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10/08/2012

Alger à Gaillac

On ne peut pas toujours apprécier les expos qu'on va voir et il fallait bien que parmi les nombreuses manifestations consacrées aux Orientalistes ces dernières années, il y en ait une qui me déçoive.

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Sous le titre Alger ou les peintres en quête d'un Orient, 1830-1950, le musée des Beaux-Arts de Gaillac présente une soixantaine d'œuvres provenant d'une seule collection privée représentant des paysages, des scènes de genre et des portraits. Le choix de ce titre est un peu trompeur car une majorité des oeuvres sont sur papier et du XX° siècle, n'ayant pour moi que très peu d'intérêt. Parmi les quelques tableaux, on note deux très beaux paysages de Curtius Grölig, un proche d'Horace Vernet, trois de Maxime Noiré et un de Joseph Sintès. C'est bien peu mais l'exposition plaira sans doute davantage aux amateurs d'œuvres plus contemporaines.

 

Mais la visite fut avant tout l'occasion de découvrir des artistes locaux : l'efficace portraitiste Henry Loubat, le paysagiste lumineux Raymond Tournon et surtout Firmin Salabert (1811-1895). Elève d'Ingres, il commença sa carrière par des portraits, en particulier des pastels pendant son séjour à Londres puis multiplia les paysages de la Savoie, découverte grâce à son ami et beau-père Prosper Dunant. Si on ne trouve que peu de portraits (il y a quand même un bel autoportrait et un solide portait de son maître) dans le fond d'atelier légué à la ville, il y a par contre un très bel ensemble de paysages, surtout d'Annecy et de sa région, qui montrent un artiste s'éloignant assez vite du paysage classique et présentant la nature de façon très sensible. Une très belle découverte.

 

Alger ou les peintres en quête d'un Orient, 1830-1950, musée des Beaux-Arts de Gaillac, jusqu'au 17 septembre.

07/08/2012

Paysages du Tarn

Si le musée du Pays Vaurais est fermé pour restructuration depuis plusieurs années, cela n'empêche pas la ville de Lavaur d'organiser chaque année une belle exposition temporaire (Debat-Ponsan en 2005, Coups de Vents en 2009...).

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En 2012, ce sont des représentations (environ une centaine) des plus beaux sites du Tarn par des artistes du XIX° et XX° siècle qui sont exposées et si l'on ne trouve pas d'artistes connus, la région semblant avoir moins attiré les peintres que d'autres, c'est l'occasion de découvrir des petits maîtres locaux. Parmi les oeuvres que j'ai préférées, A Cordes d'Albigeois de Arséne Pelegry, Vue de Castres d'Albert Abrespy, La vanneuse et Petites filles au reposoir à Blaye de Joseph-Bernard Artigue, Vue d'Albi de Léon Soulié, Vue de Mazamet d'Anthony Rives...  Bref une très jolie expo pour les amateurs de paysages, en particulier de la deuxième moitié du XIX° (les peintures plus récentes sont souvent moins convancantes).

 

Paysages du Tarn, Regards d'artistes - 1800-1950, Lavaur, jusqu'au 31 août 2012

04/08/2012

Le cas ravage (oui, c'est pourri comme titre)

Excellente initiative des musées de Montpellier et de Toulouse que d'organiser une exposition sur le développement du caravagisme en Europe. Dans le premier, on trouvera des œuvres du Caravage (neuf plus une copie), de peintres italiens, ses contemporains, ses suiveurs immédiats (Manfredi, Saraceni, Gentileschi), et des artistes postérieurs (Guido Reni, Guerchin, Lanfranco, Strozzi) intégrant certaines de ses innovations ainsi que des maîtres français (Vouet, Valentin, La Tour) et espagnols (Ribera, Zurbaran, Velasquez). Dans le second, on retrouve des artistes nordiques depuis l'intégration de cette nouvelle esthétique chez des maîtres maniéristes (Bloemaert, Wtewael) jusqu'au baroque anversois (Seghers, Rombouts) en passant par l'école d'Utrecht (Ter Brugghen, Honthorst, Baburen, Bijlert)

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J'ai aimé :

- que la coupure entre les deux parties de l'exposition soit assez naturelle (ou du moins pas trop dérangeante), les caravagesques nordiques étant vraiment différents de leurs camarades italiens ou français, même si cela provoque un net déficit de notoriété entre les artistes présents des deux côtés expliquant sans doute la différence de fréquentation,

