14/06/2021
A Versailles
C'est désormais trop tard pour les retardataires (elle ne sera restée ouverte que peu de temps mais déjà elle a pu ouvrir un mois malgré la très longue fermeture des musées pour raison sanitaire) mais il fallait aller voir la grande rétrospective Rigaud à Versailles (en plus avec la jauge de visiteurs, quelles conditions idéales !), sans doute l'exposition la plus importante après la réouverture des lieux culturels.
Autoportraits, portraits de sa famille, débuts, maîtres et élèves, techniques de l'atelier, portraits d'artistes, d'ecclésiastiques, d'intellectuels, du roi (Louis XIV puis Louis XV), les sections se succèdent et c'est un ravissement constant. Au milieu de ce genre très codifié, Rigaud arrive toujours à donner un petit quelque chose en plus à ses portraits, bien plus variés qu'on ne pourrait le penser. Et il est définitivement le maître des drapés luxueux. Une expo tellement copieuse que même en allant la voir deux fois, on a l'impression de ne pas en avoir fait le tour.
Mais il y a toujours une bonne raison d'aller à Versailles car le château présente le résultat de 20 années d'acquisition dans le domaine du dessin. Représentations de la famille royale (très belle série de pastels de Wallerant Vaillant), esquisses pour les décors (superbe étude de tête pour l'amour de la vertu de Lemoyne qui sert d'affiche, Dibutade et Pygmalion de Regnault, Bataille d'Isly d'Horace Vernet...), représentations et projets pour le château de Versailles (depuis des études pour des gravures de Israël Silvestre ou Jacques Rigaud jusqu'au pastel Feux de Bengale de Levy-Dhurmer), on ne peut que se réjouir de voir toutes ces œuvres réjouir les collections nationales... et de pouvoir pour une fois les admirer.
Hyacinthe Rigaud ou le portrait soleil, château de Versailles, jusqu'au 13 juillet 2021
Dessins pour Versailles, 20 ans d'acquisitions, château de Versailles, jusqu'au 03 octobre 2021
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29/05/2021
Juana Romani à Courbevoie
Si ce ne fut pas la première exposition vue à la réouverture de musées, c'était sans doute celle que j'attendais le plus. Ayant découvert Juana Romani (quelques œuvres mais aussi sa vie étonnante) avec Consuelo et Georges Achille Fould à l'exposition Femmes et artistes de XIX° organisé par le musée Roybet il y a déjà 7 ans, j'avais hâte que le musée puisse présenter cette grande manifestation consacrée à l'artiste italienne qu'il préparait depuis un moment. Et c'est une grande réussite.
Soyons clair, il ne s'agit pas tant d'une rétrospective (ayant peint finalement très peu d'années, ses œuvres sont rares et on ne pourra voir qu'une grosse dizaine de ses peintures), qu'une évocation de son destin fascinant (elle émigre enfant à Paris avec sa mère et son futur beau-père, devient très jeune une modèle recherchée (c'est la Diane de Falguière par exemple), apprend à peindre et devient une artiste de talent mais souffre d'hallucinations paranoïaques qui provoqueront son internement dès 1906) et du milieu artistique (peintres, sculpteurs, poètes...) dans lequel elle baigne comme modèle, élève, muse...
On la voit ainsi dans des œuvres de Jean Jacques Henner, Fernand Roybet, Victor Prouvé, Jean André Rixens..., du simple portrait dessiné au nu somptueux en passant par des compositions mythologiques ou allégoriques, et c'est toute une époque fin XIX° / début XX° qui s'affiche devant nous, bien différente de cette modernité tant chérie aujourd'hui mais tout aussi intéressante. Quand aux portraits de Juana Romani, du touchant visage de son beau-père à ces jeunes femmes énigmatiques, dans un style quelque part entre Henner et Roybet, ils ont une grande profondeur d'expressiont. Une exposition qui, loin des grandes machines parisiennes, révèle et instruit. A découvrir absolument !
Juana Romani (1867-1923), modèle et peintre. Un rêve d’absolu. Musée Roybet-Fould à Courbevoie, jusqu'au 19 septembre 2021
18:13 Publié dans exposition en région parisienne | Lien permanent | Commentaires (0)
01/10/2020
Versailles au XX
Très intéressante expo (comme toujours) au musée Lambinet à Versailles, consacrée aux artistes de la ville ou ayant représenté la ville dans la première moitié du XX° siècle. Les premières salles présentent ainsi des artistes ayant des liens avec Versailles avec des œuvres pas forcément en rapport avec la ville alors que les suivantes se concentrent davantage sur les vues de la ville.
