14/08/2016
Ca ferme aujourd'hui !
Une des rares expositions parisiennes de l'été ferme après seulement deux mois et en plein milieu de l'été, mais ça serait vraiment dommage de la rater, ce n'est sans doute pas demain qu'on pourra voir en France un tel rassemblement d'œuvres de Christoffer Wilhelm Eckersberg (1783-1853).
L'exposition est d'abord chronologique : tableaux peints à ses débuts au Danemark, puis pendant son séjour à Paris où il passe dans l'atelier de David et enfin lors de son voyage à Rome. On peut ainsi admirer l'évolution de l'artiste au contact des deux gros foyers artistiques de l'époque : sa technique se perfectionne, différentes influences se font sentir, mais il reste toujours ce sentiment particulier qu'on trouve dès ses premières, et parfois maladroites, œuvres danoises. La série de paysages italiens est en particulier magnifique, avec des points de vue souvent originaux et une lumière sublime.
La deuxième partie est thématique : les portraits (les grands formats néo-classiques manquent de sentiments, contrairement aux petits beaucoup plus charmants), les études de nus, les marines (deux très belles scènes de nuit) et les dessins. On découvre ainsi un artiste majeur, fondateur de l'âge d'or danois, dont on peut voir des œuvres de certains artistes dans une salle présentant des acquisitions récentes de la Fondation Custodia. Bref, une exposition à ne pas manquer !
C. W. Eckersberg (1783-1853). Artiste danois à Paris, Rome et Copenhague, Fondation Custodia, jusqu'au 14 août.
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23/07/2016
Marathon Normandie Impressioniste : la préquelle
Le musée de Giverny présentant deux expositions par an, j'ai profité de la (très belle) exposition Caillebotte pour faire dès le mois de juin une des expositions du 3° festival Normandie Impressionniste.
Et le musée de Vernon est un des rares à respecter à la lettre le thème de cette troisième édition puisqu'il est bien consacré aux portraits et présente des œuvres d'artistes impressionnistes. On peut ainsi admirer une quarantaine de portraits de femme et d'autoportraits peints par des femmes, dont une petite moitié a pour auteur les quatre artistes qui étaient là au début du mouvement (Morisot, Cassatt, Gonzalès, Bracquemond) ou des impressionnistes des générations suivantes (Mary Fairchild, Blanche Hoschedé-Monet...) et des post-impressionistes (Anna Boch), même si ce sont loin d'être les meilleures œuvres présentées.
Les différents panneaux rappellent à quel point il était difficile d'être une femme artiste à la fin du XIX°, et c'est un plaisir de revoir des œuvres de Consuelo Fould et Juana Romani, découvertes au musée de Courbevoie, de se dire une fois encore que Louise Abbema (présente avec quatre tableaux) mériterait une rétrospective, de constater que les femmes peintres étrangères (Louise Breslau, Marie Bashkirsteff, Olga Boznanska...) étaient alors autant attirées par Paris que leurs homologues masculins.
Enfin c'est un plaisir de découvrir le superbe Sita et Sarita de l'américaine Cécilia Beaux qui est utilisé pour l'affiche de l'exposition et mériterait un accrochage permanent dans les salles du musée d'rsay ou je n'ai pas souvenir de l'avoir jamais vu. Si l'exposition du musée de Vernon n'est sans doute pas celle qui fera le plus parler, elle vaut vraiment le détour et contribue, comme d'autres manifestations ces dernières années, à remettre en valeur de nombreuses artistes.
Portraits de femmes, musée de Vernon, jusqu'au 26 septembre 2016.
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14/07/2016
Un printemps 2016... en banlieue parisienne !
Il n'y a pas qu'à Paris que se sont multipliées les expositions ce printemps, il y en avait également plein en banlieue, et la plupart sont encore ouvertes une bonne partie de l'été, alors on y va...
Si le titre pouvait faire craindre une exposition racoleuse (encore les impressionnistes!), le musée de Sceaux présente en fait une petite histoire (bien entendue très incomplète) de la peintre du paysage au XIX°. On y trouve ainsi les précurseurs de la peinture en plein air (Georges Michel, Lazare Bruandet, Paul Huet), influencés par les paysagistes hollandais (un beau Ruysdael est là pour constater cette influence) puis les différentes générations suivantes comme l'école de Barbizon (Rousseau, Corot, Daubigny ) ou les impressionnistes sont, en fait peu présents (un beau Renoir, deux Sisley, un Lebourg). Le choix des œuvres est plutôt bon et on découvre en autres de très belles toiles d'Eugene Lavieille (Barbizon sous la neige) ou Pierre-Emmanuel Damoye (La Seine à Nanterre). Et si près de la moitié des œuvres proviennent du musée, un certain nombre sortent des réserves (Antoine Drulin, Jean-Jacques Champin...).