- la salle consacrée au Caravage présentant des œuvres pas trop vues,

- la présence de nombreux tableaux anonymes et de très belle qualité, ce qui permet de se rendre compte de la difficulté des attributions pour cette période de l'histoire de l'art,

- les salles consacrées à Ter Brugghen, Honthorst et Stom, absolument superbes (des rétrospectives consacrées à ces artistes, ça serait merveilleux...),

- découvrir comment des artistes qui iront dans des directions différentes (classicisme, baroque) piochent dans certains des apports du maître pour créer leur propre esthétique (éclairage, plastique, modelé, dialogue entre les personnages...).

 

J'aurais aimé :

- que les deux expositions soient réunies afin de pouvoir comparer (entre autres) tous les différents reniements de St Pierre,

- qu'il y ait un peu moins de tableaux provenant des musées français (j'en avais déjà vu beaucoup et certains sont de qualité moindre) et plus de grands musées étrangers (mais j'imagine que les américains qui ont déjà envoyé certaines des plus belles œuvres présentes n'avaient pas non plus envie de trop se dépouiller),

- qu'il n'y ait pas d'œuvres n'ayant que trop peu de rapports avec le thème (Rembrandt, Bramer, Sweerts...) quand certains artistes ne sont pas (Cecco del Caravaggio, Abraham Janssens) ou trop peu (Baglione, Borgianni, Riminaldi, Serodine, Jan Janssens, Tournier (les grands tableaux du musée des Augustins auraient eu leur place à Montpellier)) représentés.

 

Reste une magnifique exposition en deux parties qui méritent largement le déplacement dans le sud...

 

Corps et ombres. Caravage et le caravagisme européen, musée Fabre de Montpellier et musée des Augustins à Toulouse, jusqu'au 14 octobre.

20/07/2012

Théo van Rysselberghe à Lodève

Depuis l'exposition de Gand en 1993 où je l'avais découvert, j'éprouve une vive passion pour Théo van Rysselberghe. Et si j'ai manqué la grande rétrospective qui lui fut consacré à Bruxelles il y a quelques années, ma présence dans le Sud rendait inévitable mon passage à Lodève.

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Présentée par ordre chronologique afin de montrer son évolution stylistique (formation académique, découverte du divisionnisme, création d'un style propre avec des touches plus larges, retour à un certain classicisme...), l'exposition présente une soixantaine de peinture et une quinzaine d'œuvres sur papier qui permettent de se faire une bonne idée de l'art de celui qui reste mon « pointilliste » préféré, une large place étant consacré aux portraits, genre dans lequel il excelle mais qui peut sembler moins plaisant que d'autres.

 

Si elle n'est pas indispensable (un peu plus d’œuvres (on pense avec envie aux 200 (!!!) présentées à Bruxelles) aurait été agréable, en particulier dans le domaine du paysage, même si du coup il y a peu de choses mineures), l'exposition de Lodève est quand même chaudement recommandé si vous passez dans le coin, que l'on connaisse déjà ou pas cette figure majeure du Post-Impressionisme.

 

Théo van Rysselberghe, l'instant sublimé, jusqu'au 21octobre 2012, musée de Lodève.

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24/08/2011

Petite mais sympa

De nombreuses villes de province, petites comme grandes, cherchent à remettre en valeur leurs anciennes gloires, ces tant dénigrés "pompiers" et leurs (très nombreux) élèves. Après Villeneuve-sur-Lot et André Crochepierre l'an dernier, c'est la presque voisine Marmande avec Abel Boyé (1864-1933) qui met un peu de lumière sur un artiste oublié.

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Elève à Paris de Benjamin Constant (après une première formation locale puis à Bordeaux), il aura une carrière officielle classique : second prix de Rome, exposant régulier au Salon où il sera médaillé... L'exposition présente essentiellement des peintures de la collection du musée Marzelles et donc un nombre réduit de peintures mais surtout de thèmes. Sont ainsi présents essentiellement des portraits, de qualité très inégale. Si certains font franchement alimentaires (en particulier les représentations de notables), d'autres font preuve d'une grande acuité dans l'expression.

