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01/01/2014

Vite ça ferme !

Douai n'est qu'à une heure et quelque de train de Paris (oui, pour ceux qui habitent Toulouse, Bordeaux ou Marseille, ça fait plus) et il serait dommage de ne pas s'y rendre pour profiter de l'expo Corot dans la lumière du Nord avant sa fermeture dans quelques jours (après, il faudra aller à Carcassonne, ce qui sera plus facile pour ceux qui habitent Toulouse, Bordeaux ou Marseille...).

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Que peut donc apporter une telle expo à la connaissance de Camille Corot, déjà beaucoup vu depuis la grande rétrospective du Grand Palais (il a été entre autres exposé à Madrid et Karlsruhe ces dernières années) ? D'abord éclairer un pan de son œuvre qui n'est pas forcément le plus connu. Ensuite remettre en valeur ces artistes de "l'école d'Arras" qui ne sont pas juste des suiveurs. Dutilleux et Desavary (entre autres) n'ont pas le génie du maître, mais ils ont néanmoins un fort beau talent. Et il est passionnant de voir travailler ces artistes côte à côte sur un même sujet.

 

Bref, de beaux tableaux, souvent peu ou pas vus, et un propos vraiment intéressant, une exposition à voir ! En plus les collections du musée de la Chartreuse mérite le détour (dommage qu'une partie ait été enlevée pour l'expo).

 

Corot dans la lumière du Nord , du 5 octobre 2013 au 6 janvier 2014, Musée de la Chartreuse, Douai, puis au musée des Beaux-Arts de Carcassonne, du 21 février au 21 mai 2014.

06/11/2013

Bonjour, Monsieur Vincent...

Amusez-vous à dire à vos collègues / amis, même ceux qui visitent plus ou moins régulièrement musées et expositions, que vous êtes allé à Tours voir la rétrospective consacrée à François-André Vincent, et il y a de fortes chances que l'on vous réponde "Qui ?". Mais il faut bien reconnaître que comme nombre d'artistes nés dans les années 1740 et 1750, et même jusque au début des 60's (Berthelemy, Lemonnier, Menageot, Peyron, Taillasson, Suvée, Trinquesse, Danloux, Garnier, Monsiau, Gauffier...), sa postérité à beaucoup souffert d'être située entre les "stars" du XVIII° (Boucher, Fragonard, Chardin...) et le néo-classicisme de David, son condisciple chez Vien, et de son école.

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L'exposition est une révélation. Elle montre un artiste capable sur une œuvre, d'égaler les meilleurs paysagistes inspirés de Vernet ou les meilleurs peintres animaliers. De faire, suivant le modèle, un portrait intimiste, psychologique, ou somptueux. De proposer, pour ses scènes d'histoire, aussi bien des solutions colorées et agitées que des représentations beaucoup plus froides et guindées. De dessiner aussi bien des esquisses virtuoses que des caricatures très enlevées. Et c'est peut-être bien là le tort de Vincent, artiste ultra-doué, mais trop protéiforme, ne choisissant jamais réellement entre ses influences italiennes, baroques et néo-classiques, allant même jusqu'à annoncer parfois le romantisme.

 

Parmi les œuvres présentées, j'ai été particulièrement touché par L'enlèvement d'Orythie, son flamboyant morceau de réception à l'Académie, qui cherche à créer un mouvement vers le ciel, et dont l'exposition présente aussi des dessins et esquisses préparatoires montrant bien les étapes de réflexion de l'artiste. La leçon d'agriculture présente un saisissant contraste entre le groupe de figures inspiré de l'antiquité et les animaux très naturalistes. La Mélancolie (malheureusement peu visible en raison de l'éclairage) est extrêmement touchante. Et entre le Portrait de la famille Boyer-Fonfrède, le Portrait de jeune femme assise, à mi-corps, un chien sur ses genoux et le Portrait du poète Antoine-Vincent Arnault, on est admiratif de la diversité des représentations.

 

Bref, une très belle exposition, pour laquelle on aura que deux petits reproches : certaines des œuvres ne sont visibles qu'à Tours ou qu'à Montpellier où elle se rend après ; il n'y a pas de catalogues alors la monographie Vincent, entre Fragonard et David de Jean-Pierre Cuzin publié chez Arthena est superbe mais quand même vraiment pas donné...

 

François-André VINCENT (1746-1816), musée des Beaux-Arts de Tours, du 19 octobre au 19 janvier 2014 ; musée Fabre, Montpellier, du 8 février au 11 mai 2014.

08/02/2013

Versailles / St Germain

Des expos dans la banlieue bourgeoise ? C'est possible (plus que dans la banlieue moins chic, en tout cas...), la preuve.

