Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/04/2023

Amours imaginaires

Si le propos des expo-dossiers sur les collections d'un musée n'est pas toujours très probant, l'intérêt est en général ailleurs : découvrir des œuvres qu'on n'a pas en général l'occasion de voir dans les collections permanentes. Ainsi l'exposition Amours Imaginaires au musée des Avelines de Saint-Cloud semble-t-elle rassembler peintures, gravures, dessins, objets... de façon un peu aléatoire sur un thème bien large et un peu flou mais montre de très belles choses.

amours.jpg

Au milieu d’œuvres déjà vues lors des (très réussies) expositions Latouche et Dantan, on note en particulier un bel ensemble de dessins de Pierre Georges Jeanniot préparatoires au Voyage de Paris à Saint-Cloud par terre et par mer de Louis Balthazar Neel que l'on peut comparer aux gravures qui en ont été tirées, quatre dessins d’Édouard Dantan pour illustrer Une page d'amour de Zola ainsi que deux études de putti du sculpteur Joseph Cirasse.

 

Mais le regard sur les collections ne s'arrête pas là puisque deux autres des salles consacrées aux expositions temporaires bénéficient d'un nouvel accrochage. L'une présente des pastels du musée et l'autre des vues de Saint-Cloud. Outre deux portrait anonymes du XVIII°, on appréciera un très beau paysage vallonné d'Achille Bénouville, deux vues de mer de Dantan, un violoniste de Latouche, un portrait de sa femme par le sculpteur Jean Tournoux lui même représenté par sa fille Suzanne, des vues du parc de Saint-Cloud par Amédée Buffet, deux charmants bords de Seine de Léon Printemps...

 

Au final un accrochage temporaire qui mérite largement que l'on vienne y jeter un coup d’œil...

 

Regard sur les collections : Amours Imaginaires, Saint-Cloud, musée des Avelines, jusqu'au 17 septembre

27/04/2023

Gribouillage

Je me doutais bien que la nouvelle exposition de l'ENSBA n'était pas franchement pour moi.  Je ne pensais pas que je serai quand même déçu en la voyant. D'abord parce que l'art moderne et contemporain est largement surreprésenté. Ensuite parce que si le propos semble assez clair au début, il devient franchement abscons sur la fin. Enfin pour certaines œuvres on se demande un peu en quoi l'on peut parler de gribouillage avec la définition qui nous est donnée, tout particulièrement pour le sublime Dieu le père avec l'archange Gabriel du Guerchin.

grib.jpg

Heureusement il y a quand même quelques très belles choses et des curiosités (comme les cahiers de classe de Delacroix ou les caricatures du cardinal Scipione Borghese par le Bernin). On est ainsi fasciné par ces verso de planches de Luca Signorelli ou du Passignano représentant de simples hachures. Par ces deux petits croquis en quelques traits d'Ingres. Par cette étude de vierge à l'enfant attribuée à Lorenzo di Credi recouverte de calculs mathématiques. Par les têtes grotesques de Léonard ou de Ribera (mais sont-ce des gribouillages ?). Par ces multiples reprises de position pour la Madone au Baldaquin de Raphaël. Mais cela fait finalement bien peu...

 

Gribouillage, de Léonard de Vinci à Ty Wombly, Paris, ENSBA, jusqu'au 30 avril 2023.

26/04/2023

Double dose d'expo à Saint Germain en Laye

Mais peut-on réellement parler d'exposition quand il s'agit en fait d'un nouvel accrochage des collections permanentes sur un thème bien général... Et si l'on peut comprendre qu'en attendant la réouverture, peut-être un jour, d'un grand musée de la ville de Saint-Germain, les collections soient présentées par roulement à l'Espace Vera (c'est toujours mieux que quand elles restaient toutes en réserve...), difficile d'accepter qu'après rénovation, le musée du Prieuré ne présente qu'une partie des siennes.

femmes.jpg

C'est un thème bien à la mode dans les expos en ce moment que le musée Maurice Denis a choisi pour son nouvel accrochage : les femmes. Sont ainsi rassemblées dans des catégories pas toujours bien nettes (portraits, scènes intimes, décors...), des œuvres du maître et de ses amis (Rysselberghe, Anquetin, Gauguin, Sérusier...) dont on est loin de toujours comprendre le rapprochement voire même la présence dans l'exposition. Et ce ne sont pas les cartels où l'on fait parler une femme (ou autre chose) présent sur le tableau qui nous renseigneront... Une vraie catastrophe ! Heureusement restent des œuvres majeures comme le splendide 'Jardin des Hespérides' de Ker Xavier Roussel, pas exposé la dernière fois que j'étais venu...