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Mais comme beaucoup de ses contemporains, c'est dans la représentation de la femme que Boyé semble s'être fait plaisir, que ce soit dans des représentations classiques ('Petite fille au panier', 'Marcelle Nadeau') ou plus... allégorique ('Femme sortant du bain'). Malheureusement, ses grands formats ne sont presque pas présents à l'exposition (à part 'La nymphe de Diane' médaillée au Salon de 1885) et seuls 'Le long des flots' et 'Femme à la biche' (ainsi que quelques reproductions d'époque) permettent de se faire une idée de cette partie de son art, qui semble influencée par Gleyre, Henner et les préraphaélites. Bref cette charmante petite exposition met en appétit et donne envie d'en voir plus. Une grande rétrospective comme pour Crochepierre serait donc souhaitable...

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Abel Boyé, Musée Albert Marzelles, Marmande, jusqu'au 30 septembre 2012.

20/08/2011

Un grand cru ?

Après l'académie de France à Rome et avant la Galerie des Gobelins à Paris, c'est la Galerie des Beaux-Arts de Bordeaux qui accueille l'exposition Poussin et Moïse, du dessin à la Tapisserie, qui présente pour la première fois ensemble la série de 10 tapisseries consacrées à la vie de Moïse et réalisées à partir d'œuvres de Nicolas Poussin et Charles Le Brun (pour deux d'entre-elles).

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Réalisées 20 ans après la mort du maître d'après des tableaux d'époques différentes et n'ayant jamais été pensés comme une série, la tenture n'est forcément pas vraiment homogène mais permet d'admirer les différentes solutions mises au point pour mettre en scène des sujets très différents et de voir comment les auteurs des cartons ont modifié certaines choses pour tenter de renforcer le côté décoratif (où comment passer d'une toile de 2 ou 3 m² à une tapisserie de 20 m²...). Une sorte de sommet d'un certain classicisme décoratif. La présentation des tapisseries est complétée par la présence de trois des toiles ayant servi de modèle à la série, de dessins préparatoires et d'un des cartons (L'adoration du veau d'or par Pierre de Sève), ainsi que de nombreuses gravures.

 

S'il y avait quelques regrets à émettre sur cette superbe exposition, ils tiendraient essentiellement à l'absence de reproductions de tailles raisonnables des peintures originales de Poussin n'ayant pas pu être prêtées (ce que l'on conçoit très bien), défaut pas totalement corrigé par un catalogue, fort intéressant mais bizarrement coupé en deux, dont la plupart des reproductions sont bien petites... Mais aucune raison valable de manquer à Bordeaux ou à Paris, cette exposition évènement.

 

Poussin et Moïse, du dessin à la Tapisserie, à la Galerie des BA de Bordeaux, du 30 juin au 26 septembre 2011.

06/08/2011

Une expo de vacances

Pour ceux qui passent dans les Pyrénées ces jours-ci, un petit passage par Bagnères-de-Bigorre leur permettra de voir au musée Salies une exposition consacrée à Blanche Odin (1865-1957) et Ulpiano Checa (1860-1916).

 

Si les deux artistes ont été proches (Odin est même signalée comme élève de Checa sur Wiki) et ont Bagnères comme point commun (l'une s'y est installée et y a fini sa vie, l'autre y venait en vacances), l'intérêt de confronter leurs œuvres ne saute pas forcément aux yeux. Là où la française semble redéfinir à chacune de ses aquarelles de fleurs le sens des adjectifs joli et aimable en les rapprochant dangereusement de mièvre (heureusement quelques portraits sont un peu plus intéressants), l'espagnol fait preuve d'une économie et d'une verve rares dans le trait, ce qui lui permet d'exceller dans les dessins, les gravures et les affiches sur des sujets très divers.

 

Et si avec ses locaux exigües, ses explications pour le moins fragmentaire et son accrochage bricolé (les Checa s'entassent sur les murs), l'exposition fait vieillotte, elle reste néanmoins fort sympathique et impose deux conclusions : Blanche Odin est une artiste plaisante pour cartes postales alors qu'Ulpiano Checa mérite une vraie grande rétrospective où l'on pourra découvrir plus que ses œuvres sur papier (on trouve de superbes reproductions de toiles sur le web).

 

Blanche Odin et Ulpiano Checa : rencontre de deux artistes, musée Salies, Bagnères-de-Bigorre, jusqu'au 30 octobre 2011.