20/07/2012
Théo van Rysselberghe à Lodève
Depuis l'exposition de Gand en 1993 où je l'avais découvert, j'éprouve une vive passion pour Théo van Rysselberghe. Et si j'ai manqué la grande rétrospective qui lui fut consacré à Bruxelles il y a quelques années, ma présence dans le Sud rendait inévitable mon passage à Lodève.
Présentée par ordre chronologique afin de montrer son évolution stylistique (formation académique, découverte du divisionnisme, création d'un style propre avec des touches plus larges, retour à un certain classicisme...), l'exposition présente une soixantaine de peinture et une quinzaine d'œuvres sur papier qui permettent de se faire une bonne idée de l'art de celui qui reste mon « pointilliste » préféré, une large place étant consacré aux portraits, genre dans lequel il excelle mais qui peut sembler moins plaisant que d'autres.
Si elle n'est pas indispensable (un peu plus d’œuvres (on pense avec envie aux 200 (!!!) présentées à Bruxelles) aurait été agréable, en particulier dans le domaine du paysage, même si du coup il y a peu de choses mineures), l'exposition de Lodève est quand même chaudement recommandé si vous passez dans le coin, que l'on connaisse déjà ou pas cette figure majeure du Post-Impressionisme.
Théo van Rysselberghe, l'instant sublimé, jusqu'au 21octobre 2012, musée de Lodève.
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24/08/2011
Petite mais sympa
De nombreuses villes de province, petites comme grandes, cherchent à remettre en valeur leurs anciennes gloires, ces tant dénigrés "pompiers" et leurs (très nombreux) élèves. Après Villeneuve-sur-Lot et André Crochepierre l'an dernier, c'est la presque voisine Marmande avec Abel Boyé (1864-1933) qui met un peu de lumière sur un artiste oublié.
Elève à Paris de Benjamin Constant (après une première formation locale puis à Bordeaux), il aura une carrière officielle classique : second prix de Rome, exposant régulier au Salon où il sera médaillé... L'exposition présente essentiellement des peintures de la collection du musée Marzelles et donc un nombre réduit de peintures mais surtout de thèmes. Sont ainsi présents essentiellement des portraits, de qualité très inégale. Si certains font franchement alimentaires (en particulier les représentations de notables), d'autres font preuve d'une grande acuité dans l'expression.
Mais comme beaucoup de ses contemporains, c'est dans la représentation de la femme que Boyé semble s'être fait plaisir, que ce soit dans des représentations classiques ('Petite fille au panier', 'Marcelle Nadeau') ou plus... allégorique ('Femme sortant du bain'). Malheureusement, ses grands formats ne sont presque pas présents à l'exposition (à part 'La nymphe de Diane' médaillée au Salon de 1885) et seuls 'Le long des flots' et 'Femme à la biche' (ainsi que quelques reproductions d'époque) permettent de se faire une idée de cette partie de son art, qui semble influencée par Gleyre, Henner et les préraphaélites. Bref cette charmante petite exposition met en appétit et donne envie d'en voir plus. Une grande rétrospective comme pour Crochepierre serait donc souhaitable...
Abel Boyé, Musée Albert Marzelles, Marmande, jusqu'au 30 septembre 2012.
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20/08/2011
Un grand cru ?
Après l'académie de France à Rome et avant la Galerie des Gobelins à Paris, c'est la Galerie des Beaux-Arts de Bordeaux qui accueille l'exposition Poussin et Moïse, du dessin à la Tapisserie, qui présente pour la première fois ensemble la série de 10 tapisseries consacrées à la vie de Moïse et réalisées à partir d'œuvres de Nicolas Poussin et Charles Le Brun (pour deux d'entre-elles).
Réalisées 20 ans après la mort du maître d'après des tableaux d'époques différentes et n'ayant jamais été pensés comme une série, la tenture n'est forcément pas vraiment homogène mais permet d'admirer les différentes solutions mises au point pour mettre en scène des sujets très différents et de voir comment les auteurs des cartons ont modifié certaines choses pour tenter de renforcer le côté décoratif (où comment passer d'une toile de 2 ou 3 m² à une tapisserie de 20 m²...). Une sorte de sommet d'un certain classicisme décoratif. La présentation des tapisseries est complétée par la présence de trois des toiles ayant servi de modèle à la série, de dessins préparatoires et d'un des cartons (L'adoration du veau d'or par Pierre de Sève), ainsi que de nombreuses gravures.
