Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/04/2016

Un printemps 2016 à Paris : Partie 1 - les blockbusters

On peut dire qu'il y a désormais deux saisons parisiennes pour les expos, de septembre à décembre puis de mars à juin. Premier bilan de ce printemps 2016, avec les « grosses prods » bien commerciales, du plus évitable au plus indispensable...

 

ban1.jpg

 

Comment peut-on réussir une exposition parlant de l'Impressionnisme en Normandie depuis les précurseurs éloignés jusqu'au post-impressionnistes, en évoquant les principaux lieux (Rouen, Le Havre, Honfleur, Etretat...) et tout ça en une quarantaine d’œuvres ? Et bein on ne peut pas... On se retrouve donc face à du saupoudrage, à un propos totalement dilué et à des toiles dont on ne comprend pas toujours l'intérêt de la présence. Si au moins on était en présence uniquement d’œuvres peu vues et de premier plan. Mais seule une quinzaine de toiles (la falaise d'Etretat du musée de Wuppertal par Courbet, La Seine près de Rouen de Louis Anquetin, Le pont Boieldieu de Karlruhe de Pissaro...) méritent vraiment le détour.

 

L'atelier en plein air – Les Impressionnistes en Normandie, musée Jacquemart-André, jusqu'au 25 juillet 2016.

 

Autre thème bien vaste mais nettement mieux traité, celui de la représentation de l'enfant dans l'art (enfin, dans la peinture si on oublie un albâtre du XIV° et une paire de gravures). L'exposition présente en parallèle l'évolution de la représentation de l'enfant et de sa place dans la société avec son éducation. On débute au XVII° (l'enfant roi, l'enfant paysan, l'enfant mort) pour finir au XX°, en passant par le XVIII° où l'éducation prend une part importante et le XIX° où la représentation prend des formes multiples (enfant des rues, enfant dans la cellule familiale...). Les œuvres sont bien choisies avec un mélange de tableaux et d'artistes connus avec d'autres plus rares ou confidentiels et on n'aura que deux regrets : la section sur le XX° siècle, très en dessous des autres, et la petite taille de l'exposition qui donne envie d'en voir plus. Peut-être aurait-il fallu faire plusieurs parties en fonction des époques, mais il y aurait sans doute eu moins de « grands noms » sur l'affiche

 

L'art et l'enfant, chefs-d'œuvre de la peinture française, musée Marmottan Claude Monet, jusqu'au 3 juillet 2016.

 

Voilà bien une exposition dont je n'attendais pas grand chose et qui fut donc une excellente surprise. Condensé un musée en 80 œuvres a quelque chose de ridicule, d'autant qu'une bonne partie des œuvres sont souvent secondaires, le musée prêteur n'allant pas dépouiller ses collections. Du XV° au XVIII°, l'expo fait un sans faute, alternant œuvres de grands maîtres (Cranach, Dürer, Tintoret, Veronese, Ribera, Goya, Hals, Rubens...) et tableaux majeurs d'artistes (un peu) moins connus comme le Christ Mort Marco Basaiti, le Judith dans la tente d'Holopherne de Johann Liss, le Saint Jérôme de Jacques Blanchard ou le Jeune paysanne à la quenouille de Ceruti. Chaque œuvre présenté est un vrai régal et le seul défaut que l'on peut trouver (pour une expo de ce genre) est que les sections sur le gothique et le modernisme sont un peu légères. Il aurait sans doute fallu resserrer un peu le propos de 1400 à 1800... Certes, il aurait alors fallu enlever certains noms sur l'affiche. Par contre une exposition sur l'art hongrois du XIX°, c'est quand vous voulez. Et j'ai maintenant vraiment envie d'aller à Budapest !

 

Chefs-d’œuvre de Budapest, Dürer, Greco, Tiepolo, Manet, Rippl-Rónai..., musée du Luxembourg, jusqu'au 10 juillet 2016

19/05/2015

Tudors ?

Le Luxembourg continue ses expositions « populaires » à coup de grands noms, avec cette fois les Tudors, le but étant de nous présenter leur histoire ainsi que leur légende posthume au XIX° et XX ° siècle.

tudors.jpg

Le thème était racoleur, moins que les Borgia mais c'était déjà pris ; l'exposition organisée avec la National Portrait Gallery est très austère. Les portraits officiels composent la majeure partie des œuvres présentées dans les premières salles et le genre est quand même assez aride et répétitif, surtout quand la qualité des œuvres est assez variable (Holbein, Sittow, Mor mais aussi des choses bien plus anecdotiques) et que le but n'est pas de nous faire comprendre la création et l'évolution du portrait anglais par assimilation de l'art de maîtres étrangers.