Si les peintures, aquarelles, dessins, affiches... donneront envie aussi bien aux versaillais qu'aux touristes d'aller explorer la ville pour voir si et comment les différents lieux ont évolués, elles permettent aussi de découvrir des artistes à la formation encore classique et souvent oubliés. Ainsi découvre-t-on à côté des plus connus Henri Le Sidaner, Georges Lacombe ou André Suréda des noms que l'on ignorait totalement comme Pierre Huvelliez (1891 - 1959 ) et ses aquarelles colorées et délicates ; René Aubert (1894 - 1977) surtout connu comme dessinateur de presse mais superbe dessinateur aussi bien pour croquer un vieil homme sur un banc qu'un paysage urbain au lavis ou René Roussel ( 1885 - 1962 ) auteur de magnifiques vues au sépia ou à l'aquarelle (Abreuvoir de l'avenue de Sceaux), tous les trois représentés par de beaux ensemble.
Des découvertes et l'envie d'aller se balader après, que demander de plus ?
Versailles au XXe siècle, muse des artistes, musée Lambinet, Versailles, jusqu'au 29 novembre 2020
16:24 Publié dans exposition en région parisienne | Lien permanent | Commentaires (0)
15/12/2019
Automne-Hiver 2019 I - Auvers sur Oise
Le musée Daubigny à Auvers-sur-Oise est définitivement très actif puisqu'il présente déjà une nouvelle exposition, consacrée cette fois aux peintres qui, à la suite de Jules Dupré à l'Isle-Adam, Camille Pissaro à Pontoise ou Charles-François Daubigny à Auvers, sont venus poser leurs chevalets dans la vallée de l'Oise. Organisée avec le musée Camille Pissarro de Pontoise, le Musée d’art et d’histoire Louis Senlecq de L’Isle-Adam, le musée William Thornley d’Osny, la Commune d’Ecouen et l’Association des peintres d’Ecouen, elle présente une cinquantaine d’œuvres d'artistes souvent peu voire pas connus.
C'est un grand plaisir par exemple de voir réunies cinq toiles de Fernand Quignon, artiste magnifique que je connaissais essentiellement grâce au très beau catalogue raisonné qui lui a été consacré. Ses représentations de la campagne, vibrantes de lumières, sont absolument superbes. Bel ensemble aussi de Léonide Bourges, artiste sensible dont on aimerait découvrir beaucoup plus d’œuvres. On aurait aimé en revanche voir un peu plus de Ludovic Piette, ce grand ami de Pissaro très bien représenté au musée de Pontoise et seulement présent avec une toile et une gouache.
A côté d’œuvres d'artistes connus comme Luce, Vollon, Maufra, Vignon (très beau Printemps à Auvers-sur-Oise rappelant Pissaro) ou Loiseau, on découvre des noms largement oubliés comme Léon de Bastard, Henri Laurent-Desrousseaux (le ru du Valmondois), Léon Giran-Max (la coupe du bois à Neuville-sur-Oise), Jules Paulin Lorillon (très beau Champ de blé à Auvers), Alexandre René Véron (Bords de l'Oise à Auvers), Maxime Vallée (Ferme à Auvers)... qui nous rappellent une fois encore à quel point les peintres paysagistes étaient nombreux, talentueux et variés, aussi bien par leurs sujets que par leurs techniques, à la fin du XIX°... Une exposition à voir !
Lumières et couleurs de la Vallée de l’Oise, Auvers-sur-Oise, musée Daubigny, du 12 octobre 2019 au 15 mars 2020.
13:19 Publié dans exposition en région parisienne | Lien permanent | Commentaires (0)
28/09/2019
Un été parisien 2019 VII - Meaux
Composée d’œuvres venant de diverses institutions meldoises ainsi que d'une petite dizaine de peintures venues d'une collection privée, l'exposition Des Animaux et des Hommes est plus une grande exposition dossier qu'autre chose. Elle n'en est pas moins très intéressante par sa manière de nous montrer les différentes façon de représenter l'animal, du simple attribut d'un saint (le très beau St Jean l'évangéliste de Girolama Marchesi da Cotignano) ou compagnon des humain sur un paysage ou un portrait, au sujet principal du tableau, mort ou vif...
