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25/06/2021

La Princesse Palatine

Épouse de Monsieur le frère du roi Louis XIV, Elisabeth-Charlotte de Bavière dite la Palatine est un personnage de l'histoire de France relativement méconnu et souvent caricaturé. Princesse protestante allemande, elle est obligée de se convertir pour épouser un Philippe d'Orléans plus porté sur les hommes et qui, si elle connait d'abord un certain succès à la cour, va vite se retrouver en porte-à-faux avec une société qui lui est assez étrangère et qui ne l'apprécie guère...

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A travers peintures, dessins, gravures, objets d'arts, lettres... , le musée de Saint Cloud, dont le château qui appartenait à Monsieur était son lieu de résidence favori,  s'applique à nous faire découvrir la Palatine, sa famille, son arrivée en France, son intérêt pour les arts, son abondante correspondance, les aléas de sa vie (Monsieur étant mort quand elle était encore assez jeune, il lui a fallu se battre pour ses droits et elle a du avaler quelques couleuvres)... de façon très didactique et très réussie. Et le catalogue, vraiment peu onéreux, est un excellent complément à l'exposition.

 

Bref, ça ferme à la fin de la semaine, et ça mérite vraiment d'y passer (comme toutes les expos du musée des Avelines) ce week-end...

 

La princesse Palatine (1652-1722), la plume et le Soleil, musée des Avelines, Saint Cloud, jusqu'au 27 juin 2021.

19/06/2021

L'Iliade à Melun

Petite exposition-dossier au titre un peu ronflant qui présente des œuvres sur tout support (même la BD) autour de la guerre de Troie, la présentation du musée de Melun vaut surtout par la présentation d’un certain nombre de dessins du sculpteur Henri Chapu, grande gloire officielle du XIX°.

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Outre deux dessins d’après des sculptures antiques et des dessins préparatoires pour des concours de l'école des BA, on remarque surtout une série de scènes de l’Iliade pour des projets de bas-relief (dont on ne nous dit pas s’ils ont été réalisé). Particulièrement virtuoses dans leur capacité à rendre l’impression de relief, ils font preuve de beaucoup de fougue dans la composition que ce soit dans des scènes de bataille ou dans des scènes plus calmes. Certes pas une grande exposition mais une bonne dizaine de dessins valent vraiment le détour.

 

Les maîtres de l’Olympe, Homère, l’Iliade, Ulysse et Troie, musée d’art et d’histoire de la ville de Melun, jusqu’au 27 juin 2021

14/06/2021

A Versailles

C'est désormais trop tard pour les retardataires (elle ne sera restée ouverte que peu de temps mais déjà elle a pu ouvrir un mois malgré la très longue fermeture des musées pour raison sanitaire) mais il fallait aller voir la grande rétrospective Rigaud à Versailles (en plus avec la jauge de visiteurs, quelles conditions idéales !), sans doute l'exposition la plus importante après la réouverture des lieux culturels.

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Autoportraits, portraits de sa famille, débuts, maîtres et élèves, techniques de l'atelier, portraits d'artistes, d'ecclésiastiques, d'intellectuels, du roi (Louis XIV puis Louis XV), les sections se succèdent et c'est un ravissement constant. Au milieu de ce genre très codifié, Rigaud arrive toujours à donner un petit quelque chose en plus à ses portraits, bien plus variés qu'on ne pourrait le penser. Et il est définitivement le maître des drapés luxueux. Une expo tellement copieuse que même en allant la voir deux fois, on a l'impression de ne pas en avoir fait le tour.

 

Mais il y a toujours une bonne raison d'aller à Versailles car le château présente le résultat de 20 années d'acquisition dans le domaine du dessin. Représentations de la famille royale (très belle série de pastels de Wallerant Vaillant), esquisses pour les décors (superbe étude de tête pour l'amour de la vertu de Lemoyne qui sert d'affiche, Dibutade et Pygmalion de Regnault, Bataille d'Isly d'Horace Vernet...), représentations et projets pour le château de Versailles (depuis des études pour des gravures de Israël Silvestre ou Jacques Rigaud  jusqu'au pastel Feux de Bengale de Levy-Dhurmer), on ne peut que se réjouir de voir toutes ces œuvres réjouir les collections nationales... et de pouvoir pour une fois les admirer.

