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25/06/2018

Un printemps en région parisienne 2018 II : Théodore Deck

Si l'exposition du musée de Courbevoie ne correspond pas forcément au titre de ce blog (il y a cependant un très intéressant Atelier des céramistes de Edouard Dammouse), elle mérite néanmoins que j'en dise quelques mots.

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Si je ne suis pas un grand amateur de faïences, il faut reconnaître que j'ai beaucoup aimé les oeuvres de Théodore Deck. Outre le fait que ses recherches sur la céramique renaissance, orientale ou asiatique lui ont permis d'obtenir une grande variété de teintes et d'aspects, le fait d'avoir collaborer avec de nombreux artistes contemporains (Lachenal, Ehrmann, Anker, Collin, Legrain, Reiber, Steinheil, Chéret, Gluck...) donne un côté très pictural à sa production.

 

Organisé autour de ce qu'il reste du décor de l’Orangerie du parc de Bécon que le musée vient de faire restaurer, l'exposition présente un bel ensemble de pièces essentiellement venues du musée Deck à Guebwiller et mérite vraiment qu'on y fasse un tour. Et vite, elle ferme dimanche prochain...

 

Théodore Deck (1823-1891), les Quatre saisons, décor de l’Orangerie du parc de Bécon, musée Roybet - Fould à Courbevoie, jusqu'au 1er juillet 2018

24/06/2018

Un printemps parisien 2018 II - au Louvre !

Y avait-il besoin de faire une exposition Delacroix au Louvre ? Les publications et manifestations sur le grand peintre romantique ne sont pas rare et le Louvre présente déjà un tel ensemble d'œuvres du maître qu'on pourrait préférer que le grand musée parisien s'intéresse à d'autres artistes moins connus et moins présents sur ses cimaises.

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On apprendra donc rien ici à moins de ne s'être jamais intéressé à Delacroix : après une première salle consacrée aux grands formats (et grands succès du début de carrière) essentiellement au Louvre sauf la bataille de Nancy et la Grèce sur les ruines de Missolonghi de Bordeaux, les sections s'enchaînent sans réellement de surprise : les gravures de Faust, Delacroix et l'art anglais, Delacroix et l'orient, les grands décors, la peinture religieuse...

 

Impossible pour autant de ne pas être sous le charme : il y a là une telle réunion de chefs d'œuvres venus du monde entier que les yeux ne savent où se poser même après deux visites. C'est un plaisir immense de pouvoir voir différents bouquets côte à côte, de pouvoir comparer différentes versions du Christ en croix, du Christ à la colonne, du Christ sur le lac de Génésareth (trois compositions extrêmement différentes), d'Hamlet et Horatio, de la fiancée d'Abydos... On s'étonnera juste que le Louvre n'ait pas placé sa réplique de Médée furieuse à côté de la grande version de Lille.

 

Bref on ne peut que s'émerveiller devant l'un des grands génies de l'art français. Y-avait-il besoin d'une exposition au Louvre pour le savoir, sans doute pas, mais on ne peut que s'incliner devant un tel rassemblement...

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Beaucoup plus confidentielle mais pas moins intéressante, l'exposition consacré aux dessins du lorrain Israël Silvestre ferme ce lundi et mérite qu'on s'y précipite. L'élève de Jacques Callot fut un des plus brillants graveurs de paysage du XVIIème et le Louvre propose un exceptionnel ensemble de ses dessins, préparatoires ou non, venus de ses collections et d'autres institutions parisiennes.

 

Après ses années de formation, occasion de revoir quelques figures de fantaisie et paysages gravés par Callot, on s'émerveille devant les dessins de Rome, puis de Vaux--le-Vicomte, des villes de l'est de la France, de Meudon, du château de Charles Le Brun qui fut son ami, de Versailles...

 

On y découvre un artiste qui apporte une touche de fantaisie et de poésie bienvenue à des paysages architecturaux et topographiques à la richesse de détail incroyable. On peut comparer ses dessins avec quelques gravures qu'il en tira ainsi que des œuvres de ses contemporains Van der Meulen ou Perelle. Pas forcément une exposition grand public, mais une grande exposition.

 

Delacroix (1798 - 1863 ), jusqu'au 23 juillet 2018.

La France vue du Grand Siècle. Dessins d’Israël Silvestre (1621-1691), jusqu'au 25 juin 2008.

