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13/06/2021

A Orsay

Les expositions sur des thèmes généraux du musée d’Orsay sont en général très copieuses, mais inégales et pas toujours très claires dans leur propos. Les origines du monde ne déroge pas à cette règle. Après une petite introduction sur la version religieuse de la création du monde, on enchaîne les sections sur la découverte des espèces, de l’évolution, de la préhistoire… tout ça au travers d’objets d’arts. Les œuvres choisies sont extrêmement variées et parfois inhabituelles. On aura particulièrement apprécié Après le déluge de Filippo Palizzi, les deux groupes d'oiseaux par Leroy de Barde, Une famille de renards de Bruno Andreas Liljefors, La fuite devant le mammouth de Paul Jamin, Le glacier de Rosenlaui de John Brett, plusieurs tableaux de singes de Gabriel van Max…. Si la thématique est claire (même si on n’apprend au final pas grand-chose) pendant la majeure partie de l’exposition, la dernière partie consacrée à l’art moderne devient beaucoup plus absconse (mais on finit sur le superbe Nature ou Abondance de Léon Frédéric).

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A la suite de Segantini et Hodler, une nouvelle génération de peintres suisses va, influencée par le post-impressionisme, les nabis, le symbolisme… inventer une nouvelle peinture à la fois moderne et profondément suisse. Si Valloton est bien connu (et bien représenté par La chambre rouge, Derniers rayons, La mare...), les autres peintres présentés sont moins célèbres en France et présentés de façon mi-biographique, mi-thématique. Si on n’appréciera sans doute pas tout, c’est un plaisir de mieux découvrir cette « école » et d’admirer des toiles comme Autoportrait devant un paysage hivernal et Floraison de Giovanni Giacometti, Tâches de soleil de Cuno Amiet, La famille de Sigmund Righini, L'auteur de Ernest Biéler, Château-rocher d'Hans Emmenegger… Un exposition qui mérite le détour !

 

Pas forcément la mieux annoncée ni la plus attirante a priori, l’exposition consacrée à Girault de Prangey ne doit pas être résumé à une exposition de photographe. Aristocrate fortuné, il put se consacrer à ses passions : la peinture et la photographie. Si il abandonna vite la première faute de succès (une peinture du Salon de 1836 est présentée), il continua à dessiner au fur et à mesure de ses voyages en même temps qu'il prenait des daguerréotypes puis des photographies. Passionné d'archéologie, il nous laisse ainsi des images impressionnantes de nombreux grands sites du bassin méditerranéen vers 1840 mais aussi de sa ville natale de Langres et de sa propriété qu'il adorait. Une très belle découverte. Et quelle plaisir de revoir la Pluie d'automne de Jules Ziegler qui fut son grand ami.

 

Les origines du monde, l’invention de la nature au XIX° jusqu’au 18 juillet 2021.

Modernités suisses (1890 – 1914 ) jusqu’au 25 juillet 2021.

Girault de Prangey, photographe (1804 – 1892 ) jusqu’au 11 juillet 2021.

 

05/06/2021

Au Louvre...

J’avais très peur d’avoir raté la grande exposition de sculpture italienne de la renaissance au Louvre (alors que j’avais eu le temps de voir la magnifique exposition Altdorfer) suspendu avec le Covid mais elle a pu être prolongé jusqu’au mois de juin même si quelques œuvres ont du être rendues aux préteurs. Comme annoncé, c'est un rassemblement de pièces majeurs qui ravira même le plus profane en la matière et permet de bien appréhender l'importance et l'évolution de la représentation du corps pendant la renaissance.

 

A noter qu'il y a aussi quelques dessins et peintures (Signorelli, Tura, Giovanni Santi, Melozzo da Forli, Bramantino, Mantegna, Perugin...) qui montrent bien les passerelles entre les deux arts magnifiquement représentés dans la dernières salle par Michel-Ange. Une exposition incontournable mais qui va vite fermer, alors il faut s'y presser, surtout en jauge réduite...

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C’est en me baladant dans les couloirs du Louvre que j’ai découvert qu’il exposait plutôt discrètement (aucune affiche dans le musée, aucune information la semaine dernière sur le site – c’est fait désormais-) une acquisitions récente plutôt discutée : les pastels supposément préparatoires aux gravures représentant les Bourbons. Si les quatre pastels attribués à Lemonnier ne font pas débat, il n'en est pas de même de ceux attribués à Fragonard, aussi bien ceux qui ont donné lieu à une gravure que ceux pour lesquels ce n'est pas le cas (et qui paraisse d'une facture plus enlevée) que certains spécialistes refusent de reconnaitre comme de la main du maître.

 

Ni la confrontation avec trois portraits peints descendus des salles de peinture ni le petit catalogue publié pour l'occasion ne permettent au simple amateur de se faire une opinion. Ces pastels en grisaille sur papier bleu sont de belle qualité mais n'ont pas la verve de nombreux dessins de Fragonard. D'un autre côté la commande (portraits sobres et réalises modèles pour la gravure de membres anciens de la famille des Bourbon) nécessitait une certaine réserve... Merci au Louvre en tout cas de présenter ces œuvres qui continueront sans doute de diviser les historiens de l'art.