Mais l'intérêt principal d'une telle exposition est de découvrir des œuvres habituellement cantonnées en réserves et on est franchement étonné que le Chaton cajolé de Rochegrosse qui a été (à juste titre) choisi pour l'affiche ne soit pas présenté d'habitude (en tout cas pas à chaque fois que je suis allé au musée Bossuet). C'est donc l'occasion de voir des paysages de petits maîtres comme Charles Kuwasseg, Aymar Pezant, Camille Dufour, François Vuagnat, Armand Guéry... qui rappellent à quel point le XIX° a été riche et varié. Et cerise sur le gâteau avec les œuvres plus anciennes venues d'une collection privée où l'on retrouve Poussin, Fyt, Stoskopff, P van Bloemen, Potter...
Des animaux et des hommes, musée Bossuet, Meaux, jusqu'au 29 septembre 2019
11:44 Publié dans exposition en région parisienne | Lien permanent | Commentaires (0)
22/09/2019
Un été parisien 2019 V - Courbevoie
Si vous avez envie d'une petite sortie pas trop copieuse pour les journées du patrimoine, un petit saut au musée Roybet-Fould s'impose ! Vous pourrez profiter des œuvres de Ferdinand Roybet, George Achille-Fould et Consuelo Fould dans un accrochage qui profite de l'ouverture d'une nouvelle salle au première étage ainsi que de la petite exposition-dossier consacrée à l'enfance dans les collections du musée.
S'il y a peu d’œuvres présentées dans deux petites salles, c'est l'occasion de découvrir des dessins et peintures habituellement dans les réserves comme le somptueux Portrait de Melle Bramme (qui sert d'affiche) de Roybet également représenté (entre autres) par La fillette à la poupée et Jeune page en grisaille. On notera aussi La poupée cassée de Louis Antoine Capdevielle et la Jeune fille à la poupée de Gustave Poetzsch. Plein de bonnes raisons de se rendre dans ce musée petit mais très actif...
L'enfance dans l'art, opus II, Courbevoie, musée Roybet-Fould, jusqu'au 22 septembre
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15/08/2019
Un été parisien 2019 III - Auvers sur Oise
Ne venez pas à Auvers pour voir une rétrospective Corot contrairement à ce que le titre pourrait vous laisser penser. Il n'y a que 12 toiles du grand maître dont 10 proviennent du musée de Reims toujours en travaux et les deux autres de collections privées (dont une n'est qu'attribuée à). En revanche venez voir un très beau panorama de la peinture de paysage de cette époque avec les maîtres, les contemporains, les élèves et les imitateurs de Corot.
N'espérez par ailleurs pas trop d'explications. Après une salle d'introduction exposant le Portrait de Corot par Dutilleux et deux œuvres de ses maîtres Bertin et Michallon (représenté par le superbe Moulin de la cave venant lui aussi de Reims), la grande salle suivante nous parle de Corot en Italie mais présente entre autres un paysage de Fontainebleau. Et si la suivante nous parle de Corot voyageur, difficile de trouver la moindre cohérence dans les œuvres présentées. Les trois dernières salles sont dénuées de panneau explicatif mais semblent avoir pour thème Corot et la gravure, l'école d'Arras et les imitateurs du maître.
je peux paraitre critique mais j'ai beaucoup aimé l'exposition, je regrette juste que si on en prend plein les yeux, on n'y apprend pas grand chose... Outre les Corot de Reims, tous très beaux (mention spéciale au sublime Mantes (le matin)), une petite liste des œuvres que j'ai préféré presque toutes provenant de collections privées :
- Bord de mer en Italie et Villa et moulin au bord de Méditerrannée de François Louis Français, très différents de ses habituels sous-bois,
- Le repos du jeune garçon et Neige à Barbizon d'Eugène Lavieille,
- La récolte, les champs de pomme de terre, d'Antoine Chintreuil
- Vue de Rome et Les chênes de Brascassat qui rappellent que le grand peintre animalier a été formé comme paysagiste,
- Le passage du bac de Louis Aimé Japy,
- Crépuscule de Louis Alexandre Bouché qui adapte la technique du maître à une lumière nocturne,
- Paysage à la mare avec bergère et moutons de la peu connue Marie Brodbeck qui fut élève du maître.
Camille Corot (1796-1875), Auvers sur Oise, musée Daubigny jusqu'au 22 septembre 2019
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