Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/01/2023

Petit tour à Beauvais...

Il y a beaucoup à dire sur ce qu’il se passe dans les coulisses d’un musée et c’est sans doute pourquoi l’exposition du musée de Beauvais est un peu frustrante. Chacune des salles pourrait donner lieu à une vraie exposition thématique et du coup les choses restent superficielles. La formation et l’agrandissement des collections ; le travail de conservation, de restauration et de documentation ; le prêt d’œuvres pour des expositions qui permet de mieux les étudier ( L’allégorie du Tibre a perdu son attribution à Le Brun et Dughet pour devenir une réplique d’atelier, la Libération d'Andomède de Nicola Maria Rossi a retrouvé son vraie sujet, une Libération de Lucina) ; la gestion des réserves ; tout aurait mérité d’être approfondi. Et si le parcours se veut didactique, il risque à mon sens de ne satisfaire ni l’habitué des musées ni le visiteur occasionnel.

couliss.jpg

Reste les œuvres qui, parce qu’elles ne correspondent plus au goût du jour, qu’elles sont en attente de restauration ou qu’elles n’ont pas de place dans le circuit actuel des collections, retourneront pour la majorité en réserve après l’exposition. Dans la salle sur la formation des collections, on note deux petits Louis Joseph Watteau de Lille, un très beau pastel Évocation de Venise de Levy-Dhurmer et deux toiles du fond d’atelier de Maurice Boudot-Lamotte donné par sa fille. On admirera, récemment restaurés, le très beau Christ mort déploré par trois anges anonyme italien et L'apparition de la Vierge et de l'Enfant Jésus à saint Hyacinthe de l’entourage des Carrache.

 

Accrochés comme dans les réserves (ce qui rend les œuvres du haut malheureusement difficiles à voir), on note trois charmants petits Devambez qui auraient eu leur place à la rétrospective actuelle, une esquisse pour Jésus et les petits enfants de Flandrin, l’étonnante Éplorée de Ludovic Alleaume ou un Repos de Diane du méconnu Louis Simon Tiersonnier. Il est bien dommage qu'il n'y en ait qu'un petit mur qui a vraiment un goût de trop peu et on regrettera le choix des peu nombreuses œuvres sur papier (surtout des gravures) alors que l’on aurait aimé voir plus de dessins de la collection du musée.

 

A noter qu’en raison des travaux dans le bâtiment principal, la collection permanente se résume à quelques salles d’un parcours XIXème où l’on retrouve une partie des œuvres habituellement accrochées (et le musée de Beauvais a une très belle collection dans ce domaine en particulier de paysages) mais aussi quelques toiles jamais vues dans mes visites précédentes comme un Buveur de gin de Gustave Doré , le Portrait de famille de Constant Joseph Desbordes, le Torrent de Paul Huet ou le très beau Hivernage des marins hollandais sur la côte orientale de la Nouvelle Zemble d'Eugène Lepoittevin.

 

En coulisses. Les dessous d'un musée, musée de l’Oise, Beauvais, jusqu’au 6 février 2023.

22/12/2022

Bonnat chez lui...

Peut-on parler de redécouverte au sujet de Léon Bonnat comme l'évoque l'exposition que lui consacre sa ville de Bayonne au musée basque ? Car contrairement à nombre de ses contemporains dits "pompiers", il ne fut jamais oublié, mais, peut-être est-ce pire, collé dans une case pas franchement positive et très réductrice. Si Bouguereau fut considéré comme le peintre des bondieuseries culcul-la-praline et Gérôme celui d'un orient de pacotille, Bonnat fut le portraitiste officiel des gloires, en particulier politiques, de la 3ème république. Il fut bien évidemment bien plus que ça.

bonnat.jpg

Il suffit d'avoir vu son poignant 'Job' du musée d'Orsay (accompagné à l'exposition d'un superbe dessin) pour se convaincre qu'il avait tout d'un grand peintre d'histoire, sans aucun doute celui ayant le mieux intégré la peinture espagnole (logique vu que sa formation a eu lieu en grande partie de l'autre côté des Pyrénées), ce que ne pourra que confirmer un visiteur du Panthéon où son 'Martyre de Saint Denis' (dont l'expo présente deux esquisses préparatoires) fait un sacré effet. Si son 'Adam et Eve trouvant le corps d'Abel' est un peu plus maladroit (mais il s'agit encore là d'un jeune artiste qui se cherche), l'esquisse de son 'Assomption' de l'église Saint André (il pourrait paraitre souhaitable que l'on signale au visiteur connaissant peu la ville que l'église est à moins de 10 mn à pied du musée dans un coin peu touristique, elle mérite amplement le détour) montre une capacité à mêler décoration baroque et naturalisme des figures assez bluffante.
 