 

23/06/2018

Un printemps en région parisienne 2018 I : les Dubufe

Toujours très actif sur les peintres ayant un rapport direct avec la ville de St Cloud (on se rappelle des très belles expositions sur les Duval Le Camus père et fils, Edouard Dantan ou Gaston Latouche), le musée des Avelines présente pour encore quelques jours la « dynastie » Dubufe ce qui permet d'évoquer (en partie) l'évolution de la peinture au cours du XIX° siècle (surtout pour le portrait).

 

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Elève de David, Claude-Marie Dubufe ( 1790 – 1864 ) occupe les deux premières salles. Dans la première on découvre des portraits de format moyen et plutôt intime (saisissant autoportrait de jeunesse) encore très marqués par son maître mais également une scène de genre (deux petits savoyards) faisant regretter qu'il ne s'y soit pas plus consacré. Ses peintures d'histoire, sans doute trop volumineuses ne sont qu'évoquées. La deuxième est une superbe réunion de grands portraits d'apparats qui firent sa réputation. On y voit son style évoluer d'un néo-classicisme un peu rigide et austère à la suite du baron Gérard vers une version somptueuse mais adoucie du portrait ingresque. Si les étoffes et les mains (entre autres) y sont peintes avec brio, cela reste un peu superficiel et dénué d'émotion, à part dans le brillant portrait de son fils et de sa belle-fille.

 

Présent dans la salle précédente avec un portrait de sa femme qu'on peut ainsi comparer à celui de son père, Edouard Dubufe ( 1819 – 1889 ) occupe l'intégralité de la grande salle 3 avec ce qui fit sa gloire : les portraits ! Les dames y sont belles et élégantes avec des robes somptueuses aux drapés fantastiques, d'abord dans un ingrisme mesuré hérité de son père et de son autre maître Delaroche puis dans une chatoyance second-empire qui en fit le grand rival de Winterhalter (portrait de l'impératrice). Plus personnels, le célèbre portrait de Rosa Bonheur représentée avec son « animal fétiche » et le portrait de Rachel dans le rôle de Camille pas si éloigné de Chassériau montre un artiste loin de n'exceller que dans le portrait mondain, comme le montre aussi ses deux portraits d'homme plus tardifs, puissants et expressifs. Ses tableaux d'histoire ne sont évoqués que par une esquisse sur le fils prodigue qui donne envie d'en voir plus.

 

S'il fut élève de son père, Guillaume Dubufe (1853 - 1909 ) ne fut pas essentiellement portraitiste (mais se montre très sensible dans des portraits familiaux au crayon et à l'aquarelle comme à l'huile) mais fut un des grands décorateurs officiels (Elysée, Comédie Française, restaurant de la gare de Lyon...) de la fin du XIX°, sans doute inspiré par son autre maître Alexis-Joseph Mazerolle. Outre des dessins et esquisses préparatoires pleines de brio et de couleurs pour différents projets, on peut admirer deux petits paysages et des illustrations où il ne se montre pas très éloigné d'un Luc-Olivier Merson.

 

Le musée de St Cloud nous propose donc une formidable occasion de découvrir un peu mieux une famille d'artiste dont les œuvres sont disséminées (et pas toujours montrées) dans nos musées et de montrer une partie de l'évolution de la peinture officielle au XIX°. Il est juste dommage qu'il n'ait pas eu la possibilité de faire de même pour leurs grands tableaux d'histoire.

 

Claude-Marie, Édouard et Guillaume Dubufe, la peinture en héritage, St Cloud, musée des Avelines, jusqu'au 24 juin 2018

20/04/2018

Un printemps parisien 2018 I - vite ça ferme !

Petite (une vingtaine d'oeuvres) mais superbe exposition à la Galerie Maurizio Nobile consacrée aux peintres italiens passés ou installés à Paris entre le XIX° et le XX° siècle. L'occasion est belle de découvrir de nouvelles toiles d'artistes bien connus comme Giovanni Boldini dont on retrouve deux portrait d'élégantes mais aussi un superbe nu et une sublime Espagnole aux couleurs chatoyantes, comme Federico Zandomeneghi qui participa à plusieurs expositions impressionnistes et dont la Femme au chien est d'une grande tendresse ou comme le célèbre peintre orientaliste Alberto Pasini présent avec deux charmants tableaux.

