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02/06/2011

Vite, ça ferme !

Deux expositions n'ayant pas eu énormément de publicité ferment ce week-end, alors petite séance de rattrapage.

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Pas le lieu d'exposition le plus connu de Paris (pourtant il y a régulièrement de bonnes choses), la Mona Bismarck Foundation présente des oeuvres venues de l'Institut Gustave Courbet à Ornans, en raison de la fermeture du musée pour travaux. Alors certes on n'est pas en face d'oeuvres majeures du grand maître réaliste et on aurait aimé en savoir plus sur l'intervention des "collaborateurs" sur un certain nombre de toiles, mais c'est toujours un plaisir de profiter de sa technique très particulière et de son sens aigu de la nature sauvage. Parmi les peintures marquantes, on notera 'Le saut de la Brême', 'Le passage du gué', 'Le peintre et son modèle dans un paysage rocheux' ou 'Une papeterie à Ornans'. Le seul défaut de cette petite expo gratuite reste finalement son catalogue, certes peu onéreux mais dont certaines reproductions sont un peu décevantes et qui manque sérieusement de matière.

 

Gustave Courbet, l'amour de la nature, Mona Bismarck Foundation jusqu'au 4 juin 2011 (attention, c'est fermé le 2 et le 3 juin...).

 

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Après Pelez et De Nittis, le Petit Palais remet en lumière un autre artiste ayant beaucoup illustré la capitale à la fin du XIX° et au XX°, Jean-Louis Forain, en présentant un nombre important de gravures, d'aquarelles, de dessins et plus inhabituel (Forain est surtout connu de nos jours comme caricaturiste), de peintures. Si l'on n'est pas forcément convaincu par toutes les oeuvres présentées plus ou moins chronologiquement et par thèmes, il est très agréable de se balader dans les salles en se laissant guider par sa curiosité. Un excellent article est disponible sur la Tribune des Arts.

 

Jean-Louis Forain (1852-1931), « La Comédie parisienne », Petit Palais jusqu'au 5 juin 2011.

24/05/2011

Pinacothèque de Paris : 3ème partie - les Esterhazy

Sur le même principe que l'exposition les Romanov, soit la présentation d'oeuvres réunies par une grande famille et ayant servi par la suite de point de départ aux collections d'un grand musée, celle sur les Esterhazy ne tente même pas de justifier son absence de problématique par les panneaux sur les goûts des différents princes collectionneurs mais se contente d'aligner les peintures par école, quasiment sans la moindre explication. Tout pour le plaisir des yeux, donc, et si les "grands noms" vont souvent se révéler un peu décevants, on pourra quand même profiter (plus que pour quelques jours) de bien jolies choses.

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Côté italien, si La Madone Esterhazy de Raphael est aussi charmante que célèbre, on sera un peu déçu par le David et Abigail de Guido Reni et son atelier, le Christ en croix de Véronèse ou les Pèlerins d'Emmaüs du Tintoret (que le catalogue nous survend un peu), excellentes surprises avec un sauvage Tarquin et Lucrèce de Felice Ficherelli ou un pensif David avec la tête de Goliath attribué à Michele Desueblo. Et que l'annonciation de Bernardo Strozzi est belle ! De même côté français, si le Lorrain, le La Hyre ou le Champaigne sont tout à fait honorable, c'est plus sur l'ahurissant Intérieur d'une église imaginaire de François de Nomé ou sur les Fiancailles de Joseph avec la vierge Marie de Nicolas Noir que l'on s'arrête.

 

Beaucoup moins chez les nordiques de noms prestigieux que chez les Romanov (à part un Hals oubliable ou une truculent Famille des chats de Jan Steen) mais beaucoup de bonnes surprises chez les petits maîtres comme des Joueurs d'échec de Cornelis de Man, Agar dans le désert de Herman van der Mijn ou les Enfants et boeufs au repos de Roos. Et difficile de ne pas s'attarder devant la sublime Sainte Famille en grisaille de Mengs. Mais s'il fallait trouver une bonne raison de s'y rendre, ce serait, comme les Romanov, pour la présence d'un ensemble (certes ici un peu petit) de toiles espagnoles de tout premier plan, dont un Ecce Homo de Mateo Cerezo tout à fait saisissant.

 

La naissance du musée. Les Esterhazy, princes collectionneurs, à la Pinacothèque de Paris, jusqu'au 29 mai 2011.

21/05/2011

A voir ce week-end !

Jusqu'à ce dimanche, il est encore temps pour les parisiens de se précipiter à l'Institut Néerlandais pour deux expositions tout à fait passionnantes.