Comme la plupart des expositions actuelles, cette rétrospective est chrono-thématique : formation / voyage en Italie / peintures d'histoires / paysages / portraits / grands décors / portraits officiels / élèves. Et comme c'est loin d'être toujours le cas, aucune section ne déçoit. Bonnat aurait pu comme tant d'autres faire carrière sur ses souvenirs pittoresques d'Italie. Il se montre d'une grande sensibilité dans le paysage, capable de points de vue originaux ('Le lac de Gérardmer') et ses esquisses montrent un décorateur de talent (reste maintenant à réussir à voir ces décors autrement qu'en photo) largement au niveau de Baudry, Lenepveu, Maignan... Et il est incontestablement un grand maître du portrait, capable aussi bien de charmantes effigies intimes que de ces images qui ont marqué nos livres d'histoire (Hugo, Thiers...). Le seul (petit) reproche que l'on pourra faire à cette superbe exposition qui confirme brillamment ce que l'amateur d'art savait déjà, à savoir que Bonnat est un artiste majeur de la fin du XIX° et qui bénéficie d'un excellent catalogue est finalement la faible présence de ses nombreux portraits "ordinaires" dont regorgent nos musées.
 
Léon Bonnat, peintre il y a cent ans, Bayonne, musée basque, jusqu'au 31 décembre 2022.

31/10/2022

Que d'eau...

Si on ne peut que féliciter le musée de Villeneuve-sur-Lot de son active programmation en matière d'exposition, on peut néanmoins immédiatement signaler que sa petite dernière souffre de deux défauts majeurs : 1. la majorité des œuvres provient des musées de Villeneuve, Agen et Chatou ce qui est un peu frustrant quand on connaît bien ces musées et 2. sans aucun cartel ni d’œuvre ni général, on ne comprend pas bien le propos. Alors certes on semble bien comprendre comment ont été réunis les groupes de tableaux (la rivière motif central, la rivière en ville, la rivière à Villeneuve-sur-Lot, la rivière et les occupations humaines) mais sans réel propos, il manque un petit quelque chose à une exposition devenue un simple rassemblement d’œuvres...

ville.jpg

Soyons clair, il y a de très belles choses dont de beaux ensembles d'Albert Lebourg et André Crochepierre. Mentions spéciales à la Vue de Moret-sur-Loing d'Antoine Guillemet, peintre qui mériterait vraiment d'être remis en valeur; au très touchant Les souvenirs d'Emile Friant loin d'être tout le temps accroché au Petit Palais ; au Dol-de-Bretagne de Louis Cabié ou à La Petite Anse de André Dauchez, venus de collections privées, au Pont du carrousel d'Edmond Yarz avec son étonnante vue quasi panoramique ou encore à La vallée du Lot, le matin de William Didier-Pouget que je n'avais jamais vu lors de mes nombreux passages au musée de Gajac.

 

Bref, il y a de belles choses pour les yeux, dommage qu'on n'apprenne pour ainsi dire rien...

 

La rivière au fil de l'art, musée de Gajac, Villeneuve-sur-Lot, jusqu'au 27 novembre.

28/10/2022

Meudon a de la réserve

Les expositions consacrées aux réserves des musées sont toujours intéressantes et celle que propose le musée de Meudon sur le thème du paysage ne déroge pas à la règle même si son titre peut paraître un peu trompeur.