S'il y avait quelques regrets à émettre sur cette superbe exposition, ils tiendraient essentiellement à l'absence de reproductions de tailles raisonnables des peintures originales de Poussin n'ayant pas pu être prêtées (ce que l'on conçoit très bien), défaut pas totalement corrigé par un catalogue, fort intéressant mais bizarrement coupé en deux, dont la plupart des reproductions sont bien petites... Mais aucune raison valable de manquer à Bordeaux ou à Paris, cette exposition évènement.
Poussin et Moïse, du dessin à la Tapisserie, à la Galerie des BA de Bordeaux, du 30 juin au 26 septembre 2011.
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06/08/2011
Une expo de vacances
Pour ceux qui passent dans les Pyrénées ces jours-ci, un petit passage par Bagnères-de-Bigorre leur permettra de voir au musée Salies une exposition consacrée à Blanche Odin (1865-1957) et Ulpiano Checa (1860-1916).
Si les deux artistes ont été proches (Odin est même signalée comme élève de Checa sur Wiki) et ont Bagnères comme point commun (l'une s'y est installée et y a fini sa vie, l'autre y venait en vacances), l'intérêt de confronter leurs œuvres ne saute pas forcément aux yeux. Là où la française semble redéfinir à chacune de ses aquarelles de fleurs le sens des adjectifs joli et aimable en les rapprochant dangereusement de mièvre (heureusement quelques portraits sont un peu plus intéressants), l'espagnol fait preuve d'une économie et d'une verve rares dans le trait, ce qui lui permet d'exceller dans les dessins, les gravures et les affiches sur des sujets très divers.
Et si avec ses locaux exigües, ses explications pour le moins fragmentaire et son accrochage bricolé (les Checa s'entassent sur les murs), l'exposition fait vieillotte, elle reste néanmoins fort sympathique et impose deux conclusions : Blanche Odin est une artiste plaisante pour cartes postales alors qu'Ulpiano Checa mérite une vraie grande rétrospective où l'on pourra découvrir plus que ses œuvres sur papier (on trouve de superbes reproductions de toiles sur le web).
Blanche Odin et Ulpiano Checa : rencontre de deux artistes, musée Salies, Bagnères-de-Bigorre, jusqu'au 30 octobre 2011.
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27/07/2011
Si vous avez le temps...
Intéressant complément de la grande exposition sur l'Orientalisme à Marseille et aux collections du musée de Narbonne, le Musée de Gajac à Villeneuve-sur-Lot présente un bel ensemble de gravures sorties de ses réserves et réalisées sur les ordres de Napoléon en souvenir de l'expédition en Egypte.
Si la plupart des pièces ont essentiellement (outre le magnifique travail des graveurs) un intérêt archéologique, ethnographique ou naturaliste, un certain nombre de gravures de paysages, en particulier réalisées d'après les dessins d'André Dutertre (1753-1842) se suffisent amplement à elles-mêmes. Si l'exposition est présentée d'une façon susceptible de plaire aux petits comme aux grands, on regrettera fortement l'absence de tout cartel explicatif et de toute précision sur les différents artistes.
Description de l'Egypte, Musée de Gajac, Villeneuve-sur-Lot, du 6 juillet au 31 décembre 2011.
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08/07/2011
C'est déjà fermé...
Il peut sembler inutile de parler d'une exposition qui vient de fermer. Mais d'une part je n'ai pas eu beaucoup de temps pour écrire ces derniers temps, et d'autre part j'ai fait l'expo le jour de sa fermeture... Car on ne peut pas dire que L'aigle blanc, Stanislas Auguste, dernier roi de Pologne (bonjour le titre) ait bénéficié d'une communication et d'une publicité importantes. Mais comme le catalogue est disponible partout, on va quand même en dire quelques mots.
Ouvrant sur un superbe portrait de Stanislas Auguste en habit de couronnement par le peintre italien Marcello Bacciarelli (1731-1818) à qui le roi confia la création de l'académie des Beaux-Arts, l'exposition est répartie, dans des espaces par forcément prévus pour ça, par thèmes : portraits de famille et de proches, collection de peintures, collection de dessins et de gravures, des bâtiments et des décors, des artistes européens au service du roi, l'académie de peinture et la destinée de la Pologne. Si le propos est intéressant et aurait mérité d'être davantage étendu dans le catalogue, certaines œuvres de certains thèmes souffrent de la proximité immédiate d'autres œuvres plus immédiates.
