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26/09/2021

L'heure bleue

Il y a des expositions qu'il faut voir plusieurs fois pour bien en profiter. La première fois que j'étais allé au musée Marmottan juste après la réouverture, la jauge permettait de voir la rétrospective Peder Severin Krøyer dans d'excellentes conditions et j'avais été subjugué. Juste avant la fermeture, il y a un peu plus de monde (mais ça reste très raisonnable), je suis toujours subjugué mais presque un peu déçu.

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Il n'y a aucun doute, le danois Peder Severin Krøyer est un grand artiste qu'il était important de découvrir en France (ce n'est pas le seul Bateaux de pêche pas toujours accroché à Orsay qui permettait de le connaitre) et l'exposition est superbe, exposant aussi bien esquisses, tableaux de petits et de grands formats ; paysages que portraits et scènes de genre (on est parfois un peu entre les deux d'ailleurs).

 

Sa vision de la mer du nord du Danemark est somptueuse, en particulier cette heure bleue du soir, où sable, mer et ciel se fondent en bleu. Et il est passionnant de découvrir à la fois le grand format Hip Hip Hip Hourrah, une esquisse de composition globale et des études de détails. Mais voilà, à deuxième vision, si on découvre plein de nouvelles choses, on se rend aussi compte qu'une soixantaine d’œuvres, c'est très peu et qu'on en aurait bien vu le double (heureusement il y a le catalogue).

 

Bref, ce fut sans doute mon exposition préférée du printemps / été 2021 à Paris.

 

L'heure bleue, Peder Severin Krøyer, musée Marmottan-Monet, jusqu'au 26 septembre 2021.

21/08/2021

Deux belles petites surprises

Deux villes de la région parisienne, deux musées très actifs, deux expositions parisiennes qui ne méritent sans doute pas qu'on se déplace de loin mais qui feront le bonheur des parisiens curieux...

 

Parmi la vingtaine de paysages sortis des réserves et présentées au dernier étage du musée de Melun, c'est bien entendu Armand Cassagne, auteur d'une importante donation et déjà bien présent sur les murs du musée, qui se taille la part du lion avec peintures, œuvres sur papier et même ses méthodes d'apprentissage du dessin. Si ses vues de Fontainebleau ont tendance à être un peu répétitive dans un style "école de Barbizon" tardif, on découvre une charmante vue de Nice et surtout un extraordinaire dessinateur, que ce soit au crayon, à la sanguine ou à l'aquarelle. Si toutes les feuilles présentées sont de toute beauté, on aura eu un grand coup de cœur pour le Village sur le ravin de la Bourne et on regrette que le musée ne puisse pas présenter encore plus d’œuvres sorties de son abondant fond... On pourra aussi admirer deux charmantes vues de Melun par le mystérieux Georges Stein, deux vues urbaines de Jean Pierre Ferrand, un très beau Soir sur la Seine de  Jacques Henry Delpy et le superbe la nuit à Moret de Eugène Lavieille parfois présenté dans le parcours permanent.

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Si l'exposition-dossier de Melun est basée sur ses propres collections, celle Mantes-la-Jolie fait venir 16 dessins et aquarelles d'Henri-Edmond Cross du musée Malraux du Havre pour les mettre en parallèles avec les nombreuses œuvres du musée de Maximilien Luce, les deux artistes ayant été très proches. C'est un véritable plaisir de revoir trois ans après l'exposition Cross du musée de Giverny un bel ensemble d’œuvres sur papier (en plus il y a très peu de doublon) aussi bien des fusains (qui évoque Seurat) que des aquarelles. Que de beauté dans l'apparent simplicité des ces petites pochades présentant le sud de la France... Le seul regret est finalement que le cabinet d'art graphique du musée étant de petite taille, il n'y a qu'un seul dessin de Luce présenté en comparaison...

 

Voyages à travers les collections de paysages du musée, jusqu'au 18 septembre 2021, Musée d’art et d’histoire de Melun.

Henri-Edmond Cross chez Luce, jusqu'au 23 août 2021, musée de l'Hôtel-Dieu, Mantes-la-Jolie

26/07/2021

Ca ferme...

Deux expositions très agréables à parcourir avec de très belles œuvres présentées mais qui laissent un fort sentiment d'inabouti des jours après les avoir vues, au point que je n'ai pas réussir à en parler avant qu'elles ne ferment...

