09/01/2013
Paris, Hiver 2012-2013, partie II : les poids lourds
Après le Louvre, les poids lourds de cet hiver, sans Hopper (trop de monde, pas intéressé) ni les impressionnismes et la mode (trop de monde, pas forcément motivé -encore les impressionnistes...-).
Composée en deux parties bien distinctes, au premier étage la perception par les artistes du XVI° au XIX° des bohémiens (diseuses de bonne aventure, danseuses, « orientalisme »...) et au deuxièmes étages la notion de vie de bohème pour les artistes au XIX° et au début du XX°, l'exposition Bohèmes du Grand Palais ressemble parfois un peu trop à un patchwork de thèmes (et d'époques...) variés (le rapport est ténu entre campement de bohémiens et un buveur d'absinthe...) mais elle présente bon nombre d'œuvres peu vues et souvent d'artistes pas forcément très connus (Morland, Zo, Dehodencq, Tassaert, Roehn ou le génois Ansaldo, entre autres). Pas passionnante mais un vrai plaisir pour les yeux.
Bohèmes, Grand-Palais, jusqu'au 14 janvier 2012.
Deux expositions concurrentes et chacune relativement petite en même temps sur Canaletto, c'était sans doute trop et pas assez à la fois, le propos (et les chefs d'œuvres) se retrouvant dilué et faisant naître la frustration de ne pas voir une grande rétrospective consacré soit au maître, soit à la vedute en général. A Jacquemart-André, un choix de toiles de très haute qualité et souvent de provenances prestigieuses qui permet de bien comparer Canaletto et Guardi, entre eux, mais aussi avec Van Wittel, Carlevarijs, Marieschi et Bellotto. Mais au bout du compte un trop petit nombre de tableaux de chaque artiste, qui ne donne ni une vue d'ensemble du genre, ni une idée vraiment précise des deux artistes principalement présentés. A Maillol, des œuvres moins connues (voire discutables pour certaines, si on lit la presse) en plus de chefs d'œuvres mais couvrant un ensemble bien plus important de thèmes différents de Venise et de sa lagune et donc une vue plus précise de l'art de Canaletto. Mais quelques toiles de qualité moindre et la sensation de manquer quelque chose en cantonnant l'artiste à Venise. On notera que, dans les deux expositions, les œuvres sont essentiellement représentées par thèmes, ce qui rend assez difficile de voir l'évolution des artistes, d'autant qu'il n'est pas évident avec la foule de revenir sur ses pas. Mais le plaisir des yeux est là, si on n'est pas gêné par les bousculades...
Canaletto à Venise, musée Maillol, jusqu'au 10 février.
Canaletto - Guardu, les deux maîtres de venise, jusqu'au 21 janvier.
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08/01/2013
Paris, Hiver 2012-2013, partie I : le Louvre
Beaucoup de choses au Louvre cet hiver avec une grande thématique Raphaël...
En lisant les commentaires en ligne ou en voyant les gens passer à toute vitesse dans certaines salles, on se rend compte que l'exposition Raphaël au Louvre a beaucoup déçu, sans doute parce que son titre n'indiquait pas assez aux visiteurs ce qu'ils allaient vraiment voir. Il y a finalement peu d’œuvres « de » Raphaël, le propos étant justement de montrer comment s'articulait l'atelier pour répondre aux trop nombreuses commandes (fresques du Vatican, grands retables, saintes familles, portraits...). Du coup, certaines œuvres sont « déclassées », données partiellement ou intégralement aux deux principaux disciples, Giulio Romano et Gian Francesco Penni, auxquels sont d'ailleurs consacrés exclusivement certaines parties de l'expo pour voir leur évolution, mais sur invention du maître. L'exposition est passionnante, rassemblant un ensemble d’œuvres peintes et dessinées qu'on n'est sans doute pas près de revoir ensemble mais ne s'adressait peut-être pas au grand public.
Raphaël, les dernières années, le Louvre, jusqu'au 14 Janvier 2013.