Paysages. Du romantisme à l'impressionnisme. Les environs de Paris, musée du domaine départemental de Sceaux, jusqu'au 10 juillet 2016.
Encore des paysages avec l'exposition à Meudon sur la belle boucle de la seine qui présente en une quarantaine d’œuvres (gravures, aquarelles, toiles) des motifs très différents pris pourtant dans des lieux proches et qui laissent songeur sur les transformations de la région. On y trouve des œuvres encore classiques (Dunouy, Ricois) ou plus modernes (Ziem), des artistes connus (Huet, Troyon) comme des petits maîtres plus méconnus (Langlacé, Isidore-Laurent Deroy, André Jolivard) ou inconnus comme A. Regnier. Si l'exposition est un peu courte, on regrettera surtout que de nombreuses œuvres viennent de Meudon et de Sceaux, ce qui limite les découvertes.
La Belle Boucle de la Seine (1800- 1860), musée d'art et d'histoire de Meudon, jusqu'au 24 juillet 2016.
Le musée de St Maur organise une présentation de ses collections sur le thème de la femme en différentes sections (portraits intimes, officiels, travail...) parmi lesquelles on remarque un beau Grande marée dans la Manche d'August Hagborg, quelques bons portraits de Edmond Quinton, Edouard Bisson, Madeleine Carpentier et surtout un superbe ensemble de portraits et de scènes de genre de Victor Lecomte dont le musée a récupéré le fond d'atelier et qui était un spécialiste des scènes en éclairage artificiel. Un musée qui mérite qu'on le découvre.
150 ans de regards sur les femmes, Musée Villa Médicis de Saint-Maur, jusqu'au 6 novembre 2016.
Autre exposition sur la femme, celle-ci à Chatou avec une trentaine d’œuvres venues de différents musées français souvent méconnus. Dans des thèmes assez imilares à la précédentes, on trouve peu d'artistes célèbres (seuls Debat Ponsan, Corolus Durand et Béraud sont encore reconnus aujourd'hui, certains sont vraiment très méconnus) mais les petits maîtres oubliés du XIX° présentés sont capables de charmer ou d'attendrir et au final on en prendrait bien un peu plus que la trentaine d'œuvres présentes... A noter que le catalogue est téléchargeable gratuitement sur le site du musée.
Femmes, les silences de la peinture, musée Fournaise, Chatou, jusqu'au 30 octobre 2016.
Petite mais passionnante exposition à Courbevoie autour du Jeu de la main chaude de Ferdinand Roybet. Outre des études pour ce grand et magnifique tableau, accompagnées de quelques autres œuvres du maître sur le thème du jeu, on trouve de nombreux documents (ivoires, illustrations...) sur 7 siècles d'histoire d'un jeu disparu brutalement après la deuxième guerre mondiale dont quelques très bonnes peintures de Antoinette Cécile Hortense Haudebourg-Lescot, Louis Léopold Boilly ou Hieronymus Janssens. Comme en plus le catalogue est pas cher et très intéressant...
Jeu de mains, jeu de vilains, musée Roybet Fould, Courbevoie, jusqu'au 11 juillet 2016.
Si l'exposition sur Louis XV à Fontainebleau présente finalement peu de tableaux (et la plupart sont bien connus) pour faire la part belle à des plans, maquettes, éléments de décoration, meubles... elle est aussi l'occasion de découvrir les appartements des chasses habituellement fermés (en tout cas pour les visites libres) avec ses natures mortes (Oudry, Desportes, Bachelier... notons qu'il est très désagréable à Fontainebleau de n'avoir que très peu d'informations dans les salles) et surtout les cartons pour les chasses de Louis XV par Oudry. Rien que ça vaut le détour.
Louis XV à Fontainebleau, château de Fontainebleau, jusqu'au 11 juillet 2016.
Si le musée de Port-Royal n'a pas les moyens (surtout en place...) d'organiser une grande rétrospective comme celle qui a eu lieu en 96/97 à Bordeaux et Barbizon, son choix de ne pas présenter seulement Rosa Bonheur mais aussi son influence principale Jacques Raymond Brascassat (dont il est incompréhensible que les œuvres ne soient en général pas présentées au Louvre), ses frères et les proches de la famille (Eugène Carrière). Rosa est ainsi présentes essentiellement par des petits tableaux et des esquisses souvent en mains privées, mais aussi des sculptures et on découvre le talent des autres membres de la famille, eux aussi dans le paysage et la représentation animalière. Une exposition qui vaut le détour...