PELOUSE.png

Ainsi parmi les peintures présentées, une partie est exposée dans le musée, peut-être pas tout le temps, mais au moins régulièrement. Ainsi ai-je déjà vu dans mes nombreuses visites de ce musée très actif (bravo à lui) par ses expositions, La Seine au Bas-Meudon d'Albert Lebourg, Le bateau-lavoir au Bas-Meudon de Claude Émile Shuffenecker ainsi que le Eugène Bataille ou le Edmond Poteau.

 

De plus on peut espérer que les trois très judicieuses acquisitions récentes que sont le Bas-Meudon de Léon Germain Pelouse, le Paysage de Paul Désiré Trouillebert, assez éloigné de ses fréquemment exposés pastiches de Corot, et l’Église Saint Pardoux de Mareuil-sur-Belle d'Antoine Guillemet, trouveront leur place dans les collections permanentes, elles le méritent amplement (mais risquent d'envoyer d'autres œuvres en réserve...) et montrent toute la variété de l'art du paysage dans la deuxième moitié du XIX°.

 

Parmi les œuvres jamais vues, on notera un charmant Bateau-lavoir au Bas-Meudon du méconnu Louis Tauzin (dont le musée présente en général dans les salles d'autres toiles) et dix petites œuvres de Constant Pape qui s'ajoutent aux neuf petites pochades déjà exposées de façon permanente.

 

Autres œuvres vraiment sorties des réserves, et pour cause, les œuvres sur papier, et on a là une sélection brillante où l'on retrouve des noms comme Luce, Guillaumin, Huet, Daubigny, Maufra...dans des dessins et aquarelles variés et de grande qualité. Petit coup de cœur pour le Champ dans le midi d'Henri Lebasque, le Paysage de Provence d'Henri Manguin et le brillant Paysage de Charles François Daubigny avec sa clôture et son escalier au milieu d'un talus boisé.

 

On notera aussi au milieu des peintures deux belles gouaches aux tonalités très automnales de Jean Jacques Champin pour une exposition qui, si elle reste petite, n'en est pas moins un plaisir pour les yeux.

 

Évasion, la peinture de paysage sort des réserves, musée d'art et d'histoire de Meudon, jusqu'au 8 janvier 2023.

23/10/2022

Ma première à Osny...

J'avais découvert l'existence du musée Thornley à Osny il y a quelques années déjà mais entre ses horaires d'ouverture assez limités et les circonstances (bonjour le Covid...) j'ai seulement eu enfin l'occasion de m'y rendre pour découvrir les œuvres de William Thornley ( 1857 - 1935 ) ...

thornley.jpg

La première des deux salles du château de Grouchy qui abrite la mairie et le musée d'Osny est consacrée aux collections permanentes. Outre les œuvres de la "gloire" locale, on peut y admirer un bel ensemble de toiles d'Alexandre René Véron ( 1826 - 1897 représentant un Osny très champêtre ainsi qu'un très beau Retour des champs de Jules Jacques Veyrassat (1829 - 1893) proche d'artistes de l'école de Barbizon comme Charles Jacque ou Constant Troyon. Les toiles de William Thornley né 30 ans plus tard font preuve d'une touche beaucoup plus libre et colorée, nourrie aux influences impressionnistes et post-impressionnistes, mais restent dans le même esprit dans leur représentation d'une campagne restée encore loin de la modernité.

 

L'exposition temporaire dans la deuxième salle baptisée "Maître(s) et élève(s)" montre avec assez peu de moyens les rapports artistiques qui peuvent se créer entre un artiste et son disciple. On voit ainsi les liens entre William et son premier maître, son père Julien, aquarelliste anglais dont on sait peu de choses, en comparant des œuvres similaires. Les gravures du début de sa carrière montre ainsi l'influence de son deuxième maître le graveur Achille Sirouy mais aussi la double influence des maîtres anciens et modernes (Thornley gravera Monet et Pissaro). Enfin la comparaison avec les œuvres de Eugène Cicéri et Edmond Charles Yon dont il fut aussi l'élève montre ses liens avec l'école de Barbizon.