Déjà bien représenté à l'exposition Raphaël, Giulio Romano bénéficie de la présentation par le cabinet des dessins d'une cinquantaine d’œuvres du début de sa production à ses années de gloire au service du duc de Mantoue. Dessinateur fécond et inventif qui va multiplier les projets réalisés après par ses élèves, ses collaborateurs voire même des artistes d'autres villes, ses corps se déforment progressivement dans un maniérisme échevelé. On appréciera en particulier dans cet ensemble somptueux ses personnages grotesques et ses monstres particuilèrement truculents.
Dessins de Giulio Romano, élève de Raphaël et peintre des Gonzague, le Louvre, jusqu'au 14 Janvier 2013.
On ne sait pas si Luca Penni, frère cadet de Gian Francesco, a fréquenté un temps l'atelier de Raphaël, mais son art doit autant au maître qu'à ses compatriotes Primatice et Rosso, avec qui il travailla sur le chantier de Fontainebleau. Le rassemblement de nombreux dessins, gravures (souvent par des artistes un peu secs voire maladroits) et de quelques peintures (on n'en connaît qu'une poignée) permet de découvrir un artiste charmant et imaginatif, peuplant son œuvre dessinée de petits détails. Une belle découverte.
Luca Penni, un disciple de Raphaël à Fontainebleau jusqu'au 14 Janvier 2013.
La vingtaine de gravures de Marcantonio Raimondi qui était présentée après les peintures anglaises ne présentait pas en revanche un intérêt extraordinaire. Inégales, elles ne suffisaient pas à rendre hommage au principal diffuseur de l'art de Raphaël.
Gravures de Marcantonio Raimondi, graveur de Raphaël, le Louvre, jusqu'au 7 Janvier 2013.
18:05 Publié dans exposition à Paris | Lien permanent | Commentaires (0)
18/11/2012
Des gravures à Barcelone
Il n'y avait pas a priori d'exposition de peintures pendant mon petit séjour barcelonais, mais la gravure était en revanche à l'honneur avec deux de ses plus grands maîtres.
Au musée diocésain, on peut admirer sur une soixantaine d'oeuvre toute la maîtrise de la lumière de Rembrandt dans ses portraits, scènes de genre et scènes religieuses. Pendant ce temps là, au Caixa Forum, Piranese est représenté par de très nombreuses oeuvres depuis des plans et vues archéologiques jusqu'à des scènes quasi-hallucinatoires. Mais sont présentées aussi des reconstitutions d'objets d'après des gravures et des photos contemporaines comparées à certaines oeuvres. Même si on a déjà vu nombre de ces gravures, ces deux expositions permettent de bien réaliser l'étendue de l'imagination et du génie des deux artistes.
Las Artes de Piranesi, Caixa Forum, Barcelone, jusqu'au 20 janvier.
Rembrandt : Virtuoso del grabado, Musée Diocésain, Barcelone, jusqu'au 13 janvier.
PS : pas eu le temps en revanche de voir les gravures de Fortuny au MNAC, mais après avoir passé des heures dans les collections et pas forcément apprécié ses peintures...
21:33 Publié dans exposition à l'étranger | Lien permanent | Commentaires (0)
08/11/2012
London Baby ! Part IV
Un peu de chance, puisque c'est le dernier jour de mon court séjour londonien (le 02/11) qu'ouvrait la nouvelle exposition de la Queen's Gallery consacrée à la renaissance dans les états du nord.
Après une première petite salle consacrée aux portraits expliquant la situation politique, on entre dans le vif du sujet avec la salle consacrée à Dürer puis à l'art dans l'empire romain germanique. Du grand maître allemand, une seule peinture, le Burkhard of Speyer, mais beaucoup de gravures dont certaines des plus célèbres (la série de l'Apocalypse ou le Chevalier, la Mort et le Diable) ce qui rappelle des bons souvenir de la grande exposition du petit Palais mais fait un peu doublon, et heureusement, une belle série de dessin, dont un Lévrier ou une Vierge à l'enfant couronnée par un ange. De ses compatriotes, on notera surtout trois oeuvres de Lucas Cranach l'ancien (Apollon et Diane) aidé de son atelier (Lucrèce, Le jugement de Paris) et des portraits (Apt, Brosamer, Baldung Grien).