 

Hyacinthe Rigaud ou le portrait soleil, château de Versailles, jusqu'au 13 juillet 2021

Dessins pour Versailles, 20 ans d'acquisitions,  château de Versailles, jusqu'au 03 octobre 2021

13/06/2021

A Orsay

Les expositions sur des thèmes généraux du musée d’Orsay sont en général très copieuses, mais inégales et pas toujours très claires dans leur propos. Les origines du monde ne déroge pas à cette règle. Après une petite introduction sur la version religieuse de la création du monde, on enchaîne les sections sur la découverte des espèces, de l’évolution, de la préhistoire… tout ça au travers d’objets d’arts. Les œuvres choisies sont extrêmement variées et parfois inhabituelles. On aura particulièrement apprécié Après le déluge de Filippo Palizzi, les deux groupes d'oiseaux par Leroy de Barde, Une famille de renards de Bruno Andreas Liljefors, La fuite devant le mammouth de Paul Jamin, Le glacier de Rosenlaui de John Brett, plusieurs tableaux de singes de Gabriel van Max…. Si la thématique est claire (même si on n’apprend au final pas grand-chose) pendant la majeure partie de l’exposition, la dernière partie consacrée à l’art moderne devient beaucoup plus absconse (mais on finit sur le superbe Nature ou Abondance de Léon Frédéric).

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A la suite de Segantini et Hodler, une nouvelle génération de peintres suisses va, influencée par le post-impressionisme, les nabis, le symbolisme… inventer une nouvelle peinture à la fois moderne et profondément suisse. Si Valloton est bien connu (et bien représenté par La chambre rouge, Derniers rayons, La mare...), les autres peintres présentés sont moins célèbres en France et présentés de façon mi-biographique, mi-thématique. Si on n’appréciera sans doute pas tout, c’est un plaisir de mieux découvrir cette « école » et d’admirer des toiles comme Autoportrait devant un paysage hivernal et Floraison de Giovanni Giacometti, Tâches de soleil de Cuno Amiet, La famille de Sigmund Righini, L'auteur de Ernest Biéler, Château-rocher d'Hans Emmenegger… Un exposition qui mérite le détour !

 

Pas forcément la mieux annoncée ni la plus attirante a priori, l’exposition consacrée à Girault de Prangey ne doit pas être résumé à une exposition de photographe. Aristocrate fortuné, il put se consacrer à ses passions : la peinture et la photographie. Si il abandonna vite la première faute de succès (une peinture du Salon de 1836 est présentée), il continua à dessiner au fur et à mesure de ses voyages en même temps qu'il prenait des daguerréotypes puis des photographies. Passionné d'archéologie, il nous laisse ainsi des images impressionnantes de nombreux grands sites du bassin méditerranéen vers 1840 mais aussi de sa ville natale de Langres et de sa propriété qu'il adorait. Une très belle découverte. Et quelle plaisir de revoir la Pluie d'automne de Jules Ziegler qui fut son grand ami.

 

Les origines du monde, l’invention de la nature au XIX° jusqu’au 18 juillet 2021.

Modernités suisses (1890 – 1914 ) jusqu’au 25 juillet 2021.

Girault de Prangey, photographe (1804 – 1892 ) jusqu’au 11 juillet 2021.

 

05/06/2021

Au Louvre...

J’avais très peur d’avoir raté la grande exposition de sculpture italienne de la renaissance au Louvre (alors que j’avais eu le temps de voir la magnifique exposition Altdorfer) suspendu avec le Covid mais elle a pu être prolongé jusqu’au mois de juin même si quelques œuvres ont du être rendues aux préteurs. Comme annoncé, c'est un rassemblement de pièces majeurs qui ravira même le plus profane en la matière et permet de bien appréhender l'importance et l'évolution de la représentation du corps pendant la renaissance.

 

A noter qu'il y a aussi quelques dessins et peintures (Signorelli, Tura, Giovanni Santi, Melozzo da Forli, Bramantino, Mantegna, Perugin...) qui montrent bien les passerelles entre les deux arts magnifiquement représentés dans la dernières salle par Michel-Ange. Une exposition incontournable mais qui va vite fermer, alors il faut s'y presser, surtout en jauge réduite...

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C’est en me baladant dans les couloirs du Louvre que j’ai découvert qu’il exposait plutôt discrètement (aucune affiche dans le musée, aucune information la semaine dernière sur le site – c’est fait désormais-) une acquisitions récente plutôt discutée : les pastels supposément préparatoires aux gravures représentant les Bourbons. Si les quatre pastels attribués à Lemonnier ne font pas débat, il n'en est pas de même de ceux attribués à Fragonard, aussi bien ceux qui ont donné lieu à une gravure que ceux pour lesquels ce n'est pas le cas (et qui paraisse d'une facture plus enlevée) que certains spécialistes refusent de reconnaitre comme de la main du maître.