 

Le corps et l’âme, Louvre, jusqu’au 21/06/2021

Hommage à la Maison de Bourbon. Pastels de Fragonard et Lemonnier, Louvre, jusqu’au 13/09/21.

29/05/2021

Juana Romani à Courbevoie

Si ce ne fut pas la première exposition vue à la réouverture de musées, c'était sans doute celle que j'attendais le plus. Ayant découvert Juana Romani (quelques œuvres mais aussi sa vie étonnante) avec Consuelo et Georges Achille Fould à l'exposition Femmes et artistes de XIX° organisé par le musée Roybet il y a déjà 7 ans, j'avais hâte que le musée puisse présenter cette grande manifestation consacrée à l'artiste italienne qu'il préparait depuis un moment. Et c'est une grande réussite.

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Soyons clair, il ne s'agit pas tant d'une rétrospective (ayant peint finalement très peu d'années, ses œuvres sont rares et on ne pourra voir qu'une grosse dizaine de ses peintures), qu'une évocation de son destin fascinant (elle émigre enfant à Paris avec sa mère et son futur beau-père, devient très jeune une modèle recherchée (c'est la Diane de Falguière par exemple), apprend à peindre et devient une artiste de talent mais souffre d'hallucinations paranoïaques qui provoqueront son internement dès 1906) et du milieu artistique (peintres, sculpteurs, poètes...)  dans lequel elle baigne comme modèle, élève, muse...

 

On la voit ainsi dans des œuvres de Jean Jacques Henner, Fernand Roybet, Victor Prouvé, Jean André Rixens..., du simple portrait dessiné au nu somptueux en passant par des compositions mythologiques ou  allégoriques, et c'est toute une époque fin XIX° / début XX° qui s'affiche devant nous, bien différente de cette modernité tant chérie aujourd'hui mais tout aussi intéressante. Quand aux portraits de Juana Romani, du touchant visage de son beau-père à ces jeunes femmes énigmatiques, dans un style quelque part entre Henner  et Roybet, ils ont une grande profondeur d'expressiont. Une exposition qui, loin des grandes machines parisiennes, révèle et instruit. A découvrir absolument !

 

Juana Romani (1867-1923), modèle et peintre. Un rêve d’absolu. Musée Roybet-Fould à Courbevoie, jusqu'au 19 septembre 2021

04/10/2020

La collection Prat

Pour les retardataires, c'est le dernier jour pour voir les fantastiques dessins de la collection Prat, qui sont à eux seuls une formidable leçon d'histoire de l'art français de 1600 à 1900. Tous les courants sont représentés ainsi que la plupart des artistes majeurs. Tout au plus pourra-t-on noter l'absence d’œuvres d'artistes de natures mortes et le petit nombre de portraits du XVII-XVIII° (deux magnifiques Rigaud cependant, dont on attend avec impatience la rétrospective à Versailles)(dans les deux cas sans doute en raison de la rareté des dessins) ainsi que le côté moins encyclopédique de la période 1850-1900 (mais il y a tellement d'artistes...).

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Parmi les presque 200 feuilles présentées, il y a de superbes pièces de tous les artistes vus régulièrement dans toutes les expos de dessins (Vouet, Poussin, Le Sueur, Le Brun, Boucher, Fragonard, Watteau, Greuze, Prud'hon, David, Gros, Géricault, Delacroix, Ingres, Puvis de Chavanne...) aussi j'ai choisi de mettre en avant quelques œuvres de peintres dont j'ai plus rarement vu les dessins comme Antoine Rivalz dont le grand Saint Pierre guérissant les malades de son ombre a une lumière incroyable, Pierre Brébiette et son surprenant Jeune homme vu en buste, Jacques Gamelin et son impressionnant Choc de Cavalerie, Eugène Isabey et sa lumineuse aquarelle de La reine Victoria recevant Louis Philippe à bord de son yacht royal, Guillon-Lethière dont le grand Critias et Théramène fait penser à une peinture en grisaille ou Théodule Ribot et son poignant Christ en croix qui complète bien les œuvres vues à l'exposition que le musée lui a consacré il y a quelques mois. Mais je pourrais en citer des dizaines d'autres tant il y a à voir...

 

Une collection fabuleuse, à découvrir absolument pendant qu'il en est encore temps.

 

La Force du dessin, Chefs-d'œuvre de la Collection Prat, Paris, Petit Palais, jusqu'au 4 octobre.

01/10/2020

Versailles au XX

Très intéressante expo (comme toujours) au musée Lambinet à Versailles, consacrée aux artistes de la ville ou ayant représenté la ville dans la première moitié du XX° siècle. Les premières salles présentent ainsi des artistes ayant des liens avec Versailles avec des œuvres pas forcément en rapport avec la ville alors que les suivantes se concentrent davantage sur les vues de la ville.