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Resté moins longtemps à Paris, Vittorio Matteo Corcos est présent avec trois oeuvres dont un collectionneur d'estampes qui est peut-être un portrait de Goupil et deux élégantes en bord de mer, tableau aussi brillant que méticuleux. Je n'ai pas souvenir d'avoir vu de ses tableaux dans les musées français, et si le Petit Palais voulait organiser une rétrospective comme il a fait pour De Nittis ou Zorn, je suis plus que partant... On peut aussi admirer un poignant gamin des rues et un saltimbanque au violon de Antonio Mancini, une flamboyante régate de Ludovico Marchetti ou de charmants petits paysages de Scopetta et Rossano.

 

L'occasion est belle de découvrir un peu plus des artistes souvent peu représentés dans les musées français (pourquoi n'ai-je jamais vu le Pauvre écolier de Mancini à Orsay ?) et de constater une fois de plus toute la vivacité et la diversité de la peinture de cette période. Ca ferme ce samedi...

 

Les Italiens à Paris de Boldini à Severini (1870 - 1930 ), Galerie Maurizio Nobile, jusqu'au 21 avril 2018

19/05/2017

Au bord de la Seine...

Il y a une vingtaine de kilomètres et une région d'écart entre Vernon et Mantes mais la Seine lie les deux villes avec des activités nautiques qui ont été bouleversées depuis le XIX° siècle...

 

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Du côté normand, le musée de Vernon présente un fleuve devenu espace de loisirs avec ses plages, ses guinguettes, son canotage... Assez petite en taille et en oeuvres exposées, l'exposition nous montre une Seine bucolique, avec ses baigneurs, ses pêcheurs, ses canots et ses voiliers. S'il y a peu de toiles marquantes (mais il y a eu beaucoup d'expo sur la Seine ces derniers temps donc il est sans doute difficile d'obtenir des prêts), on fait quelques jolies découvertes signées Léon Comerre, Ferdinand Heilbuth, Roger Jourdain (autoportrait en train de pêcher), Charles Bertrand d'Entraygues (l'amusant "Ca mort ?") et un bel ensemble du méconnu Gustave Maincent. Une exposition sympathique mais un peu décevante.

 

Au musée de Mantes on est accueilli par deux grands formats de Salon acclamés en leur temps qui annonce la couleur : les Lavandières d'Albert Dagneaux et les Bateliers de Paul-Michel Dupuy. La Seine va être le théâtre des travailleurs, haleurs, pêcheurs, laveuses, paysans... à travers une très belle série de toiles. Scènes de genre, hésitant entre naturalisme (Adler) et pittoresque (Meissonier fils) comme paysages de bords de Seine où apparaissent les usines et se multiplient les péniches par les peintres pré- comme post-impressionnistes (Boudin, Lebourg, Luce), nous montrent une France en pleine mutation. L'exposition est dense, complète et présente de charmants tableaux d'artistes un peu oubliés (Louis-Emile Minet, Victor Binet, Antoine Emile Plassan, Lucien Gros...) comme un bel ensemble d'oeuvres des écoles de Rouen. Elle est sans doute la plus réussie des nombreuses expositions consacrées au fleuve ces dernières années...

 

Au fil de l'eau, Seine de loisirs, musée de Vernon, jusqu'au 25 juin 2017.

Au fil de l'eau : Seine de travail, musée de l'Hôtel-Dieu, Mantes, jusqu'au 25 juin

20/04/2017

Plus que quelques heures...

... pour aller voir l'exposition anniversaire de l'ENSBA. On ne peut malheureusement pas dire que l'école ait fait beaucoup de publicité et je n'ai vu qu'un seul autre visiteur pendant la grosse heure que j'y ai passé. Il faut dire que le titre, D’Antigone à Marianne. Rêves et réalités de la République dans les collections, est peu porteur et pas forcément très clair sur ce qui est présenté. Et après la visite de l'exposition, on n'est pas forcément beaucoup plus éclairé (espérons que le catalogue permettra de comprendre un peu mieux quel était le propos) même si au moins on en a pris plein les yeux (à condition d'être sensible au style d'oeuvres présentées...).

