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12/03/2011

Le maestro della tela jeans

Auparavant publié sur jécoutedelamusiquedemerde (le 27 octobre 2010).

 

Étrangement, le billet de Thomas sur la série Maison Close m'emmène à parler de l'exposition Le Maître de la toile de jeans à la Galerie Canesso qui ferme dans quelques jours (en fait elle est prolongée jusqu'au 27 novembre, courrez-y !). Quel rapport, me direz-vous ? La représentation d'une certaine misère. Mais là où on peut s'interroger sur les motivations d'une chaîne qui a crée son empire sur la trinité Foot-Cul-Déconne en montrant un bordel du passé (notons que je n'essaierai jamais de regarder cette série), un maître anonyme de la fin du XVIIème siècle reste d'une étonnante actualité.

 

maestro2010.jpg

 

En voyant ce Petit mendiant avec une part de tourte d'il y a au moins 300 ans, difficile de ne pas penser à ces reportages sur les Roms dont les infos télé nous ont gavé ces dernières semaines. Et pas seulement en raison de cette veste en jean rapiécée qui paraît d'abord totalement anachronique. Peu importe de savoir si cette toile de coton de Gênes est à l'origine du jean ou pas, l'important est qu'elle est servie à rassembler un petit groupe de toiles anonymes (10 dont 8 sont présentes à l'expo) sous un patronyme générique excellemment trouvé (le Maître de la toile de jeans, donc) parmi ces peintres de la réalité où il y a encore tant de choses à découvrir.

 

Fans d'expositions copieuses, passez votre chemin car il n'y a « que » 14 œuvres à admirer (trois de peintres précédant notre anonyme et trois probablement postérieures). Mais cela laisse d'autant plus de temps pour admirer, comparer et méditer. Car il n'y a chez le Maître de la toile de jeans aucun désir d'anecdote, encore moins de leçon de morale et absolument pas de performance technique. La condition humaine des pauvres gens est représentée dans toute sa simplicité, sa banalité, sa brutalité. Il n'y a pas de beau ici, pas d'histoire non plus, et on peut s'interroger sur le public qu'il pouvait y avoir pour ce genre d'œuvres. A moins qu'un sens caché ne nous échappe aujourd'hui. Reste huit toiles, un peu hors du temps, qui nous touche plus qu'elle ne le devrait....

 

Et ce qu'il se dégage finalement, chez ces « petites gens », est un fort sentiment de lassitude, de résignation, de renoncement. Et de se demander si un artiste n'obtiendrait pas le même genre de chose en cherchant à représenter la France d'octobre 2010... Ce qui serait autrement plus intéressant, judicieux, osé et significatif que de s'intéresser à la condition des putes il y a 140 ans. Mais quel en serait le public ?

Les Orientales

Auparavant publié sur jécoutedelamusiquedemerde (le 17 avril 2010).

 

Pour marquer le redémarrage progressif de ce blog, une petite expo parisienne avec Les Orientales au musée Victor Hugo.

les orientales.jpg

Il est amusant de constater que, si la peinture orientaliste est très présente en librairie, elle est finalement peu représentée dans les musées (on serait curieux de voir les réserves du musée d'Orsay (entre autre) sur ce thème) et bénéficie rarement d'expositions. Une bonne raison de se rendre place des Vosges...

 

Organisée autour de grands thèmes tels les précurseurs (section d'ailleurs malheureusement pauvre en oeuvres), en Grèce ou les femmes, l'expo nous présente sculptures, dessins, gravures et peintures, souvent de petites dimensions, aussi bien d'artistes majeurs (Delacroix, Géricault, Chassériau) que quasi-inconnus mais pour une bonne partie rarement ou jamais vues (pas mal proviennent de collections privées ou des musées d'Athènes). Le tout organisé autour de textes du grand Totor (oui, il faut bien justifier la présence de l'expo en ce lieu).

 

Si l'ensemble n'est pas d'une grande cohérence, ni thématique ni qualitative, on prend plaisir à flâner dans les salles pour découvrir de charmants petits trésors en lisant les extraits proposés. Et parmi les différentes représentations, souvent assez comiques avec notre regard contemporrain, il faut bien le dire, de Mazeppa, celle de Géricault nous éblouit et laisse un souvenir impérissable. On n'en dira pas autant d'une exposition sympathique mais d'une portée trop limitée.