Screenshot 2021-07-26 at 13-17-16 Peintres femmes, 1780 - 1830.png

A trop vouloir éviter toute polémique, l'exposition du Luxembourg ne nous apprend finalement pas grand chose (le catalogue non plus) de ces peintres femmes ni de leurs combats dans une époque où les pratiques artistiques ont été bouleversées au rythme des changements politiques... Alors certes, c'est une très belle galerie d'images (même si une bonne moitié des œuvres ont déjà été vues) d'artistes des plus célèbres (Vigée-Lebrun) au plus méconnues (pas souvenir d'avoir vu d'œuvre de Marie-Adélaïde Duvieux) qui mériteraient sans aucun doute d'être remises en valeur (comme nombre d'artistes hommes de la même époque) mais on pouvait en attendre tellement plus.

 

Le problème de l'exposition Signac est tout autre : en ne présentant que les œuvres venues d'une collection particulière, elle ne peut soutenir ses ambitions monographiques. Il y a presque autant de peintures de ses amis (excellente occasion néanmoins de montrer à ceux qui ne le connaissait pas à quel point Luce est un grand artiste) que de lui et malgré la présence de quelques œuvres du début encore impressionnistes et d'études préparatoires (petits huiles très colorées prise sur le motif et grand lavis d'encre pour mettre en place la composition), il est très difficile de se rendre compte de son évolution comme de sa façon de travailler. Reste que l'exposition est un plaisir pour les yeux, en particulier la série d'aquarelles des ports de France.

 

Peintres femmes, 1780 - 1830, naissance d'un combat, Paris, musée du Luxembourg jusqu'au 25 juillet 2021.

Signac, les harmonies colorées, Paris, musée Jacquemart-André, jusqu'au 26 juillet 2021.

17/07/2021

L'empire des sens

Les expositions thématiques comme monographiques que présente le musée Cognac-Jay sur le XVIII° sont toujours de grande qualité (et quel cadre !).  L'empire des sens qui ferme demain et est consacré à la représentation des passions amoureuses et du désir charnel n'échappe pas à cette règle, bien au contraire.

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Nues mythologiques (et il ne manquer pas de thèmes différents...) ou simple modèle, scènes de séduction comme de passage à l'acte ou de ses conséquences, l'exposition émerveille par la diversité et la qualité des œuvres présentées (dessins comme peintures, souvent peu vus) autant qu'elle interroge sur les motivations des artistes comme de leur commanditaires et sur l'état d'esprit d'une époque.

 

Si François Boucher se taille la part du lion ( une bonne dizaine de chefs-d’œuvre et de nombreux dessins sublimes...), Watteau, Fragonard et Greuze (magnifique Volupté présentée avec une sanguine préparatoire) sont aussi bien représentés et on peut aussi admirer quelques œuvres de Deshays (étonnante étude pour une femme endormie), Baudouin (et ses gouaches licencieuses), Pater ou Gabriel de Saint-Aubin (étonnant Cas de conscience où une jeune femme tient le rôle de voyeuse). Une exposition qu'il ne fallait absolument pas manquer.

 

L'Empire des sens, de Boucher à Greuze, Paris, musée Cognac-Jay, jusqu'au 18 juillet 2021.

12/07/2021

L'année terrible à Issy

Le fort d'Issy y ayant joué un rôle important, il est logique que le musée d'Issy-les-Moulineaux ait choisi, pour les 150 ans de ces évènements, de présenter une exposition sur cette année entre 1870 et 1871 où la France a connu deux évènements majeurs : la guerre contre la Prusse et la Commune de Paris. Et c'est une excellente idée d'avoir choisi de les montrer uniquement par l’intermédiaire d’œuvres d'art, dessins, gravures et peintures, souvent peu vues et par des artistes peu connus, réalisées pendant comme bien après.

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Comment et quoi représenter de la guerre ? Des grands combats plein de mouvement et de furie, des escarmouches, les campements, les soldats, les destructions, les effets sur la population... les thèmes possibles sont nombreux, montrant la situation dans son horreur comme sa banalité ou son héroïsme. Il est fascinant de découvrir tant de diversité dans les choix artistiques (il est vrai que les peintures guerrières du XIX° sont finalement peu montrées dans les musées).