Rosa Bonheur et sa famille, trois générations d'artistes, musée national de Port-Royal des Champs, jusqu'au 25 juillet 2016.
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11/07/2016
Un printemps 2016 à Paris : Inclassables
Deux artistes contemporains s'étant impliqué chacun à sa façon dans la vie de son époque et très différents dans leurs peintures... ce sera le dernier voler de ce printemps 2016 à Paris...
Formé à Budapest où sa famille de communards s'était exilée, Louis Tinayre (1858- 1942) revient en France comme illustrateur de presse ce qui l'emmène à parcourir le monde. Remarqué pour ses panoramas de Madagascar à l'exposition universelle de 1900, il accompagne le prince Albert Ier de Monaco dans ses expéditions dont il ramènera toutes sortes de documents. L'exposition du musée de la chasse présente entre autres une vingtaine de toiles représentant les chasses mais aussi les paysages et les personnes (Buffalo Bill !) rencontrées et Tinayre y fait preuve d'une technique à la fois assez classique et originale, se montrant particulièrement remarquable pour représenter l'eau et la neige. Une petite expo qui vaut le détour, surtout qu'on n'est sans doute pas prêt de revoir ces œuvres sorties pour la plupart des collections de SAS...
Un prince à la chasse, Albert Ier de Monaco (1848 - 1922), Louis Tinayre, musée de la chasse et de la nature jusqu'au 24 juillet.
Je n'attendais pas forcément grand chose de l'exposition consacrée à George Desvallières (1861-1950) au vu de l'affiche et de mes souvenirs d'œuvres croisées à Orsay ou au Petit Palais. Ce fut donc une excellente surprise... S'il fait partie de ces peintres à l'orée du nouveau siècle dont la formation classique (Robert-Fleury, Delaunay) laissera place à l'influence des avant-gardes, il fait preuve d'une grande singularité et fait passer beaucoup d'émotions. A la fois influencé par Gustave Moreau, Maurice Denis et Rouault, il produit des œuvres fortes et originales aussi bien dans le genre du portrait (essentiellement de femmes) que dans la peinture religieuse, genre auquel il se consacrera beaucoup et avec un rare sentiment après la Grande Guerre, à laquelle il a participé et qui lui a pris un de ses fils. Une très belle rétrospective à voir avant qu'elle ne ferme dans quelques jours.
George Desvallières (1861-1950), la peinture corps et âme, Petit Palais, jusqu'au 17 juillet.
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09/07/2016
Un printemps 2016 à Paris : Orsay
Deux grandes rétrospectives en même temps à Orsay (oui, je sais, ce n'est plus le printemps mais vraiment pas depuis longtemps...), alors autant y aller avant que la première ne ferme... Encore que...
Je n'avais jamais été convaincu par le douanier Rousseau et ce n'est pas cette exposition qui va me convaincre. Malgré la présence de nombreux chef d’œuvres ainsi que de toiles montrant ses influences et ceux qu'il a influencé, je n'ai pas été sensible à la poésie de son œuvre, comme les nombreux groupes d'écoliers braillards présents pendant ma visite...
Heureusement Charles Gleyre m'a beaucoup plus convaincu. Des débuts difficiles (mais parfois truculents), un grand et dangereux voyage (qui ne fera pas de lui un orientaliste mais influera sur sa vision de la peinture), une consécration relativement tardive au Salon, un atelier réputé et qu'ont fréquenté aussi bien des futurs grands peintres officiels que les futurs impressionnistes, un désir de ne pas rentrer dans des formules au succès facile... l'artiste suisse a eu une carrière originale comparée aux grands peintres « pompiers » contemporains. Ses œuvres se révèlent d'ailleurs bien plus personnelles dans les thèmes (quel curieux paysage antédiluvien par exemple), les compositions et les coloris que sa réputation (et le fait de ne pouvoir voir que Les Illusions Perdues dit aussi Le Soir au Louvre) ne le laisse supposer. Une vraie redécouverte !
Le Douanier Rousseau. L'innocence archaïque, jusqu'au 17 juillet.