 

Mais de nous apprendre la varie histoire des Tudors. Or ni les panneaux ni les cartels ne nous apprennent grand chose. Ils sont par ailleurs bien peu didactiques. Quand à l'évocation de la légende des Tudors, après le grand et beau a qui ouvre l'exposition, elle se résume essentiellement en quelques peintures, gravures et dessins de costumes, pas forcément très évocateurs. En résumé, si l'on peut espérer que le catalogue soit un peu plus intéressant aussi bien sur l'histoire que sur l'art, l'exposition peine à convaincre mais permet néanmoins de voir des œuvres comme on n'a pas l'occasion d'en voir en temps normal sur Paris.

 

Les Tudors, Paris, musée du Luxembourg, jusqu'au 19 juillet.

16/05/2015

Une petite visite toujours sympa

Le musée Eugène Delacroix est un lieu bien agréable et s'il ne propose pas de « grandes » expositions (il n'a ni la place ni la vocation à ça), ses expositions dossiers sont toujours intéressantes et permettent de faire un roulement des œuvres exposées...

 

Après les objets dans la peinture, souvenir du Maroc, ce sont au tour des acquisitions récentes d'être présentées. S'il n'y a pas de grands chefs d'œuvre (il suffit de traverser la Seine et d'aller au Louvre pour ça), on découvre une facette plus intime de l'artiste : portraits non officiels, esquisses de tableaux religieux, gravures... Et on s'enthousiasme de voir l'activité du musée pour réunir une collection aussi complète et variée du maître et de ses proches. Et le changement d'accrochage est l'occasion de voir des peintures pas présentées la dernière fois, comme deux très beaux paysages de Paul Huet.

 

Un musée, une collection en hommage à Delacroix, douze ans d’acquisition, 2002­ 2014, Paris, musée Eugène Delacroix, jusqu'au 29 juin 2015.

01/01/2015

Oh Toulouse

La réhabilitation progressive des grands peintres officiels de la fin du XIX° qu'on qualifie fort heureusement de moins en moins de Pompiers continue : après Cabanel, Gérome, Gervex, Laurens, Rochegrosse... c'est au tour de Benjamin-Constant d'avoir le droit à une grande rétrospective au musée des Augustins à Toulouse.

 

Affiche_Benjamin_Constant.jpg

 

Depuis ses débuts à l'école des BA de Toulouse jusqu'au sublime Flamand Rose qui conclut l'exposition, on suit son évolution chronologique et par thèmes. Surtout connu comme orientaliste, où il fait preuve d'un coloris flamboyant hérité de Delacroix, on le découvre aussi décorateur (excellente occasion de passer au Capitole voir (entre autres) son Entrée d'Urbain II à Toulouse, malheureusement partiellement caché par des plantes et une tribune) et portraitiste (un peu trop classique et sage dans le portrait mondain, beaucoup plus intéressant dans les portraits plus intimes).

 

Mais évidemment, ses toiles orientalistes sont les plus nombreuses, depuis des grands formats comme l'Entrée de Mehmet II à Constantinople laissée logiquement dans la salle des grands formats du musée jusqu'à des études sur le motif comme l'Etal du Boucher. Excellant dans l'art de représenter les matières (ses tissus et ses métaux en particulier) et les chairs, il ne se montre pas trop putassier contrairement à certains de ses contemporains dans la représentation des scènes e(x/r)otiques de Harem et est à son meilleur dans des scènes entre genre et histoire (Jour des funérailles, Les prisonniers marocains, Le roi du Maroc allant recevoir un ambassadeur européen...). Bref une expo à ne pas manquer, même s'il ne reste que quelques jours.

 

Benjamin-Constant, merveilles et mirages de l'orientalisme, Toulouse, musée des Augustins jusqu'au 4 janvier puis Montréal du 31 janvier au 31 mai 2015.

10/12/2014

Allez à Meudon !

Merci à La Tribune de l'Art d'avoir consacré un article à l'exposition Jean Laronze (1852 - 1937 ). Sans cela, je l'aurais sans doute loupée, le musée d'Art et d'Histoire de Meudon ayant tendance à bien trop peu médiatiser ses expos, pourtant souvent excellentes (il y a eu Théodore Rousseau l'an dernier par exemple).