 

Parmi les œuvres marquantes, on notera le Combat à Epinay de Raoul Arus, la saisissante Ambulance à Pierrefitte au milieu d'une terre désolée de Gustave Vient, L'incendie des Tuileries de Georges Clairin, La barricade de Devambez (choisi pour l'affiche) ou les deux versions de L'éxécution de Varlin de Luce, déjà vues mais toujours aussi poignantes. Mais chacune des œuvres présentées est intéressante par les partis-pris de l'artiste qui ne pouvait rester neutre face à ces événements. Une exposition vraiment réussie.

 

L'année terrible, 1870-1871, regards croisés, Issy-les-Moulineaux, musée français de la carte à jouer, jusqu'au 14 août 2021.

10/07/2021

Dessins romantiques à l'ENSBA

L'exposition sur le dessin romantique à l'ENSBA ferme bientôt et si, comme toujours au cabinet des dessins Jean Bonna, le nombre de pièces présentées est limité, elles sont toutes absolument superbes.

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Et comme toutes les expositions sur le romantisme, elle pose la question de ce qu'est réellement ce courant, vu qu'y sont présentés à la fois des artistes "phares" du mouvement (Géricault, Delacroix, Chassériau, Huet) et d'autres généralement rattachés à d'autres (Cornu est élève d'Ingres et néo-classique). Est-ce une question de thèmes, de représentation des émotions, de style...

 

Parmi les chefs-d’œuvre présentés, on pourra noter en particulier les Six chevaux en liberté dans un paysage d'Horace Vernet, la Scène d'inquisition de Granet, La traite des noirs de Géricault, l'Orage en mer d'Isabey, Le bourreau de Léon Cogniet ou Eberhard le larmoyeur de Ary Scheffer mais c'est un plaisir de pouvoir admirer tranquillement tous ces dessins magnifiques.  Et comme toujours avec les carnets d'études, le catalogue est excellent, avec de courts essais très réussis et de longues notices passionnantes.

 

Le dessin romantique, de Géricault à Victor Hugo, Paris, ENSBA jusqu'au dimanche 18 juillet 2021.

07/07/2021

Double programme à Meaux

L'exposition pour commémorer le centenaire de la destruction des moulins de Meaux aura donc été présentée avec un an de retard en raison de la pandémie mais c'est une très bonne chose qu'elle ait finalement pu avoir lieu. Car au milieu de toutes sortes de documents (photos, journaux, maquettes...) évoquant ces vieux moulins médiévaux sur pilotis et leur destruction, sont présentés dessins et peintures d'artistes, souvent locaux, pas forcément très connus, mais inspirés par ce lieu pittoresque. A côté de Jean Julien Massé qu'on avait déjà découvert au musée Bossuet, on admire des œuvres de Lucien Gilbert Darpy, Alfred Renaudin, Léon Le Royer (bel ensemble de vue depuis sous les pilotis), George Gassies, Charles Joseph Roussel (intéressante interprétation de l'incendie), et les post-impressionnistes Fernand Pinal et Albert Lepreux. Il est toujours très intéressant de comparer ce que des artistes aux sensibilités différentes ont retenu et réinterprété d'un même lieu. Une exposition très réussie.

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Le musée de la grande guerre présente lui une bonne partie du fond restauré de peintures, dessins et gravures, légué par la famille de Georges Bruyer (1883 - 1962 ). Graveur et illustrateur reconnu de son vivant, il fut élève aux BA de Paris de Gérôme et Ferrier. Mobilisé, il prend part au conflit et s'il est blessé en 1915 puis réformé, il reviendra sur le front comme peintre de guerre. Autour de la série des 24 estampes de la guerre présentée dans le cadre de sa mission aux armées et qui a fait sa réputation, sont présentées des dessins, gouaches, aquarelles et quelques peintures. Plutôt que de représenter la guerre en elle-même, Bruyer représente le quotidien des soldats, sans héroïsme ni misérabilisme et les paysages du front. Son trait d'illustrateur s'approche parfois de la BD et croque la vie avec beaucoup de sensibilité alors que ses coloris pour représenter le crépuscule ou la nuit, son presque fantastique. Une très belle découverte ! On regrettera juste que le catalogue, au demeurant peu onéreux, n'en dise pas plus que les panneaux de l'exposition et ne présente pas un peu plus l'artiste avant et après la guerre. Mais l'exposition mérite le détour !

 

Feu les moulins de Meaux, Meaux, musée Bossuet, jusqu'au 30 septembre 2021.

Graver la guerre - Georges Bruyer, Meaux, musée de la grande guerre, jusqu'au 03 janvier 2022.