La salle suivante est consacrée à Hans Holbein le jeune et à la renaissance française. Si cette dernière est assez mal représentée par des dessins de l'école de Fontainebleau et des portraits de qualité assez inégale et dont on ressortira le Hercule-François, duc d'Alençon et d'Anjou par François Clouer, le premier est bien entendu très bien représenté par un Noli Me Tangere et une superbe série de portraits, peints et dessinés, dont le Derich Born, le Sir Henry Guildford et le Sir Richard Southwell auront ma préférence. Dans de petits cabinets, on admire des miniatures et autres oeuvres sur papier. Enfin la dernière salle consacrée aux flamands présentent quelques chefs-d'oeuvres (Les quatre dernières choses de Heemskerck , Adam et Eve de Gossaert, le Massacre des Innocents de Pieter Brueghel) et d'autres oeuvres plus anecdotiques. On note enfin de magnifiques armures et tapisseries, malheureusement hors catalogue.
Bref, une expo qui mérite le détour...
The Northern Renaissance: Dürer to Holbein, The Queen's Gallery, jusqu'au 14 avril 2013.
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07/11/2012
London Baby ! Part III
Si sur le papier l'exposition The Lost Prince : the life and death of Henry Stuart ne concerne pas forcément énormément ces pages, une bonne moitié des oeuvres présentées sont en fait des peintures, miniatures et dessins (le reste étant composé de lettres, livres, médailles...).
Bien entendu, une grande majorité des peintures sont des portraits du prince, de sa famille et de ses proches, par les principaux portraitistes et miniaturistes actifs à cette époque en Angleterre (et souvent d'origine étrangère) : Robert Peake l'ancien, John de Critz, Marcus Gheeraerts le jeune, Nicolas Hilliard ou Isaac Oliver (très belle miniature du prince, qui sert d'ailleurs d'affiche à l'exposition, utilisé bien plus tard par Daniel Mytens pour en faire un portrait). Souvent un peu secs et archaïsants, ils permettent de voir l'évolution du genre aux environs de 1600 avec l'apparition du portrait équestre ou en extérieur. Ils souffrent quand même de la comparaison avec un portrait bien plus moderne et naturel de Michiel van Mierevelt (et encore plus avec celui peint par Rubens 20 ans plus tard...).
Dans les autres sections consacrées à son intérêt pour les arts ou la politique, on notera une belle marine d'Adam Willaerts, l'embarquement de l'Electeur Palatin après son mariage avec Elisabeth, la soeur d'Henry, quelques semaines après sa mort, un superbe vieillard tenant un coquillage de Mierevelt, un Christ chez Marthe et Marie de Hans Vredeman de Vries et Anthonie Blocklandt ainsi que deux très beaux portraits dessinés de Hans Holbein le jeune.
Une exposition intéressante mais qui risque de frustrer un peu aussi bien l'amateur d'histoire (mais que dire d'un prince mort à 18 ans ?) que l'amateur d'art (les oeuvres sont de qualité très inégale), d'autant qu'elle n'est pas très grande mais relativement chère (14 $ !).
The Lost Prince : the life and death of Henry Stuart, National Portrait Gallery, Londres, jusqu'au 13 janvier 2013.
10:43 Publié dans exposition à l'étranger | Lien permanent | Commentaires (0)
04/11/2012
London Baby ! Part II
L'ambition de ce modeste blog n'est pas de faire une analyse détaillé (pour ça, on vous renvoie au superbe billet de la Tribune de l'Art) mais d'exprimer son ressenti après la visite d'une exposition. Et la grande rétrospective consacrée au Préraphaélites à la Tate Gallery me laisse avec les étranges impressions contradictoires de n'avoir rien appris, d'en avoir pris plein les yeux et de ne pas en avoir vu assez (pourtant avec plus de 150 oeuvres et deux heures de visite...).