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Avec son superbe ensemble de statues antiques (ou d'après l'antique), de vases et dessins d'architecture, l'exposition du château de Versailles pourrait sembler ne pas avoir sa place ici. Mais outre des tapisseries d'après Le Brun, on y trouve bon nombre de peintures, et pas seulement les superbes quatre saisons de Marly, puisqu'on y admire quelques natures mortes (Meiffren Comte), portraits (Nattier) mais surtout scènes historiques et mythologiques (Rubens, Houasse, Verdier, Michel II Corneille, Louis II de Boullogne, Jouvenet, La Fosse...). Si on est particulièrement ébloui par les nombreuses oeuvres d'Antoine Coypel, les 40 ou 50 toiles présentées montrent un intéressant panorama de l'art français à la fin du XVII° et au début du XVIII°.

 

Versailles et l'Antique, château de Versailles, du 13 novembre 2012 au 17 mars 2013.

 

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Partagée entre le musée Maurice Denis à St Germain et le Musée Lambinet à Versailles, la grande rétrospective consacrée à Georges Lacombe ( 1868 - 1916 ) est passionnante même si l'oeuvre en elle-même est assez inégale. Dessinateur fécond, depuis ses études  jusqu'aux caricatures, et fin observateur, sculpteur, photographe... son oeuvre peinte, comme nombre de ses contemporains varie en fonction des évolutions de l'art "moderne". Classicisme, nabis, primitivisme, japonisme, post-impressionisme... l'artiste aura de nombreuses périodes, plus ou moins heureuses. L'exposition est dense et fascinante mais il est un peu dommage que la partie présentée à Versailles (et en grande partie consacrée à l'oeuvre dessinée) présente un intérêt moindre vue seule.

 

Les univers de Georges Lacombe, du 13 novembre 2012 au 17 février 2013, au musée départemental Maurice Denis à Saint-Germain-en-Laye et au musée Lambinet à Versailles.

13/08/2012

L'Inde à Villeneuve

Le musée de Gajac organise chaque année une grande expo et en 2012 on a le droit à un thème bien vaste, l'Inde, qui donne lieu a un rassemblement un peu hétéroclite : gravures montrant la vision de l'Inde des occidentaux, tissus à l'indienne, miniatures indiennes, vêtements... S'il y a de beaux objets, il est quasiment impossible de trouver un propos cohérent à l'ensemble.

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Par contre, on peut admirer de belles peintures d'artistes du XIX° et du début du XX° ayant fait le voyage là-bas : une toile et une belle étude d'Albert Besnard ainsi que de beaux ensembles de Georges Gasté (1869 - 1910 ) et Auguste Borget (1808 - 1877 ). Du premier, on notera des portraits de gens du peuple et des paysages à la touche libre et aux couleurs chatoyantes, alors que le deuxième est représenté par deux grandes vues panomariques d'une facture très classique et un Observatoire au bord de l'Oogly bien plus léger et décoratif.

 

L'exposition ne mérite peut-être pas le détour mais donne envie de découvrir un peu plus ces artistes ayant voyagé en Inde. On signalera que le musée de Gajac a encore changé la présentation de ses collections et on ne peut que regretter que le manque de place provoque un roulement dans la présentation des collections (on aimerait pouvoir revoir l' 'Apothéose de St Louis' de Frère Luc à côté du superbe 'Jésus dans le temple parmi les docteurs' d'Antoine Coypel)

 

Un été Indien : de Pondichéry à Bollywood, musée de Gajac, Villeneuve sur Lot, jusqu'au 31 décembre 2012

10/08/2012

Alger à Gaillac

On ne peut pas toujours apprécier les expos qu'on va voir et il fallait bien que parmi les nombreuses manifestations consacrées aux Orientalistes ces dernières années, il y en ait une qui me déçoive.

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Sous le titre Alger ou les peintres en quête d'un Orient, 1830-1950, le musée des Beaux-Arts de Gaillac présente une soixantaine d'œuvres provenant d'une seule collection privée représentant des paysages, des scènes de genre et des portraits. Le choix de ce titre est un peu trompeur car une majorité des oeuvres sont sur papier et du XX° siècle, n'ayant pour moi que très peu d'intérêt. Parmi les quelques tableaux, on note deux très beaux paysages de Curtius Grölig, un proche d'Horace Vernet, trois de Maxime Noiré et un de Joseph Sintès. C'est bien peu mais l'exposition plaira sans doute davantage aux amateurs d'œuvres plus contemporaines.

 

Mais la visite fut avant tout l'occasion de découvrir des artistes locaux : l'efficace portraitiste Henry Loubat, le paysagiste lumineux Raymond Tournon et surtout Firmin Salabert (1811-1895). Elève d'Ingres, il commença sa carrière par des portraits, en particulier des pastels pendant son séjour à Londres puis multiplia les paysages de la Savoie, découverte grâce à son ami et beau-père Prosper Dunant. Si on ne trouve que peu de portraits (il y a quand même un bel autoportrait et un solide portait de son maître) dans le fond d'atelier légué à la ville, il y a par contre un très bel ensemble de paysages, surtout d'Annecy et de sa région, qui montrent un artiste s'éloignant assez vite du paysage classique et présentant la nature de façon très sensible. Une très belle découverte.

