisse pas présenter encore plus d’œuvres sorties de son abondant fond... On pourra aussi admirer deux charmantes vues de Melun par le mystérieux Georges Stein, deux vues urbaines de Jean Pierre Ferrand, un très beau Soir sur la Seine de Jacques Henry Delpy et le superbe la nuit à Moret de Eugène Lavieille parfois présenté dans le parcours permanent.
Si l'exposition-dossier de Melun est basée sur ses propres collections, celle Mantes-la-Jolie fait venir 16 dessins et aquarelles d'Henri-Edmond Cross du musée Malraux du Havre pour les mettre en parallèles avec les nombreuses œuvres du musée de Maximilien Luce, les deux artistes ayant été très proches. C'est un véritable plaisir de revoir trois ans après l'exposition Cross du musée de Giverny un bel ensemble d’œuvres sur papier (en plus il y a très peu de doublon) aussi bien des fusains (qui évoque Seurat) que des aquarelles. Que de beauté dans l'apparent simplicité des ces petites pochades présentant le sud de la France... Le seul regret est finalement que le cabinet d'art graphique du musée étant de petite taille, il n'y a qu'un seul dessin de Luce présenté en comparaison...
Voyages à travers les collections de paysages du musée, jusqu'au 18 septembre 2021, Musée d’art et d’histoire de Melun.
Henri-Edmond Cross chez Luce, jusqu'au 23 août 2021, musée de l'Hôtel-Dieu, Mantes-la-Jolie
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12/07/2021
L'année terrible à Issy
Le fort d'Issy y ayant joué un rôle important, il est logique que le musée d'Issy-les-Moulineaux ait choisi, pour les 150 ans de ces évènements, de présenter une exposition sur cette année entre 1870 et 1871 où la France a connu deux évènements majeurs : la guerre contre la Prusse et la Commune de Paris. Et c'est une excellente idée d'avoir choisi de les montrer uniquement par l’intermédiaire d’œuvres d'art, dessins, gravures et peintures, souvent peu vues et par des artistes peu connus, réalisées pendant comme bien après.
Comment et quoi représenter de la guerre ? Des grands combats plein de mouvement et de furie, des escarmouches, les campements, les soldats, les destructions, les effets sur la population... les thèmes possibles sont nombreux, montrant la situation dans son horreur comme sa banalité ou son héroïsme. Il est fascinant de découvrir tant de diversité dans les choix artistiques (il est vrai que les peintures guerrières du XIX° sont finalement peu montrées dans les musées).
Parmi les œuvres marquantes, on notera le Combat à Epinay de Raoul Arus, la saisissante Ambulance à Pierrefitte au milieu d'une terre désolée de Gustave Vient, L'incendie des Tuileries de Georges Clairin, La barricade de Devambez (choisi pour l'affiche) ou les deux versions de L'éxécution de Varlin de Luce, déjà vues mais toujours aussi poignantes. Mais chacune des œuvres présentées est intéressante par les partis-pris de l'artiste qui ne pouvait rester neutre face à ces événements. Une exposition vraiment réussie.
L'année terrible, 1870-1871, regards croisés, Issy-les-Moulineaux, musée français de la carte à jouer, jusqu'au 14 août 2021.
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07/07/2021
Double programme à Meaux
L'exposition pour commémorer le centenaire de la destruction des moulins de Meaux aura donc été présentée avec un an de retard en raison de la pandémie mais c'est une très bonne chose qu'elle ait finalement pu avoir lieu. Car au milieu de toutes sortes de documents (photos, journaux, maquettes...) évoquant ces vieux moulins médiévaux sur pilotis et leur destruction, sont présentés dessins et peintures d'artistes, souvent locaux, pas forcément très connus, mais inspirés par ce lieu pittoresque. A côté de Jean Julien Massé qu'on avait déjà découvert au musée Bossuet, on admire des œuvres de Lucien Gilbert Darpy, Alfred Renaudin, Léon Le Royer (bel ensemble de vue depuis sous les pilotis), George Gassies, Charles Joseph Roussel (intéressante interprétation de l'incendie), et les post-impressionnistes Fernand Pinal et Albert Lepreux. Il est toujours très intéressant de comparer ce que des artistes aux sensibilités différentes ont retenu et réinterprété d'un même lieu. Une exposition très réussie.