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Si les peintures, aquarelles, dessins, affiches... donneront envie aussi bien aux versaillais qu'aux touristes d'aller explorer la ville pour voir si et comment les différents lieux ont évolués, elles permettent aussi de découvrir des artistes à la formation encore classique et souvent oubliés. Ainsi découvre-t-on à côté des plus connus Henri Le Sidaner, Georges Lacombe ou André Suréda des noms que l'on ignorait totalement comme Pierre Huvelliez (1891 - 1959 ) et ses aquarelles colorées et délicates ; René Aubert (1894 - 1977) surtout connu comme dessinateur de presse mais superbe dessinateur aussi bien pour croquer un vieil homme sur un banc qu'un paysage urbain au lavis ou René Roussel ( 1885 - 1962 ) auteur de magnifiques vues au sépia ou à l'aquarelle (Abreuvoir de l'avenue de Sceaux), tous les trois représentés par de beaux ensemble.

 

Des découvertes et l'envie d'aller se balader après, que demander de plus ?

 

Versailles au XXe siècle, muse des artistes, musée Lambinet, Versailles, jusqu'au 29 novembre 2020

 

25/07/2020

musée des arts décoratifs-les dessins

Quand le musée des arts décoratifs se décide à sortir ses œuvres sur papier des réserves pour en exposer une sélection, le moins que l'on puisse dire c'est qu'il y a de quoi faire : dessins d'architecture, préparatoires à des meubles, des bijoux, des pièces d'orfèvrerie, des plafonds, des peintures, des vitraux, des monuments mais aussi des œuvres indépendantes (portraits, paysages...), toutes les utilisations du médium sont mises en avant avec des pièces souvent remarquables. Le seul regret sera sans doute la présentation en abécédaire par forcément toujours très convaincante.

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Difficile de faire un recensement d'une exposition aussi dense, donc on se contentera d'évoquer les pièces qui m'ont le plus marqué : un bel ensemble de portraits au pastel de Charles Genty plus connu comme illustrateur et caricaturiste ; La céramique de Luc Olivier Merson ; des projets de plafonds de Alberti, La Fosse et Le Brun ; un bel ensemble de dessins XVIII° (Boucher, Fragonard, Watteau, Carle Van Loo) ; une superbe Circoncision de Martin de Vos ; des projets du sculpteur Henry de Triqueti ; une superbe série de paysages à l'aquarelle de Henri Rivière et à la sortie de l'exposition une incroyable étude de cheval, grandeur nature d'Albert Besnard.

 

Et en sortant, il ne faut pas oublier de faire le tour des collections permanentes, non seulement car elles sont d'une immense richesse, mais surtout parce qu'elles accueillent d'autres planches de l'exposition, souvent en rapport avec les œuvres présentées (dessins de meubles par exemple). On pourra y admirer entre autres neuf portraits attribués à Nicolas Lagneau, deux œuvres de Cornelis Troost, des modèles de JB Huet pour la manufacture de Jouy (occasion de se rappeler la très belle exposition que le musée Cognacq-Jay avait consacrée à l'artiste), deux magnifiques représentations d'intérieur de Luigi Bisi ou des aquarelles d'architecture d'Hector Guimard. Tout fan de dessins doit absolument s'y rendre !

 

Le dessin sans réserve. Collection du musée des arts décoratifs. Paris, MAD, jusqu'au 31/01/21.

20/07/2020

Dreux-Maurice de Vlaminck

Première exposition faire après le confinement, il y a de cela quelques semaines déjà, le musée de Dreux ayant été un des premiers à rouvrir, Vlaminck le tumulte de la matière aura d'abord été l'occasion de découvrir une ville que je ne connaissais pas et un musée aux collections très intéressantes.

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Je me suis longtemps peu voire pas intéressé à Maurice de Vlaminck. Jusqu'à ce que je découvre qu'après sa période fauve, généralement la plus appréciée et la plus montrée, il a évolué, en particulier sous l'influence de Cézanne, vers un style moins moderne mais beaucoup plus à mon goût. Or l'exposition de Dreux, loin d'être une rétrospective (il n'y a déjà qu'une vingtaine d’œuvres), se concentre sur ses peintures à partir des années 20 (une seule nature morte de sa période fauve) autour de la sublime Baie des Trépassés du musée avec des tableaux prêtés par sa famille.

 

Et à part un autoportrait et trois natures mortes, ce sont donc des paysages que l'on peut admirer : fermes, champs, villages ou forêts, parfois sous la neige, nous montrent une nature puissante, froide et souvent hostile. A la tonalité sombre des arbres, ciels et herbes répondent souvent les couleurs vives et violentes des blés ou d'un toit. C'est à une vision d'une ruralité en train de disparaitre et que Vlaminck est allé cherché en s'installant au fond de l'Eure-et-loir que nous assistons, une ruralité laissant place, sans aucun doute à regret pour le peintre, à une modernité industrielle montrée dans les trois derniers tableaux de l'exposition ou station essence, silo et véhicules motorisés envahissent désormais l'espace.

 

Un exposition petite mais qui mérite vraiment qu'on s'y rende.

 

Vlaminck, le tumulte de la matière, musée de Dreux, jusqu'au 21 mars 2021