Ainsi les dessins et gravures (malgré un superbe Savery ou un très beau Rembrandt) souffrent de passer immédiatement après les peintures, riches de quelques chef d'œuvres d'artistes célèbres comme le 'Savant à son pupitre' de Rembrandt, la 'Vieille Femme' de Gérard Dou ou la 'Vue d'un port au matin' de Claude Joseph Vernet et de tableaux charmants d'artistes moins connus comme Duflos, Charpentier (mignon 'Garçon nourrissant des oisillons'), Le Paon, Norblin de la Gourdaine (français qui fit un long séjour en Pologne) ou Tadeusz Kuntze (amusante allégorie baroque sur 'l'Art'). De même les meubles présentés à côté de quatre des grands paysages de Pologne peints par Bernardo Bellotto, le neveu de Canaletto, ainsi que les dessins présentant les châteaux royaux, situés dans des petits cabinets juste en face de quatre somptueux éléments de décors de Jean-Baptiste Pillement, passent un peu inaperçus.
Une exposition intéressante et agréable mais inégale, reproche que l'on peut également faire à un catalogue dont on aurait aimé qu'il nous offre davantage de matière (et d'illustrations), en particulier sur les collections de peinture du roi et sur les artistes de l'académie. Les notices d'œuvres auraient elles aussi gagnées à être un peu plus complètes et à bénéficier de photos plus grandes (pour les Pillement en particulier) ou de meilleure qualité (pour les Bellotto). Saluons néanmoins le palais impérial de Compiègne pour cette manifestation (en regrettant, mais on y reviendra peut-être, qu'une grande partie de ses collections ne soit pas toujours visibles).
L'aigle blanc, Stanislas Auguste, dernier roi de Pologne, Palais impérial de Compiègne, jusqu'au 4 juillet. Catalogue RMN Grand-Palais.
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22/03/2011
Normandie impressionniste : suite et fin ?
Belle initiative que celle de l'atelier Grognard à Rueil-Malmaison que de proposer une exposition sur l'école de Rouen, intéressant prolongement de la grande exposition de Rouen l'été dernier où certains de ces artistes étaient représentées mais à petite dose. Présentés par thèmes (la Seine, le port, la ville aux cents clochers, la campagne...), les œuvres proviennent en partie de collections privées, couvrent une large période (de 1880 à 1950) et sont donc de styles très variés.
Les deux peintres les plus connus de cette "école de Rouen" ne sont pas placés à la même enseigne : là où Albert Lebourg (1849-1928) est représenté par une grosse dizaine de toiles de qualité assez inégale dont on ressortira en particulier Le petit bras de la Seine au Bas-Meudon ou Le pont de Suresnes, Charles Angrand (1854-1926) est réduit à la portion congrue : deux peintures dont le très beau Pont de pierre déjà présent à l'expo de Rouen et quelques pastels. Dommage !
Mais ceux qu'on était venu voir, ce sont d'abord ces artistes qu'Une ville pour l'impressionnisme nous avait donné envie de découvrir davantage. Léon Jules Lemaître (1850-1905), Joseph Delattre (1858-1912), Charles Fréchon (1859-1929) ou Robert Antoine Pinchon (1886-1943) sont ainsi à l'honneur avec de nombreuses toiles même si c'est malheureusement parfois par des œuvres vues quelques mois plus tôt. Si les deux premiers séduisent par leurs ambiances brumeuses voire humide dans de charmantes scènes ou paysages du quotidien, certes un peu anecdotique, et le dernier par la vivacité de son coloris, c'est Fréchon et sa version originale du divisionnisme qui va nous marquer tout particulièrement sur des œuvres comme L'automne en forêt de Quévreville, Rouen le Pré aux loups ou Neige. Et on regrette vraiment d'avoir raté sa rétrospective d'il y a quelques années...
Mais la bonne surprise, ce sont ces peintres qu'on connaissait peu ou pas : Narcisse Hénocque (1879-1952) dont la Brume du matin sur la Seine est pleine de fraîcheur, Georges Bradberry (1879-1959) et ses pastels de femmes au travail, Pierre Hodé (1889-1942) qui semble vivre le port sur Voiliers, pont transbordeur et surtout Narcisse Guilbert (1878-1942) remarquable dans son effet d'hiver sur Rouen, le Pré aux loups, neige ou dans l'agitation du Marché, place de la Haute-Vieille-Tour.
Voilà une belle exposition dans un lieu qui permet de bien mettre en valeur les œuvres et dont le propos (qu'on aurait aimé être plus développé en panneau comme dans le catalogue, vendu à un prix très raisonnable mais dont certaines illustrations sont malheureusement de très piètre qualité) n'est pas de nous faire prendre ces différents artistes pour des grands maîtres mais bien de nous montrer comment ils se sont appropriés chacun à leur manière et ce jusqu'assez tard au XXème siècle les apports de l'impressionnisme, pour produire des toiles, peut-être secondaires, mais souvent charmantes.
École de Rouen. Les peintres impressionnistes et postimpressionnistes
L'atelier Grognard, Rueil Malmaison du 21 janvier au 18 avril 2011.
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