 

La salle la plus intéressante est sans doute celle consacrée aux artistes femmes proches de Maurice Denis et passées par l'académie Ranson ou l'Atelier d'Art Sacré. Quasi oubliées de nos jours, Pauline Peugniez, Marie Josephe Renié, Thérèse Debains et sa propre fille Madeleine Dinès montrent toutes l'influence du maître mais aussi d'autres mouvements comme le cubisme. Mais les (peu nombreuses) œuvres présentées sont malheureusement pas franchement convaincantes. En revanche les trois toiles de Raymonde Heudebert en particulier le 'Grand nu au voile' donnent vraiment envie d'en voir plus...

 

Au final difficile de conseiller cette "exposition" dénuée de réel propos et aux cartels ridicules. Certes il y a de très belles choses dans cet accrochage, mais on ne peut que penser aux œuvres remisées en réserve depuis le précédent et à celles qui le seront pour la prochaine... Et regretter qu'un musée comme le Prieuré ne présente pas tout le temps au public l'intégralité des œuvres importantes de ses collections...

paysages.jpg

Le thème de l'exposition à l'Espace Vera est lui parfaitement respectée : toutes les œuvres présentées sont bien des paysages. On peut en revanche s'interroger sur les différentes sections présentées, pas toujours très claires dans leur thème, qui séparent parfois des œuvres d'un même artiste qu'on aurait préféré voir côte à côte. Mais quel plaisir de découvrir ses toiles qu'on n'avait jusqu'ici jamais pu voir.

 

Au milieu de quelques œuvres anciennes (Herri Met de Bles, Paul Bril, Josse de Momper), on découvre essentiellement des paysages du XIX° et de la première moitié du XX°, présentant de nombreux courants (néo-classicisme, école de Barbizon, romantisme, post-impressionnisme...) et de nombreux motifs différents. Quelques artistes importants (Jongkind, Turpin de Crissé, Léon-Victor Dupré, Georges Michel, Maurice Denis...) mais aussi beaucoup de petits maîtres oubliés, essentiellement locaux.

 

Parmi les œuvres les plus remarquables, quatre magnifiques paysages néo-classiques sur les moments du jour, de forme semi-circulaire et conçus pour un décor de Jean Victor Bertin, deux splendides vues de plage de Francis Tattegrain, trois charmantes clairières de Marie Ferdinand Jacomin, une 'Vue de la Seine à Bougival' et un 'Fin de journée printanière' à l'étonnante technique divisionniste de Henri A. Joubert, un très beau paysage de neige de Luc Georges Maxime Simon, un verdoyant 'Paysage près de Mantes' de Marie Hector Yvert, un 'Bord de Seine au Pecq' d'Alexandre Nozal... Bref, beaucoup de plaisir ! En espérant voir un jour toutes ces œuvres et celles vues dans des accrochages précédents dans un vrai musée...

 

Femme(s), Saint-Germain-en-Laye, musée Maurice Denis, jusqu'au 2 juillet 2023.

Paysages d'ici et d'ailleurs, Saint-Germain-en-Laye,  Espace Vera,  jusqu'au 28 mai 2023.

23/01/2023

Petit tour à Beauvais...

Il y a beaucoup à dire sur ce qu’il se passe dans les coulisses d’un musée et c’est sans doute pourquoi l’exposition du musée de Beauvais est un peu frustrante. Chacune des salles pourrait donner lieu à une vraie exposition thématique et du coup les choses restent superficielles. La formation et l’agrandissement des collections ; le travail de conservation, de restauration et de documentation ; le prêt d’œuvres pour des expositions qui permet de mieux les étudier ( L’allégorie du Tibre a perdu son attribution à Le Brun et Dughet pour devenir une réplique d’atelier, la Libération d'Andomède de Nicola Maria Rossi a retrouvé son vraie sujet, une Libération de Lucina) ; la gestion des réserves ; tout aurait mérité d’être approfondi. Et si le parcours se veut didactique, il risque à mon sens de ne satisfaire ni l’habitué des musées ni le visiteur occasionnel.

couliss.jpg

Reste les œuvres qui, parce qu’elles ne correspondent plus au goût du jour, qu’elles sont en attente de restauration ou qu’elles n’ont pas de place dans le circuit actuel des collections, retourneront pour la majorité en réserve après l’exposition. Dans la salle sur la formation des collections, on note deux petits Louis Joseph Watteau de Lille, un très beau pastel Évocation de Venise de Levy-Dhurmer et deux toiles du fond d’atelier de Maurice Boudot-Lamotte donné par sa fille. On admirera, récemment restaurés, le très beau Christ mort déploré par trois anges anonyme italien et L'apparition de la Vierge et de l'Enfant Jésus à saint Hyacinthe de l’entourage des Carrache.