Le musée de la grande guerre présente lui une bonne partie du fond restauré de peintures, dessins et gravures, légué par la famille de Georges Bruyer (1883 - 1962 ). Graveur et illustrateur reconnu de son vivant, il fut élève aux BA de Paris de Gérôme et Ferrier. Mobilisé, il prend part au conflit et s'il est blessé en 1915 puis réformé, il reviendra sur le front comme peintre de guerre. Autour de la série des 24 estampes de la guerre présentée dans le cadre de sa mission aux armées et qui a fait sa réputation, sont présentées des dessins, gouaches, aquarelles et quelques peintures. Plutôt que de représenter la guerre en elle-même, Bruyer représente le quotidien des soldats, sans héroïsme ni misérabilisme et les paysages du front. Son trait d'illustrateur s'approche parfois de la BD et croque la vie avec beaucoup de sensibilité alors que ses coloris pour représenter le crépuscule ou la nuit, son presque fantastique. Une très belle découverte ! On regrettera juste que le catalogue, au demeurant peu onéreux, n'en dise pas plus que les panneaux de l'exposition et ne présente pas un peu plus l'artiste avant et après la guerre. Mais l'exposition mérite le détour !
Feu les moulins de Meaux, Meaux, musée Bossuet, jusqu'au 30 septembre 2021.
Graver la guerre - Georges Bruyer, Meaux, musée de la grande guerre, jusqu'au 03 janvier 2022.
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25/06/2021
La Princesse Palatine
Épouse de Monsieur le frère du roi Louis XIV, Elisabeth-Charlotte de Bavière dite la Palatine est un personnage de l'histoire de France relativement méconnu et souvent caricaturé. Princesse protestante allemande, elle est obligée de se convertir pour épouser un Philippe d'Orléans plus porté sur les hommes et qui, si elle connait d'abord un certain succès à la cour, va vite se retrouver en porte-à-faux avec une société qui lui est assez étrangère et qui ne l'apprécie guère...
A travers peintures, dessins, gravures, objets d'arts, lettres... , le musée de Saint Cloud, dont le château qui appartenait à Monsieur était son lieu de résidence favori, s'applique à nous faire découvrir la Palatine, sa famille, son arrivée en France, son intérêt pour les arts, son abondante correspondance, les aléas de sa vie (Monsieur étant mort quand elle était encore assez jeune, il lui a fallu se battre pour ses droits et elle a du avaler quelques couleuvres)... de façon très didactique et très réussie. Et le catalogue, vraiment peu onéreux, est un excellent complément à l'exposition.
Bref, ça ferme à la fin de la semaine, et ça mérite vraiment d'y passer (comme toutes les expos du musée des Avelines) ce week-end...
La princesse Palatine (1652-1722), la plume et le Soleil, musée des Avelines, Saint Cloud, jusqu'au 27 juin 2021.
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19/06/2021
L'Iliade à Melun
Petite exposition-dossier au titre un peu ronflant qui présente des œuvres sur tout support (même la BD) autour de la guerre de Troie, la présentation du musée de Melun vaut surtout par la présentation d’un certain nombre de dessins du sculpteur Henri Chapu, grande gloire officielle du XIX°.
Outre deux dessins d’après des sculptures antiques et des dessins préparatoires pour des concours de l'école des BA, on remarque surtout une série de scènes de l’Iliade pour des projets de bas-relief (dont on ne nous dit pas s’ils ont été réalisé). Particulièrement virtuoses dans leur capacité à rendre l’impression de relief, ils font preuve de beaucoup de fougue dans la composition que ce soit dans des scènes de bataille ou dans des scènes plus calmes. Certes pas une grande exposition mais une bonne dizaine de dessins valent vraiment le détour.