 

Accompagné de quelques dessins de Jan van Scorel ou de son atelier, en particulier la Lapidation de St Etienne préparatoire au tableau, le polyptyque de Marchiennes est présenté en raison de sa restauration récente. Démembré à la révolution, ses différents volets s'étaient retrouvés dans des petites églises du Nord dans des fonctions diverses (planches pour armoires de sacristie !) avant d'être retrouvé (sauf celui avec le portrait du commanditaire) dans la deuxième moitié du XX° par le conservateur du musée de Douai où il retournera bientôt. S'il est fastueux et imposant, il souffre de représenter des scènes pas franchement fascinantes de la vie de St Jacques le Majeur et de St Etienne ainsi que de compositions un peu trop chargées en personnages semblant parfois un peu maladroits (à cause des traitements subis pendant deux siècles ?). Reste un superbe exemple du maniérisme hollandais sans équivalent en France dont on ressortira particulièrement deux panneaux : un très bel Ange porteur du blason de Jacques Coëne et la sublime Lapidation de St Etienne.

 

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Le musée de Hambourg lui prête une centaine de ses plus belles planches de dessins hollandais de la période 1500-1700 et on en prend plein les yeux. Rien que dans la salle consacrée au XVI° siècle qui commence par un charmant Visage de femme de Gerard David, se succèdent les coups de cœur, de L'été de Pieter Brueghel l'ancien à L'Envie de Jacques de Gheyn le jeune. De grands dessins très finis préparatoires à des gravures, tapisseries ou vitraux (Heemskerck, Hans Bol, Coeck van Aelst, Beuckelaer) ou œuvre indépendante (superbe Diane et Actéon sur parchemin de Jan Wierix qui tient de la miniature) jusqu'à des dessins beaucoup plus libres comme un Escarpement Rocheux de Roelandt Savery ou un Bouquet d'arbres de Goltzius, on ne sait plus ou donner de l'œil. Et le ravissement se poursuit dans les autres salles où les œuvres rassemblées par thèmes (Rembrandt et ses élèves, Paysages du Nord, Scènes de genre, Artistes Flamands, Marines...), multiplient les techniques et les effets. Une sélection exceptionnelle dont on regrette juste qu'elle ait donné lieu seulement à un catalogue raisonné en trois volumes de tous les dessins hollandais de la Kunsthalle et pas à un ouvrage sur les seules œuvres présentées.

 

La Renaissance de Scorel et Maîtres des Pays-Bas 1500-1700, Institut Néérlandais, jusqu'au dimanche 22 mai.

17/05/2011

Au Louvre ce printemps 2011 : 2ème partie

Brillant complément à l'exposition du Grand Palais (on en reparle bientôt), Claude Le Lorrain, le dessinateur face à la nature offre un parcours chronologique de son activité de dessinateur comparée à quelques œuvres peintes.

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La première salle permet de comparer des dessins de jeunesse, souvent pris sur le vif, avec ceux de ses maîtres (Wals, Tassi) ou de ses contemporains (Breenbergh, Swanevelt) et d'admirer ce bouillonnement créatif dans l'art du paysage qu'était Rome au début du XVII° siècle. On pourra s'émerveiller devant ce prodigieux dessinateur capable aussi bien de sublimer en quelques trais (quel maîtrise technique, en particulier dans l'utilisation des lavis) un banal paysage boisé, un arbre, des rochers ou un bateau pris sur le motif que de recomposer en atelier des paysages dessinés aussi complexes et précis que des peintures. La questio reste d'ailleurs posée de savoir dans quelle mesure les dessins pris sur le vif servaient ensuite pour la réalistaion d'autres oeuvres.

 

Si les dessins proviennent des collections du Louvre et du musée Teyler à Haarlem, la grosses dizaine d'œuvres peintes vient d'horizons divers et s'ajoute harmonieusement à celles présentes au Grand Palais, donnant une image assez complète de la variété de ses thèmes. On notera en particulier Le Parnasse au format immense pour un paysage de cet époque, Paysage côtier avec Persée et l’origine du corail et son incroyable lumière ou L'enclos à mouton qui pourrait être l'unique témoignage d'une œuvre peinte sur le motif. Une expo indispensable pour qui aime le dessin ou Le Lorrain.

 

Claude Le Lorrain, le dessinateur face à la nature, musée du Louvre, jusqu'au 18 juillet 2011.

11/05/2011

Au Louvre ce printemps 2011 : 1ère partie

Rembrandt a-t-il peint Jésus "d'après nature" ? Comment s'est-il confronté aux représentations traditionnelles de la face du christ ou de certaines scènes de sa vie, en particulier celles parmi les plus symptomatiques de sa divinité ? La problématique est passionnante et les diverses solutions proposées par le maître (dans l'ombre / dans la lumière ; de dos / de face ; visage stylisé / naturaliste) sont fascinantes d'autant que l'exposition commence et finit (enfin presque) par deux représentations totalement opposées des Pelerins d'Emmaüs.

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 Parmi de nombreuses œuvres superbes, c'est un plaisir de pouvoir admirer côté à côte et comparer trois Christ en croix contemporains par Rembrandt, Lievens et Backer, à la fois terriblement proches et très différents ; de pouvoir voir à proximité des visages de jeunes juifs et de nombreuses têtes du Christ ; de pouvoir profiter dans une même salle d'œuvres des plus grands maîtres (Dürer, Van der Weyden, Lucas de Leyde...) sur la représentation du christ.