 

Accrochés comme dans les réserves (ce qui rend les œuvres du haut malheureusement difficiles à voir), on note trois charmants petits Devambez qui auraient eu leur place à la rétrospective actuelle, une esquisse pour Jésus et les petits enfants de Flandrin, l’étonnante Éplorée de Ludovic Alleaume ou un Repos de Diane du méconnu Louis Simon Tiersonnier. Il est bien dommage qu'il n'y en ait qu'un petit mur qui a vraiment un goût de trop peu et on regrettera le choix des peu nombreuses œuvres sur papier (surtout des gravures) alors que l’on aurait aimé voir plus de dessins de la collection du musée.

 

A noter qu’en raison des travaux dans le bâtiment principal, la collection permanente se résume à quelques salles d’un parcours XIXème où l’on retrouve une partie des œuvres habituellement accrochées (et le musée de Beauvais a une très belle collection dans ce domaine en particulier de paysages) mais aussi quelques toiles jamais vues dans mes visites précédentes comme un Buveur de gin de Gustave Doré , le Portrait de famille de Constant Joseph Desbordes, le Torrent de Paul Huet ou le très beau Hivernage des marins hollandais sur la côte orientale de la Nouvelle Zemble d'Eugène Lepoittevin.

 

En coulisses. Les dessous d'un musée, musée de l’Oise, Beauvais, jusqu’au 6 février 2023.

22/12/2022

Bonnat chez lui...

Peut-on parler de redécouverte au sujet de Léon Bonnat comme l'évoque l'exposition que lui consacre sa ville de Bayonne au musée basque ? Car contrairement à nombre de ses contemporains dits "pompiers", il ne fut jamais oublié, mais, peut-être est-ce pire, collé dans une case pas franchement positive et très réductrice. Si Bouguereau fut considéré comme le peintre des bondieuseries culcul-la-praline et Gérôme celui d'un orient de pacotille, Bonnat fut le portraitiste officiel des gloires, en particulier politiques, de la 3ème république. Il fut bien évidemment bien plus que ça.

bonnat.jpg

Il suffit d'avoir vu son poignant 'Job' du musée d'Orsay (accompagné à l'exposition d'un superbe dessin) pour se convaincre qu'il avait tout d'un grand peintre d'histoire, sans aucun doute celui ayant le mieux intégré la peinture espagnole (logique vu que sa formation a eu lieu en grande partie de l'autre côté des Pyrénées), ce que ne pourra que confirmer un visiteur du Panthéon où son 'Martyre de Saint Denis' (dont l'expo présente deux esquisses préparatoires) fait un sacré effet. Si son 'Adam et Eve trouvant le corps d'Abel' est un peu plus maladroit (mais il s'agit encore là d'un jeune artiste qui se cherche), l'esquisse de son 'Assomption' de l'église Saint André (il pourrait paraitre souhaitable que l'on signale au visiteur connaissant peu la ville que l'église est à moins de 10 mn à pied du musée dans un coin peu touristique, elle mérite amplement le détour) montre une capacité à mêler décoration baroque et naturalisme des figures assez bluffante.
 
Comme la plupart des expositions actuelles, cette rétrospective est chrono-thématique : formation / voyage en Italie / peintures d'histoires / paysages / portraits / grands décors / portraits officiels / élèves. Et comme c'est loin d'être toujours le cas, aucune section ne déçoit. Bonnat aurait pu comme tant d'autres faire carrière sur ses souvenirs pittoresques d'Italie. Il se montre d'une grande sensibilité dans le paysage, capable de points de vue originaux ('Le lac de Gérardmer') et ses esquisses montrent un décorateur de talent (reste maintenant à réussir à voir ces décors autrement qu'en photo) largement au niveau de Baudry, Lenepveu, Maignan... Et il est incontestablement un grand maître du portrait, capable aussi bien de charmantes effigies intimes que de ces images qui ont marqué nos livres d'histoire (Hugo, Thiers...). Le seul (petit) reproche que l'on pourra faire à cette superbe exposition qui confirme brillamment ce que l'amateur d'art savait déjà, à savoir que Bonnat est un artiste majeur de la fin du XIX° et qui bénéficie d'un excellent catalogue est finalement la faible présence de ses nombreux portraits "ordinaires" dont regorgent nos musées.
 