 

Ni la confrontation avec trois portraits peints descendus des salles de peinture ni le petit catalogue publié pour l'occasion ne permettent au simple amateur de se faire une opinion. Ces pastels en grisaille sur papier bleu sont de belle qualité mais n'ont pas la verve de nombreux dessins de Fragonard. D'un autre côté la commande (portraits sobres et réalises modèles pour la gravure de membres anciens de la famille des Bourbon) nécessitait une certaine réserve... Merci au Louvre en tout cas de présenter ces œuvres qui continueront sans doute de diviser les historiens de l'art.

 

Le corps et l’âme, Louvre, jusqu’au 21/06/2021

Hommage à la Maison de Bourbon. Pastels de Fragonard et Lemonnier, Louvre, jusqu’au 13/09/21.

29/05/2021

Juana Romani à Courbevoie

Si ce ne fut pas la première exposition vue à la réouverture de musées, c'était sans doute celle que j'attendais le plus. Ayant découvert Juana Romani (quelques œuvres mais aussi sa vie étonnante) avec Consuelo et Georges Achille Fould à l'exposition Femmes et artistes de XIX° organisé par le musée Roybet il y a déjà 7 ans, j'avais hâte que le musée puisse présenter cette grande manifestation consacrée à l'artiste italienne qu'il préparait depuis un moment. Et c'est une grande réussite.

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Soyons clair, il ne s'agit pas tant d'une rétrospective (ayant peint finalement très peu d'années, ses œuvres sont rares et on ne pourra voir qu'une grosse dizaine de ses peintures), qu'une évocation de son destin fascinant (elle émigre enfant à Paris avec sa mère et son futur beau-père, devient très jeune une modèle recherchée (c'est la Diane de Falguière par exemple), apprend à peindre et devient une artiste de talent mais souffre d'hallucinations paranoïaques qui provoqueront son internement dès 1906) et du milieu artistique (peintres, sculpteurs, poètes...)  dans lequel elle baigne comme modèle, élève, muse...

 

On la voit ainsi dans des œuvres de Jean Jacques Henner, Fernand Roybet, Victor Prouvé, Jean André Rixens..., du simple portrait dessiné au nu somptueux en passant par des compositions mythologiques ou  allégoriques, et c'est toute une époque fin XIX° / début XX° qui s'affiche devant nous, bien différente de cette modernité tant chérie aujourd'hui mais tout aussi intéressante. Quand aux portraits de Juana Romani, du touchant visage de son beau-père à ces jeunes femmes énigmatiques, dans un style quelque part entre Henner  et Roybet, ils ont une grande profondeur d'expressiont. Une exposition qui, loin des grandes machines parisiennes, révèle et instruit. A découvrir absolument !

 

Juana Romani (1867-1923), modèle et peintre. Un rêve d’absolu. Musée Roybet-Fould à Courbevoie, jusqu'au 19 septembre 2021

04/10/2020

La collection Prat

Pour les retardataires, c'est le dernier jour pour voir les fantastiques dessins de la collection Prat, qui sont à eux seuls une formidable leçon d'histoire de l'art français de 1600 à 1900. Tous les courants sont représentés ainsi que la plupart des artistes majeurs. Tout au plus pourra-t-on noter l'absence d’œuvres d'artistes de natures mortes et le petit nombre de portraits du XVII-XVIII° (deux magnifiques Rigaud cependant, dont on attend avec impatience la rétrospective à Versailles)(dans les deux cas sans doute en raison de la rareté des dessins) ainsi que le côté moins encyclopédique de la période 1850-1900 (mais il y a tellement d'artistes...).

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Parmi les presque 200 feuilles présentées, il y a de superbes pièces de tous les artistes vus régulièrement dans toutes les expos de dessins (Vouet, Poussin, Le Sueur, Le Brun, Boucher, Fragonard, Watteau, Greuze, Prud'hon, David, Gros, Géricault, Delacroix, Ingres, Puvis de Chavanne...) aussi j'ai choisi de mettre en avant quelques œuvres de peintres dont j'ai plus rarement vu les dessins comme Antoine Rivalz dont le grand Saint Pierre guérissant les malades de son ombre a une lumière incroyable, Pierre Brébiette et son surprenant Jeune homme vu en buste, Jacques Gamelin et son impressionnant Choc de Cavalerie, Eugène Isabey et sa lumineuse aquarelle de La reine Victoria recevant Louis Philippe à bord de son yacht royal, Guillon-Lethière dont le grand Critias et Théramène fait penser à une peinture en grisaille ou Théodule Ribot et son poignant Christ en croix qui complète bien les œuvres vues à l'exposition que le musée lui a consacré il y a quelques mois. Mais je pourrais en citer des dizaines d'autres tant il y a à voir...

 

Une collection fabuleuse, à découvrir absolument pendant qu'il en est encore temps.

 

La Force du dessin, Chefs-d'œuvre de la Collection Prat, Paris, Petit Palais, jusqu'au 4 octobre.