 

La deuxième partie de la salle montre la transmission, en montrant des œuvres du maître et de deux de ses élèves, petits maîtres totalement oubliés, Félix Robin ( 1888 - 1969 ) et René Giroust ( 1863 - ap1933 ), sur des thèmes similaires  (vue de Venise, paysage de montagne). On peut ainsi voir comment sur plus de 50 ans se transmet une culture et une technique artistique en laissant la place à la capacité créatrice de chacun. Une jolie petite exposition qui si elle n'est pas indispensable, intéressera les fans de peintures du paysage entre XIX et XX° siècle...

 

Maître(s) et élève(s), musée d'Osny, jusqu'au 15 décembre 2022.

06/03/2022

Dernier week-end pour Chéron

Il était bien entendu impossible de faire une rétrospective complète de l'art de Louis Chéron ( 1655 - 1725 ) puisqu'installé à Londres en 1685 après la révocation de l'édit de Nantes, il y peindra essentiellement des grands décors. C'est donc en grande partie par le dessin que le musée des BA de Caen a choisi de nous le présenter. Mais pas que !

chéron.jpg

On découvre ainsi sa peinture par des études pour Le christ guérissant les malades à la piscine de Béthesda pour l'église San Pantaleone à Venise ainsi que pour Le prophète Agabus prédisant à St Paul ses malheurs pour son May de Notre-Dame de 1687. Et pour la période anglaise une paire de petits panneaux Vénus et Adonis avec La mort d'Adonis, trois étude de plafond autrefois attribué à Thornhill ainsi qu'un grand Zéphyr et Flore redécouvert récemment sur le marché de l'art. On y voit un bel artiste au coloris comme à la composition très sûrs, quelque part entre baroque et classicisme.

 

Mais ce sont donc ses œuvres sur papier qui sont le mieux représentés et on ne peut être qu'émerveillé par son talent de dessinateur. Que ce soient ses grandes feuilles très finies de la période parisienne, ses dessins préparatoires à des gravures ou ses académies de la période anglaise, il fait preuve d'une grande maîtrise technique comme d'une prodigieuse inventivité. Mention spéciale aux cinq dessins aux sujets tirés des actes des apôtres. Tout cela donne sacrément envie de découvrir ses décors encore en place en Angleterre...

 

Louis Chéron, l'ambition du dessin parfait, Caen, Musée des Beaux-Arts, jusqu'au 6 mars 2022.

19/02/2022

Oscar Rex et Napoléon

Trois heures de transport en commun pour aller voir 6 tableaux, cela peut paraître beaucoup... Mais d'une part il n'y aura peut-être pas d'occasion de les revoir avant longtemps, d'autre part le château de Malmaison est un plaisir à revoir, d'autant qu'il y a toujours des petits changements dans l'accrochage permettant de découvrir des œuvres jamais vues, comme La Belle Poule en rade de Jamestown de Duran-Brager ou une nouvelle acquisition comme Le siège de Toulon de François Grenier. Au demeurant l'exposition Malmaison, escale aux terres australes relatant le voyage du capitaine Nicolas Baudin est intéressante historiquement à défaut de l'être pour les pièces présentées.

rex.png

Mais je suis là pour découvrir l'autrichien Oscar Rex (1857 - 1929 ) dont sont présentées six des œuvres (quatre proviennent des collections du château et mériteraient sans doute d'y être toujours présentées, et deux de collections privées) d'une grand série qu'il a consacrée à Napoléon et montrée à travers l'Europe. Les différents reproductions de tableaux qu'on peut trouver de lui sur le net montre un de ces artistes nombreux à cette période dont la peinture d'histoire tend vers l'anecdote voire la scène de genre et qui accorde une grande importance aux matières, tissues, orfèvrerie...

 

Et effectivement de Dans le parc de Malmaison à C'est fini, en passant par Napoléon et son fils, inutile de chercher la "grande histoire" ni sans doute même des évènements réels. Mais une tentative de montrer un empereur humain, jouant avec son fils, pestant contre les anglais (Et vous là-bas !), pleurant ses soldats morts abandonnés en terre russe (Le dernier adieu)... Une peinture plus sentimentale qu'historique et peinte avec un pinceau brillant et des couleurs chatoyantes. Au final une jolie découverte et un artiste dont on aimerait voir beaucoup plus...

 

Oscar Rex, peintre de la légende Napoléonienne, château de Malmaison, jusqu'au 7 mars 2022.