 

laronze.jpg

 

Je ne connaissais Laronze essentiellement qu'à travers les illustrations du catalogue de l'exposition Paysages de Bourgogne ayant eu lieu à Dijon en 2001-2002. La trentaine d'œuvres présentées m'a fait découvrir un artiste sensible et délicat, créant à travers une lumière douce, souvent du soir, des ambiances particulièrement sereines sur des paysages calmes où l'être humain ne joue, au mieux, qu'un rôle accessoire, et cela aussi bien dans ses représentation du bord de Loire, qu'il adorait, que de la côte du Nord, où il dut se rendre en raison de la santé de son fils.

 

Aussi à l'aise sur toile que sur papier (quelques grands dessins au fusain et à la craie sont vraiment superbes), il digère ses influences de Barbizon au Symbolisme pour créer des scènes d'une telle quiétude qu'elles paraissent idylliques. Au final, si l'exposition du musée de Meudon mérite amplement le détour et permet de redécouvrir bien plus qu'un "petit maître", on regrette un peu qu'une partie de son œuvre ne soit pas représentée (les paysages avec bergères comme La gardeuse de moutons du musée de Dijon ou La Marguerite du musée de Charolles) et que des toiles comme Le Soir, Charolais (Mâcon), L'angélus (Mâcon) ou Pêcheurs charolais (Dijon) ne soient pas présentes. Sans parler des œuvres apparemment vendues outre-Atlantique...

 

Comme tant d'autres, Laronze mériterait une vraie grande rétrospective, mais ce n'est sans doute par pour demain, alors il faut se dépêcher d'aller à Meudon...

 

Jean Laronze, rives et rivages, musée d’Art et d’Histoire de Meudon, jusqu'au 15 décembre 2014.

30/11/2014

Portrait de l'époque romantique

Je ne connaissais pas le lieu, et il est tout à fait charmant. Quoi de mieux en effet qu'un vieil intérieur bourgeois au milieu des bois pour exposer plus d'une centaine de portraits de la première moitié du XIX° dans toute leur diversité (miniature, dessin ou peinture ; intime ou officiel) ?

portraits-de-l-epoque-romantique.jpg

Alors que dans les musées on s'habitue à ne voir que les grands maîtres et que dans les châteaux les portraits font en quelque sorte partie des meubles, cette présentation, qui va d'œuvres anonymes parfois maladroites à d'autres de maîtres reconnus (Winterhalter, Devéria, Dubufe, Hersent, Isabey...), permet de mieux appréhender un genre dont le but restait de garder ou de perpétuer le souvenir. Et s'il y a du coup beaucoup de petites choses anecdotiques, il est néanmoins passionnant de découvrir toutes les variations dans les poses, les décors, les expressions, les costumes...

 

Portrait de l'époque romantique, une passion de collectionneur. Maison de Chateaubriand, Chatenay-Malabry jusqu'au 15 décembre

31/10/2014

L'enfant vu par les peintres du XIX° siècle

Il ne reste que trois jours aux amateurs de peintures de la deuxième moitié du XIX° siècle pour se rendre à Chatou admirer une quarantaine d'œuvres sur le thème de l'enfant depuis la naissance jusqu'à l'enterrement. On y trouve une grande variété de thèmes, dont l'enfant peut-être le sujet principal ou un détail de la composition, comme une grande variété d'ambiances, du misérabilisme des enfants des rues de Pelez à la douceur familiale du foyer Dantan.

fournaise.jpg

Mais c'est surtout l'occasion de retrouver (Pelez ou Dantan ont eu droit récemment à une exposition monographique, Géo à un très beau livre) et de découvrir certains petits maîtres injustement qualifiés d'académiques voire de pompiers, et de constater encore une fois à quels points leurs ambitions comme leurs styles (du néo-classicisme de Sauvage à l'impressionnisme sage de Henri Michel Levy en passant -entre autres- par le naturalisme ou l'imitation des maîtres anciens) peuvent être différents. Mes tableaux préférés auront sans doute été le lumineux La femme du jardinier de Saintin que je ne connaissais que par ses paysages, Le retour du marché de Léon Albert Hayon et le saisissant L'ivrogne de Gustave Edme Brun mais toutes les œuvres présentées méritent d'être vues.

 

Une exposition très intéressante même si on l'aurait préférée plus dense (quid des thèmes de l'école et de la lecture ?) et dont le seul défaut est d'avoir un catalogue bien maigre avec quelques photos médiocres, des notices bien maigres (quand elles existent) sur les auteurs, une bibliographie rachitique et un essai d'introduction qui nous explique essentiellement que tout reste à faire sur le sujet. Souhaitons que quelqu'un le fasse, le thème de l'enfant le mérite largement.

 

L'enfant vu par les peintres du XIX° siècle, musée Fournaise, Chatou, jusqu'au 2 novembre 2014.