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La moitié de la grande salle Foch (où aucune démarcation n'est faite entre les sections) est consacrée à la présentation de tableaux ayant remporté le prix de Rome ou le Prix de Peinture de l'Académie Royale ainsi que quelques œuvres pour le concours d'esquisses peintes, rangés en rang d'oignons. Ils ont été regroupés par thèmes montrant les liens entre les valeurs de la République et les évènements mythologiques ou historiques (Rome, Grèce, Gaule...). Si cela n'a rien d'évident, on en profite en revanche pour voir comment l'Ecole est restée sous influence Davidienne dans son enseignement pendant de très longues années avant d'évoluer progressivement et pour découvrir les œuvres ayant lancé la carrière d'artistes ayant fait par la suite une brillante carrière (Ingres, Lenepveu,  Besnard) ainsi que des artistes désormais plutôt oubliés (Axilette, Grévedon, Menjaud) ou trop tôt disparus (Gaudar de Laverdine). Un régal !

 

De l'autre côté de la salle au centre de laquelle trône le Romulus vainqueur d'Acron d'Ingres qui quitte le Louvre pour retrouver sa place dans l'école, la deuxième moitié de l'exposition m'a beaucoup moins intéressé au niveau des oeuvres présentées (beaucoup de médaillons de David d'Angers, de sculptures et de peintures plus récentes) et veut parler de beaucoup trop de choses différentes (changement de la vie des artistes au fil des transformations sociales, les différents gouvernements, la naissance du réalisme social, la place des femmes...) pour ne pas faire que survoler son sujet. Une expo à voir rien que pour les Prix de Rome...

 

D’Antigone à Marianne. Rêves et réalités de la République dans les collections, Paris, ENSBA, du 24 février au 20 avril 2017

25/11/2016

Automne / Hiver à Orsay : doublement indispensable

Deux expositions superbes en même temps, ça ne se manque pas et comme en plus il y a dans les collections permanentes des tableaux prêtées pour les 30 ans d'Orsay par des musées de Province (Les énervés de Jumièges de Luminais par exemple) ou sortis des réserves pour remplacer ceux qui sont dans les expositions, il y a de quoi y passer des heures...

 

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Si l'exposition commence (Ruines du palais des Tuileries de Meissonier) et se termine (l'Impératrice Eugénie et le Prince Impérial en deuil de Tissot) sur la déchéance du Second Empire, tout le reste sera consacré à ses fastes : effigies et mise en scène de la grandeur impériale, palais, fêtes, théâtres, Salons, Expositions Universelles... Plusieurs centaines de pièces (peintures, dessins, meubles, céramiques...) nous montrent une société bourgeoise en plein développement où se côtoient, dans le luxe, académisme, modernité et revival (néo-grec, néo-gothique...). Les salles se succèdent, avec de véritables moments de bravoure (salle des portraits, Salon de 1863, immense salle finale consacrée aux Expositions Universelles), et on en prend plein les yeux, au point que deux visites ne sont pas loin d'être nécessaires pour profiter du très copieux menu proposé. Deux tout petits regrets : la grande proportion d'oeuvres connues provenant du musée (ou d'autres musées parisiens) et l'absence de salle consacrée au renouveau de la peinture religieuse avec les nombreuses commandes de l'état. Mais sans doute n'était-ce pas là le Spectaculaire Second Empire...

 

Après être passée à Montpellier, la rétrospective consacrée à Bazille est à Orsay et c'est un grand plaisir. Les oeuvres de l'artiste sont nombreuses compte tenu de leur rareté (il est mort très jeune), présentées essentiellement par thèmes (atelier, paysage, natures mortes...) où elles sont accompagnées d'oeuvres similaires de ses proches (Monet, Renoir, avec qui il partagea des ateliers) et de contemporains ou d'artistes qu'il admirait (Corot, Delacroix, Rousseau...). On découvre un artiste à la formation technique solide, très influencé par Manet à ses débuts et qui va progressivement se créer un style et des sujets propres. Les nombreux chef-d'oeuvres présents dans les dernières salles (Porte de la Reine à Aigues-Mortes, La Réunion de famille, Vue de village, Le Pêcheur à l'épervier, Scène d'été, La Toilette, les deux versions de la Négresse aux pivoines...) font regretter un peu plus sa disparition pendant la guerre de 1870 tant il montre un artiste différent de ses confrères impressionnistes alors que l'inachevé Ruth et Booz interroge sur le chemin que son art aurait pu prendre. En tout cas, après Caillebotte il y a 20 ans maintenant, les deux moins connus des "grands" impressionnistes ont désormais eu droit à leur rétrospective parisienne de référence.

 

 

Spectaculaire Second Empire, du 27 septembre 2016 au 15 janvier 2017.

Frédéric Bazille. La jeunesse de l'impressionnisme, du 15 novembre 2016 au 5 mars 2017