 

Alger ou les peintres en quête d'un Orient, 1830-1950, musée des Beaux-Arts de Gaillac, jusqu'au 17 septembre.

07/08/2012

Paysages du Tarn

Si le musée du Pays Vaurais est fermé pour restructuration depuis plusieurs années, cela n'empêche pas la ville de Lavaur d'organiser chaque année une belle exposition temporaire (Debat-Ponsan en 2005, Coups de Vents en 2009...).

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En 2012, ce sont des représentations (environ une centaine) des plus beaux sites du Tarn par des artistes du XIX° et XX° siècle qui sont exposées et si l'on ne trouve pas d'artistes connus, la région semblant avoir moins attiré les peintres que d'autres, c'est l'occasion de découvrir des petits maîtres locaux. Parmi les oeuvres que j'ai préférées, A Cordes d'Albigeois de Arséne Pelegry, Vue de Castres d'Albert Abrespy, La vanneuse et Petites filles au reposoir à Blaye de Joseph-Bernard Artigue, Vue d'Albi de Léon Soulié, Vue de Mazamet d'Anthony Rives...  Bref une très jolie expo pour les amateurs de paysages, en particulier de la deuxième moitié du XIX° (les peintures plus récentes sont souvent moins convancantes).

 

Paysages du Tarn, Regards d'artistes - 1800-1950, Lavaur, jusqu'au 31 août 2012

04/08/2012

Le cas ravage (oui, c'est pourri comme titre)

Excellente initiative des musées de Montpellier et de Toulouse que d'organiser une exposition sur le développement du caravagisme en Europe. Dans le premier, on trouvera des œuvres du Caravage (neuf plus une copie), de peintres italiens, ses contemporains, ses suiveurs immédiats (Manfredi, Saraceni, Gentileschi), et des artistes postérieurs (Guido Reni, Guerchin, Lanfranco, Strozzi) intégrant certaines de ses innovations ainsi que des maîtres français (Vouet, Valentin, La Tour) et espagnols (Ribera, Zurbaran, Velasquez). Dans le second, on retrouve des artistes nordiques depuis l'intégration de cette nouvelle esthétique chez des maîtres maniéristes (Bloemaert, Wtewael) jusqu'au baroque anversois (Seghers, Rombouts) en passant par l'école d'Utrecht (Ter Brugghen, Honthorst, Baburen, Bijlert)

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J'ai aimé :

- que la coupure entre les deux parties de l'exposition soit assez naturelle (ou du moins pas trop dérangeante), les caravagesques nordiques étant vraiment différents de leurs camarades italiens ou français, même si cela provoque un net déficit de notoriété entre les artistes présents des deux côtés expliquant sans doute la différence de fréquentation,

- la salle consacrée au Caravage présentant des œuvres pas trop vues,

- la présence de nombreux tableaux anonymes et de très belle qualité, ce qui permet de se rendre compte de la difficulté des attributions pour cette période de l'histoire de l'art,

- les salles consacrées à Ter Brugghen, Honthorst et Stom, absolument superbes (des rétrospectives consacrées à ces artistes, ça serait merveilleux...),

- découvrir comment des artistes qui iront dans des directions différentes (classicisme, baroque) piochent dans certains des apports du maître pour créer leur propre esthétique (éclairage, plastique, modelé, dialogue entre les personnages...).

 

J'aurais aimé :

- que les deux expositions soient réunies afin de pouvoir comparer (entre autres) tous les différents reniements de St Pierre,

- qu'il y ait un peu moins de tableaux provenant des musées français (j'en avais déjà vu beaucoup et certains sont de qualité moindre) et plus de grands musées étrangers (mais j'imagine que les américains qui ont déjà envoyé certaines des plus belles œuvres présentes n'avaient pas non plus envie de trop se dépouiller),

- qu'il n'y ait pas d'œuvres n'ayant que trop peu de rapports avec le thème (Rembrandt, Bramer, Sweerts...) quand certains artistes ne sont pas (Cecco del Caravaggio, Abraham Janssens) ou trop peu (Baglione, Borgianni, Riminaldi, Serodine, Jan Janssens, Tournier (les grands tableaux du musée des Augustins auraient eu leur place à Montpellier)) représentés.

 

Reste une magnifique exposition en deux parties qui méritent largement le déplacement dans le sud...

 

Corps et ombres. Caravage et le caravagisme européen, musée Fabre de Montpellier et musée des Augustins à Toulouse, jusqu'au 14 octobre.