Charles Gleyre (1806-1874). Le romantique repenti, jusqu'au 11 septembre
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16/06/2016
Un printemps 2016 à Paris : le XVIII°
Les deux expositions monographiques consacrées à des peintres du XVIII° sont désormais fermées mais elles méritaient vraiment le détour même si la dimension de l'artiste et l'ambition de l'exposition étaient très différentes.
Au Louvre, un des plus grands artistes français du XVIII°, avec Hubert Robert dans une exposition très copieuse depuis ses débuts à Rome jusqu'aux conséquences de la révolution. Salle après salle, on redécouvre l'art de celui qui, loin d'être juste le peintre des ruines, se montre comme un paysagiste brillant et ambitieux, aux compositions subtiles foisonnant de détails. Les dessins des débuts, les rapports avec Fragonard, le succès, les décors… toute sa carrière est présente avec des œuvres majeures la plupart rarement vues en France, venue de grandes collections internationales, de musées français comme de collections particulières. Une des plus belles expositions parisiennes de ces 5 dernières années.
Hubert Robert, 1733-1808, un peintre visionnaire, Paris, Louvre, jusqu'au 30 mai 2016
A Cognac Jay, un artiste beaucoup moins célèbre et spécialisé dans la peinture animalière, Jean-Baptiste Huet. D'une taille plus réduite (une quinzaine de peintures et une quarantaine de dessins), l'exposition permet de découvrir un petit maître attachant qui prolongera jusqu'au début du XIX° un art un peu désuet inspiré autant par la pastorale française du milieu du siècle (Boucher) que les peintres animaliers du siècle précédent aussi bien du nord (Cuyp, Berchem) qu'italiens (Castiglione). Si ses dessins de plantes et d'animaux sont somptueux, ses pastels de scènes de genre ou d'histoire peuplées d'animaux tout à fait charmantes, les peintures présentées sont plus inégales (le loup blessé et son morceau de réception sont magnifiques, les portraits de chien plus quelconques) et le très bon catalogue fait regretter que le musée n'ait pas pu en faire venir un peu plus.
Jean-Baptiste Huet, le plaisir de la nature, Paris, musée Cognac Jay, jusqu'au 5 juin 2016.
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11/05/2016
Un printemps 2016 à Paris : le grand Portnawak !
Troisième partie de ce bilan du printemps 2016, avec le grand portnawak du Grand Palais...
Pour une fois, ce n'est pas la peine de réserver ses billets pour se rendre au Grand Palais, la foule ne se bouscule pas pour venir (euphémisme pour dire qu'il n'y a personne, en tout cas strictement aucune queue à chaque fois où je suis passé devant)... Comme son nom l'indique, Carambolages est un grand foutoir où se heurtent des œuvres de tous genres (peintures, dessins, gravures, sculptures, armes, mobilier...), de toutes époques (antiquité à nos jours) et de tous lieux, le tout sans panneau explicatif ni cartel, le but étant de n'avoir aucun a priori pour admirer les œuvres et trouver les différents thèmes et l'effet domino pour passer de l'une à l'autre (pas trop compliqué...). On notera que chaque « salle » (entre guillemets car il n'y a rien de vraiment fermé) présente néanmoins un cartel vidéo (ouaouh, c'est écologique) où défile de maigres renseignements sur chaque œuvre (il faut donc attendre qu'arrive le tour de ce qui nous intéresse...).
Inutile donc de dire que la foule a raison de ne pas se précipiter, tant le « concept » est ridicule et le résultat franchement pas convaincant. Il y a néanmoins des choses intéressantes (et souvent rarement montrées) soit pour leur beauté, soit parce qu'elles sortent vraiment de l'ordinaire. Dans la première catégorie et dans le sujet qui nous intéresse ici, on notera entre autres un dessin de Tête de cerf de Dürer, un Christ entouré de croix attribué à Jean Tassel, la Charité Romaine de Bachelier, un Autoportrait de Houbraken... Et parmi les curiosités, on note un Portrait de Louis Antoine de Gontaut anonyme où le corps est remplacé par celui d'un paon, les 8 époques de Napoléon symbolisées par des chapeaux de Steuben, le diptyque flamand dont une des faces intérieures sert d'affiche à l'exposition, l'étrange Vision de la Sainte Famille italienne, la Tête changeante de Jean Boinard... Cela mérite-t-il le déplacement (et le prix -élevé- d'entrée) ? Sans doute pas même si ce sera sans doute la seule occasion (car il ne faut pas compter sur ce qui tient lieu de catalogue) de voir la plupart de ces œuvres dont un certain nombre sont en mains privées.
Carambolages, Grand Palais, jusqu'au 4 juillet 2016.
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