Les maîtres de l’Olympe, Homère, l’Iliade, Ulysse et Troie, musée d’art et d’histoire de la ville de Melun, jusqu’au 27 juin 2021
13:43 Publié dans exposition en région parisienne | Lien permanent | Commentaires (0)
14/06/2021
A Versailles
C'est désormais trop tard pour les retardataires (elle ne sera restée ouverte que peu de temps mais déjà elle a pu ouvrir un mois malgré la très longue fermeture des musées pour raison sanitaire) mais il fallait aller voir la grande rétrospective Rigaud à Versailles (en plus avec la jauge de visiteurs, quelles conditions idéales !), sans doute l'exposition la plus importante après la réouverture des lieux culturels.
Autoportraits, portraits de sa famille, débuts, maîtres et élèves, techniques de l'atelier, portraits d'artistes, d'ecclésiastiques, d'intellectuels, du roi (Louis XIV puis Louis XV), les sections se succèdent et c'est un ravissement constant. Au milieu de ce genre très codifié, Rigaud arrive toujours à donner un petit quelque chose en plus à ses portraits, bien plus variés qu'on ne pourrait le penser. Et il est définitivement le maître des drapés luxueux. Une expo tellement copieuse que même en allant la voir deux fois, on a l'impression de ne pas en avoir fait le tour.
Mais il y a toujours une bonne raison d'aller à Versailles car le château présente le résultat de 20 années d'acquisition dans le domaine du dessin. Représentations de la famille royale (très belle série de pastels de Wallerant Vaillant), esquisses pour les décors (superbe étude de tête pour l'amour de la vertu de Lemoyne qui sert d'affiche, Dibutade et Pygmalion de Regnault, Bataille d'Isly d'Horace Vernet...), représentations et projets pour le château de Versailles (depuis des études pour des gravures de Israël Silvestre ou Jacques Rigaud jusqu'au pastel Feux de Bengale de Levy-Dhurmer), on ne peut que se réjouir de voir toutes ces œuvres réjouir les collections nationales... et de pouvoir pour une fois les admirer.
Hyacinthe Rigaud ou le portrait soleil, château de Versailles, jusqu'au 13 juillet 2021
Dessins pour Versailles, 20 ans d'acquisitions, château de Versailles, jusqu'au 03 octobre 2021
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29/05/2021
Juana Romani à Courbevoie
Si ce ne fut pas la première exposition vue à la réouverture de musées, c'était sans doute celle que j'attendais le plus. Ayant découvert Juana Romani (quelques œuvres mais aussi sa vie étonnante) avec Consuelo et Georges Achille Fould à l'exposition Femmes et artistes de XIX° organisé par le musée Roybet il y a déjà 7 ans, j'avais hâte que le musée puisse présenter cette grande manifestation consacrée à l'artiste italienne qu'il préparait depuis un moment. Et c'est une grande réussite.
Soyons clair, il ne s'agit pas tant d'une rétrospective (ayant peint finalement très peu d'années, ses œuvres sont rares et on ne pourra voir qu'une grosse dizaine de ses peintures), qu'une évocation de son destin fascinant (elle émigre enfant à Paris avec sa mère et son futur beau-père, devient très jeune une modèle recherchée (c'est la Diane de Falguière par exemple), apprend à peindre et devient une artiste de talent mais souffre d'hallucinations paranoïaques qui provoqueront son internement dès 1906) et du milieu artistique (peintres, sculpteurs, poètes...) dans lequel elle baigne comme modèle, élève, muse...
On la voit ainsi dans des œuvres de Jean Jacques Henner, Fernand Roybet, Victor Prouvé, Jean André Rixens..., du simple portrait dessiné au nu somptueux en passant par des compositions mythologiques ou allégoriques, et c'est toute une époque fin XIX° / début XX° qui s'affiche devant nous, bien différente de cette modernité tant chérie aujourd'hui mais tout aussi intéressante. Quand aux portraits de Juana Romani, du touchant visage de son beau-père à ces jeunes femmes énigmatiques, dans un style quelque part entre Henner et Roybet, ils ont une grande profondeur d'expressiont. Une exposition qui, loin des grandes machines parisiennes, révèle et instruit. A découvrir absolument !
Juana Romani (1867-1923), modèle et peintre. Un rêve d’absolu. Musée Roybet-Fould à Courbevoie, jusqu'au 19 septembre 2021
18:13 Publié dans exposition en région parisienne | Lien permanent | Commentaires (0)