Léon Bonnat, peintre il y a cent ans, Bayonne, musée basque, jusqu'au 31 décembre 2022.

31/10/2022

Que d'eau...

Si on ne peut que féliciter le musée de Villeneuve-sur-Lot de son active programmation en matière d'exposition, on peut néanmoins immédiatement signaler que sa petite dernière souffre de deux défauts majeurs : 1. la majorité des œuvres provient des musées de Villeneuve, Agen et Chatou ce qui est un peu frustrant quand on connaît bien ces musées et 2. sans aucun cartel ni d’œuvre ni général, on ne comprend pas bien le propos. Alors certes on semble bien comprendre comment ont été réunis les groupes de tableaux (la rivière motif central, la rivière en ville, la rivière à Villeneuve-sur-Lot, la rivière et les occupations humaines) mais sans réel propos, il manque un petit quelque chose à une exposition devenue un simple rassemblement d’œuvres...

ville.jpg

Soyons clair, il y a de très belles choses dont de beaux ensembles d'Albert Lebourg et André Crochepierre. Mentions spéciales à la Vue de Moret-sur-Loing d'Antoine Guillemet, peintre qui mériterait vraiment d'être remis en valeur; au très touchant Les souvenirs d'Emile Friant loin d'être tout le temps accroché au Petit Palais ; au Dol-de-Bretagne de Louis Cabié ou à La Petite Anse de André Dauchez, venus de collections privées, au Pont du carrousel d'Edmond Yarz avec son étonnante vue quasi panoramique ou encore à La vallée du Lot, le matin de William Didier-Pouget que je n'avais jamais vu lors de mes nombreux passages au musée de Gajac.

 

Bref, il y a de belles choses pour les yeux, dommage qu'on n'apprenne pour ainsi dire rien...

 

La rivière au fil de l'art, musée de Gajac, Villeneuve-sur-Lot, jusqu'au 27 novembre.

28/10/2022

Meudon a de la réserve

Les expositions consacrées aux réserves des musées sont toujours intéressantes et celle que propose le musée de Meudon sur le thème du paysage ne déroge pas à la règle même si son titre peut paraître un peu trompeur.

PELOUSE.png

Ainsi parmi les peintures présentées, une partie est exposée dans le musée, peut-être pas tout le temps, mais au moins régulièrement. Ainsi ai-je déjà vu dans mes nombreuses visites de ce musée très actif (bravo à lui) par ses expositions, La Seine au Bas-Meudon d'Albert Lebourg, Le bateau-lavoir au Bas-Meudon de Claude Émile Shuffenecker ainsi que le Eugène Bataille ou le Edmond Poteau.

 

De plus on peut espérer que les trois très judicieuses acquisitions récentes que sont le Bas-Meudon de Léon Germain Pelouse, le Paysage de Paul Désiré Trouillebert, assez éloigné de ses fréquemment exposés pastiches de Corot, et l’Église Saint Pardoux de Mareuil-sur-Belle d'Antoine Guillemet, trouveront leur place dans les collections permanentes, elles le méritent amplement (mais risquent d'envoyer d'autres œuvres en réserve...) et montrent toute la variété de l'art du paysage dans la deuxième moitié du XIX°.

 

Parmi les œuvres jamais vues, on notera un charmant Bateau-lavoir au Bas-Meudon du méconnu Louis Tauzin (dont le musée présente en général dans les salles d'autres toiles) et dix petites œuvres de Constant Pape qui s'ajoutent aux neuf petites pochades déjà exposées de façon permanente.

 

Autres œuvres vraiment sorties des réserves, et pour cause, les œuvres sur papier, et on a là une sélection brillante où l'on retrouve des noms comme Luce, Guillaumin, Huet, Daubigny, Maufra...dans des dessins et aquarelles variés et de grande qualité. Petit coup de cœur pour le Champ dans le midi d'Henri Lebasque, le Paysage de Provence d'Henri Manguin et le brillant Paysage de Charles François Daubigny avec sa clôture et son escalier au milieu d'un talus boisé.

 

On notera aussi au milieu des peintures deux belles gouaches aux tonalités très automnales de Jean Jacques Champin pour une exposition qui, si elle reste petite, n'en est pas moins un plaisir pour les yeux.

 

Évasion, la peinture de paysage sort des réserves, musée d'art et d'histoire de Meudon, jusqu'au 8 janvier 2023.