 

L'exposition souffre malheureusement d'une fréquentation trop importante pour les salles du Hall Napoléon et pour la petite taille de nombreuses œuvres, les gravures en particulier, ce qui rend quasi-impossible le retour vers les salles précédentes. De plus son thème très "cérébral" semble inspirer et inciter certains visiteurs à disserter à voix haute et à faire profiter aux autres visiteurs, qui n'en demandaient pas tant, des "draperies baroques de Dürer" ou de la propension de tel artiste "à dramatiser". Reste que l'expo est superbe et que vous en apprendrez plus par là.

 

Rembrandt et la figure du Christ, musée du Louvre, jusqu'au 18 juillet 2011.

04/05/2011

Pinacothèque de Paris : 2ème partie - les Romanov

L'exemple même de l'exposition un peu (beaucoup) frustrante : d'un côté il est bien évident que l'Ermitage ne peut se départir de trop d'oeuvres majeures (même moyennant finances...), d'un autre côté les différences de qualité entre les peintures présentées ne rendent pas forcément justice aux "Tsars collectionneurs", d'autant que les rares panneaux aideront au final assez peu les visiteurs à se faire une idée réelle de comment la collection va se développer.

 

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Prenons en exemple la première salle, consacrée à Pierre le Grand. A côté d'un immense chef d'oeuvre de Rembrandt  (sublime David et Jonathan), on trouve un médiocre Garofalo autrefois attribué à Raphaël, un très banal Joos de Momper et quelques peintures hollandaises dont un Jan Steen peu inspiré et deux Jacob de Heusch assez décoratifs. Difficile alors de se faire une réelle idée des talents de collectionneur de notre tsar...

 

Fort heureusement, si l'exposition ne nous permettra guère de nous faire une réelle idée des goûts et manies des différents protagonistes (il faudra investir sur le catalogue pour cela...), elle offre parmi la grosse centaine d'oeuvres présentées, son lot de merveilles, même si certains grands noms sont présents avec des choses bien décevantes comme Rubens. On garde ainsi un souvenir ému d'un Portrait d'acteur de Feti, d'un Paysage d'Italie de Berchem, de deux superbes Metsu ou d'un Christ Tout-Puissant du Titien. Et puis la salle des gouaches de Clérisseau et celle des peintures espagnoles réunies par Alexandre Ier méritent à elles-seules le déplacement. Bref, pour le plaisir des yeux plus que celui du cerveau...

 

L'Ermitage, la naissance du musée impérial. Les Romanov, tsars collectionneurs, à la Pinacothèque de Paris, jusqu'au 29 mai 2011.

04/04/2011

Cranach et son temps

Version allégée de l'expo du Bozar de Bruxelles, Cranach et son temps a choisi de nous présenter les œuvres par thèmes et le plus souvent possible en les comparant avec certains de ses contemporains qui l'ont influencé ou qu'il a pu influencer (Dürer, Metsys, Lucas de Leyde...). Le point de vue est intéressant : on y voit les liens artistiques entre Flandres, Italie et pays germaniques et comment se fait l'intégration progressive des codes de la Renaissance. Pouvoir par exemple admirer côte à côté des Lucrèce, deux de Cranach, une de Francia et une du Maître du Saint Sang ou des vierges de Cranach, Metsys ou Dürer est fort appréciable. Et les salles sur la réforme ou les « dangers » des femmes sont tout à fait passionnantes. Mais ce choix a un inconvénient : il rend plus difficile la perception des changements stylistiques dans l'art du maître et ne permet pas vraiment de prendre conscience de l'importance de l'atelier (certaines œuvres étant vraiment de qualité moindre).

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S'il fallait trouver un défaut, ce serait sans doute qu'au milieu de nombreuses oeuvres remarquables (La crucifixion, Le martyre de Ste Catherine, La bouche de vérité, Hercule chez Omphale, La mélancolie'...) , la salle des nues, a priori moment majeur de l'exposition, est un peu décevante : trop d'Adam et Eve un peu redondants et pas tous convaincants et peu de représentation des autres thèmes (pour les Trois Grâces, il faudra aller au Louvre...). Mais cela reste un reproche mineur (avec le fait qu'on aurait aimé en avoir un peu plus...) pour une exposition à la scénographie et à l'éclairage impeccables, et où il a été choisi de faire entrer le public au compte-goutte, ce qui permet de ne pas avoir d'attroupements (mais risque de donner des files d'attente considérables les jours d'affluence) et donc de pouvoir aussi bien profiter des œuvres avec un peu de recul ou de tout prêt, pour admirer la finesse des feuillages, des broderies, des boucles blondes comme les paysages aux architectures raffinées ou les détails amusants. Un vrai plaisir !

 

Cranach et son temps. Musée du Luxembourg, juqu'au 23 mai 2011