Prenons par exemple la première salle (par ailleurs trop petite pour la foule, ce qui provoque un goulot d'étranglement alors que le reste de l'exposition est assez fluide) consacrée à l'origine du mouvement et à ses débuts : elle présente quelques oeuvres d'artistes ayant influencé les futurs Préraphaélites (Overbeck, Dyce, Holst et même Lorenzo Monaco) mais sans doute pas assez (les Nazaréens auraient pu être mieux représentés) avec la Isabella de Millais, le Rienzi de Hunt et l'Enfance de la vierge Marie de Rossetti, trois des premières oeuvres de la confrérie exposées au public. Très bien. Mais où sont les artistes officiels de l'époque pour comprendre à quoi ils s'opposaient et en quoi leur art est révolutionnaire. Et c'est là le problème de l'exposition : nous vendre les Préraphaélites comme une avant-garde sans nous expliquer pourquoi et n'être donc au final qu'une gallerie d'images (et le catalogue n'est pas mieux, pas cher mais quasi dépourvu d'essais critiques).
Mais quelle gallerie d'images par contre...
La plupart des oeuvres vues en reproduction quelque part (les plus célèbres donc) sont là, dans une des différentes sections (History, Nature, Salvation, Beauty, Paradise, Mythologies) de l'exposition : l'Ophélie, le John Ruskin ou La Jeune Aveugle de Millais ; L'ombre de la mort , Le Mauvais Berger , La Dame de Shalott ou La Lumière du Monde de Hunt ; L'annonciation , Lady Lilith ou Trouvée de Rossetti ; Le Travail , Les Jolis Agneaux ou The Last of England de Ford Madox Brown ; le cycle de Persée, Les escaliers dorés ou Le Roi Cophetua et la Jeune Mendiante de Burne-Jones... ils sont tous là et bien d'autres encore ! On peut aussi admirer quelques oeuvres d'autres participants au mouvement (ou d'artistes proches) en regrettant de ne pas voir plus de tableaux de William Shakespeare Burton, Arthur Hughes ou John Brett.
Bref, un ravissement pour les yeux, mais en ne proposant ni l'art qu'ils rejetaient ni l'art qu'ils ont pu influencer, l'exposition montre les Préraphaélites sans expliquer leur modernisme ou leurs différences. Il reste les livres...
Pre-Raphaelites : Victorian Avant-Garde, Tate Gallery, jusqu'au 13 janvier 2013.
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03/11/2012
London Baby ! Part I
En proposant une exposition consacrée aux débuts de la carrière de Peter Lely, la Courtauld Gallery réussit à éblouir et à frustrer terriblement. En effet, en réunissant 12 peintures de très belle qualité dans une seule salle, il propose ce qui aurait fait l'introduction parfaite à une grande rétrospective. Les deux portraits présents dans les collections permanentes ne suffisent pas à satisfaire notre appétit...
Difficile de deviner parmi ces scènes pastorales que l'on a affaire au futur "remplaçant" de van Dyck comme portraitiste officiel de la cour. On pense sur quelques oeuvres à son maître supposé, Peter de Grebber ; sur d'autres à Jacob van Loo, autre nordique exilé ; enfin certains détails "réalistes" et certains éclairages évoquent les caravagesques d'Utrecht. Bref, une exposition "dossier" passionnante qui nous montre un jeune artiste cherchant encore son style en ne proposant que de très belles oeuvres. On n'en dira pas autant de la petite exposition de dessins de Lely et d'artistes qu'il a collectionné...
Enfin, si l'exposition est petite, c'est l'occasion de rappeler que la Courtauld Gallery présente une collection permanente de premier plan depuis les primitifs italiens jusqu'aux impressionnistes (avec des peintures célèbres de Manet, Renoir, Degas...) et au delà, avec des oeuvres de Botticelli, Metsys, Parmesan, Rubens, Goya, Guardi... Une visite indispensable si on passe à Londres !
Peter Lely: A Lyrical Vision, The Courtauld Gallery, jusqu'au 13 janvier 2013
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